L’actualité de la crise: Zorro est arrivé !, par François Leclerc

Billet invité.

ZORRO EST ARRIVE !

La crise du déficit public monte inexorablement, apparaissant de plus en plus sans solution au fur et à mesure que le temps passe et qu’il faut passer des mots aux actes. Tous les gouvernements occidentaux sont placés devant un même dilemme, passé les rodomontades de tribune : comment réduire leur déficit sans plonger franchement dans la récession ?

L’un cherche à associer les républicains à de très impopulaires décisions, mais il n’y parviendra pas, sa stratégie bipartisane étant dans l’impasse dans tous les domaines, à propos de la régulation financière comme de la réforme de la santé. Les autres, en Europe, se sont pris les pieds dans le tapis avec leur démonstration ratée en Grèce, ne parvenant qu’à déclencher une crise majeure de l’euro, à la faveur d’une spéculation qui semble appelée à prendre de l’ampleur.

Figés dans une rigueur doctrinale qui ne les emmène nul part, les Européens s’avèrent incapables, eux aussi, de faire face aux remises en cause qui s’imposent et s’essayent une fois de plus à un vain jeu de constructions institutionnelles à propos de la gouvernance économique. Les Britanniques, quant à eux, jouent les prolongations en attendant des élections qui risquent de se terminer dans la confusion, sans vainqueur et avec deux vaincus. La coalition allemande au pouvoir étant en ce qui la concerne comparée au règne de la discorde.

Les marchés obligataires apparaissent de plus en plus comme allant être très sollicités, avec comme inévitable conséquence une hausse des rendements exigés et un surenchérissement de la dette publique, tandis que les interrogations les plus sombres se développent sur la politique menée par les autorités chinoises en matière d’achat de la dette américaine. Et que les Japonais, franchement entrés dans la déflation, s’inquiètent de l’épuisement de leurs capacités à financer leur dette par leur propres moyens.

Parallèlement à cela, les deux tests européens de la Grèce et de l’Islande ne fonctionnent pas du tout comme prévu. Le plan grec de réduction du déficit est jugé totalement injouable et non crédible, tandis que les gouvernements britannique et hollandais, cultivant l’intransigeance, prennent le risque de mettre l’Islande en situation de faire défaut. Au lieu de montrer la voie, ces deux situations dont on a voulu faire les symboles d’une stratégie générale ne vont bientôt exprimer qu’une seule et même réalité : l’impasse d’une politique d’intransigeance et d’austérité dont ils étaient sensés démontrer que l’on ne pouvait y échapper.

L’affaire des swaps de change montés par Goldman Sachs pour camoufler une partie de déficit grec, ou celle de la spéculation sur le marché des CDS atteignant de plein fouet le marché obligataire public européen, suscitent des réactions dérisoires des gouvernements. La Fed engage une enquête à propos de Goldman Sachs, dont elle gardera probablement les conclusions pour elle, afin de ne pas déstabiliser les marchés. La chancelière allemande fait savoir qu’elle fait étudier l’interdiction des usages spéculatifs des CDS, avec comme précision que celle-ci ne pourra qu’être internationale pour être effective et efficace.

On sent donc que l’on est actuellement à une véritable croisée de chemins. Faute d’avoir engagé une véritable régulation financière, les pays occidentaux subissent les effets de spéculations financières à grande échelle sur tous les marchés : actions, obligations et monnaie. Ils n’en restent pas moins comme paralysés, ne prenant à un rythme d’escargot que des demi-mesures (ou quart de mesures mêmes), aussitôt contestées avec succès par des milieux financiers qui mènent la danse et imposent leurs quatre volontés.

Une lueur, puisqu’il faut toujours en détecter une (quitte à ce qu’elle soit trompeuse), apparaît dans cet univers plongé dans l’aveuglement, le désarroi et l’improvisation (dissimulé sous de mâles certitudes). Prenant acte de la nouvelle dimension de la crise, devenue celle des Etats après avoir été celle de la finance, puis celle de l’économie, le FMI vient de postuler, par la voix de son directeur général Dominique Strauss Kahn, au rôle de sauveur suprême. Il vient de demander que lui soit accordé un mandat élargi de supervision du système financier international, assorti d’un droit d’intervention, en contrepartie duquel il mettrait largement à disposition des Etats des lignes de crédit à court terme (sans qu’ils soient obligés d’aller sur le marché obligataire), comme le fait une banque centrale mais à l’échelle internationale. A plus long terme, le FMI serait susceptible, est-il expliqué, de fournir « un actif de réserve émis mondialement, semblable, mais dans des aspects importants différent, aux Droits de tirage spéciaux (DTS)».

