Poème du fou, par Younes Jama

Poème invité.

Enfant, sur un banc, seul et assis
pour compagne, la blonde en canette
à portée de main
Né d’hier, né d’aujourd’hui
cinquante ans à peine
Paris n’en veut plus

La Bobillot, ses soirs, peu animée
Ombre, il lui tenait causette
le verbe, inintelligible, vain
deux ou trois clairs, un zebbi
Colère d’ailleurs, obscène
Scènes de déjà vu

Il ruait la misère à coup de pieds
grabuge aux poubelles en tête
aux roues assoupies, trottoir et catins
« Ta gueule ! », on lui dit
De ses fenêtres, la Bourge mène
mépris et rires, diffus

Volte-face, si subite, il fit
Derrière, le passant à la sauvette
Idiot, c’est à sa Tunisie, au loin
Sans peur, t’aurais appris et compris
que partout, souffrance est même
puis le silence fut

Devant, le passant a le pas léger
un air ou deux s’y prêtent
L’autre suit, hagard, rien
Un quartier de Paris, sa nuit
Au chaud, cliquetis des couverts amènes
D’où sourd l’âme nue

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4 réponses à “Poème du fou, par Younes Jama”

  1. Avatar de TORPEDO
    TORPEDO

    Magnifique!
    Poète: bel aveugle voyant…

  2. Avatar de Dom
    Dom

    Pas si fou…

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