C’est en klaxonnant qu’on devient klaxonneur, par Zébu

Billet invité.

Manuel Valls nous l’avait pourtant bien dit : il avait peur.

Peur pour la France, peur du FN, peur du fracas de l’une sur l’autre (comme quoi, la France, hein, c’est plus ce que c’était …, ou alors le FN, c’est vraiment du costaud). Et le Premier Ministre de klaxonner partout où il passait, des fois qu’on ne l’aurait pas entendu dans nos campagnes (électorales).

De sorte que le soir du 22 mars, il pouvait tout à la fois déclamer son ‘je vous l’avais bien dit !’ et dans le même temps susurrer combien ce n’était pas si pire que ce qu’on avait bien voulu laisser entendre, le ‘on’ l’excluant bien évidemment.

Il nous avait pourtant bien semblé avoir entendu M. Valls s’écraser pesamment sur le même klaxon …

Et donc, effectivement, la participation fut plus élevée qu’envisagée par les sondeurs, ce qui en soit est déjà un petit miracle, pour des départements dont on ne connaît pas les compétences futures ni même s’ils existeront encore après 2020. Mais 2020, c’est loin, et ça rime.

Et donc, effectivement, le Front National n’est pas arrivé à l’étiage qu’on lui promettait, quant à 26% des suffrages il lui suffit juste de perpétrer son incrustation territoriale, visant ainsi au second tour le ‘Graal’ de la Départementale : la présidence (avant que de rêver à la ‘grande’ présidence en 2017).

Dans les deux cas, le pari de Manuel Valls s’est révélé désastreux.

Car si la participation a bien augmenté relativement à ce qui en était attendu, elle a surtout profité aux partis de droite, parce que les électeurs de droite ne se sont pas trompés en votant pour de vrais partis de droite et non pour le PS : ces ingrats …

Mais aussi que là où le Front National pouvait espérer concrétiser électoralement sur certains territoires (et non plus sur certains cantons seulement), la participation augmentait aussi : comme quoi, la politique, c’est plus compliqué que de klaxonner à la cantonade qu’il faut participer aux élections … pour faire front au Front National.

Ah la la, la vraie vie réelle, c’est pas ce qui était convenu, n’en parlez pas à M. Valls …

De sorte qu’il faut bien admettre (verbe qui n’existe qu’une fois par an, quand M. Valls a bien fini par admettre l’année dernière mais en toute fin d’année que oui, les Départements, finalement, c’est utile, du moment que ce soit jusqu’en 2020) que ce sont encore ces s….s d’électeurs de gauche qui sont encore partis à la pêche à pied, ça tombe bien, c’est les grandes marées (basses).

‘Historiques’, qu’on dit ou ‘Départementales, mornes plaines’.

De sorte que oui, au soir du premier tour, c’est moins pire que pire, mais que même si M. Valls recommence à klaxonner pendant une semaine (et il recommencera, soyez-en sûr, tant qu’il tiendra le klaxon), on l’entendra déjà beaucoup moins, le klaxon, rapport au fait que déjà beaucoup de candidats de gauche ne sont plus présents au second tour, mais bien plus, ceux de la droite et du FN.

Alors, pour faire barrage au FN, comme de bons soldats, les électeurs de gauche iront élire un candidat de droite, ce qui viendra irrémédiablement mettre une déculottée au PS et au gouvernement en place (dans la petite voiture qui klaxonne).

Ou alors, l’électeur de gauche ne se déplacera pas, parce que cela suffit d’entendre le klaxon couiner si fort quand on conduit si mal à gauche (et véritablement à droite) et que lui, il n’a pas peur du FN (l’électeur de gauche est un peu inconscient et même irresponsable, diront certains au PS) et qu’alors, ce sera bien un département qui basculera au FN, comme dans le Vaucluse, un département qui était, pourtant, géré par la gauche : allez comprendre, ces électeurs, pfuuuhhhh …

Comme il est tout autant étrange, z’avez dit étrange ?, que le bon ami de M. Valls, M. Denat, actuel Président du Conseil Général du Gard, se retrouve avec deux fois moins de voix que le candidat FN sur son propre canton, celui où il fut maire de Vauvert pendant des années (ahhh, ces électeurs de gauche, ces … je l’ai déjà dit ?).

Dans un cas, c’est donc un désastre, qui verra les électeurs de gauche remobilisés par le klaxon de M. Valls voter pour la droite. Dans l’autre, malgré toute l’énergie délivrée par M. Valls à appuyer sur ce même klaxon de la peur (du FN), voir un département basculer au FN, annihilant ainsi en une seule fois ce que le PS pourrait y gagner au second tour par la voie d’un miracle qui est toujours possible en politique (un peu comme dans le sport, hein), ou plutôt ce que précisément M. Valls cherchait à éviter en nous ayant furieusement mais consciencieusement averti par son klaxon (je vous l’avais bien dit, bis repetita).

Quelles leçons y aura-t-il à retirer de tout ceci ?

Rien, bien évidemment.

Valls gardera son klaxon, qui pourra toujours servir, on ne sait jamais, M. le Président de la République prononcera au soir (ou le lendemain, ou même des jours plus tard, pour éviter d’apparaître comme d’avoir à agir ‘sous la pression des évènements’, non mais quelle idée, franchement) un discours où l’on reverra apparaître le klaxon (le même, sans doute que celui de M. Valls, qui lui aura prêté) mais aussi apparaître un nouveau gouvernement remanié tout neuf, et on s’empressera à monter dans l’auto pour reprendre la route qui n’attend pas, Bruxelles est patiente mais quand même.

Et puis ainsi on ira droit vers les Régionales, qui font rien qu’à nous faire peur, je vous le dis de suite, avec tout ce FN qui monte (bien que, pour ceux qui auraient suivi, pas autant que ce qu’on pensait, mais bon, le klaxon est une science imprécise).

Et le reste ?

Je ne sais pas.

On parlait de quoi déjà ?

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