« Enfoirés » et indignés, par Serge Boucher

Billet invité.

Pour lancer la tournée 2015 des restos du coeur, les enfoirés sortent un clip où des stars multi-millionaires répondent à des ados inquiets pour leur avenir « à vous de jouer, mais faudrait vous bouger ». De façon totalement inattendue et imprévisible, ceci passe très mal. Si la chanson est extrêmement critiquable, la violence et l’unanimité de la réaction ont aussi quelque chose d’interpellant.

Il est choquant que si peu de commentateurs se soient rendus compte que la chanson se moque au moins autant du discours des adultes que de celui des jeunes. Les indices (qui, je l’avoue, m’avaient également échappés à la première écoute) sont pourtant tout sauf subtils : le « Non » asséné en chœur d’un air bovin, le « Je rêve ou tu es en train de fumer? » manifestement hors-sujet, nous montrent des adultes faisant preuve d’une mauvaise foi évidente lorsqu’ils répondent aux inquiétudes des jeunes. Comme l’a depuis précisé Jean-Jacques Goldman, cet aspect caricatural du discours est voulu et essentiel pour comprendre la chanson.

Certes, quand un auteur se voit obligé de s’expliquer a posteriori, c’est que son texte n’était pas très bon. Mais que les critiques aient plongé aussi catégoriquement et avec si peu de discernement pour défendre les jeunes du clip agressés par des propos « complètement réac » n’est pas anodin : c’est le signe d’un désenchantement tragique, d’une conviction profonde que la jeunesse d’aujourd’hui est condamnée, qu’il n’y a plus aucun espoir, et que la nouvelle génération doit aujourd’hui être traitée avec tous les égards et les mines contrites que l’on réserve habituellement aux cancéreux en phase terminale.

Pourtant, si la génération aujourd’hui à la retraite a effectivement bénéficié de circonstances particulièrement favorables, il faut rappeler qu’à leur naissance, aux alentours de 1950, un observateur objectif n’aurait probablement pas parié sur eux. Le traumatisme de la deuxième guerre mondiale était encore vif dans les mémoires, et la guerre froide naissante rendait la perspective d’une troisième, bien plus meurtrière, dangereusement réelle. Les grandes puissances menaient par proxy une guerre en Corée, causant en trois ans plus de victimes que toutes les interventions occidentales depuis le 11 septembre 2001 réunies.

L’Europe en ruines n’offrait que peu de réconfort, et bien des acquis sociaux qui nous semblent aujourd’hui évidents étaient encore à gagner : les congés payés, un chômage décent, l’accès universel aux soins de santé, le droit de vivre publiquement son homosexualité et, dans certains pays, le droit au divorce.

S’il est évident que le monde se porte mal en 2015, cela ne doit pas faire oublier qu’il allait encore bien plus mal en 1950, et que certains progrès réalisés depuis sont spectaculaires. En 1950, l’espérance de vie était en-dessous de 50 ans dans la moitié du monde, parfois loin en-dessous (23 ans au Yemen). Aujourd’hui, elle est au-dessus de 60 ans dans presque tous les pays, et seul le Lesotho, avec 48 ans, est encore en-dessous de 50. La proportion d’êtres humains vivant en état d’extrême pauvreté a été divisée par deux durant les 20 dernières années.

L’Europe occidentale, où vivent les enfoirés, est aujourd’hui bien plus riche qu’en 1950. (Le PIB de la région a été multiplié par 5) Certes, cette richesse est répartie de façon bien moins égalitaire qu’autrefois, et les revenus de la majeure partie de la population n’ont pas significativement changé en vingt ans. Mais ce n’est pas là une tendance inéluctable, seulement le résultat de choix politiques. Et une tendance causée par des choix politiques peut être inversée par d’autres choix politiques.

Justement, il est bien plus facile aujourd’hui pour tout un chacun de prendre part à la chose publique qu’à aucun autre moment de l’histoire. Un mareyeur sénégalais, s’il possède un smartphone, ce qui est probablement le cas, a un meilleur accès à l’information que n’avait le président des États-Unis dans les années 80. Dans les pays dits développés, presque tout le monde peut rendre ses idées accessibles au monde entier, sans dépenser un centime, et sans avoir à convaincre les rédac’ chefs du Monde ou du Figaro que ce qu’il écrit mérite d’être publié. Vu qu’on est maintenant quelques dizaines de millions à parler tous en même temps, celui qui s’attend à ce que son premier billet fasse le tour du monde est certain d’être déçu, mais l’accès à la scène médiatique est néanmoins bien plus démocratique qu’il n’a jamais été.

