LA SITUATION À FUKUSHIMA (XVII), par François Leclerc

Mise à jour n° 264 (jeudi 08h34)

Il y a grande urgence sur le site de la centrale.

L’eau hautement contaminée continue de monter dans les sous-sols et tranchées techniques et menace d’en déborder. Les niveaux atteints sont très alarmants et l’opérateur a été pris au dépourvu, après avoir espéré pourvoir attendre la mise en service – prévue pour la mi-juin – d’un système de décontamination de l’eau afin de pouvoir plus facilement la stocker.

Des stockages très précaires vont être dans l’immédiat improvisés, sous-sols de deux bâtiments ainsi que condensateur de la turbine du réacteur n°3, afin de pomper l’eau hautement contaminée des endroits d’où elle menace de déborder. Ces possibilités laissent peu de marge de manoeuvre, étant donné leurs capacités limitées, alors que la pluie continue de tomber.

Au risque de débordement de l’eau vers l’océan s’ajoute celui de l’augmentation du niveau de radioactivité sur le site et de son impact sur les ouvriers, alors que l’autorité de sûreté nucléaire vient de rappeler à l’ordre Tepco pour ses manquements répétés à leur sécurité.

A l’inverse de la situation dans les autres réacteurs, le niveau de l’eau baisse dans le réacteur n°1, un effet pouvant être attribué au ruissellement dans le sol des eaux contaminées, qui pourraient ainsi rejoindre l’océan.

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Mise à jour n° 263 (mercredi 08h28)

Dans un style très onusien, la mission de l’AEIA au Japon a rendu public son rapport de mission préliminaire, en vue de la conférence ministérielle des 20 au 25 juin prochains à Vienne, à l’occasion de laquelle son rapport final sera rendu public.

En creux des satisfecit accordés au gouvernement japonais et à l’opérateur de la centrale de Fukushima Daiichi, ainsi que de l’accent mis sur la « sous-évaluation » évidente du risque du tsunami, la trame d’une première évaluation critique est décelable.

Elle porte sur le caractère « bénéfique » d’un « programme approprié et opportun de suivi de l’exposition du public et des travailleurs et de surveillance sanitaire », qui fait donc défaut si l’on comprend bien.

La nécessité de veiller à « l’indépendance de l’autorité de sûreté nucléaire et [de] faire en sorte que la clarté des rôles soit préservée » est également soulignée.

Enfin, la mission recommande la mise en place d’équipements de communication garantissant « la communication et le contrôle des installations », en référence aux dysfonctionnement criants qui sont intervenus à Fukushima.

Le rapport final éclairera-t-il la catastrophe elle-même, sur laquelle ce premier document ne se penche pas  ? Il en serait bien inspiré, sauf à risquer de déconsidérer l’honorable agence de l’ONU.

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Mise à jour n° 262 (mardi 14h58)

La contamination de l’eau dans les sous-sols du réacteur n°1 est particulièrement élevée, atteignant 2 millions de becquerels de césium radioactif par centimètre cube. L’opérateur envisage que des substances provenant du corium puissent s’être répandues hors de la cuve percée du réacteur.

Des mesures concrètes permettant de transférer massivement cette eau hautement contaminée, ainsi que celle qui se trouve dans les sous-sols des autres réacteurs continuent de se faire attendre.

En attendant, une carte des zones contaminées par l’eau a été dressée à l’intention des ouvriers. Rien n’a été précisé à propos de sa mise à jour, suite aux pluies qui se sont abattues sur le site.

Un système de refroidissement de l’eau de la piscine n°2 est en cours de test, dans l’intention de baisser dans le mois qui vient sa température de 70°C à 40°C et de stopper la production de vapeur intense actuelle.

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Mise à jour n° 261 (mardi 09h02)

Devant les éléments, l’opérateur se révèle très démuni.

Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le site de la centrale ont brutalement accru les masses d’eau hautement contaminée qui s’y sont répandues. Et la saison des pluies ne fait que commencer. L’eau s’infiltre dans les bâtiments étêtés et s’écoule dans leurs sous-sols.

Dans le réacteur n°1, le niveau de l’eau s’est élevé de 37,6 cms en 24 heures. Les prévisions sont à l’accalmie, mais si la pluie devait recommencer à tomber avec la même intensité, l’eau hautement contaminée déborderait et rejoindrait l’océan tout proche sans que rien d’existant ne puisse s’y opposer.

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Mise à jour n° 260 (lundi 15h47)

Moins de 1.500 des 3.700 ouvriers qui se sont déjà succédés pour travailler sur le site de la centrale ont bénéficié d’un contrôle interne de leur exposition. Ceux-ci n’ont débuté que le 22 mars dernier, 11 jours après le début de la catastrophe.

