Espirito Santo, … et la Commission européenne n’a rien vu venir …, par Jean-Luce Morlie

Billet invité. Également publié ici.

Les phases de crises financières ne sont-elles pas l’occasion, pour les plus malins des plus doués des banquiers, de sauver, en douce, les billes de leurs meilleurs clients ? Visiblement, l’opacité bancaire est entretenue avec un soin lucide. N’est-ce pas, comme au jeu des chaises musicales; lorsque la ronde des joueurs s’arrête, pour trouver la chaise où s’asseoir, il faut bien qu’il s’en retrouve par terre ? Et ceci amène une autre réflexion.

En effet, la dynamique propre de la concentration du capital par l’intérêt composé, n’est-elle pas, et dans un même ordre de nécessité, dans l’obligation d’organiser le jeu de telle façon que les moins bons joueurs perdent la partie, puisque, à parier sur des reconnaissances de dette (Paul Jorion), il y aura toujours des perdants ? Ne croyons-nous pas que les mieux placés pour faire tourner le manège, savent très bien quand s’arrêtera le moulin, puisqu’ils le font tourner ?

Alors voilà, qu’est venue faire Goldman Sachs dans Espirito Santo ? En deçà du naufrage apparent, quelles sont les traces du sauvetage des avoirs de la galaxie familiale Espirito Santo ? L’arrestation du patriarche Ricardo Salgado a quelque chose de pathétique, imaginez qu’il travaillait tard la nuit, seul dans ses bureaux, à l’abri des regards … L’ « Esprit saint » de nos « démocraties » kleptocratiques » ne repose-t-il pas sur la corruption de segments entiers de l’économie, de la politique, de la justice, de la police, chacun appuyé sur des strates sociales « subalternes » mais tout autant clientes des prébendes qui percolent de ce climat de déviance ? Pour qui la Commission européenne est-elle aveugle ?

Selon Jean-Louis Legalery, Isabel Dos Santos, fille du Président de l’Angola, aurait gardé de son père, des ambivalences mafieuses, toujours est-il que Isabel est actionnaire à 20% de la Banco Espírito Santo Angola (BESA) dont la Banco Espírito Santo (BES) est actionnaire à 55,71 % : la Commission européenne ne voit rien venir…
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infographie (http://www.cabinda.net/List_Henchmen_MPLA_Angola.htm


Voir également : Ludovic Lamant : A genoux, le Portugal ferme les yeux sur l’«argent sale» venu d’Angola
(ci-dessous, deux extraits de l’article entier de Ludovic Lamant)
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José Manuel Barroso et José Eduardo dos Santos à Luanda, le 19 avril 2012 © CE.

Si la gêne domine à Lisbonne, d’autres institutions brillent aussi par leur absence. Sur ce dossier, l’Europe est muette. Marcolino Moco, un ancien premier ministre angolais (1992-1996), devenu l’un des plus féroces adversaires de Dos Santos, s’est récemment interrogé sur les silences de l’Union européenne : « Pour préserver ses intérêts économiques avec l’Angola, l’Europe ferme les yeux sur toutes ces malversations. »
Pour l’eurodéputée socialiste Ana Gomes, l’Europe serait même complice de cette opération : « L’austérité et les programmes de privatisation exigés à Lisbonne par l’Europe ont eu pour effet d’aggraver la dépendance du Portugal envers l’Angola. Non seulement l’Europe ne dit rien, mais elle pousse encore plus dans cette direction ! »

Ce n’est en tout cas pas du côté de la commission européenne qu’il faudra attendre une réaction, d’ici les élections européennes de l’an prochain. Son patron depuis 2004, José Manuel Barroso, fut l’un des premiers ministres portugais les plus proches du régime de Dos Santos. En 2003, il s’était rendu à Luanda avec dix de ses ministres. En tant que président de la commission, il a effectué une visite de deux jours en Angola, en avril 2012, pour renforcer la coopération de l’UE avec Luanda.

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