TENTATIVE D’ÉPUISEMENT DE L’ACTUALITÉ, par François Leclerc

Billet invité.

Les jours se suivent… toujours aussi tumultueux !

A noter aujourd’hui que l’Allemagne a échappé à la récession technique (deux trimestres consécutifs de PIB négatif), provisoirement créditée d’une croissance de 0,1% au grand soulagement de tous, comme si ce 0,1% changeait quelque chose. L’Italie a pour sa part connu à la fin septembre son treizième trimestre consécutif sans croissance, période où la moyenne de celle des pays de la zone euro a été de 0,2%. Après celle de la Chine et du Brésil, la croissance russe continue de plonger, pour ne pas parler du rouble qui a perdu le quart de sa valeur et de la fuite de Russie des capitaux qui s’amplifie. Les BRICS ne prennent pas le relais de pays occidentaux qui tendent le témoin dans le vide. C’est le moment choisi par Jacob Lew, le secrétaire d’État au Trésor américain, pour déclarer encourageant « le monde ne peut pas se permettre une décennie perdue en Europe ».

A la cuisine, cela ne tourne pas rond. Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, admet que dans des « circonstances extrêmes » la BCE pourrait acheter de la dette publique. William Dudley, le président de la Fed de New York, prévient que la hausse des taux de la Fed pourrait susciter « un ou deux soubresauts sur les marchés », mais Larry Fink, le Pdg de BlackRock (la plus importante société d’investissement) va plus loin et alerte à propos de la crise à venir en raison de la « crise de liquidités » actuelle, (la liquidité permet d’exécuter une transaction sans impact significatif sur le marché).

Une étude de 19 ONG et syndicats regroupés dans la Plate-forme « paradis fiscaux et judiciaires » nous apprend que les banques françaises réalisent un quart de leur chiffre d’affaires dans les paradis fiscaux, le Luxembourg figurant en tête. Ce qui ne les empêche pas de bénéficier du soutien indéfectible de Christian Noyer et d’Europlace dans la campagne qu’elles mènent contre la non-déductibilité fiscale de la taxe systémique et de leur cotisation à venir au fonds de résolution de l’Union bancaire. Outre-Atlantique, le ministère de la justice américain annonce avoir mis à jour de « graves et importantes » nouvelles malversations sur le marché des changes, enquêtant sur des banques épargnées par les amendes venant tout juste d’être délivrées par les régulateurs, dont la Société Générale et Deutsche Bank. Le Ministère de la justice, qui a retourné des banquiers pour en faire des informateurs, a d’ailleurs refusé de s’associer à cette vague d’amendes, l’accord étant selon lui « faible et trop clément ».

L’optimisation fiscale des entreprises transnationales donnant lieu depuis quelques jours à des effets de manche redoublés, suite aux révélations du LuxLeaks, l’OCDE a averti que si les paradis fiscaux cessaient d’être le havre fiscal que l’on connaît, la compétition entre les États au titre de moins disant-fiscal s’exacerberait… Pour prolonger cette regrettable anticipation, seule une harmonisation fiscale contribuerait à régler le problème. En attendant, Joe Hockey, le ministre australien des finances, s’est déclaré convaincu que le G20 va lancer « des approches très agressives à l’encontre des grands groupes multinationaux ». Sans vouloir lui faire de la peine, on jugera sur pièce.

Afin de poursuivre ce bref tour d’horizon, le Wall Street Journal nous apprend que le US Marshall Service – une agence qui dépend du ministère de la justice – utilise de petits avions transportant de faux systèmes de relais de téléphonie mobile (intitulés Dirtbox !) afin de régulièrement recueillir les données de dizaines milliers de données de citoyens américains dont les portables s’y connectent automatiquement lors de leur survol croyant bien faire.

Enfin, et pour conclure sur une note plus encourageante, un « Sommet des peuples contre le changement climatique » se déroulera à Lima du 18 au 20 décembre prochain, parallèlement à la Conférence de l’Onu sur le climat. Ont notamment annoncé leur participation l’écologiste féministe indienne Vandana Shiva, le président Bolivien Evo Morales et le dirigeant syndicaliste péruvien Ibis Fernandez.

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