Dans l’océan, par Brieuc Seydoux

Billet invité.

Vers 5h20, à la fin d’un bloc de sommeil, je me réveille pour me retourner, et j’ouvre le poste : Gilles Bœuf parle d’une femelle du thon rouge qui pèse 400 kg à 23 ans, et est capable de nager à 100 km/h dans le grand large, dans l’univers 3D qu’est l’océan ; puis à 5h40, il est question du marché de la morue des années 50, puis de méthodes de pêche modernes et quasi-totales … J’ai pensé à l’équipe du blog de Paul Jorion.

Pour ce qui est de l’actualité récente, ne restons pas hypnotisés.

On s’attendait à des ennuis, mais pas forcément ceux qui surviennent maintenant, conséquences indirectes d’une situation préexistante, dont quelques éléments vous ont alerté, parmi d’autres. Bernard Maris, pessimiste, pensait qu’on n’échapperait pas à la « pédagogie de la catastrophe ».

Vous ayez parlé d’une « constitution-économique », de la puissance à venir des différentes formes d’intelligence artificielle, des contradictions philosophiques de notre civilisation (prédation/philia), puis de l’émergence ou l’encouragement d’un homme providentiel pour les prochaines échéances.

Mais finalement, qu’est-ce qui marche ? Quelqu’un ou un groupe de personnes qui s’estiment et se font confiance, qui ont des idées consistantes, un but en commun, qui savent discuter de façon civilisée entre eux, et une structure qui soit bien pensée, favorable à l’activité de ce groupe.

C’est le cas d’une entreprise qui marche, qui n’est pas forcément tenue d’une main de fer par un dirigeant ; une entreprise c’est aussi parfois l’histoire d’une amitié, ou d’une « belle équipe » ; ça devrait être aussi le cas d’un gouvernement, au sein duquel il y aurait suffisamment de concertation pour éviter les incohérences et les cacophonies dont nous avons été témoins trop souvent.

Et plutôt qu’un programme, qui sera rarement respecté, il vaudrait mieux une démarche, un but, et des principes.

On en revient à une constitution, pas seulement économique. Enfin, des garde-fous, avec l’obligation de rendre des comptes à des instances indépendantes et représentatives, sinon à tout le monde.

Les algorithmes puissants des GAFAM, de l’intelligence artificielle, des mécanismes à inventer tels que les block-chains, détournés de leur but initial, pour informer le public autant que pour recueillir sa température, pour trouver des issues à des problèmes inextricables, ne pourraient-il pas faciliter ces objectifs ?

On voit déjà émerger quelques outils d’activités collectives, tels que « discourse », ou quelques expériences en logiciels-libres de « framasoft ». Un « blog », un forum, c’est déjà quelque chose.

Bien sûr, c’est du rêve et du long-terme, mais ce sont des moyens de se projeter dans l’avenir.

On me racontait qu’une vieille écossaise, dans les années 60, suivait des cours de secourisme en cas de guerre nucléaire : – à quoi ça sert ? – mais c’est qu’il y aura des survivants, et que si je survis je pourrais faire quelque chose !

Et pour faire quelque chose d’efficace, il n’est pas forcément nécessaire de tout casser : aux USA, des gens comme Stallman, Lessig, ont su créer des formules juridiques (licences GNU, ou Creative-Commons) dont la force n’est pas contestée dans le domaine de la propriété intellectuelle, en s’insérant astucieusement dans le système actuel.

Et le thon rouge, rare, nage encore … merci pour votre blog, même si je délire.

À bientôt,

B. S.

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