Ceci signifie tout simplement que le FMI, mettant à profit ses capacités inutilisées de création monétaire, serait intronisé – si cette proposition était acceptée – dans une nouvelle fonction. Celle de mégabanque centrale assurant la liquidité de tout le système financier international. Une approche qui supposerait que le dollar soit à terme détrôné de sa position actuelle, ce qui est considéré de toute façon comme inévitable, mais qui présenterait en contrepartie l’irrésistible avantage de donner de l’oxygène financier aux Etats et de trouver, ainsi, une solution à l’équation sans solution de la dette publique.

Les esprits chagrins – il n’en manque pas – feront remarquer qu’un tel dispositif financier revient à faire marcher à l’étage au-dessus de celui à laquelle elle fonctionne actuellement (les banques centrales) une super planche à billets. Permettant – essayant en tout cas- de contourner la problématique, usée sans avoir eu à s’en servir, de la refonte du capitalisme financier. Une illusion de plus, mais comment y résister  ?

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102 réponses à “L’actualité de la crise: Zorro est arrivé !, par François Leclerc”

  1. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Alors qu’Andréas Papandréou, le premier ministre grec, vient de rencontrer à Athènes Josef Ackerman, le pdg de Deutsche Bank, et que des rendez-vous sont annoncés pour lui avec Angela Merkel et Barack Obama, un nouveau plan de soutien financier à la Grèce se profile.

    Des banques allemandes, dont il est confirmé qu’elles possèdent déjà de plus importantes quantités de la dette grecque qu’il n’était jusqu’à maintenant estimé (c’est également le cas de banques françaises), s’engageraient à en acheter à nouveau, si l’essai que doit prochainement impérativement faire la Grèce sur le marché obligataire n’était pas concluant (le rendement de la dette grecque continue d’y monter). L’Etat Allemand donnerait auparavant sa garantie aux banques, ce qui change tout.

    Parmi ces banques figureraient KfW et HRE, toutes deux contrôlées par l’Etat allemand.

    Les interrogations se multiplient, par ailleurs, sur le montant détenu par la BCE de la dette grecque ; on parle de 50 milliards d’euros. Garanties par l’Etat Allemand, les obligations qui seraient achetées par des banques seraient-elles toujours acceptées par la BCE en contre-partie de liquidités qui leur seraient ensuite prêtées  ?

    Cela, c’est la face cachée du deal qui s’annonce  !

    1. Avatar de Terry31
      Terry31

      Qu’en est-il des banques qui ont annoncé ne plus vouloir acheter d’obligations grecques ? http://www.lesechos.fr/investisseurs/actualites-boursieres/afp_00233760-plusieurs-banques-allemandes-ne-veulent-plus-d-obligations-grecques.htm

      Et du côté des banques françaises ? Vous avez des infos ?

    2. Avatar de charles
      charles

      Un commentaire d’hier sur la BCE et ses mystères : Les grandes inconnues des obligations grecques: la BCE met le couvercle sur sus positions en matière d’obligations grecques / FT

      « Somewhere in the bowels of the mighty European Central Bank, there is a number that many investors would give a lot of euros to see. It refers to the volume of Greek government bonds that are now sitting in the ECB’s coffers, after being lodged there by European banks through central bank repo operations.Sadly, the ECB considers this number far too “sensitive” to release, even after a delay. Nevertheless, as fears about sovereign risk rise, those hidden data are assuming ever-greater importance….A couple of years ago, it was impossible for most observers to imagine that the eurozone ever really would let a country such as Greece default. But the financial and banking crisis has shown investors – often for the first time in their lives – that unimaginably horrible things do occasionally occur. Hence, many investors are now sitting frozen, completely lacking in confidence about their ability to predict what might happen next. I suspect another reason for that illiquidity is the ECB itself. At present it is estimated that Greek banks hold up to €37bn ($50bn) of the outstanding €270bn-odd stock of Greek government bonds and bills. German banks, such as the Landesbank, are thought to hold a slightly lower amount, while French banks also have a significant chunk of Greek bonds. It is a fair guess that many, if not most, of those bonds are now with the ECB. After all, what the ECB’s repo operations essentially do is let banks turn a risky asset (ie Greek bond) into something safer (euros). And that, in turn, means that banks now have fewer Greek bonds to lend to hedge funds, or other traders.

      This has several fascinating implications. For one thing, it casts interesting light on the current debate about sovereign credit default swaps. In recent days, German and French leaders have warned of potential curbs on sovereign CDSs, arguing that these markets have sent out distorted – and alarmist – signals.

