Discours aux aveugles, par Hubert Chaperon

Billet invité.

Oh ! Mais qu’elle était belle cette promenade, quelle belle journée !

Cette nature nous ravit, l’existence semble si douce, le monde et ses soucis si loin…

Hop hop hop hop sous le tapis nos craintes, nos angoisses, nos peurs !

Hommes misérables ! Craignez vous de chuter que vous n’avez pas levé le nez de votre route ? Misérables hommes ! Hommes aveugles ! Tenez vous encore vos cannes blanches ? Les avez vous perdues ? Vous n’en avez jamais eu ? Vous méritez d’en avoir parce que vous croyez voir et ne voyez rien ! Aveugle tel est votre état et cela même vous ne le voyez pas !

Hommes misérables ! Vous marchez dans la nuit la plus noire, dans la nuit de l’ignorance, dans la nuit de votre orgueil, dans la nuit de vos illusions, cependant je vous veux du bien et je vous mènerai vers la lumière et la vérité. Mais à une condition, et j’ai bien peur qu’elle soit hors de votre portée, hommes misérables. À la condition que vous acceptiez de voir que vous ne voyez rien ! Que vous acceptiez d’entendre cela ! À moins que vous ne soyez sourds aussi !!!

Sinon faites à ma pauvre personne ce que vous avez déjà fait à Socrate et je boirai comme lui la ciguë et vous reprendrez votre marche ignorante, armés de vos cannes blanches dont vous vous servirez pour faire des croche-pattes à la vérité ! Prenez vos voitures et rentrez chez vous avec votre cécité ! Mettez vous à table, mangez et buvez tout votre saoul, fermez les volets, allumez les lumières, allumez le four, allumez la télévision, appelez vos amis, allez au rendez vous avec votre conseiller bancaire, prenez vos médicaments, nourrissez vos bambins, maquillez vous et allez au travail. Allez vous prosterner devant vos dieux monstrueux, ignares et aveugles comme vous !

Oh ! je vous connais hommes misérables ! Je sais ce que vous ferez ! Oui ! Vous rentrerez à la maison et dans votre turbo diesel vous ignorerez les particules fines répandues, et vous vous mettrez à table ! Dans votre viande vous nierez les hormones ajoutées, dans vos fruits et légumes vous ignorerez les pesticides. Dans votre vin vous oublierez les sulfites et vous dormirez devant vos téléviseurs bêtifiants en ignorant la cupidité et le mensonge de vos politiciens. Derrière votre lampe de chevet vous ne verrez pas l’atome. Derrière vos téléphones vous ne verrez pas les ondes électromagnétiques. Derrière vos crédits, l’enrichissement des requins de la finance. Derrière vos maladies, les placebos et les poisons de l’industrie pharmaceutique. Dans les tétines de vos nouveaux né, le bisphénol. Dans vos cosmétiques, le paraben. Dans votre poisson, le mercure. Dans votre travail, l’ennui et la perte de soi.

Oh ! Mais qu’elle était belle cette promenade, hommes misérables ! Retournez chez vous ! Mais je vous supplie d’ouvrir les yeux, il est l’heure ! Votre progéniture vous le réclame et vous condamnera de ne pas l’avoir fait. Ouvrez les yeux vous allez voir !

On dit : les coupables sont en Chine, en Amérique ou ailleurs. On dit que les démocraties sont à la merci des systèmes spéculatifs automatisés. On n’y peut rien ! Toute la finance est gérée par des mathématiciens hors de la réalité, piégés par leurs salaires mirobolants, enfermés dans leurs cages dorées avec pour seules fenêtres sur le monde, leurs écrans couverts de chiffres. On n’y peut rien ! Ils attaquent à la nano seconde les monnaies faibles et désorganisées. (Leurs clics à New York, tel l’effet papillon, font des cataclysmes à Athènes, Madrid, Rome, Dublin.) On n’y peut rien ! Les systèmes sont gérés par des cerveaux conditionnés à l’irresponsabilité.

Oh! mais qu’elle était belle cette promenade, quelle belle journée ! Vous vouliez voir, vous avez vu !

Croyez vous que le peuple voterait pour qui viendrait interrompre son sommeil, et lui annoncer des lendemains sombres ? Les politiciens ont le courage des citoyens qui les élisent.

D’ores et déjà nous ne pouvons plus faire les autruches ! Relevons la tête ! Où est notre véritable désir ? Quittons les sentiers battus ! Sortons du cadre ! Nous sommes responsables et la responsabilité c’est la joie !

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