LE BRAS DE FER SE POURSUIT, par François Leclerc

Billet invité.

Les jours passent. La réunion de l’Eurogroupe d’avant-hier s’est déroulée suivant « un scénario d’intimidation », comme déploré par Alexis Tsipras, et s’est terminée en queue de poisson sans même un communiqué. Le premier ministre grec a par contre retenu que le sommet des chefs d’État et de gouvernement d’hier auquel il a participé avait par contraste permis de franchir « des pas importants ». Mais ils sont difficiles à discerner devant l’intransigeance qu’Angela Merkel et Wolfgang Schäuble continuent de manifester.

Jean-Claude Juncker a recherché hier une ouverture en admettant que d’autres mesures pourraient être substituées à celles que la Troïka réclamait, à impact budgétaire équivalent. Le porte-parole du gouvernement grec lui a en quelque sorte répondu ce matin : « il y a des mesures sur lesquelles nous pouvons probablement nous entendre comme l’achèvement du cadastre, l’accélération des procédures judiciaires, l’efficacité de l’administration et la fiscalité du patrimoine ». Mais le fil est tenu.

Dès aujourd’hui, des pourparlers qualifiés de « techniques » vont préparer la réunion de lundi de l’Eurogroupe – présentée comme décisive – sous les auspices de Jeroen Dijsselbloem, avec la participation de représentants du FMI, de l’Union européenne et de la BCE. L’objectif est d’explorer les possibilités d’accord sur un programme de mesures accompagnant un soutien financier renouvelé. De son côté, la BCE a finalement décidé, après l’avoir refusé, d’augmenter de 5 milliards d’euros le plafond des aides de liquidité d’urgence dont les banques grecques peuvent profiter, afin d’éviter tout incident dans l’immédiat.

« La transition vers un nouveau programme est désormais le seul objet des discussions et du prochain Eurogroupe », a assuré Alexis Tsipras en repoussant à plus tard le sujet de la dette, mais il faudrait pour y parvenir que le préalable allemand soit abandonné. A Bruxelles, le premier ministre grec s’est exclamé à l’intention de ses homologues : « Oubliez le memorandum, il n’existe pas. La troïka non plus ! ». Selon Le Monde s’appuyant sur une source grecque, certains ministres des finances auraient poussé lors de la réunion de l’Eurogroupe en faveur d’un « cadre commun acceptable ». Mais il reste introuvable, et on ne les a pas entendus.

Personne ne souhaite une sortie en vrille de l’euro de la Grèce, mais rien de décisif n’est pour l’instant intervenu afin de l’éviter. Tout se passe comme si les dirigeants allemands voulaient vider l’abcès, et que ceux de leurs homologues qui le redoutent étaient incapables de s’y opposer ouvertement : il est des silences qui valent acquiescement. Faut-il attendre de la venue aujourd’hui à Athènes de Michael Roth, sous-secrétaire d’État allemand aux Affaires européennes et membre du SPD, une quelconque nouveauté ? Tout en veillant à ne pas couper les ponts, Jeroen Dijsselbloem n’a pu s’empêcher de manifester sa « très grande prudence » concernant d’éventuels progrès sur le terrain politique, reconnaissant que les critères financiers sont secondaires.

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