L’actualité de demain : UNION BANCAIRE, EN ARRIÈRE, TOUTE ! par François Leclerc

Billet invité

Union bancaire, vous avez dit union bancaire ? Cela n’en prend pas le chemin, car pierre après pierre le projet initial de cette construction est dénaturé pour reposer sur des bases nationales.

La partie se joue actuellement en Allemagne, dans le cadre des négociations préalables à la constitution de la grande coalition CDU/CSU-SPD : un compromis serait intervenu qui place toute décision relative à un renflouement ou une liquidation sous la houlette des régulateurs nationaux (et de l’Ecofin en dernière instance, une structure intergouvernementale), excluant par ailleurs tout apport financier direct du Mécanisme européen de stabilité (MES). Si cette approche devait être finalement retenue au niveau européen, le renflouement ou la liquidation de banques se ferait dans un cadre national, renforçant la probabilité d’une intervention sur fonds publics, confirmant que le nœud gordien liant dette publique et privée ne sera pas tranché comme initialement revendiqué.

Sous couvert d’un avis juridique, la BCE a pris ses distances avec une telle approche : « En mettant en commun les ressources [un fonds européen] serait en mesure de mieux protéger les contribuables que dans le cadre d’arrangements nationaux, et plus susceptible de rompre le lien entre les banques et leurs États respectifs ». Vendredi dernier, la BCE abordait également le calendrier de mise en place souhaité pour l’union bancaire : au plus tard mi-2014 pour le mécanisme de résolution (qui décide ?) et avant 2018 pour celui du renflouement interne, le bail-in (qui finance ?). Traduction : avant de donner fin de l’année prochaine le diagnostic de l’état de santé des banques, la BCE souhaiterait être à même d’en mesurer toutes les conséquences, introduisant de facto un critère supplémentaire d’analyse des bilans bancaires à ceux qu’elle a publiquement énoncés.

Fidèles à eux-mêmes, divisés, les dirigeants européens reculent devant les implications du désendettement des banques et prennent la BCE à contre-pied. Ils prolongent d’autant la période de dévaluation interne et la désinflation qui l’accompagne, dans laquelle la zone euro est ancrée, suspendus à de nouveaux rebondissements.

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