Espagne, Grèce, Portugal… : DES RÉSULTATS QUI NE SOUFFRENT PAS DISCUSSION ! par François Leclerc

Billet invité.

Sur les murs des villes grecques, un graffiti témoigne de ce que ressentent leurs habitants : « je souffre », est-il griffonné de toutes les couleurs et dans toutes les dimensions. La situation s’améliore en Grèce, entend-on pourtant dire, en se gardant d’utiliser comme argument la baisse du chômage des moins de 24 ans, passé en février dernier de 60,4% à 56,8% ! Sans faire non plus référence à l’avis des économistes grecs qui avertissent de ne pas s’attendre à une baisse significative avant longtemps.

Les chiffres sont aussi impressionnants pour les jeunes Espagnols, mais une autre statistique retient l’attention : celle des chômeurs tous âges confondus qui ne touchent plus d’indemnités à ce titre. Ils seraient 4 millions dans ce cas, seuls 1,9 millions en percevant une selon l’Institut national des statistiques. Ce qui contredit les chiffres du gouvernement qui dénombre les bénéficiaires d’une allocation à 2,9 millions en comptabilisant des situations d’une autre nature. Trois facteurs concourent à ce résultat : le développement du chômage de longue durée au-delà de la période pendant laquelle une aide est perçue, les réductions budgétaires successives, et les modifications des règles d’accès aux prestations sociales.

Une autre statistique illustre ce que doivent endurer les Espagnols : au premier trimestre de cette année, aucun des deux membres de 736.900 foyers ne disposaient d’une rémunération, ce qui représentent environ 1,5 millions de personnes sans salaire. Afin d’y remédier, le développement de l’économie informelle bat son plein.

Au Portugal, seulement 37,5% des jeunes sont au chômage, pourrait-on faire valoir, mais un cinquième de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté (correspondant à un revenu inférieur à 409 euros mensuels). Un léger recul du chômage est aussi enregistré, mais sa cause n’est pas à chercher bien loin : environ 300.000 Portugais ont quitté le pays entre 2011 et 2013, surtout des jeunes qui renouent avec la forte tradition d’émigration du pays (tout comme celle des Irlandais).

Siim Kallas, le vice-président de la Commission, s’est joint au chœur de tous ceux qui saluent comme une grande victoire la sortie du Portugal de son plan de sauvetage, tout en y allant de son commentaire : « les politiques de rigueur budgétaire et les réformes visant à soutenir la croissance doivent être maintenues pendant les mois et années à venir ». L’ultime mission de la Troïka à Lisbonne a été présentée comme mettant fin à la tutelle à laquelle le pays était soumis, ce qui était vite oublier la déclaration du premier ministre qui avait auparavant annoncé la poursuite de la surveillance des créanciers jusqu’à ce que 75% des prêts octroyés soient remboursés, prévu pour prendre 20 ans… Depuis, le gouvernement a adopté un document intitulé « le chemin vers la croissance », qui aurait mieux fait d’indiquer directement celui de l’exil, comme le premier ministre l’avait d’ailleurs conseillé aux jeunes portugais.

Encore bravo !

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