LA CRISE DES RÉFUGIÉS EN CACHE UNE AUTRE QUI MÛRIT, par François Leclerc

Billet invité.

Tandis que les autorités européennes s’engagent dans l’un de ces sommets dont elles ont le secret, avec comme objectif de rendre présentable et légal un plan qui ne l’est à aucun égard afin de tarir le flux des réfugiés, d’autres soucis s’annoncent qui concernent le pacte fiscal et la politique poursuivie par la BCE.

« On ne peut pas parler de la sortie de l’euro pour le moment, mais si nous continuons de cette façon les gens vont de plus en plus penser que c’est la solution. Si le paradigme actuel [d’austérité] ne change pas, on va se rapprocher de plus en plus de cette catastrophe. Nous nous trouvons entre l’asphyxie et la sortie de l’euro ». C’est Gianfelice Rocca, le président de la plus grande association patronale, l’Assolombarda qui regroupe 6.000 entreprises italiennes du Nord, qui s’exprime ainsi. Afin de donner au pays le temps de souffler et de retrouver sa vigueur économique, il propose de différer de dix ou vingt ans le remboursement de la dette publique.

Devant la Chambre des députés, Matteo Renzi a expliqué que son insistance à propos de la flexibilité budgétaire ne devait pas être comprise comme la recherche d’un traitement de faveur mais comme le souhait « que la politique économique suivie par l’Union européenne soit changée », visant clairement le pacte budgétaire qui fait obstacle à la politique qu’il préconise et qui s’appuie sur des réductions de taxes et d’impôts. Il n’en est plus au fleuret moucheté. Pendant ce temps-là, la crise du système bancaire continuer à couver, sa consolidation ne démarrant toujours pas.

Entre la politique défendue par le gouvernement allemand, et avec des nuances par la Commission, et l’offensive qui ne se dément pas de Matteo Renzi, c’est le grand écart. Un autre fossé est en train de se creuser en Allemagne avec la BCE à propos des taux obligataires négatifs. Ce sont non seulement les banques et les compagnies d’assurance qui en subissent les effets, mais également les nombreux petits rentiers. Selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président du conseil d’administration de Munich Re (l’un des grands réassureur mondiaux), Nikolaus von Bomhard, aurait demandé à Angela Merkel d’intervenir auprès de Mario Draghi afin qu’il revienne sur cette politique. Le tabou de l’indépendance des banques centrales est allègrement brisé.

La presse allemande est déchaînée comme elle ne l’a jamais été vis à vis de la BCE. On peut y lire des analyses l’a mettant en cause au prétexte que sa politique revient à favoriser un transfert financier en faveur de l’État – qui bénéficie des taux négatifs ou proches de zéro – au détriment des épargnants !

Ce ne sont plus les gouvernements grec hier, portugais aujourd’hui, ou même espagnol demain, qui cherchent ou tenteront encore de s’émanciper des contraintes budgétaires de fer qui les ont précipité dans le désastre. Avec l’Italie, membre fondateur de l’Union européenne, ce n’est plus la périphérie de l’Europe qui tente d’échapper à la politique qui fait loi, après l’avoir signée des deux mains. Même si le gouvernement italien ne se départit pas d’une mise en cause du droit du travail au nom d’une « flexibilité » censée remédier à ses « rigidités » mais qui accentue la précarité. Au lieu d’appréhender sans tarder les conséquences multiformes de la robotisation et de la reconfiguration de l’organisation du travail et de la gestion de carrière.

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