Lily Bles (1909 – 1982), une belle et triste histoire d’amour

Victory Boogie Woogie - Piet Mondria(a)n
Victory Boogie Woogie (1944) – Piet Mondria(a)n

J’ai reçu le 27 janvier 2015 un mail qui disait ceci :

« Cher Monsieur,

Mon nom est M*** de J***, je suis auteur et historien aux Pays-Bas. Je rédige en ce moment la biographie de la Hollandaise Nelly Denies qui fut mannequin et, a-t-on affirmé, espionne durant le Seconde guerre mondiale (1910-1990). Au cours de mes recherches je suis tombé sur certains membres de votre famille, au sujet desquels j’aimerais vous poser quelques questions.

La relation est vague et lointaine : Mlle Denies était l’amie intime d’un certain M. Jacob Cornelis de Ridder (1884-1951), greffier au Palais de justice de La Haye. De Ridder avait une fille d’un précédent mariage, du nom de Lily (1909-1982). Lily de Ridder devint, par adoption, cousine germaine de votre mère, Mme Anna Willy Bles (née à Rotterdam le 20 décembre 1922).

Le beau-père de Lily de Ridder était le poète et critique Adolf « Dop » Bles (1883-1940) qui était si je ne m’abuse le frère de votre grand-père Bernard.

J’aimerais savoir si vous ou quelqu’un de votre famille a connu Lily de Ridder, qui se faisait appeler Lily Bles. Je vous serais très reconnaissant d’une réponse.

Cordialement, et merci d’avance !

M*** de J*** »

Je lui répondis ceci :

« Bonsoir,

Oui j’ai connu Lily Bles. Comment puis-je vous aider ?

Paul J. »

La réponse fut immédiate :

« Bonsoir Monsieur Jorion,

Merci beaucoup de m’avoir répondu aussi rapidement. J’aimerais savoir si le père biologique de Lily Bles, M. de Ridder, joua un rôle quelconque dans sa vie après le divorce de ses parents en 1916, ou si elle fut élevée ensuite et de manière continue dans la famille Bles seulement, après la mort de sa mère, Jo Thuring, qui mourut en 1924. Je suis conscient que tout cela se passait il y a très longtemps mais il est possible que certains détails fassent partie de votre histoire familiale.

Cordialement,

M** de J*** »

Je lui répondis aussitôt :

« La version que j’ai eu l’occasion d’entendre est que si Dop adopta Lily, c’était parce qu’elle était sa propre fille biologique. »

Ma réponse dût décevoir M. M** de J*** car notre correspondance n’alla pas plus loin.

Oui, j’ai bien connu Lily Bles. Je me souviens de son appartement à La Haye, une sorte d’atelier d’artiste ouvrant par une grande verrière sur un jardin ou sur un parc à la verdure luxuriante. Au mur, des dessins, des petits tableaux, avec de grands noms. Je crois que c’est là que j’ai entendu pour la première fois le nom de « Matisse ». Pas des œuvres d’art qu’elle aurait achetées elle-même, plutôt des choses qu’elle avait reçues, le plus souvent dédicacées.

L’explication ? On la trouve sur l’Internet. J’ai traduit du néerlandais.

« Lily Bles. Fille du poète Dop Bles (1883-1940). Elle rencontre Piet Mondriaan (« Mondrian » 1872-1944) en 1928 alors qu’accompagnant son père, elle lui rend visite à Paris et loge chez lui. Ils tombent amoureux et pendant deux ans, Mondrian espère un mariage. Il achète en vue de cet événement un lit et construit de ses propres mains un berceau. Mais les parents de Lily [P. J. : En fait, on l’a vu, sa mère est morte quatre ans auparavant] s’opposent à un mariage et la relation s’achève dans une correspondance vouée à l’échec. »

Lily a 19 ans, Mondrian en a 56. Mon grand-oncle, tout poète qu’il soit, tout libéral qu’il soit semble-t-il en matière d’adultère et de relations extra-maritales, a des principes quand il s’agit de la différence d’âge. C’est lui qui fit d’une belle histoire d’amour, une histoire bien triste.

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