À propos de DIX ÊTRES HUMAINS RÉSOLUS POUR SAUVER UNE ESPÈCE EN DANGER ! (V), par Calembredain

Billet invité. À propos de DIX ÊTRES HUMAINS RÉSOLUS POUR SAUVER UNE ESPÈCE EN DANGER !

Les questions que vous évoquez, la science-fiction se les pose depuis longtemps : quelle place pour l’être humain parmi les machines ? quelle place pour les machines parmi les êtres humains ?

Les auteurs de science-fiction, s’ils n’apportent pas toujours des réponses clef en main, ont au moins le mérite de soulever les difficultés tant pratiques, éthiques que philosophiques liées à la machine, avec ou sans intelligence artificielle. Je pense que les réflexions sur le sujet doivent en tenir compte pour ne pas être désincarnées. Je souhaitais présenter quelques illustrations succinctes (subjectivement choisies et sélectionnées parmi tant d’autres !).

Entre l’image négative des Cylons, robots intelligents impérialistes, souhaitant anéantir l’humanité – dans Battlestar Galactica, et celle plus neutre des hubots, robots à l’image des humains, en quête de liberté et d’identité – dans l’excellente et actuelle série suédoise Äkta människor (Les humains véritables) –, le cadre du débat éthique et philosophique se pose de manière concrète. Ne court-on pas le risque de voir l’humanité remplacée par ces machines ? Au-delà du désir parricide des cylons, la question se pose de manière plus immédiate. Ainsi comment Hans Hengman, ce père au foyer qui a acheté un hubot ménager va-t-il occuper ses journées ? Les revenus de sa femme étant suffisants pour que la famille vive confortablement, le voilà tenté par un ennui sans fin. Le problème est plus grave pour Roger qui a des difficultés à subvenir aux besoins de sa famille : comment peut-il trouver du travail dans une société où les hubots occupent de plus en plus de fonctions ? La série ne cherche même pas à se cacher derrière un siècle d’avancées technologiques : ces robots sont pour aujourd’hui, pas pour dans vingt ans.

Les deux séries ne sont pas sans questionner le libre arbitre de ces robots intelligents. Entre la haine de la machine et l’amour de celle-ci se posent d’abyssales questions sur nous-mêmes, sur qui nous sommes, au fond, sinon des machines biologiques – et nos rapports avec ces machines artificielles.

La science-fiction ne fait pas que soulever des problèmes, elle tâche parfois de les résoudre. On sait que Asimov, maître du genre, a cherché des réponses et inventé les trois lois bien connues de la robotique (dont la fondamentale protégeant les êtres humains… et même une quatrième, la loi zéro, visant à protéger l’humanité toute entière). Mais que fait-on quand, comme dans Äkta människor des virus viennent corrompre les programmes et systèmes intelligents ?

Du reste, ce n’est pas seulement l’Intelligence Artificielle qui est ciblée par les auteurs de SF. Quand Marion Zimmer Bradley rédige en 1954 la nouvelle La vague montante, il n’est pas question d’Intelligence Artificielle. Dans cette nouvelle, un groupe de scientifique ayant vécu sur une colonie revient sur Terre afin de prendre contact avec ces habitants. Ils arrivent avec l’espoir d’y trouver une humanité au summum de la technologie. La découverte qu’ils font à leur arrivée sur la Terre est évidemment aux antipodes de ce qu’ils eussent imaginé. La technologie semble avoir complètement disparu. Marion Zimmer Bradley invente alors un monde dans lequel la place de la technologie est complètement repensée. Alors que les autochtones terriens semblent bien connaitre la technologie, elle n’est nulle part. Les bases d’une société frugale sont alors jetées non sans d’intrigantes perspectives.

La science-fiction offre un matériel précieux à qui veut réfléchir sur la machine. Elle est même une ressource indispensable dont la philosophie ne peut pas se passer : ce sont des enquêtes sur notre futur. Des réalités potentielles.

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