AU JEU DU CHAT ET DE LA SOURIS, ON NE SAIT PLUS QUI EST QUI… par François Leclerc

Billet invité.

Sauf accident de parcours, ils ne sont pas prêts d’en avoir fini avec les Grecs ! Il serait maintenant question dans les sphères de l’Eurogroupe de décider d’une extension du plan de sauvetage en cours, qui se termine fin juin, ce qui permettrait de passer le cap de l’été et du remboursement à la BCE des titres de la dette venant à maturité. Le nez sur l’obstacle, ils finissent comme d’habitude par l’apercevoir au dernier moment. Cela donnerait également du temps avant d’engager la négociation sur la suite des opérations et permettrait auparavant au gouvernement grec d’organiser un référendum s’il en juge bon. Ce qui laisse entendre que des décisions difficiles à faire passer restent à prendre.

La rencontre d’aujourd’hui entre Angela Merkel, François Hollande et Alexis Tsipras à Riga permettra peut-être de tracer la perspective d’une telle extension et d’éclaircir un peu une situation toujours aussi incertaine. Wolfgang Schäuble n’y a pas contribué hier en déclarant qu’il devrait « fortement réfléchir » avant de pronostiquer que la Grèce ne va pas faire défaut. À se demander qui donne le ton en Allemagne. Les spéculations sur la contestation au sein de Syriza ayant été ramenées à leurs justes proportions, aucun signal déterminant n’est parvenu d’Athènes. Après avoir essayé sans succès d’obtenir que le sommet européen discute durant ces deux jours d’une proposition d’allégement de la dette, qu’il amène dans ses bagages, Alexis Tsipras aurait l’intention de faire valoir à ses interlocuteurs que c’est à leur tour d’avancer sur la voie du compromis. Une nouvelle proposition grecque de réforme de la TVA serait proche d’être communiquée et un projet de taxation de certaines transactions bancaires aurait été formulé au sein du Groupe de Bruxelles, toujours dans la même intention de privilégier de nouvelles rentrées fiscales à des coupes budgétaires.

Fidèle à sa stratégie, la BCE a légèrement augmenté le montant de ses liquidités d’urgence, ce qui tend à faire croire que les retraits des banques grecques se ralentissent, et n’a pas décidé d’augmenter la décote sur le collatéral que les banques grecques doivent fournir en contrepartie des liquidités de la banque centrale grecque. La Bundesbank mène la guerre en interne, considérant non sans raison d’ailleurs que cette politique représente un soutien abusif de la Grèce en regard de son statut et de ses missions… Mais un autre chiffon rouge a été agité, celui d’une nouvelle échéance de remboursement du FMI le 5 juin prochain, qui ne pourrait pas être honorée selon le porte-parole du Parlement. Yanis Varoufakis, que l’on soupçonnait à tort d’avoir bluffé en annonçant que le gouvernement ne disposait plus que de deux semaines devant lui avant que ses coffres ne soient vides, a de son côté affirmé que le gouvernement donnerait la priorité au payement des salaires et des pensions.

Pour la suite des opérations, s’il est possible de l’anticiper, le gouvernement grec ne veut pas d’un nouveau plan sur le modèle des deux précédents, et propose de centrer les discussions sur l’allégement de la dette. Entre-temps de premières conclusions du Comité d’audit de la dette publique de la Grèce lancé par la présidente du Parlement pourra apporter une première contribution au débat, à l’heure où l’Ukraine cherche à renégocier la sienne et où le débat s’insinue en Allemagne, à l’initiative de Thomas Piketty. Ils n’en ont pas fini…

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