L’usure malencontreuse des mots

Vous êtes-vous demandé comme moi ce que sont ces énigmatiques « traces papillaires » qui permettent d’assigner une identité à un corps sans vie ? Enquête faite, il s’agit de ce que nous appelions jusqu’à récemment, vous et moi, « empreintes digitales ».

Pourquoi les mots s’usent-ils à ce point, qu’il faille les remplacer par d’autres ?

Parfois il s’agit d’ajouter une nouvelle nuance – aussi évanescente soit-elle – à quelque chose de connu depuis longtemps. Ainsi une personne à la mode sera au fil des ans, « dans le vent », « fashionista », ou aujourd’hui : « hipster ».

Dans d’autres cas, il s’agit du « politiquement correct » : ne pas appeler les choses par leur nom de peur de peiner quelqu’un que cela heurte de regarder la réalité en face. J’ai ainsi le vague souvenir d’un film burlesque de Jean-Pierre Mocky où un orphelinat était appelé quelque chose du genre « Institut pour enfants handicapés quant à la parenté ».

Appeler un chat, un chat, a toujours été le comble du contestataire, voire même du subversif. Et ce n’est pas près de changer : nous avons peur bien davantage des mots que des choses qu’ils désignent.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta