LE TEMPS QU’IL FAIT LE 14 NOVEMBRE 2014 – (retranscription)

Retranscription de Le temps qu’il fait le 14 novembre 2014. Merci à Olivier Brouwer !

Bonjour, nous sommes le vendredi 14 novembre 2014. Et comme vous avez pu le constater, nous vivons dans un drôle de monde.

L’Inde, la Chine, l’Indonésie, le Viêt-Nam sont en train de faire la révolution industrielle que nous avons faite à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème siècle. Si eux ne l’ont pas faite avant, c’est essentiellement parce qu’on les a empêchés de le faire, nous, parce qu’on avait besoin de leurs ressources, ou bien qu’ils se tiennent tranquilles. Dans le cas de la Chine, on est allés créer des guerres chez eux pour les empêcher de décoller comme nous le faisions. Alors ils le font maintenant. C’est le même processus, c’est du capitalisme sauvage, ça détruit l’environnement, c’est du n’importe quoi, c’est des grandes précipitations en avant : la fuite en avant, suivies de la fuite en arrière… C’est pas beau à voir.

Le monde musulman, le monde musulman – c’est une très grande tristesse – est au point culminant de ses querelles internes entre les éléments du schisme qui a eu lieu il y a très longtemps… C’était un schisme de succession, ce n’était pas un schisme du type du protestantisme qui est apparu chez nous au 16ème siècle, mais c’est un combat tragique entre divers éléments de cet univers.

Alors, nous, ça nous rappelle effectivement, je dirais, les pires horreurs de nos propres guerres de religion. Nous pouvons poser un regard condescendant sur ceux qui font ça maintenant, mais nous avons fait la même chose, nous avons fait la même chose.

Où en sommes-nous, de notre côté ? Eh bien nous sommes dans le déclin, nous sommes dans le déclin et nous sommes dans les pensées moroses sur la fin du capitalisme, sur la destruction de la planète, que nous faisons semblant de vouloir prendre à bras-le-corps, mais pas encore très très sérieusement, parce que nous sommes encore à faire des arbitrages, comme on dit, entre les pires systèmes, mais malheureusement, nous sommes dans un environnement où il y a de l’avantage, il y a des avantages, pour ceux qui ont de l’argent, de jouer ces arbitrages, c’est-à-dire d’aller vers le moins-disant fiscal, vers le moins-disant juridique.

Et comme on le remarque maintenant, et comme on l’a vu ces années récentes, jusqu’ici, tricher avec le système, tricher avec la démocratie, eh bien c’était considéré comme relativement chic parmi une certaine… parmi nos « Z’élites », avec un grand Z pour commencer.

Voilà où nous en somme : dans un univers qui est parti dans différentes directions, dont on peut craindre que tout ça présage, en fait, simplement une réduction drastique du nombre de la population pour essayer de remettre un petit peu de l’ordre là-dedans, je veux dire, de l’ordre entre nos systèmes économiques morts ou moribonds et la réalité du monde dans lequel on est, c’est-à-dire une réalité d’un monde où on pourrait faire vivre tout le monde, où tout le monde pourrait vivre relativement en paix, mais où on ne le fait pas, parce que, eh bien, parce qu’il y a des privilégiés qui trouvent que ça marche très très bien comme c’est. Et, malheureusement, ils trouvent des électeurs pour les élire, comme en Belgique, où on a élu maintenant une représentation telle qu’un gouvernement qui n’est vraiment pas très sympathique dans ce qu’il entend faire, c’est-à-dire aggraver encore les problèmes, s’apprête à prendre des mesures.

Alors voilà, oui, voilà : voilà où on en est. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Eh bien, on peut réfléchir, on peut essayer de proposer d’autres solutions. Moi ça me fait plaisir qu’il y a eu hier six minutes, six minutes, sur, je crois que c’est l’équivalent de France Culture en Allemagne, sur la parution en allemand de « La survie de l’espèce », « Das Überleben der Spezies », et c’était un compte-rendu que j’ai trouvé extrêmement favorable, sur un programme qui doit être écouté comme France Culture là-bas…

L’attention commence à se porter petit à petit en France – alors qu’en Belgique, ça s’est fait sur les chapeaux de roues – sur les propositions que nous faisons, Bruno Colmant et moi. Je lis régulièrement, maintenant, les chroniques que fait Bruno Colmant, et ça me fait plaisir que ses chroniques soient inspirées par les conversations que nous avons eues ensemble. Parce qu’on attache beaucoup d’importance, en particulier en Belgique, à ce qu’il dit, et c’est à juste titre, parce qu’il est un très très grand technicien de la finance et de l’économie.

Sur notre blog, de manière générale, je suis extrêmement satisfait, et je dirais même fier, de la hauteur des débats qui ont lieu. Nous sommes de fait un véritable Think Tank! Nous avons comme budget les 1500 euros que vous nous donnez chaque mois, nous n’avons pas d’organisation, il n’y a pas de structure, mais si vous lisez avec régularité les [interventions] de Michel Leis, de Zébu, de Cédric Mas, de Pierre Sarton du Jonchay, évidemment les chroniques quotidiennes de François Leclerc, je crois que, eh bien, nous n’avons pas à être honteux de ce que nous faisons. J’ai l’impression que nous produisons, nous produisons des idées, et surtout des idées pour demain, avec une régularité et avec une concentration, une densité, je crois, qui ne doit pas nous faire rougir, par rapport à l’effort qu’on investit.

Et je vais terminer là-dessus, c’est sur l’effort qu’on investit… Vous vous souvenez des Trente Glorieuses, où tout le monde était content ? Eh bien, il y avait quand même des gens qui n’étaient pas nécessairement contents. Et je leur ai parlé à l’époque. Et ce sont les gens qui atteignaient 60 ans et qui disaient : « Le problème, maintenant, quand même, c’est de pas s’ennuyer, parce que, voilà, c’est terminé, on a beaucoup travaillé, on est contents, mais qu’est-ce qu’on va faire, maintenant ? » Alors, oui, il y avait les choses qui paraissaient évidentes, mais ça ne remplissait pas une journée comme le travail le faisait. Alors, moi, personnellement, eh bien, j’ai atteint 60 ans [il y a] déjà un nombre considérable d’années que je ne vais pas préciser, d’ailleurs, je serais bien incapable d’en faire le calcul, et je vous assure que, eh bien, mon problème à moi, ce n’est pas de m’ennuyer. Dès que j’aurai fini ceci, je vais préparer ma valise pour reprendre le train suivi de l’avion, et je vous tiendrai au courant, je vous tiendrai au courant de mes pérégrinations.

Voilà, allez, passez une bonne semaine, on continue, et comme je viens de le dire, je vois qu’on fait du bon boulot. Voilà. À bientôt !

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