Zone euro : LA FATALITÉ N’EXISTE PAS ! par François Leclerc

Billet invité.

Les dirigeants européens seraient bienvenus à s’interroger à propos de la politique qu’ils ont eux-mêmes décidée, ou à défaut suivie par peur de s’y opposer, par conformisme plus que par conviction. Non pas seulement pour en constater les effets qui contredisent leurs prédictions, mais aussi pour s’interroger sur leurs causes. Car les bricolages qui s’annoncent ne régleront rien.

Leur obstination à ne pas se résoudre à une telle clarification, qui renvoie à leur discours obsessionnel à propos de la dette et des réformes d’inspiration libérale destinées à relancer la croissance, fait à la longue problème. Parce qu’elle pourrait laisser penser qu’ils se sont résignés à précipiter l’Europe dans une période récessive et déflationniste durable, prix à payer selon eux pour réduire un endettement excessif, en affirmant qu’il n’y a pas d’autre solution. En évitant de se poser une délicate question : la désastreuse situation actuelle a-t-elle pour origine la crise financière, ou est-elle le résultat de leur politique ?

Au fil des mois, les épouvantails n’ont pas manqué : la mondialisation et ses conséquences en terme de compétitivité, la construction incomplète de la zone euro, ou la rigueur dogmatique de la politique germanique. Mais si ces facteurs y ont tous contribué, ils ne suffisent pas pour expliquer la spirale descendante dans laquelle la zone euro se trouve placée ; celle-ci résulte de l’application de la stratégie de désendettement adoptée, ainsi que de ce qui l’accompagne.

Les dirigeants européens partagent la conviction – il faut bien en avoir – que c’est grâce au marché que tout pourra redevenir comme avant. Ils couvent comme ce n’est pas possible un système bancaire qui se donne pourtant en spectacle en se révélant le théâtre de malversations dont les révélations s’enchaînent et, en coulisse, en se battant avec acharnement afin de se soustraire à une régulation timide et mal ajustée.

Ces dirigeants ont joué à se faire peur en plaçant le marché au centre de leurs terreurs d’enfant. Il suffirait pourtant d’allumer la lumière pour les dissiper ! Sont-ils dépassés en raison de leur méconnaissance de ce que le système financier est devenu, ou sont-ils les membres d’une oligarchie dont ils sont le plus souvent issus, ou qui les a façonnés ? Vers qui se tourner, alors, si rien ne peut en être attendu ? En direction de racoleurs douteux ? Sur soi-même et son entourage afin de s’isoler et se protéger ? La gestation qui a commencé, dont on aperçoit les premières manifestations, s’annonce sous la forme d’une longue transition, sans garantie de parvenir à son terme. Que faire sinon l’accompagner, y contribuer de mille façons, animé par l’idée que si certains sont en avance et d’autres en retard, c’est par la force de l’exemple que les oripeaux de la société actuelle seront remplacés par des habits neufs.

Quelle sera-t-elle ? Son nom importe peu, ses contours se préciseront en marchant ; son moteur réside dans la conviction, le temps des désillusions dépassé, que la fatalité n’existe pas.

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