Cette démocratisation ne reste pas confinée dans les blogs et les réseaux sociaux, mais impacte de plus en plus la politique « mainstream ». La victoire de Syriza en Grèce, et la montée de Podemos en Espagne, partis qui n’existaient même pas il y a seulement trois ans, sont emblématiques. De façon moins réjouissante mais tout aussi spectaculaire, l’histoire de la N-VA, emmenée par un thésard en histoire sans expérience politique, qui en dix ans a totalement renversé l’échiquier politique belge, montre qu’il est possible de faire bouger les choses, pour le meilleur ou pour le pire.

Tout cela suggère qu’il est bien trop tôt pour considérer la jeunesse de nos contrées comme une génération sacrifiée que l’on est moralement obligé de noyer sous notre compassion. Car s’indigner de la chanson des enfoirés, c’est aussi nier à cette jeunesse, et à tout le reste de la population, sa capacité à agir pour un monde meilleur.

Les voix qui hurlent contre les « propos réacs » tenus par les enfoirés envers ces jeunes indignés (mea culpa, j’en ai été au premier abord) ont déjà jeté l’éponge : oui, le monde est dans la merde, c’est la faute des baby-boomers, les jeunes vont devoir le subir, et le reste de la population n’a plus qu’à s’excuser avant de mourir.

Ce discours joue, bien inconsciemment, le jeu des conservateurs et des austériens qui veulent convaincre qu’il n’y a pas d’alternative à leur politique. Pourtant, il y en a. Oui, certaines erreurs sont irrécupérables : le changement climatique sera effectivement subi plutôt que contrôlé dans les décennies à venir. Les mesures que l’on pourrait prendre maintenant n’aideront plus les jeunes d’aujourd’hui, mais au mieux leurs enfants. Mais la plupart des autres maladies qui gangrènent notre système politique et économique n’ont rien d’incurable.

Le tollé autour de cette chanson des enfoirés démontre encore une fois que l’Art, même l’Art commercial un peu crasse qui s’exhibe sur TF1, même l’Art qui se vautre lamentablement et se prend les pieds dans son propre message, reste un puissant révélateur des malaises de la société. Il y a aujourd’hui une forte tendance à accepter le pire comme inéluctable. Mais l’histoire a montré qu’il ne l’est presque jamais.

On ne donnera certainement pas tort aux pronostics les plus funestes en se complaisant dans des excuses envers une jeunesse et une planète déclarées sacrifiées d’avance. Nous avons besoin d’un projet politique, et que tous, jeunes, actifs, retraités (ces derniers ayant aussi des possibilités d’action sur la vie publique inédits dans l’histoire de l’humanité) y participent.

La première étape est de réaliser que ni l’indignation, ni la compassion, ni la culpabilité ne peuvent à elles-seules constituer un projet politique. La deuxième étape est d’agir, et nombreux sont ceux prêts à le faire. À condition qu’on arrête de leur répéter que la partie est perdue d’avance.

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144 réponses à “« Enfoirés » et indignés, par Serge Boucher”

  1. Avatar de Cèdre
    Cèdre

    Un conflit intergénérationnel semble en train de se manifester de plus en plus, comme le montre la chanson qui fait ici polémique.

    Entre la génération des adultes âgés et celle des jeunes adultes, le courant passe de plus en plus mal. C’est ce que je constate autour de moi, jusqu’au sein de ma famille.

    La génération des jeunes semble vouloir se rassembler sur une planète en excluant ceux qu’ils considèrent comme vieux, dépassés, en particulier les gens âges de 60 ans, âge de la retraite. Je constate de plus en plus de discriminations, de rejet, envers les personnes âgées.

    La société de consommation encourage par ailleurs, à travers une différentiation des produits et services de plus en plus marquée, ce fossé grandissant entre la génération des retraités et celles de leurs enfants devenus jeunes adultes.

    Force est de constater, comme le montrent les paroles de la chanson de Goldman, que ces deux générations se comprennent, partagent, de moins en moins. C’est un langage de sourds qui s’installe.