      But while those complaints about distortions in the sovereign CDS world may be correct, the illiquidity of the government bond markets hardly makes those markets such a shining paradigm of price signals. If nothing else, that implies that investors and politicians should keep a close eye on both cash and derivatives markets; both are now distorted.

      But another big question raised by the ECB’s holdings of Greek bonds is who might – or might not – be tempted to buy these bonds going forward. In recent years, European banks have been happy to hold Greek bonds since they felt able to use them for repo deals with the ECB. But if the credit rating agencies keep downgrading Greek debt, these bonds may no longer be eligible for that ECB window from the end of this year. That, coupled with the fact that many European banks are now cutting their credit limits to Greece, could damp banks’ appetite.

      Some brokers hope – or pray – that asset managers will step in to plug the gap. After all, Greece is mulling over a new €10bn issue next week. And current yields on Greek debt look pretty tempting, at least for investors, which do not need to mark to market, and which do not think that Greece is about to default. (And personally, I think that remains unlikely, not least because so many German banks and life assurance companies hold Greek bonds that there is a strong incentive for a German rescue.)

      But with Greece’s future looking uncertain – and secondary market liquidity low – it remains far from clear how many long-term private sector investors will buy Greek bonds. While some fly-by-night hedge funds might bid, these are hardly popular in Europe now. Barring some truly deft sales action next week, in other words, a public bail-out looms. All eyes are on Athens; and, for that matter, on the faceless bureaucrats in Frankfurt too… »

    3. Avatar de zébu
      zébu

      @ F. Leclerc,
      @ Terry31 :

      La Caisse des dépôts, j’en avais parlé lorsqu’on avait évoqué les différentes possibilités d’interventions des états en lieu et place de la BCE, puisqu’en terme de ‘banque publique’, il ne restait (imparfait) que La Banque Postale et … la CDC. Je ne sais pas comment c’est en Allemagne, mais cela ne doit pas être très différent : c’est KfW qui s’y collera donc, puisque les autres banques allemandes sont déjà trop exposées pour y aller.
      Article du Figaro

      La source de l’info, sur Bloomberg. On y parle bien de ‘backed by German government guarantees’, mais lesquelles ?

      Autre info, autre pays, l’Islande.
      Le 06 mars, c’est samedi prochain …
      On saura alors si on a le premier défaut financier ‘politiquement décidé’ en Europe ou non. Et qu’elles en seront les conséquences.

    4. Avatar de Amsterdamois
      Amsterdamois

      Cher Mr Leclerc, une petite erreur factuelle. L’ex premier-ministre Andréas Papandréou est mort en 1996, l’actuel premier-ministre Grec s’appelle George Papandréou, fils d’Andréas et petit-fils d’un autre George Papandréou, lui aussi premier-ministre dans les années 60.

    5. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Heureusement, je n’ai pas parlé des drachmes !

