Fierté d’une génération – Retranscription

Retranscription de Fierté d’une génération. Merci à Marianne Oppitz !

Alors, vous voyez ça, sur mon ordinateur ? Eh bien c’est le concert de Joan Baez pour son 75è anniversaire.

C’est ma sœur qui a attiré mon attention : « Il faut que tu voies ça » et je commence à le regarder. Et quelques minutes plus tard, je me suis dit qu’il fallait aussi que je vous dise de le voir. Ce n’est pas du direct, je pense qu’on peut voir ça, je crois, jusqu’au 21 juin, mais ça vaut la peine d’être vu.

Alors, je voulais dire un petit mot, je voulais appeler ça « Fierté de notre génération ». Parce que voilà, c’est ma génération. C’est ma génération ça. Il n’y avait pas Bob Dylan [dans ce concert], mais il y a une de ses chansons qui a été chantée.

Et c’est nous. C’est nous ; nous avons cet âge là. Elle évoque des choses, bien entendu, dans ce concert, ou des gens comme David Crosby de Crosby, Stills, Nash & Young. Emmylou Harris dont vous connaissez sans doute la relation, comment je vais dire ? « Difficile à déterminer ». Voilà, je vais dire quelque chose comme ça : « Difficile à déterminer entre Emmylou Harris et moi. Je ne l’ai jamais vue en concert, elle ignore tout de mon existence, mais voilà.

Qui encore ? Paul Simon, Jackson Browne, enfin voilà, des gens… [Richard Thompson, Damien Rice]. Les morts ont été évoqués : Phil Ochs, des gens qui sont morts trop tôt pour pouvoir faire grand-chose dans cette génération à nous et l’histoire : l’opposition à la guerre au Vietnam. Moi, ici, en Europe, c’est comme ça que je suis entré en politique, adolescent.

Woodstock, eh bien, je n’y suis pas allé : cet été là, je découvrais Londres. Voilà, j’explorais Londres. Le Chili, bien entendu, 1973 – 1974, ce chanteur chilien [Nino Stern] fait allusion au fait que Joan Baez est allée là. Elle est allée là, voilà. C’est une époque où on torturait et on tuait les chanteurs dans ce pays là. Cela arrive aussi ailleurs malheureusement.

Tout le monde n’a pas eu la chance comme Joan Baez, de pouvoir chanter une berceuse à Martin Luther King, mais je repense à ce papier excellent, que je vais mettre en tête de gondole, sur 68 qui a paru ici sur le blog, qu’on pourrait aussi appeler « Fierté d’une génération » [Insistance de 68, par Christian Laval].

Alors voilà, on n’a pas tous été des compagnons de route de Martin Luther King, mais on a quand même fait pas mal de choses. On laisse à nos enfants, un désastre, une catastrophe. Mais je voulais quand même dire un mot. Ce n’est pas faute de nous être battus, quand même, hein ? Et espérons qu’on puisse encore faire un petit peu.

On s’est battu seul, souvent, c’est comme ça que cela se passe dans une vie. On s’est battus à deux. On s’est battus, tous ensemble. Bon, voilà. Est-ce qu’il y a des combats qui sont de meilleure qualité que d’autres ? Je ne pense pas. Les plus durs sont ceux que l’on fait tout seul, évidemment. Les plus, comment dire, les plus ravageurs, les plus dramatiques, sont sans doute ceux qu’on fait à deux. Et puis, voilà, les plus enthousiasmants, sont ceux qu’on fait tous ensemble. Mais, tout ça fait un cocktail, tout ça fait une combinaison.

Et voilà, on continue. On continue, jusqu’à ce que la grande faucheuse mette un terme à tout ça. J’en parlais, hier, parce que voilà, je suis retombé sur cette petite critique que j’avais faite d’une nouvelle, une très courte nouvelle de Woody Allen, dans un style humoristique.

J’ai relu ça et ça se termine, ça se termine curieusement – c’est quelque chose que j’ai écrit en 2007 – à peu près de la même manière que « Le dernier qui s’en va éteint la lumière » : sur le fait qu’il faut qu’on fasse des choses dans ce monde-ci. Celui qui vient après, certains d’entre nous pensent qu’il n’existe pas, et de toute manière, même si on pense qu’il existe, ce n’est pas une raison de baisser les bras ici. Il y a des choses à faire.

Voilà, alors, maintenant (ah ! je tourne du mauvais côté !), je voulais encore vous montrer Joan Baez, elle est en train de chanter justement la chanson de Phil Ochs : « There but for fortune ». Je ne sais pas à quel âge il est mort, Phil Ochs, je crois que c’est dans la vingtaine (35 ans). Enfin voilà, nous on a pu continuer et on a fait notre possible. Voilà, ce que je voulais dire.

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