    Il est certain pour moi qu’un conflit intergénérationnel est en train de se nouer. Plus le gâteau se rétrécit, plus la violence s’installe pour le partage et la survie, même au sein des familles, dans la société marquée par l’individualisme qui est la nôtre. Quel triste avenir se prépare, où les vieux seront amenés à demander l’euthanasie pour « soulager » la société de la charge qu’ils représentent !

  2. Avatar de Dup
    Dup

    « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »

    A. Camus Extrait du discours de remise du prix Nobel de Littérature 1957

  3. Avatar de juannessy
    juannessy

    Si tous les vieux ( bientôt quatre générations dans la même fenêtre de tir ) sont et ont toujours été des cons , on se demande comment ils ont fait pour avoir des enfants aussi intelligents .

    Si tous les jeunes intelligents se mettent à faire des enfants cons , ça semble sans issue.

    Heureusement , je n’ai toujours pas compris ce qu’était une « génération  » , sauf à dire comme Komunist que c’est une  » classe d’âge » , mais comme , par construction et nature , l’âge bouge sans cesse (  » je ne peux pas vous dire mon âge , il change sans cesse » ) , on peut penser que la classe aussi .

    Bref , à part en traiter avec humour , comme dans la formidable série  » silex in the city » d’Arte ( encore) , je ne vois rien qu’on puisse faire d’intéressant avec la notion de génération , sans courir le risque d’être un éternel jeune vieux con .

  4. Avatar de Béber le cancre
    Béber le cancre

    Cette polémique marque une défiance grandissante vis à vis des riches de notre pays .Les vedettes en font partie .
    Alors, on peut se braquer bêtement sur la forme , mais l’intelligence humaine ne consiste t’elle pas à s’intéresser au fond en priorité ?

    Sans les restos du cœur pour s’occuper des gens qui ont faim , que serait la France ?

    Pour aller plus loin sur la question
    https://m.youtube.com/watch?v=xDLisHLG5q4

    https://m.youtube.com/watch?v=xDLisHLG5q4

    1. Avatar de dup
      dup

      On peut aussi se demander que serait la France sans les gens qui ont faim?

      « La folie suprème n’est elle pas de voir les choses telles qu’elles sont et non telles qu’elles devraient être? » Don Quijote de la Mancha

      Coluche aurait honte de ce que sont devenus les restos du coeur (je veux dire par la de façon volontairement provocatrice : une institution destinée à palier à une inaction politique constante et généralisée tous bords confondus pour s’attaquer au problème)

      1. Avatar de Béber
        Béber

        Il semblerait que vous n’ayez pas honte , vous , de laisser critiquer une organisation qui agit pour les pauvres , alors que la tendance du moment est à l’indifférence .

        Vous citer de la Mancha mais « Aimez , même trop , même mal …  » ça vous dit rien.

        Les dons vont baisser grâce à de braves gens au sens critique hyper développé..Mais c’est pas grave , Coluche aurait eut honte on vous dit…

      2. Avatar de dup
        dup

        Coluche n’a jamais voulu que 30 ans après les restos du coeur soient encore la seule réponse dont notre société soit capable. Je vous renvois au lien vers les « restaurants du foie par Desproges » quelques commentaires ci dessous. Et pour rester sur le ton provocateur qui vous a fait réagir au quart de tour je citerai moi aussi Brel :  » qu’est mêchant comme une teigne même qu’y donnerait sa chemise à de pauv’ gens heureux ». Espérons que les dons baissent suffisamment pour que l’état se bouge pour donner à manger aux gens au lieu de rembourser une dette Ubuesque avec Nos impôts en se reposant sur la générosité dont vous faites preuve. Mais je n’y crois pas (ni à l’état qui ne bougera pas son gros cul, ni à la baisse des dons,les gens sont pas si cons, le génie de Coluche fut de le démontrer dans les faits). Et je sais bien que grâce a vous beaucoup de gens éviterons d’avoir faim… jusqu’a l’hivers prochain.

      3. Avatar de Serge Boucher

        Coluche n’a jamais voulu que 30 ans après les restos du coeur soient encore la seule réponse dont notre société soit capable.

        Ce constat est juste et accablant, mais je ne vois pas pourquoi ce serait une raison d’en vouloir aux enfoirés ou aux restos du cœur.

