Revenu de base : LA BRISE INDÉCISE DES TEMPS NOUVEAUX, par François Leclerc

Billet invité.

Le revenu de base pour chaque citoyen sans condition de ressources est une idée qui trotte dans l’air sous différentes formes et avec différentes intentions, les bonnes et les moins bonnes. Dernier pays en date à l’étudier, la Finlande qui envisage de la tester en 2017.

La caisse d’assurance sociale finlandaise soumettra l’année prochaine au gouvernement les modalités de cette allocation assorties de propositions de réforme des prestations sociales et de la fiscalité. Car l’objectif poursuivi est dans ce cas de diminuer le coût de la protection sociale dans un pays plongé dans la récession dont la population vieillit rapidement. Le montant envisagé de 800 euros mensuels est toutefois problématique pour couvrir les besoins de base dans un pays où le revenu mensuel net moyen dépasse 2.100 euros. En qualifiant le projet de « courageux », le premier ministre Juha Sipilä a dévoilé ses batteries, car on sait que ce qualificatif annonce toujours des mesures d’austérité.

Sur le même sujet mais avec d’autres intentions, un référendum d’initiative populaire sera organisé en Suisse l’année prochaine, une pétition en ce sens ayant récolté plus des 100.000 signatures requises. Le projet est cette fois de distribuer à chaque citoyen un revenu mensuel d’environ 2.300 euros et pourrait recueillir 49% des voix selon un sondage.

La ville hollandaise d’Utrecht, associée à l’Université, va l’année prochaine expérimenter plusieurs formules de revenu de base destiné de manière restrictive aux bénéficiaires de prestations sociales. Plusieurs centaines de personnes réparties en quatre différents groupes vont en bénéficier suivant des modalités différentes. Un dernier groupe témoin continuera de bénéficier des dispositions actuelles. Un des objectifs poursuivis est de démontrer qu’un revenu de ce type n’est pas une incitation à l’inactivité ou à l’abandon de la recherche d’emploi, un des arguments couramment rencontrés pour dénigrer le principe du revenu universel.

Il est de celui-ci comme de l’impôt négatif (*), ce qui explique que ces deux notions susceptibles d’être combinées peuvent être revendiquées aussi bien à gauche qu’à droite sur l’échiquier politique : seules leurs modalités détaillées permettent dans chaque cas de juger de leur effet, qui peut changer du tout au tout. Mais il manque le plus souvent encore à la réflexion, car le phénomène est appréhendé depuis peu, la dimension prospective de la raréfaction du travail due à sa robotisation et aux progrès de l’intelligence artificielle. Le choix ne se présentera pas à marché du travail constant  !

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(*) Dont le montant égal pour tous, versé par l’Etat, devient partiellement puis en totalité déductible de l’impôt lorsque le contribuable est imposable.

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