LE TEMPS QU’IL FAIT LE 20 OCTOBRE 2016 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 20 octobre 2016. Merci à Cyril Touboulic !

Bonsoir ! Alors, là, c’est une expérience : est-ce que je peux arriver à faire ma vidéo Le temps qu’il fait, un jeudi soir [20 octobre 2016] à 22h18 ? Parce que demain matin (vendredi), je n’aurai pas l’occasion de le faire.

Pourquoi ? Parce que je suis à Houffalize dans les Ardennes belges à quelques kilomètres du Grand-duché du Luxembourg, et je suis invité demain matin à faire une allocution devant la CSC (la Confédération des Syndicats Chrétiens) où on me demande de venir parler de ces choses qui sont assez centrales dans ce que je dis d’habitude, et en particulier de parler de la robotisation, l’évolution du travail mais aussi la manière dont la finance et l’économie sont jointes à l’intérieur de nos systèmes. Mais on va aussi parler de politique belge, on va parler des mesures proposées par le gouvernement belge. Toujours pareil : austérité, essayer de raboter… faire baisser les salaires puisque c’est la seule manière de sauver ce système sans toucher aux… en touchant le moins possible aux privilèges de ceux qui tirent leur revenu du capital.

Ceci dit, il faut le dire, je l’ai déjà dit et c’est une chose importante à savoir, c’est que, paradoxalement, un gouvernement… parce que la Belgique est la Belgique et parce que le monde du travail est le monde du travail, en Belgique, un gouvernement de droite dure n’arrive pas à prendre des mesures qui soient, je dirais, aussi régressives qu’un gouvernement dit socialiste, en France, parce qu’il y a une résistance, parce que les gens ne sont pas d’accord et que finalement, malgré certaines érosions, il y a encore, je dirais, un « profil de gauche » un petit peu dans ce qu’il y est proposé là, en particulier il y a une prise de conscience quand même, malgré toutes les résistances, qu’il faudrait quand même mettre un peu plus à contribution le capital par rapport au travail.

Il y a toujours une indexation des salaires en Belgique, même s’il y a beaucoup de choses qui se sont passées et qui restreignent les, comment dire, les possibilités de défendre la demande par rapport à l’offre, et en particulier une mesure qui était introduite, c’était en 96 – nonante-six, comme on dit en Belgique –, d’alignement des salaires belges, qui étaient considérés comme trop élevés par rapport à ceux des principaux pays vis-à-vis desquels la Belgique exporte, c’est-à-dire les Pays-Bas, l’Allemagne et la France, d’essayer de les ramener au niveau, je dirais, assez misérables qui fonctionne dans ces trois pays. On se rend compte tout de suite, évidemment, que si une mesure semblable était utilisée dans les trois autres pays (dans ces pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la France), c’est-à-dire de s’aligner sur les salaires des trois autres, on serait lancé dans une spirale descendante avec pour dernière limite, comme je le souligne souvent, les salaires du Bangladesh.

Que des gens qui écrivent des lois ne s’aperçoivent pas que, comme c’est le cas souvent, qu’il y a des erreurs de pure logique dans le texte de loi, qu’il y a des erreurs mathématiques – je pense à ce Pacte de stabilité qui n’a aucun sens d’un point de vue mathématique, qui est absolument ridicule, puisqu’il oblige une somme, une quantité qui baisse à monter quand elle baisse, des choses de cet ordre-là –, qu’il n’y ait pas, je dirais, le moindre logicien, le moindre mathématicien pour conseiller dans la rédaction des lois, qu’on s’aperçoive finalement qu’il y a des contradictions à l’intérieur même du texte, etc., et que ça échappe absolument à tout le monde : une preuve de plus, je dirais, de la coupure qui existe entre les gens qui réfléchissent et ceux qui mettent les mesures en application ou même qui écrivent les choses qu’il faudrait faire.

Enfin, voilà ! Bon, on va parler de tout ça demain.

Benoît Brabant est venu me chercher à Lille, nous avons roulé 3 heures, nous avons fait la réflexion que nous avons traversé la Wallonie d’un bout à l’autre, de l’Ouest en Est, et demain, c’est lui qui m’interrogera. En fait, c’est ce que je lui ai proposé pendant notre conversation qu’on avait à bâtons rompus, j’ai dit : « Pourquoi ne pas refaire ça pour tout le monde, demain ? », et c’est donc ce qu’on va faire : au lieu de faire un exposé ex cathedra, suivi de questions, eh bien, il me posera les mêmes questions qu’il me posait dans la voiture et je lui donnerai les réponses. Il aura un peu appris de ce que je lui disais et moi j’aurai appris des questions qu’il avait envie de me poser. On vous tiendra au courant.

Voilà, c’est bien ! C’est bien parce que je m’étais fait la réflexion, c’était, je pense 2009-2010, j’avais été invité à ma rentrée en Europe (revenant des États-Unis), j’avais été invité par l’autre syndicat… les chiffres, bon, on a une population, je ne sais pas, c’est de l’ordre de 10 millions [11,25] de personnes en Belgique, mais il y a 1,6 million de personnes qui sont affiliées donc à ce syndicat chrétien qui m’invite, 1,2 à la FGTB (Fédération Générale du Travail de Belgique), le syndicat d’inspiration socialiste. Et quand j’étais donc rentré en Europe, en 2009-2010, j’avais été invité par le syndicat socialiste, par la FGTB, et à l’époque, j’avais parlé de la robotisation, j’avais parlé de la disparition du travail et j’avais vu beaucoup d’yeux ronds dans l’assemblée. Alors, les choses ont changé dans les discussions que j’ai eues dans la voiture et ce soir au souper, comme on dit en Belgique, avec ces jeunes – c’est bien de voir que ce sont des jeunes qui s’occupent des syndicats et qui portent le flambeau. Alors, on a discuté de ces questions-là, et demain encore, après mon intervention, il y a encore deux personnes qui parleront de la disparition du travail, de la robotisation : des spécialistes de cette question. Donc maintenant, c’est au centre de la réflexion.

Voilà ! Des nouvelles un jeudi soir, relativement tard, pour vous expliquer ce que je suis en train de faire. Allez, à bientôt !

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