        Si les premiers se taisent et les seconds ferment boutique, que va-t-il se passer ? Vous pensez vraiment que Manuel Valls dira : « Ah, oh, il y a des français qui ne mangent pas à leur faim, on a manifestement fait fausse route pendant trente ans. Vite, taxons le capital et instaurons l’allocation universelle garantie ! »

      4. Avatar de dup
        dup

        Comme je le dis ci dessus l’état ne bougera pas et les gens continuerons de donner du temps et/ou de l’argent enfoirés ou pas. Ou est ce qu’il n’y a qu’en France ou il existe des organisations qui luttent contre la faim? En France le système des restos du coeur a été un succés mais hélas ça a été un succés et c’était pas destiné a durer et encore moins a s’institutionnaliser. Que vas t il se passer si il y a plus de restos du coeur, il y aura d’autre structures comme l’église par exemple qui était là avant (et n’attendez pas de moi que je cesse de les critiquer ceux la aussi je vous le dit tout net) . Dans tous les systèmes et a toutes les époques l’état à toujours joué le même poker : laisser crever les gens de faim et attendre que leurs voisins s’en occupent et il a toujours gagné par ce que les gens sont pas si cons comme je l’ai déjà dit. Avez vous songé que tous les systèmes évoluent et que s’il n’y avait pas les restos du coeur on serait contraint de trouver autre chose et tant qu’a faire peut être quelque chose de mieux (ou tout au moins de mieux adapté a des circonstances qui ont changé car ce ne sont plus les mêmes qui vont aux resto du coeur de nos jours : ce sont souvent des gens qui ont du travail mais ne peuvent pas joindre les deux bouts)?
        Et je vous rassure je ne leur en veux pas aux enfoirés mais force est de constater qu’ils ont fait leur temps et qu’ils sont à côté de la plaque tant musicalement que comme vecteurs de communication.

  5. Avatar de MAX
    MAX

    Ah oui Le Forestier il a fait du chemin depuis San Francisco, maintenant il est plutôt à Dallas avec les enfoirés à fustiger les paresseux voués à la prime d’activité de Valls, s’ils trouvent un bagne où s’employer à un ou deux euros de ll’heure. Bah oui, c’est une maison bleue adossée au Medef, on y vient à crédit, on y bosse en CDD, ceux qui vivent là ont confisqué la clé du coffre…

  6. Avatar de octobre
    octobre

    P.S.
    On se retrouve ensemble après des années de route…

    C’est pas simplement que j’ai trouvé ça merveilleux cette chanson, oui ok, mais aussi : ça m’a redonné la pêche ! 😉

  7. Avatar de dkarl
    dkarl

    Le texte de la chanson est très pertinent, et je dirai même très juste.
    Il fallait oser, bravo pour l’avoir fait.
    La caste politique actuelle, qui continue à s’empiffrer, endettant toujours davantage les générations a venir, n’a pas aimé la chanson, et pour cause.
    Elle le fait savoir, haut et fort,( au travers des medias qu’elle subventionne et qui relayent ce qu’elle leur dicte…)
    Il reste encore qques sites et blogs chansons, pour la liberté d’expression, profitons en, ce n’est plus pour longtemps.
    Bien à vous !

    1. Avatar de éponine
      éponine

      ?????
      Le Soleil ne tape pas encore très fort en cette saison, mais je vous conseille vivement de vous couvrir la tête quand vous sortez.

