Lettre à mes petits-enfants, par rienderien

Billet invité.

Nous sommes en 2016, j’ai soixante ans et j’essaie d’imaginer le monde que vous aurez à vivre à mon âge.

C’est un peu stupide car à ce jour, personne n’est à même de prédire ce qu’il en sera dans les cinquante prochaines années au rythme où notre façon de vivre stérilise notre astre nourricier berceau de notre humanité, phénomène nommé Anthropocène.

Dans cette logique, quand la terre, l’air, l’eau devenus nocifs, ne vous seront plus accessibles sans l’aide de la technologie que vous aurez à inventer pour votre survie, il est difficile pour moi d’imaginer votre profil et votre environnement.

Aujourd’hui les enfants s’amusent à traquer des Pokémon virtuels avec leur smartphone, demain dans leur environnement technologique, ils chercheront peut-être des arbres, des fleurs ou des animaux, voire des ancêtres non augmentés.

Quant à nos ados, on voit bien qu’ils sont déjà dans une autre réalité les yeux rivés à leurs écrans, notre vieux monde ne les intéresse pas, ils n’y croient plus.

Oui, je vis l’agonie du monde du paradis terrestre, ce monde qui nous a donné à boire et à manger et la conscience d’exister, ce trésor, objet de tous les désirs enjeu de toutes les guerres de pouvoir, devenu aujourd’hui propriété de quelques-uns, est devenu un enfer pour beaucoup.

Mais chers enfants, à l’avenir rien ne vous échappera et vous serez à même de prendre les problèmes en amont parce que vos logiciels seront à même d’évaluer les causes de vos actes sur votre environnement physique et psychologique.

Ce lien de cause à effet, cet interrelation au vivant que nous sommes, nous a complètement échappé depuis l’aube de l’humanité, aveuglés par des lumières divines et autres gris-gris idéologiques, qui nous promettaient des futurs meilleurs, voire éternels.

Cette transformation technologique du processus d’agir, conditionnée par la menace de l’extinction de notre espèce, va accélérer l’effondrement de l’usage des valeurs actuelles pour muter vers une civilisation nouvelle.

Là s’arrête ma pensée en état de sidération, telle devant un trou noir immense, comme ceux que l’on peut  observer dans l’univers avec crainte et fascination.

Aujourd’hui comme hier, des fous furieux tirent sur tout ce qui bouge ou ne bouge pas dans leur sens, nos identités et nos positions sociales définissent nos chances de vie ou de mort, et la vie que l’on respire devient toxique.

Vous ferez certainement mieux que ça, vos logiciels vont vous révéler que cette attitude n’est pas viable à long terme et nuisible à votre évolution.

Vous aurez donc à agir d’une façon qui m’est inconnue, de plus, vous avez l’univers, ce paradis céleste à explorer, et mus par ce même émerveillement qui conduit et définit notre humanité, vous trouverez votre destin que vous choisirez.

Je vous souhaite bonne chance, des heureux hasards, et beaucoup de joie.

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