Tepco a déjà reconnu qu’une exposition supérieure à 250 millisieverts aurait été mesuré chez deux ouvriers, qui ont travaillé sur le site dès le 11 mars et n’ont été examinés qu’à mi-avril.

Dès qu’il s’agit de contamination, les informations distillées par l’opérateur sont peu précises et partielles.

Les conditions dans lesquelles il fait travailler les ouvriers ont déjà été relevées comme étant dangereuses, leurs horaires de travail, logement et nourriture faisant peu de cas d’eux.

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Mise à jour n° 259 (dimanche 12h49)

Baptisé Songda, le typhon a été rétrogradé au rang de dépression, en raison de son affaiblissement. Sa trajectoire est encore incertaine mais le dirige vers Tokyo. Il n’est pas établi si elle va le mener ensuite droit vers la centrale. Des pluies violentes sont de toute façon attendues.

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Mise à jour n° 258 (dimanche 10h59)

Alerte au typhon.

L’opérateur multiplie les préparatifs en vue de l’arrivée des pluies torrentielles d’une tempête tropicale annoncée pour dimanche soir (heure locale). Des vents violents pourraient aussi balayer le site de la centrale lundi et mardi.

Les installations électriques sont protégées par des sacs de sable empilés et les portes des locaux sont scellées afin d’empêcher que l’eau ne rentre.

L’opérateur annonce qu’il surveille attentivement le niveau de l’eau dans les bâtiments des turbines et des tranchées techniques des réacteurs n°2 et 3 mais ne fait état d’aucun dispositif pouvant empêcher son niveau de monter brutalement et de déborder. Ce qui continue à être le cas (pas d’indication précise de niveau).

Il étudie par ailleurs le moyen d’empêcher que les débris radioactifs épars sur les sols soient balayés par les pluies et enlevés vers l’océan.

Rien ne semble être prévu de possible par ailleurs, sinon retirer les grues et arrêter toutes les opérations en cours, si nécessaire.

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Mise à jour n° 257 (samedi 18h10)

Selon l’agence de presse Kyodo, la quasi totalité des systèmes de mesure de la radioactivité ont cessé de fonctionner dans les instants ou les heures qui ont suivi le séisme et le tsunami, rendant impossible d’établir la contamination autour des centrales de Fukushima Daiichi (un) et Daini (deux) pendant une période qui n’est pas précisée.

L’interruption de leur alimentation électrique, l’épuisement de leurs batteries ou la perturbation des lignes de transmission des données en ont été selon les cas la cause. Une situation identique a été constatée auprès des centrales d’Onagawa et de Tokai Daini.

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Mise à jour n° 256 (samedi 12h19)

La forte contamination de l’océan est confirmée. La source est le ministre des sciences japonais, confirmant que les milieux universitaires et scientifiques donnent désormais de la voix.

Les analyses opérées par Greenpeace au-delà des eaux territoriales sont confirmées et au-delà. Le lit de la mer, sur une bande de 300 kms orientée Nord-Sud et située entre 15 et 50 kms du rivage est contaminé par de l’iode-131 et du césium-137, selon des relevés opérés entre les 9 et 14 mai derniers qui signalement une contamination plusieurs centaines de fois la normale.

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Mise à jour n° 255 (samedi 10h36)

Le scénario d’une nouvelle catastrophe est en train de prendre corps.

L’annonce d’un typhon, dont c’est le début de la saison, et des pluies qui le précédent et vont s’intensifier, rend encore plus problématique la situation sur le site de la centrale, d’où continue de s’échapper de grandes quantités d’eau hautement contaminée, que l’opérateur n’est parvenu à pomper et stocker que marginalement.

Des sous-sols des réacteurs, elle se répand dans le sol et ruisselle dans l’océan, sans que les fuites puissent être colmatées et les injections d’eau arrêtées. De nouvelles fuites sont même apparues dans les tuyaux et réservoirs de stockage installés par l’opérateur.

Le risque est grand que l’eau ne déborde en grand des sous-sols et des tranchées et tunnels qui les joignent pour rejoindre l’océan. La marge entre le niveau de l’eau et de celui du sol est de 57,6 cm dans la zone proche du réacteur n°2, et 43,1 cm aux abords du n°3.

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141 réponses à “LA SITUATION À FUKUSHIMA (XVII), par François Leclerc”

  1. Avatar de c.learch
    c.learch

    Je viens découvrir ceci, et je suis (encore plus) dégouté, découragé…
    http://www.psychomedia.qc.ca/nucleaire/2011-04-27/sante-un-accord-entre-l-oms-et-l-aiea-denonce
    Donc ne pas compter sur l’OMS pour donner son avis sur l’augmentation du seuil admissible de radiations multiplié par 20 pour les enfants japonais de la région de Fukushima… et puis on peut aussi s’interroger sur les raisons véritables de ce pacte de non-agression…

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