  2. Avatar de bric à brac baroque
    bric à brac baroque

    Strauss-Khan en sauveur du capitalisme mondial! Non, mais je rêve… il s’y croit un peu, non, le social-démocrate?
    C’est sans compter le mouvement social mondial qui risque de se réveiller, les tsunamis et mouvements de fond imperceptibles pour le moment, les financiers qui vont trouver d’autres moyens pour détourner les fonds. Il nous prend pour des brêles!… bien sûr, on peut comprendre que le capitalisme cherche à survivre, comme une bête touchée à mort, mais à mon avis, il ne retrouveront plus la confiance, pour longtemps! Ce n’est pas possible, ils ont mangé trop de petits, qui ne sont pas près d’y retourner au râtelier… enfin, moi qui ne suis pas du tout économiste, je vois les choses comme ça. je n’ai jamais voulu être actionnaire non plus, et je sais pourquoi…au moins, je n’ai rien perdu, donc, je suis gagnante.
    Si les êtres sont assez bêtes pour se faire manger deux fois…alors oui, il peut survivre ce capitalisme mondial assassin…
    C’est peut-être totalement inintéressant ce que je dis…ben tant pis…ce sont des ressentis…et peut-être donc des erreurs…
    Mais ça ne m’étonne pas du tout que ce soit la sociale-démocratie qui aide le capital à se relever…elle l’a déjà fait, rien de nouveau vraiment…c’est seulement l’échelle qui est nouvelle…
    A mon avis, Stauss-Khan ferait mieux d’inventer un autre système plutôt que de colmater les brèches d’un système injuste! Il aurait plus de succès international et une carrière mondiale devant lui… mais faut pas rêver! Ce n’est pas avec le vieux personnel qu’on va faire du nouveau…
    Ce sont les jeunes et les femmes, ces forces vives qui comptent pour du beurre au niveau de la parole, du boulot et des responsabilités, qui vont inventer, et on risque d’être surpris.
    Voilà. je pense que tout peut être très neuf en cette période, mais que la confiance, c’est fini, c’est mort.
    Nous sommes dans l’ère de toutes les défiances! Même son voisin finit par devenir une potentielle source de déboires, alors ce n’est pas pour faire confiance aux politiques…
    L’alternance à 2 a vécu! J’te passe le manche, tu m’repasses le manche, c’est fini, c’est « no future »!
    Bon, je vais peut-être un peu vite en besogne, cette affaire là va peut-être encore agoniser pendant quelques années…
    Alors, il y a peut-être une course de vitesse à GAGNER pour remplacer tout ce vieux monde de vieilles pensées réactionnaires, tournées vers la mort et la culpabilité, la répétition morbide de l’échec, dirait-on en psychanalyse!
    Il faut diriger le monde avec d’autres concepts, TOUT changer, voire inverser.
    Quand on regarde les images de la TV, on est frappée par la ringardise de certaines images une trentaine d’années après…c’est parce que déjà à l’époque, c’était ringard, parce que c’était faux, pas mauvais au sans moral du terme, non, FAUX. La mode par exemple, rien de plus démodé que le mode…
    Bon, bref, j’abrège… parce que d’idée en idée, on y est encore demain…

  3. Avatar de charles
    charles

    « We need to improve our oversight of systemic and financial risks…I believe the world is ready for a shift to this more “systemic” vision of IMF surveillance. »

    An IMF for the XXI’s century

     » One possibility would be to make the Flexible Credit Line, designed as a backstop for countries with sound economic policies, even more flexible and attractive to remove the stigma, he said. Another is a multicountry credit line that would offer liquidity to groups of countries facing a crisis.

    IMF wants new power to supervize global financial system

    Ces déclarations viennent dans une semaine qui a vu les propos ‘sidérants’ d’Olivier Blanchard,
    la nomination de Zhu Min, ancien membre de la Banque Centrale Chinoise, comme conseilller spécial et la rumorologie sur la possible vente du stock d’or du FMI à la Chine…
    Kenneth Rogoff fait remarquer justement qu’il ne peut y avoir de ‘monnaie’ sans une politique fiscale la déterminant. La proposition de DSK, pour intéressante qu’elle soit en intégrant implicitement la dédollarisation, me parait sauter une ‘étape’, i.e la mission qui
    lui a été assignée par le G20, G vain, la collaboration avec le Financial Stability Board pour la réforme de la régulation et la réforme bancaire, voici un an. Quid de ces travaux et de leurs avancements ? A noter une pré-réunion de cette gence, ministres des Finances et directeurs des BC à Seoul ce week-end, en préparation du prochain sommet du G20…

    Donc arrive Zorro comme le sauveur de l’Eurozone,l’ Union Européenne ayant révisé cette semaine ses prévisions de croissance 2010 à 0,7%, ce que tout le monde comprend, les emmerdes, les déficits publics et le chomage vont continuer à augmenter, et contribuant à un
    nouveau déséquilibre dans le commerce mondial. La planche à billets,le QE
    ( je recommande spécialement le document-plaidoyer de la Bank of England, ‘Putting more money into our economy’,lol, http://www.bankofengland.co.uk/monetarypolicy/pdf/qe-pamphlet.pdf )
    n’ayant produit aucun résultat au Royaume-Uni. Ou alors faut-il considérer la planche à billet, surtout à la vue des derniers chiffres tant en Europe qu’aux Etats-Unis sur l’évolution du crédit bancaire, ou sa régression, comme l’instrument du ‘credit easing’ ?

  4. Avatar de babypouf
    babypouf

    Bonjour,

    est il possible de confondre le remboursement de la dette des états par de l’argent SMT et les prêts à taux dérisoire des Banques centrales aux banques d’affaires ? (mais quid des obligations détenus par des fonds de pensions ou de retraite de tels ou tels états)

    « je te rembourse en SMT et ma banque centrale ne te prête plus d’argent comme avant » : les états dans la panade sont ils à l’heure qu’il est capable institutionnellement de tenir un tel discour. J’en doute : les régles actuelles de fonctionnement des banques centrales étant marqués par l’idéologie libérale des décennies passées, sans parler des bulles idéologiques des dirigeants politiques qui continuent à divaguer dans l’air du temps.