  8. Avatar de Pierre C
    Pierre C

    A la fin des années soixante-dix c’ était No Future. Premier choc pétrolier; Et ça a fait une génération sacrifiée.
    Certains s’ en sont remis, d’ autres pas. J’ ai très vite basculé et ce basculement définirait ma vie.
    Les gens qui ont soixante ans appartiennent à la génération avant moi, ceux qui ont la quarantaine à celle d’ après.
    Ce qui se passe actuellement était inimaginable il y a, disons,vingt ans.
    On dit parfois que les chômeurs (ou les autres allocataires sociaux) sont peu politisés ou prennent peu la parole.
    Ce n’ est pas une bonne idée que laisser dire ou penser les autres à mon avis. Mais encore faut il aimer ceci (penser et dire).
    Quand vous êtes chômeur, on vous dit de vous bouger le cul, trouver du travail et d’ aller aux restaus du coeur.
    D’ ici où je suis, un ticket de bus pour se rendre à la ville la plus proche où se trouvent les ainsi nommés restaus du coeur coûte 3 €, plus le retour, ça fait 6.
    Les banques alimentaires si vous êtes seul, vu ce que vous y récolterez, mais bon, au moins n’ y a-t-il pas trente six papiers à remplir, ça ne vaut vraiment pas la peine.
    Ah oui, vous ne devez pas avoir internet, pas fumer, etc, parce que sinon c’ est normal que vous n’ y arrivez pas. Vous encaissez ce genre de truc, ça fait partie du pack.
    Quelqu’ un qui a trente ans actuellement ne pensera pas comme quelqu’ un qui en a cinquante ; je ne pensais pas non plus comme mes parents.
    L’ âge ne fait pas non plus la qualité ou le défaut.
    Lorsque les Indignés sont apparus, je ne me suis pas tout de suite demandé pourquoi mais intuitivement j’ ai compris pourquoi ; aujourd’ hui les vraies raisons sont connues.
    J’ ai discuté longtemps avec une dame tout à l’ heure, elle a soixante-dix et est Française ; nous avons parlé politique et lui ai dit de regarder du côté de l’ Espagne ou de la Grèce car il s’ y passait quelque chose porteur de plus d’ espérance que chez nous.
    Ce que j’ aime avec internet, c’ est que des milliers de gens qui disent (et pensent donc) et parlent sans cesse, créent d’ office le changement qui aura lieu, changement en mieux s’ entend, autrement, et personnellement, ça ne m’ intéresse pas, j’ ai déjà donné.

  9. Avatar de dup
    dup

    J’ai fini par trouver un youtube non bloqué en Espagne, Je dois dire que si je l’avais écouté avant de lire la polémique ici je ne sais pas si j’aurais chopé le second degré. Dans l’état des choses ça me fait penser à ça :

    https://www.youtube.com/watch?v=CDG9lW8M72k

  10. Avatar de MAX
    MAX

    Bah, j’avais un moment, et puis je pouvais pas laisser Octobre sur sa faim, alors voilà une suite de la chanson.

    On se retrouve ensemble
    Après des années de rente
    Et on vient compter
    Autour du croupier
    Tout le monde est là
    A la BCE

    Quand San Francisco s’embrume
    Quand San Francisco s’allume
    San Francfort….
    Où êtes vous
    BNP et Morgan Stanley?
    Soyez cool, les gars, bossez pour nous.

    Nageant dans les tunes
    Enlacés roulant dans l’oseille
    On écoutera Tom de la Troïka
    Phil du FMI jusqu’à la nuit noire.

    Moscovici arrivera
    Pour nous dire des nouvelles
    De la Grèce qui crèvera dans un an ou deux
    Puisqu’elle est heureuse, « de retour sur les marchés »
    On s’endormira

    San Francisco se lève
    Quand San Francisco se lève,
    San Francfort…
    Où êtes vous
    Jeroen Dijssebloemn et Caïd Draghi?
    Dans Angela..

    C’est une maison bleue
    Accrochée à l’Euro
    On y vient à trois
    On ne frappe pas
    Ce qui vivent là
    Ont paupérisé la moitié de l’Europe

    Peuplée de privatiseurs
    De QE et de Golden Hello
    Peuplée de plans de naufrage
    Et peuplée de fous
    Elle sera première
    À être maîtrisée

    Si San Francisco s’effondre
    Si San Francisco s’effondre
    San Francfort….
    Où êtes vous
    Podemos, Indignés, clampins, Syriza and co?
    SVP, pour commencer, dansons une Free party dans la BCE.

    1. Avatar de octobre
      octobre

      Vous m’avez bien fait rire. J’ai encore le sens de l’humour, non corrompu, proche de l’adolescent, vous savez ?

    2. Avatar de Serge Boucher

      J’aime beaucoup 🙂

  11. Avatar de maurand
    maurand

    Bravo monsieur Golman , si cela peut contribuer a une prise de conscience politique chez les plus jeunes.Les retraités actuels ont eus quatre avantages jamais vus dans l’histoire. -1-plein emploi toute leur vie active.-2-Des bons salaires indexés sur l’inflation.-3- des énormes plus values i mmobilieres impossibles a renouveler.-4-des retraites avant 60 ans qui on ruinées les caisses. Une solution: contribution des retraités plus importante au régime de securité sociale pour baisser les cotisations sociales des salariés(transfert de 50 miliards d’euros)

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      Bien ou mal gaulé , je ne sais pas si Jean Jacques Goldman ( si par hasard il traine par là ) apprécierait votre éloge en son endroit .

