LE TEMPS QU’IL FAIT LE 6 MARS 2017 – Retranscription

Retranscription de Le temps qu’il fait le 6 mars 2017. Merci à Marianne Oppitz !

Bonjour, nous sommes le vendredi 3 mars 2017. La semaine dernière, vous vous souvenez, j’ai fait un bilan : un bilan de 10 ans de blog et le bilan était, dans l’ensemble, positif. Donc, voilà, c’est pour ça que je suis toujours là et que nous sommes toujours là : le blog existe toujours malgré la perte de vitesse de la formule dans l’opinion.

On continue ! Il y a des tas de choses à dire. Le blog peut servir de support à des projets divers, ce qui sera le cas, enfin je l’espère, dans l’avenir comme il l’a déjà été dans le passé. Et donc, on continue.

Aujourd’hui je vais parler un petit peu de l’actualité. Je serai beaucoup moins long, certainement, que la semaine dernière. Qu’est-ce qu’on a appris hier soir ? On a appris que Monsieur Jeff Sessions, ministre de la Justice, avait menti. Il avait menti au moment où il passait devant une commission qui devait décider si oui ou non il allait être nommé au poste de « Attorney General » – ministre de la Justice aux Etats-Unis. Quand on lui a posé la question s’il avait eu des contacts avec des représentants du gouvernement russe pendant la campagne, il avait dit « non ». Et puis, voilà, les fichiers sont sortis et, en fait, ce n’est pas le cas.

Il nous a répondu que c’était en tant que [sénateur] et donc il avait mal compris la question quand on la lui posait, il avait compris que c’était en tant que membre de la campagne de Monsieur Trump. Bon, ça présente assez mal quand même pour un ministre de la Justice. Alors, on a des Démocrates, certains ont demandé sa démission. D’autres, y compris des Républicains, ont demandé qu’il se récuse, en tout cas, de l’enquête sur les rapports entre l’équipe de Monsieur Trump et la Russie pendant la campagne électorale. Monsieur Trump est aussitôt intervenu pour lui dire de surtout ne pas bouger, de surtout ne pas faire ça et, voilà, ça n’a pas marché parce que Monsieur Sessions s’est récusé dans les minutes qui suivaient.

S’il devait se retirer, s’il devait partir, les journaux américains insistent sur le fait que beaucoup de gens qui se trouvent dans des postes ministériels, maintenant, sont en fait des gens à lui. C’est un personnage qui a eu des ennuis autrefois, pour avoir tenu des propos racistes, mais, enfin, bon, ce genre de choses n’est évidemment pas exceptionnel dans l’équipe de Monsieur Trump. Alors, qu’est-ce qui se passe ? Eh bien en fait, l’étau se resserre : il ne restera bientôt plus que Monsieur Trump à qui on posera la question de pourquoi il avait nié ceci ou cela, alors qu’il était en train de… – je dis cela comme ça, c’est une hypothèse ! – d’orchestrer sa venue au pouvoir avec l’appui du gouvernement russe. Qu’est-ce qui se passerait dans ce cas là ? Et bien, il se passerait le scénario idéal pour le parti républicain : il a gagné les législatives, il a mis des gens à lui partout dans le gouvernement et, en particulier Monsieur Mike Pence qui est Vice Président et qui monterait en grade si Monsieur Trump devait se retirer.

Alors, petit problème pour Monsieur Mike Pence, hier soir, c’est qu’il avait été un des grands critiques, il avait mené campagne sur un point particulier, c’était le fait que Madame Hillary Clinton avait utilisé une boîte mail privée, pour des affaires qui touchaient au gouvernement du pays. Manque de pot, eh bien, on a trouvé hier qu’il faisait pareil (rires), et là, je crois que j’ai une transition toute trouvée vers le fait de parler de la France : des gens qui font de grandes croisades sur un point particulier et puis dont on s’aperçoit eh bien que justement, justement, ils ne sont pas tout à fait clairs eux-mêmes sur ce point précis.

On pense surtout à Monsieur Cahuzac qui, à une certaine époque, menait croisade contre la fraude fiscale. Alors, on a un exemple, aussi, de « père la vertu » qui dès que des informations sortent un petit peu, on y voit des problèmes. Alors, ce qui est intéressant – c’est de Monsieur Fillon que je parle -c’est qu’il a tenu avant-hier des propos séditieux.

Alors, comme le mot m’est venu à l’esprit, je suis allé revoir la définition, eh bien, oui, ce sont des appels à l’insurrection, ce sont des appels à mettre en cause le fonctionnement de l’état. Il y a des pays où c’est considéré comme quelque chose de très très grave. Cela s’assimile à la trahison, à la trahison pour les militaires, pour les gens du gouvernement. Donc voilà !

Apparemment, il n’y a pas une loi comme ça en France. Il y en a eu une pour l’histoire du film qui a été fait par Patrice Leconte[1] sur cette personne qui avait libéré, je crois que c’est à Saint Pierre (Saint-Pierre connu pour être Saint-Pierre et Miquelon), qui avait laissé en liberté un condamné à mort, si j’ai bon souvenir, film dont j’ai gardé un excellent souvenir, je vous le recommande donc !

