Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Au début des années 90, élu local d’une commune rurale, je fus confronté à la volonté de l’Académie de fermer une classe dans l’école du bourg. J’étais et je suis toujours de ceux qui pensent que l’histoire du monde rural se construit avec la ville mais pas en ville, surtout pas à l’Académie ! Je n’étais pas le seul. Dans ma recherche de moyens efficaces et durables pour stabiliser les effectifs de l’école, je suis un jour entré en contact avec Maurice Puissat, maire de Miribel-Lanchâtre, commune rurale des contreforts du Vercors dans les environs de Grenoble.
Il avait dans les années 70 proposé une alliance au maire de Grenoble. Il organisait l’accueil dans l’école de sa commune de jeunes enfants de la cité Mistral. Grenoble prenait en charge les frais afférents (transport, nourriture, logement). Cela avait concerné environ 80 gamins qui pour certains d’entre eux avaient poursuivi leurs classe au collège du canton. Des liens s’étaient créés entre les habitants de la cité et les « paysans » de Miribel qui accueillaient les gamins. Puissat me disait qu’aucun des gamins passés à Miribel n’avait eu affaire à la justice. C’était pour lui un indicateur de l’intérêt de la démarche.
L’expérience a duré 10 ans et n’a cessé, à ses dires, que parce que l’Académie est intervenue pour y mettre fin. Certains syndicats décriaient ce qui s’exonérait du sort commun. Et sans aucun doute du train-train habituel. A l’époque je l’ai pensé un peu parano, depuis j’ai eu l’occasion cruelle de mesurer combien il avait raison. Mais le sujet de ce billet n’est pas celui-là.
Maurice Puissat (il est mort vers 1995) pensait que l’Académie avait effacé toutes traces des archives. Les quelques coups de fil que j’ai pu donner à l’époque semblaient le confirmer.
J’aimerais savoir ce qu’il en est. Quelqu’un des lecteurs de ce blog a-t-il eu vent de ça ? Y a-t-il des enseignants, des élèves, des parents concernés qui s’en souviennent ? Y a-t-il eu un bilan de tiré ?
Et si d’autres expériences de ce genre ont été tentées, qui ont connu un sort identique ou différent, le saurions nous ?
Nous pourrions sûrement échanger à ce sujet sur la sclérose des institutions et peut-être le ferons nous ; pourtant ce qui préoccupe aujourd’hui ce sont les fractures économiques, géographiques, culturelles qui déchirent profondément la société. Je suis engagé depuis 20 dans des actions pour remédier à cela. Nous faisons de l’accueil dans beaucoup de fermes à travers des dispositifs plus ou moins soutenus par les politiques publiques. Aussi modestement que ce soit fait, c’est important. Il faut faire pour pouvoir dire. Nous avons eu l’occasion de nous rendre compte qu’il est difficile d’ouvrir des portes et beaucoup plus facile de les refermer.
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