  12. Avatar de bonobo
    bonobo

    Je viens de voir l’objet du scandale; c’est net. On ne peut pas cracher plus ouvertement à la gueule de toute une génération, de nos enfants. L’inconscient a parlé ; « arrêtez de nous faire chier, bande de petit cons et démerdez vous ! Ce n’est tout de même pas parce qu’on se vautre dans le luxe jusqu’à en crever que vous avez des comptes à nous demander ! J’ajoute que ce n’est pas ici la réaction d’une génération, la mienne, pour l’essentiel, restée probe et proche de ses enfants si maltraités, mais de l’infime minorité d’opportunistes profiteurs et médiocres qui rafle tout et a perdu jusqu’au sens du réel. Pauvre Goldman, pauvres clowns décervelés !
    Disparaissez et aller cuver votre honte dans un six étoiles à, Dubaï !

  13. Avatar de artZazzle.com
    artZazzle.com

    Hélas, et j’écris bien « hélas », il n’y a aucun avenir pour nos jeunes dans un monde avec une disponibilité énergétique en diminution constante.

    Pour celles et ceux qui ne connaissent pas le physicien Tom Murphy, il y a cet excellent billet: Exponential Economist Meets Finite Physicist

    Le problème « population »:

    http://physics.ucsd.edu/do-the-math/2013/09/the-real-population-problem/

    We are in the midst of an unplanned experiment of unprecedented scale. We have 7 billion people on the planet, growing at almost three new (net) people per second. It’s an uncontrolled mad dash into the future. One could imagine metaphorical scenarios of crashing into a brick wall or running off a cliff, exhausting ourselves and stopping to catch our breath, or leaping into space to leave the planet. I certainly have my guesses, but I can’t spell out an unwritten future.

    I dredge back up the single-most important graphic that informs my world-view. We know that fossil fuels have far-and-away dominated the scale of our energy use, and that these are finite resources. We can therefore make the following plot with some confidence. I am especially confident about the big question mark in the future.

    http://physics.ucsd.edu/do-the-math/wp-content/uploads/2011/10/peak-ff-oil-300×138.png

  14. Avatar de Serge Boucher

    Merci pour tous les commentaires.

    Je voudrais préciser quelque chose qui n’était manifestement pas très clair dans mon texte : je ne cherche pas à excuser la chanson ni à défendre les enfoirés, qui se sont lamentablement vautrés sur ce coup.

    Ce que je critique, c’est un discours fataliste qui se contente de dire que la jeune génération a été sacrifiée par les choix des générations précédentes, et qu’il n’y a plus rien à faire à part subir.

    Sur certains points, ce constat est tout à fait exact : j’ai cité le changement climatique, mais l’épuisement des resources naturelles rentre aussi dans cette catégorie. Avec toute la meilleure volonté du monde, le pétrole brûlé est brûlé et plus personne ne peut rien y faire.

    Ce que je voulais soulever, c’est qu’on étend cette même logique à des problèmes de nature totalement différente. Prenons la dette publique, par exemple. Celle-ci n’est pas un sortilège jeté par les ancêtres et qui condamne les générations futures pour l’éternité. Avec de la volonté politique au niveau européen (certes pas une mince affaire), la dette publique peut être réglée pratiquement du jour au lendemain. On peut envisager un défaut organisé, ou une taxe exceptionnelle et proportionnelle sur le capital pour rembourser la dette, et d’autres solutions existent.

    Si ces solutions ne sont pas appliquées, c’est parce que les dirigeants ne veulent pas le faire, et que les populations continuent à voter pour des gens qui ne veulent pas le faire.

    Ceci est un gros problème, mais c’est un problème que l’on peut résoudre. Rien dans les agissements et les erreurs des générations précédentes ne nous condamne à perpétuer l’erreur aujourd’hui.

    Il y a un combat politique à mener pour changer le statu quo sur cette question, et ce sera long et difficile, mais pas impossible. Sauf si on refuse de le mener a priori, parce qu’on se laisse persuader que nous avons hérité d’un problème insoluble que nous ne pouvons que subir.