    Ces SMT à l’échelle mondiale avec le FMI arrangent certains mais bien d’autres pays n’en voudront pas … cessons donc de rêver sur une entente cordiale au niveau mondial !

    Il faudrait mettre à plat tout les détenteurs de dettes souveraines et rembourser qui avec de la smt (les banques d’affaires et les commerciales en fond propre) qui de la smd les fonds consacrés par les caisses de retraites ou pour des prêts à l’économie réelle et cela en fonction des zones monétaires des prêteurs , ou bien des compensations fiscales ou autres afin de donner de la smd aux acteurs utiles socialement … je rêve bien sûr ! c’est trop simple vu du comptoir du café mais vraiment vraiment pas du tout simple vu des pupitres de commande, n’est ce pas ?

    Mais d’abord ! Bon an mal an, les créations monétaires des banques centrales représentent quoi par rapport aux obligations de remboursement des états ?

    Salutations cordiales.

  5. Avatar de Jaycib
    Jaycib

    Quoi que l’on puisse penser de la faisabilité des propositions de Dominique Strauss-Kahn, il faut bien admettre que c’est l’un très rares protagonistes qui aient une vision globale de la crise. Personnellement, je pense depuis pas mal de temps que la solution — fût-elle transitoire — passe par une extension considérable des responsabilités du FMI (« banque centrale » mondiale, liberté d’émission de DTS en fonction des besoins urgents des pays menacés, évolution vers un nouveau système monétaire). Le projet de DSK est ambitieux, mais il réfléchit au long terme, et le moment viendra où les chefs d’état seront contraints d’admettre que son raisonnement est le seul qui tienne la route, quoi qu’en disent les USA (pour le moment). Evidemment, DSK n’est pas un révolutionnaire, mais il prépare le terrain en vue de bouleversements politiques profonds ultérieurs.

    En tout cas, c’est le seul haut fonctionnaire français qui ait la tête sur les épaules. Cocorico! On voudrait bien que les chefs d’état actuels lui arrivent à la cheville sur ce plan. Au moins, lui n’est pas mesquin… ou réduit au silence comme Sarkosick-in-the-head, ou d’autres du même acabit.

    P.S. Il y a des échéances électorales proches en France, au Royaume-Uni, et des gouvernements bancals aux Pays-Bas et en Allemagne. C’est là qu’on peut mesurer toute la portée du fameux « crétinisme parlementaire » jadis dénoncé par le père Marx…

    1. Avatar de charles
      charles

      Le gouvernement néerlandais de centre-gauche a ‘ímplosé’ voici une semaine sur la question
      du maintien des troupes en Afghanistan. Elections en juin.Verdomme !

      Dutch cabinet collapses
      The high price of the political crisis

    2. Avatar de Martine Mounier
      Martine Mounier

      ©The powerful DSK’s view.
      Mémo.

      « Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a estimé jeudi 15 mai ( 2008 ), que le pire de la crise financière née aux Etats-Unis était « derrière nous ».
      (…) « Il y a de bonnes raisons de penser que les institutions financières ont révélé l’essentiel (des dégâts), surtout aux Etats-Unis. (…) Les pires nouvelles sont donc derrière nous », a déclaré Dominique Strauss-Kahn devant la commission des Affaires économiques du Parlement européen à Bruxelles. »

  6. Avatar de laurence
    laurence

    Et l’interdiction ‘Jorion’ dans tout cela … Elle tombe aux oubliettes ??

  7. Avatar de mianne
    mianne

    @ Flo et Julien Alexandre au sujet de la question : qu’est-ce que le FMI ?

    J’ai suivi le conseil de Julien et suis allée consulter Wikipedia sur le FMI sans trouver de réponses précises aux questions posées par Flo sur le FMI . Après avoir lu Wikipedia , j’en ai retenu que rien n’était transparent dans cette organisation émanant de pays prétendument démocratiques :

    QUI élit les membres de cette organisation, de la base au sommet, et QUAND les citoyens que nous sommes avons-nous été consultés pour leur désignation , celle du plus petit d’entre eux jusqu’à celle de leur président , ainsi que pour l’octroi de ce salaire faramineux de 495 000 euros par an de Dominique Strauss Kahn ? Si je ne m’abuse, c’est bien nous, les contribuables, qui payons , non ? Quel contrôle avons-nous du FMI ?
    Cela me rappelle fâcheusement l’absence de contrôle que nous avons de notre Parlement Européen que nous n’avons pas élu , qui nous impose ses décisions , décisions auxquelles doit se soumettre le président que nous avons élu. On ne nous laisse élire que ceux dont les décisions ne comptent pas .
    De là à penser que nous sommes soumis de tous les côtés , via le FMI, l’Europe …, à un pouvoir occulte, celui des plus gros financiers de la planète . Ils préfèreront, comme toujours, un bain de sang généralisé plutôt que de perdre la moindre parcelle de leur pouvoir financier et freineront des quatre fers pour s’opposer à ce qui pourrait remettre en cause la spéculation effrénée et le capitalisme .

