Notre Primaire : J’appelais un chat, un chat le 12 janvier, aujourd’hui 31 mai, j’appelle toujours un chat, un chat

Le 27 mai, le site Notre Primaire affichait ce que je qualifie de constat d’échec (je le recopie ci-dessous). Je viens d’y mettre le commentaire suivant :

L’appel de Notre Primaire a été lancé le 11 janvier. Le lendemain, 12 janvier, j’ai publié sur mon blog, le billet suivant :

« Primaire à gauche : Pourquoi ne pas plutôt appeler un chat, un chat ?

Le projet d’une primaire à gauche a le démérite de ne pas appeler un chat, un chat.

Dans la configuration qui existe aujourd’hui, se retrouveront au second tour des présidentielles de 2017, deux des personnes suivantes : MM. Hollande, Sarkozy, Juppé, Mme Le Pen.

Aucun des trois derniers cités n’a jamais affirmé être de gauche, seul le premier, M. Hollande, l’a fait et lui seul est concerné par un projet de primaire à gauche.

Mais l’est-il vraiment ?

Il existe en effet deux cas de figure justifiant un appel à une primaire à gauche :

– M. Hollande n’est plus jugé représenter les valeurs de gauche par les électeurs de gauche, lesquels entendent cependant avoir un candidat présent au second tour de la présidentielle.

– M. Hollande est jugé toujours de gauche mais moins à même de l’emporter qu’un autre candidat ou qu’une autre candidate, contre MM. Juppé ou Sarkozy, ou Mme Le Pen.

Donc, sans même préjuger du résultat d’une éventuelle primaire à gauche, le projet même constitue un désaveu cinglant de la politique de M. Hollande en tant que représentant de la gauche en France, accusé implicitement par l’appel de reniement ou d’incompétence, voire des deux.

Pourquoi alors ne pas l’en accuser explicitement plutôt que de recourir au procédé lourd et hasardeux d’une primaire à gauche ?

M. Mélenchon rejette ce matin l’appel à la primaire. De son point de vue il a raison : si les signataires de l’appel jugeaient qu’il constituait une alternative valide à gauche à M. Hollande, ils se seraient rassemblés autour de lui. Or ils ne l’ont pas fait.

Et si l’on voulait plutôt appeler un chat, un chat ?

On dirait que la gauche se cherche en ce moment même un représentant qui ne soit ni M. Hollande, ni M. Mélenchon.

Deux options existent dans ce cas là :

– Faire émerger un candidat ou une candidate parmi des citoyens dont personne n’a encore entendu parler. Et dans ce cas là, le temps presse.

– Se rassembler autour d’une personnalité susceptible de rassembler la gauche française autour d’elle.

Or il me semble que cette personnalité existe et qu’il s’agit de M. Thomas Piketty. Je propose donc à la gauche française de se rassembler sans plus tarder autour de Thomas Piketty, le candidat à la présidentielle de 2017 qui lui convient et qui lui permettra de l’emporter. »

Cette proposition me semblait la seule raisonnable le 12 janvier. Rien n’a changé depuis dans la donne et je la considère du coup encore aujourd’hui 31 mai comme la seule raisonnable. J’encourage les signataires de Notre Primaire à la faire leur.

Signez la pétition « Thomas Piketty, présentez-vous aux présidentielles de 2017 ! »

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Message aux signataires du 27 mai

Un article de

Le 11 janvier dernier nous lancions un appel à une primaire des gauches et des écologistes. Non seulement pour permettre qu’un-e candidat-e de gauche ou écologiste ait une chance d’être présent au second tour de l’élection présidentielle de 2017, mais aussi pour que les acteurs de ce camp se remettent à débattre entre eux et avec les citoyens sur les contours d’un projet crédible pour le pays. Cet appel a reçu un accueil très favorable : 80 000 personnes l’ont signé en quelques jours, de nombreux comités locaux se sont mis en place et organisent avec succès de riches débats, 80 % des électeurs de gauche et écologistes se sont prononcés dans les sondages en faveur d’une telle primaire. La plupart des organisations politiques de la gauche et des écologistes ont aussi accepté de participer à un comité d’organisation que nous avions créé avec le collectif Primaire de gauche.

Ces dernières semaines les instances dirigeantes du PS, du PCF et d’EELV ont certes entériné en théorie le principe d’une telle primaire mais sans s’engager toutefois formellement dans le processus ni accepter explicitement les trois conditions de base que nous avions encore rappelé le XX avril dernier. Et force nous est de constater aujourd’hui que les conditions posées par les uns comme par les autres bloquent en réalité la poursuite du processus alors que les délais se raccourcissent dramatiquement pour avoir une chance de tenir effectivement une telle primaire. Les responsabilités en sont équitablement réparties : les dirigeants du PCF comme ceux d’EELV, en plein congrès, veulent bien d’une primaire mais sans la participation de François Hollande, ceux du PS lancent leur propre Belle alliance populaire en fixant le point d’orgue de ce rassemblement autonome à la veille du jour, le 4 décembre, où nous avions convenu de tenir éventuellement la primaire de toutes les gauches et des écologistes…

En lançant ce processus nous avions pleinement conscience de la difficulté de la tâche et de la forte probabilité d’un échec. Il nous paraissait cependant de notre responsabilité de tout faire pour essayer et nous n’avons pas lésiné sur notre engagement en servant de casques bleus loyaux afin de  rapprocher les points de vue des uns et des autres. Notre collectif, constitué de quelques bénévoles, n’a cependant jamais eu ni la vocation, ni de toute façon les moyens, d’organiser seul une telle primaire. De plus celle-ci ne peut remplir sa fonction que si les Partis acceptent d’en jouer le jeu et de renoncer à présenter et défendre leurs propres candidats en dehors d’elle. Devant leur refus de s’engager plus avant dès maintenant dans la mise en place effective d’une primaire des gauches et des écologistes, nous avons donc été contraints de suspendre nos efforts et d’arrêter en particulier de réunir le comité d’organisation que nous animions jusqu’ici. De nombreux comités « Notre Primaire » continuent de se réunir et à débattre. Nous les soutenons. Comme nous, ils ne résignent ni aux gauches irréconciliables, ni à l’hyperdivision de la gauche et des écologistes face à une droite et une extrême-droite rassemblées, ni aux calculs politiciens de l’après 2017. Comme nous, ils refusent d’être pris en otage par des partis et des candidats qui rejettent pour le moment la perspective d’un chemin en commun porteur d’espoir.

Nous espérons cependant encore que les différents partis des gauches et des écologistes finiront enfin par comprendre l’urgence et la gravité de la situation dans laquelle leurs petits jeux mettent la gauche et les écologistes  dans ce pays, non seulement pour la présidentielle elle-même mais bien au-delà. Les électeurs de gauche et écologistes sont prêts. Nous restons disponibles pour reprendre notre place de facilitateurs. Mais le temps presse.

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