    En ce sens, l’indignation soulevée par cette chanson joue le jeu du discours TINA (« il n’y a pas d’alternative »), et c’est un discours qu’il faut absolument combattre.

  15. Avatar de Krystyna H
    Krystyna H

    La chanson est vraiment mièvre. Ce « toute la vie » est complètement stupide. Celui qui a été pauvre et précaire en 1995 n’est pas devenu riche en 2015. En 1995 j’avais 24 ans j’étais pauvre, en 2015 j’ai 44 ans je suis toujours pauvre après 20 ans de CDD et de chômage et un seul CDI entre 2000 et 2003.
    Et la vie elle a passé, très vite!

    En plus ces stars ne parlent pas à leurs propres enfants, puisque leurs propres enfants sont casés et bien casés! C’est là que c’est immoral, c’est quand des riches donnent des leçons de morale à des enfants de classes populaires. Si le clip étaient véridique ils auraient montré 60% de blacks et d’arabe car c’est cela la composition des classes populaires en France.

    1. Avatar de octobre
      octobre

      Voilà la vérité.
      et n’y voyez pas malice de ma part, ce que vous dites est juste – point.

    2. Avatar de Lucas
      Lucas

      Ya quand même de plus en plus de vieux botoxés, et d’immigrés qui ne s’aiment pas.

      1. Avatar de octobre
        octobre

        Lucas,
        Tu peux développer ce drôle de propos ?

      2. Avatar de Lucas
        Lucas

        En gros je veux dire que les classes interagissent entre elles, et là, si on parle d’exemple ou de modèle, je trouve qu’on est mal barré. Mais bon c’est personnel.

      3. Avatar de octobre
        octobre

        Mouais, mais je vois pas le rapport avec le commentaire de Krystyna H qui elle (ou – il – sait on jamais ?) s’exprime librement. De façon singulièrement universel j’ai envie de dire.

      4. Avatar de Lucas
        Lucas

        « En plus ces stars ne parlent pas à leurs propres enfants »
        Disons que je développais cette phrase, et puis si vous ne voyez toujours pas, tant pis tant mieux ! je vous laisse à vos envies :).
        (ah aussi, votre tutoiement m’indispose quelque peu cher octobre)

    3. Avatar de Michel Lambotte

      C’est là que c’est immoral, c’est quand des riches donnent des leçons de morale à des enfants de classes populaires.

      Tout en étant d’accord avec votre propos, je pense que ces leçons de morale sont aussi données par des gens beaucoup moins riche.
      Ce ne sont pas des leçons de morale mais des martelages de pensée unique.

  16. Avatar de Supercorbeau
    Supercorbeau

    Je crois que ce qui a beaucoup choqué, inconsciemment peut-être, c’est qu’on ne voit pas s’opposer jeunes et vieux, mais célébrités (« riches ») et anonymes (dans la galère). Et dans l’ambiance actuelle (hsbc, Bettancourt, dette, etc.), ça passe pas. De plus, au niveau de la réalisation, « le groupe des jeunes » chante moins fort que les enfoirés, ils n’ont pas le dessus. Petite humiliation qui biaise complétement la volonté de culpabiliser les « adultes ».

  17. Avatar de bonobo
    bonobo

    « En ce sens, l’indignation soulevée par cette chanson joue le jeu du discours TINA (« il n’y a pas d’alternative »), et c’est un discours qu’il faut absolument combattre. ».
    Sergio !
    Ce qui aurait été « Tina », c’eut été de la fermer comme d’hab et de laisser passer cette énième cuistrerie sans bouger. Ce ne fut pas le cas et c’est une bonne nouvelle. d’autant plus bonne qu’elle implique un des personnages les moins impliqués dans cette conjuration des imbéciles que nous subissons depuis si longtemps. Cela démontre clairement que derrière les questions de personnes dont le village planétaire et si friand , il y a une question politique. Nous qui,effectivement, ne disposons de presque » aucune alternative », allons nous enfin trouver le passage au Nord Ouest vers ce que presque tous désirent : une société du respect, de l’équité et de la générosité ?

  18. Avatar de ropib
    ropib

    Pas d’accord avec la vision intergénérationnelle. Pas de jeunes en face de vieux, mais bien les Enfoirés en face de son public.

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