    L’idée d’une interdiction des paris spéculatifs est excellente, mais il faut s’attendre à ce que nos gouvernements , leurs valets, ne veuillent pas la faire appliquer.
    L’idée de la monnaie fondante fera repartir la croissance, mais pour retomber ensuite dans les mêmes ornières et se retrouver tôt ou tard face au même mur, sans résoudre le problème de l’absurdité d’un système qui fait passer la survie de l’être humain après celle d’un simple instrument d’échange, l’argent, que l’Homme s’était créé pour se faciliter la vie.

    Ces gros financiers qui nous dirigent dans l’ombre semblent préparer actuellement une autre guerre pour détruire, reconstruire et pour faire ainsi repartir le capitalisme pour 30 nouvelles années . Ils usent toujours du même procédé : trouver un bouc-émissaire d’abord manipulé ou carrément fabriqué puis désigné au monde par les Etats-Unis, contre qui lancer une guerre « propre » au nom de la démocratie, avec d’innombrables « dommages collatéraux ». Toujours cette langue de bois pour taire l’horreur et mieux déshumaniser les victimes , comme nous y ont préparés des films grand public et les jeux-vidéo .

    Comment peut-on s’opposer DURABLEMENT au système autrement qu’en cessant de consommer et de nourrir les banques géantes ? La raréfaction des ressources de la planète est déjà la meilleure des raisons pour cesser de consommer . De plus, c’est une méthode douce, à la Gandhi, pour démolir l’adversaire .

    Et d’abord quel adversaire ? Qui sont les plus gros financiers du monde, avoués ou cachés qui nous asservissent par l’intermédiaire du FMI, de l’Europe et de leurs marionnettes sans pouvoir que sont nos gouvernements ? Les identifier leur ôterait déjà un peu de leur pouvoir .

  8. Avatar de Pipas
    Pipas

    « Les marchés obligataires apparaissent de plus en plus comme allant être très sollicités, avec comme inévitable conséquence une hausse des rendements exigés et un surenchérissement de la dette publique »

    Oui, j’ajouterai pour aller jouer les plues values perçues au passage au casino des CDS et autres affriolantes innovations, et une fois à sec vite retourner taper dans les caisses d’Etats avec un taux d’intérêt frisant 0.

    N’oubliez pas enfin que si d’un certain point de vue (celui du corps social), la dette est un problème; d’un autre point de vue, (celui des parasites performants), la dette est une solution.

  9. Avatar de Pierre
    Pierre

    La bulle du conformisme devrait plus se préoccuper des faces cachées de ses vieilles lunes.
    Merci en tout cas monsieur Leclerc pour ces quelques clichés SGDG en provenance direct de votre satellite Lunar VI, qui c’est certain, pose les bonnes questions.
    Les « dirigeants » naviguent-ils à ce point « à l’estime »?
    Quelle estime pour les peuples qui, à travers les états, apportent leurs garanties à ces deals privés?

    Enfin, ce soir le coefficient de marée est de 108 et ça va souffler à 10 Beauforts, voilà pour les estimations de météo-France. Tous aux abris, le ciel s’y met, ne nous surestimons pas trop!!!

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      Bilan, aujourd’hui, j’ai les pieds dans l’eau.
      Sans commentaires de mes estimes et sans interprétations de vos silences plus ou moins modérés.

      Les assurances en manque de liquidités pour cause d’inondations? Ou de catastrophes « naturelles »?
      C’est nous les banquiers finaux, à défaut d’être centraux, mes copains. Est-ce hors du sujetde nos dissertations économiques?
      Personne ne pourrait donc, éventuellement, parier sur « la » catastrophe?

    2. Avatar de domini CB
      domini CB

      Pierre, préparez-vous à un nouveau choc :
      la gent politique tactique, celle du gouvernement
      et l’autre, fait la tournée des sinistrés.

      Bon courage en tout cas.

