LA TACHE NOIRE DES RÉFUGIÉS NE S’EFFACERA PAS, par François Leclerc

Billet invité.

À mi-parcours du plan de « relocalisation » des réfugiés parvenus en Europe, environ 7.500 d’entre eux en ont bénéficié sur les 160.000 places prévues. Rien de bien nouveau. Le plan est prévu pour se terminer en septembre 2017, et rien n’est envisagé pour la suite. Lentement mais sûrement, on s’achemine vers un nouvel épilogue de l’état calamiteux de l’Europe. Les Lumières sont éteintes.

Les ministres de l’intérieur de l’Union planchent sur la mise au point de règles permettant de répartir les réfugiés qui ont déjà atteint l’Europe, ou qui vont d’une manière ou d’une autre y accéder. Mais, jouant le rôle du méchant qui en arrange pas mal d’autres, le groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) refuse tout mécanisme d’accueil partagé des demandeurs d’asile. Selon ses membres, chacun doit y contribuer comme il le souhaite, y compris financièrement ou par l’envoi d’experts, et ne pas accueillir de réfugiés sur son sol s’il s’y refuse. Rappel : la Slovaquie ainsi que la Hongrie ont attaqué devant la justice européenne le plan actuel, se refusant à l’appliquer.

Au sortir de la réunion ministérielle de vendredi dernier, le profil bas adopté par la Commission n’a rien pour surprendre. « Il faut trouver un compromis d’ici la fin de l’année » a commenté le commissaire chargé des migrations Dimitris Avramopoulos, tout en s’inscrivant dans le cadre des propositions slovaques. Thomas de Maizière, le ministre allemand de l’intérieur, en a fait autant en se référant au « minimum de solidarité » qui devait être attendu des États membres, suivi par son homologue français. Par « solidarité », il est entendu celle qui devrait se manifester entre eux et non pas en faveur des réfugiés, la cinquième roue du carrosse.

Dans les cénacles, le maître-mot est « solidarité flexible », suscitant une vive réaction du ministre italien Angelino Alfano, qui a qualifié celle-ci de « moquerie rigide » sur son compte twitter. En prologue à cette rencontre, et en pure perte, Matteo Renzi avait déclaré « ou la politique sur l’immigration change, ou nous ne serons plus la tirelire pour les pays de l’Europe orientale », menaçant une fois de plus d’opposer son veto au budget européen lors de son examen.

Un non-dit domine les débats : l’Europe ferme sa porte aux réfugiés et les abandonne à leur sort, de crainte d’alimenter la poussée xénophobe enregistrée, mais c’est trop tard et de plus viser aussi à côté ! Cela la renforce même.

La politique budgétaire et fiscale ainsi que l’adoption de traités commerciaux suspects de mauvaises intentions ont été à la source d’un populisme traité par le mépris. Cette dernière est tardivement découverte porteuse d’inégalités que rien dans leurs dispositions ne combattait. Le démantèlement en cours de l’Europe est en tout point l’enfant de la politique engagée et que les mêmes prétendent continuer.

Angela Merkel n’a pas trouvé parmi ses pairs les soutiens à sa politique d’ouverture envers les réfugiés qu’elle a recherché. Parmi les résultats prochainement attendus, et ce n’est pas fini : le nouveau président autrichien pourrait être le candidat d’extrême-droite Norbert Hofer, le 4 décembre prochain.

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