Quand même, « sédition », ça ne se fait pas ! On ne fait pas ça. Si ! quand on est dans un parti d’extrême droite, peut-être, mais voilà, on appelle… – ou éventuellement d’extrême gauche, dans des circonstances particulières – mais quand on fait partie de ce qu’on appelle la « droite civilisée », on n’appelle pas au renversement des institutions. Heureusement, il y a beaucoup de gens autour de Monsieur Fillon qui l’ont compris et qui se sont retirés, hier, de sa campagne. Alors, il reste avec un dernier carré de Fillonistes, probablement beaucoup de gens qui viennent de la Manif pour tous ! La chose risque d’être assez anecdotique.

Le problème, c’est que tout ça continue à alimenter l’image du « Tous pourris ! » qui, dans des temps difficiles, encourage les électeurs à voter pour des populistes de droite (vous savez que je fais toujours la distinction : j’ai une bonne opinion du peuple !).

Alors, de quoi parler d’autre ? Eh bien, j’ai un problème là, j’ai un problème, c’est que depuis quelques mois et pour quelques mois encore, je travaille sur deux projets qui demandent un effet de surprise, un effet de surprise et donc je ne peux pas tellement en parler (rire) ou de manière très très indirecte. Donc, je dois être extrêmement allusif. Je fais quelques allusions, ici et là, mais je ne peux pas en parler parce que c’est des choses qui, voilà, demandent à sauter quelques obstacles et puis, les obstacles ne sont pas nécessairement sautés. Qui demandent aussi du timing, pour faire l’effet de surprise.

Alors, quoi encore ? Eh bien j’ai eu une nouvelle intéressante sur la traduction en chinois de Le dernier qui s’en va éteint la lumière » : je sais depuis ce matin la date de parution. Ce sera au mois d’octobre, la traduction est terminée, on en est à la circulation et à l’examen des épreuves [P.J. On me dira ensuite « avril »]. C’est quand on a imprimé la première fois le livre et qu’on regarde pour essayer de trouver les fautes qu’on n’a pas encore décelées. Il y en a quand même ! Ça dépend du travail qu’on a fait (rires), il en reste encore un nombre surprenant en général.

On en est là et pour moi c’est important parce que vous l’avez compris si vous voyez déjà des petits bouts de chapitres de Qui étions-nous ?, qui est mon prochain livre, je m’intéresse tout particulièrement à la Chine, vu cette opinion qui paraît tout à fait raisonnable que c’est le seul pays, en ce moment, qui prend au sérieux la menace d’une extinction de l’être humain et donc, on n’est pas en Chine dans un fatalisme dépressif comme on l’est, par exemple, chez nous. Et donc, c’est important, pour moi, de savoir comment mon livre est reçu.

Le fait de connaître la date, ça me permet de moduler ce que je fais. Ce que je fais, en matière de chapitres, vous le voyez pour le moment, je parle de cette taxe robot puisqu’on en parle beaucoup dans l’actualité. Ce n’est pas essentiel pour traiter la question de l’extinction de l’humanité mais enfin, bon, on me pose beaucoup de question là-dessus, j’y réponds. Il va y avoir un très long entretien dans Télérama. Il y aura une partie dans la version imprimée de Télérama mais il y aura un très long entretien dans la partie en ligne. Voilà ! Je vous tiendrai au courant quand ça sort.

Alors, en plus de la taxe robot, je planche sur une question que je connaissais bien autrefois et sur laquelle on m’interroge beaucoup maintenant, c’est l’Intelligence Artificielle et heureusement, j’avais continué à m’informer sur l’actualité. J’ai participé – et vous étiez quelques uns, d’ailleurs, qui regardez le blog – à Paris Diderot, c’était mardi, où il y a eu cette discussion intéressante sur l’anthropocène. Ça m’a donné des idées, aussi et ça, l’anthropocène, comme l’intelligence artificielle, ça fait vraiment partie des questions à traiter dans un livre qui s’appelle Qui étions-nous ? » et vous allez voir, dans les semaines qui viennent, je vais continuer à sortir des réflexions sur l’intelligence artificielle. D’ailleurs, le premier papier que j’avais fait, j’avais montré que ce serait dans une série : j’avais mis un numéro 1.

Et, je vais aussi vous écrire, dans les jours qui viennent, ma petite réflexion sur cette notion d’anthropocène, parce que ça nous dit comment nous nous situons dans la nature : notre représentation de où nous nous trouvons (du côté occidental) au sein de la nature : ce que nous produisons qui n’est pas du biologique, pourquoi est-ce que nous l’appelons de l’artificiel ? Pourquoi est-ce que nous le dénigrons ? Tout ça apparaît dans cette idée d’anthropocène. Autre idée, bien sûr, qui est centrale, c’est ce qu’on appelle la capacité de charge d’une espèce, c’est sa capacité à épuiser ou à ne pas épuiser son environnement.

Donc, cette semaine, un peu plus court, carrément plus court ! (sourire) J’ai évoqué quelques problèmes. Je vous retrouve, j’espère, la semaine prochaine. Voilà, au revoir.

[1]          La Veuve de Saint-Pierre (2000), film de Patrice Leconte

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