    1. Avatar de roma
      roma

      La Boétie in « Le discours sur la servitude volontaire » : « … il ne s’agit pas de lui rien arracher mais seulement de lui rien donner, alors – écrit-il – si on ne lui obéit point, sans les combattre, sans les frapper, ils demeurent nus et défaits ».

    2. Avatar de Fab
      Fab

      Formidable ! Il paraîtrait -c’est ce qui se dit dans les milieux autorisés- que l’éducation nationale serait sur le point de proposer un projet de loi afin que tous les élèves du primaire voient ce film…
      A suivre !

      Merci.

  10. Avatar de espagnoux
    espagnoux

    M Leclerc, peut on savoir qui vous êtes ? un CV ? merci

    1. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Je m’intéresse à l’économie sans être économiste et j’écris des articles sans être journaliste.

      J’ai fait trente six métiers et voyagé dans au moins le double de pays. J’ai le temps me permettant d’essayer de mettre en relation tout ce que je lis et ce que j’ai vu du monde. J’aime comprendre comment les choses fonctionnent et en saisir les mécanismes.

      Je vis dans le présent mais me soucie de l’avenir. Je déteste l’injustice et ne croit pas au destin.

      Mais ce que je suis – ou ne suis pas – n’apporte pas grand chose à ce que j’écris. Je le fais sous mon nom, mais seule compte finalement la chronique qui en résulte. Sans savoir, comme c’est également le cas de la crise elle-même, où elle va mener.

    2. Avatar de Karluss

      enfin, une partie du masque (de Zorro ?) tombe, on va pouvoir attaquer le Wiki …
      donc vous avez 56, non 57 ans ?

  11. Avatar de laurence
    laurence

    @ jérémie,

    Je voudrais vous dire …

    Vous êtes généreux… et attentif et sensible…

    Il faudrait des tonnes de gens comme vous.

    En vous lisant j’apprends toujours quelque chose que seul, vous, savez voir.

  12. Avatar de Piotr
    Piotr

    A Martine Mounier…
    D’aucuns se plaindront à juste titre de digressions hors sujet rendant la lecture du blog très éreintante,je me permet néanmoins de vous faire remarquer que votre avatar est mal cadré et que vous nous soumettez à une injuste et frustrante torture…

    1. Avatar de taotaquin

      @Piotr

      Au plaignants je répondrais ceci:

      Monsieur Piotr allie sagacité débonnaire, acuité suprême et sens aïgu de la concision apophtegmatique qu’applaudiraient Chamfort, Lichtenberg et le Marsupilami.

      Nenni, que dis-je, il est le super-phoenix des hôtes de ce blog!

      Ses propos sont autant d’étoiles illuminant la pensée des membres de la Taverne du Trader Repenti.

      Il est fameux.

      Profitant d’un samedi soir à l’issue aussi incertaine que l’effet du Z strauss-kahnien sur le cours de nos émotions à venir, je tenais à lui rendre cet hommage et, s’il le permet, à l’embrasser très fort.

      Un peu d’affection ne peut nuire à la compréhension du monde comme volonté et comme représentation permanente.

      Bonne nuit venteuse à tous!

      Amicalementaquin

    2. Avatar de Martine Mounier
      Martine Mounier

      @Piotr
      C’était le but !

  13. Avatar de Millesime

    en empêchant le domino grec de tomber, les chefs d’Etat européens croient pouvoir enrayer l’explosion de l’ensemble de la zone euro. c’est plutôt illusoire, la zone euro, tout comme le reste de l’économie mondiale, est totalement en faillite.
    le système monétaire internationale (que l’oligarchie financière ne voulait pas réformer) fonctionne comme un énorme jeu de cavalerie financière, où chacun vit de l’argent emprunté au précédent, et dans lequel, au bout de cette chaine infinie, il ne reste presque plus de richesse.
    Les problèmes de la Grèce sont moindre que ceux de l’Espagne et surtout du Royaume-Uni ! comme l’a fait remarque, selon le « Canard Enchainé » Nicolas Sarkozy: On sait que sa dette n’est pas de 60% du PIB, comme prétendu, mais de 147% , quant à l’Espagne, le bulle immobilière est en train d’éclater.
    Tant qu’il n’y aura pas de réforme du système monétaire international, il n’y a rien à espérer.
    Il est temps de sortir de la dictature financière de la City et de Wall Street. (voeu pieux???)

    1. Avatar de lemar
      lemar

      Millesime dit : « le système monétaire internationale (que l’oligarchie financière ne voulait pas réformer) fonctionne comme un énorme jeu de cavalerie financière, où chacun vit de l’argent emprunté au précédent, et dans lequel, au bout de cette chaine infinie, il ne reste presque plus de richesse. »

      Pourriez vous donner à une référence qui justifie cette affirmation s’il vous plait. Ou n’est ce qu’un point de vue, qu’une manière de voir les choses ?

    2. Avatar de Paul Jorion

      Pourriez vous donner à une référence qui justifie cette affirmation s’il vous plait.

      Paul Jorion, « L’argent, mode d’emploi » (Fayard 2009), passim.

    3. Avatar de Millesime

      @lemar
      demandez donc aux banques de l’oligarchie financière…! (si vous en connaissez bien sûr)
      dans le cas contraire, Paul Jorion se fera un plaisir de vous renseigner je suis certain.

    4. Avatar de liervol
      liervol

      C’est drôle que certains mettent encore en doute la cavalerie financière à l’oeuvre dans nos sociétés, elle est pourtant si évidente.

    5. Avatar de lemar
      lemar

      Bonjour,

      Paul Jorion, « L’argent, mode d’emploi » (Fayard 2009), passim.

      C’est justement le « passim » qui limite ma compréhension. Je ne remet aucunement en doute l’existence de la cavalerie financière, et j’ai lu l’Argent mode d’emploi, livre au demeurant excellent. La première partie n’est pas évidente pour un non initié à l’économie. J’ai trouvé la deuxième partie du livre passionnante et je l’ai refermé avec l’idée de le relire pour mieux le digérer.

      Ce que j’ai retenu de l’ouvrage de Paul, c’est le mécanisme implacable par lequel l’argent va à l’argent avec le principe des intérêts. J’ai bien compris aussi il me semble la notion de pari et tout l’intérêt de la proposition d’interdiction des paris sur les fluctuations des prix. Par contre là où le lien est plus difficile à faire pour moi, qui n’ai aucune formation en économie ou en finance, c’est le lien entre cette masse gigantesque d’argent, de titres, de dettes, et la richesse (réelle) disponible.
      Du coup la phrase de Millesime, qui résume de façon particulièrement claire le mécanisme global de la crise, a allumé une petite lumière dans mon modeste cerveau.

  14. Avatar de blob
    blob

    En tout cas, vous êtes intelligent et honnête: c’est rare par les temps actuels.

  15. Avatar de Sakhaline
    Sakhaline

    Ah, au fait, puisqu’on parle beaucoup de dette, je tenais à préciser que personne ne me doit d’argent et que je n’en dois à personne – je crois qu’on est assez nombreux dans ce cas, on devrait fonder un grand parti. Alors bon, si vous, les créanciers, et vous, les endettés, pouviez régler vos petites histoires en faisant moins de bruit, ça serait quand même vachement sympa…

    1. Avatar de liervol
      liervol

      Sakhaline
      Je n’en serais pas aussi sûr que vous :
      d’où viennent vos revenus ? n’êtes vous pas salarié d’une entreprise elle même endettée ? n’êtes vous pas commerçant et dans ce cas vos clients dont vous tirez vos ressources qu’est ce qui vous dit qu’ils ne sont pas eux mêmes endettés ? avez vous une assurance vie où c’est la dette qui vous assure un revenu ? Profitez vous de la protection sociale française ? et ainsi de suite.
      La parenthèse que vous faites n’est pas valable dans ce monde où c’est l’endettement qui est à la base de la monnaie en circulation. Vous raisonnez comme les Allemands en oubliant que sans l’endettement des autres pays l’économie allemande n’a plus de clients.
      Nous sommes dans un système où nous sommes tous interconnectés les uns aux autres.
      Le seul moyen de dire aujourd’hui que vous n’avez pas de dette et que personne ne vous doit rien serait que vous viviez dans une de ces peuplades primitives qui subsistent encore où l’argent dette n’existe pas.

  16. Avatar de laurence
    laurence

    @ Monsieur Leclerc,

    mais si, c’est bien sûr tout ce que vous êtes et n’êtes pas qui fait la valeur et la richesse de vos chroniques.

    Et cela nous est précieux.

    Merci de partager ce que vous êtes avec nous tous.

  17. Avatar de zebulon
    zebulon

    votre banque est elle ouverte le lundi ?

  18. Avatar de Lou
    Lou

    ZORRO EST ARRIVE ? Non Robin des Bois !

    Le Robin des Bois du Web qui fait trembler le monde des affaires letton

    http://www.france24.com/fr/20100228-neo-twitter-4ata-fourth-awakening-people-army-lettonnie-revelation-corruption?print=true

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