LE TEMPS QU’IL FAIT LE 7 AVRIL 2017 – Retranscription

Retranscription de Le Temps qu’il fait le 7 avril 2017. Merci à Pascale Duclaud !

Bonjour, nous sommes le vendredi 7 avril 2017 et l’actualité ce matin, c’est le bombardement qui a eu lieu, dans la nuit je suppose, d’un aéroport militaire en Syrie par les forces américaines. On a entendu dire que les Américains avaient prévenu les Russes, qui se trouvaient sur cette base, de se retirer parce que le bombardement allait démarrer.

Alors si vous voulez mon avis, les Américains bombardant un aéroport où il y a des Russes… ça rappelle des mauvais souvenirs. Si vous regardez la presse, vous voyez déjà des gens qui disent : « Ah, ah ! Voilà, ça c’est bien ! C’est Trump ! Regardez ce qu’il avait fait, cet imbécile d’Obama ? » Eh bien, cet imbécile d’Obama, quand il y avait eu un autre épisode d’utilisation d’armes chimiques, qu’est-ce qu’il avait fait ? Eh bien il avait demandé à ce qu’on se réunisse et qu’on interdise l’usage de ces… qu’on « s’arrange » pour détruire les réserves en armes chimiques.

« Quel imbécile ! Alors qu’il est tellement plus simple d’aller bombarder un aéroport ! » Hum… on retombe… vous voyez la facilité avec laquelle on retombe dans notre façon classique de résoudre les problèmes pour ne pas devoir trop réfléchir, qui consiste à faire des guerres, à utiliser des armes, à tuer des gens. Et aussitôt vous voyez des gens de bonne volonté qui vous disent : « Ah, ah ! Bah on aurait pu faire ça tout de suite ! Tiens, regardez les imbéciles qui font autrement ! Qui essayent de s’asseoir autour d’une table pour résoudre les problèmes ! » En s’asseyant autour d’une table…

Alors tout ça va encore bien entendu activer cette dimension qui se trouve là, sous-jacente, aux élections présidentielles en France : Moscou, ou Berlin – et Berlin… Berlin un peu moins du côté des États-Unis puisque c’est le froid depuis que M. Trump a dit qu’il ne s’occuperait plus que des affaires des États-Unis, mais apparemment il a changé d’avis hier – alors on va voir. On va voir comment les choses évoluent. En tout cas c’est pas… c’est pas brillant!

M. Obama n’est pas mon héros : je l’ai trouvé souvent faiblard. Il a sacrifié la majorité de rêve dont il disposait au départ. Il l’a sabotée en s’alignant sans nécessité sur les positions du Parti républicain et sur l’aile droite du Parti républicain, vous avez dû vous souvenir de ce que j’avais expliqué à l’époque : quand on lui posait des questions de ce type-là, il répondait : « Oui mais mon partenaire de golf habituel, c’est un bonhomme avec qui j’ai des conversations très intéressantes et il se trouve que, eh bien voilà, que c’est un Républicain de droite ».

Donc, dans ce cas là, plutôt s’asseoir et essayer de résoudre le problème comme ça. Apparemment ça n’a pas été résolu puis qu’on s’est retrouvé avec des armes chimiques et toute l’horreur. Non pas qu’il n’y ait pas d’autres types d’horreur ! Il y en a beaucoup mais il est dommage qu’une occasion de plus ait été ratée pour essayer de faire avancer les choses par la discussion qui est quand même un moyen dont nous disposons, n’est-ce pas ? Enfin voilà !

Par ailleurs… Par ailleurs, eh bien je suis content qu’on s’intéresse à mon recueil de chroniques qui a paru sous le nom Se débarrasser du capitalisme est une question de SURVIE. Les gens ont très très bien réagi après l’émission sur France culture : la Grande Table – c’était quoi ? il y a trois jours, quelque chose comme ça – J’ai reçu beaucoup de messages personnels. Voilà. Ça arrive parfois après que… Ça arrive, bon, en général, quand vous passez à la radio, à la télévision, vous recevez des messages. Mais là, quand même, c’est quand même plusieurs dizaines ! C’est pas évident. Et des gens, aussi des gens que je n’ai pas vus depuis très longtemps, qui me disent : « Allez vas-y ! C’est bien : tu continues dans la bonne direction ! ». Ça fait très très plaisir.

Alors de quoi parle ce livre ? Eh bien voilà, il est d’actualité d’une certaine manière parce qu’il propose un programme socialiste. Alors, depuis qu’on a entendu M. Poutou, eh bien on se rend compte qu’il n’y a pas une absence totale de candidats qui défendent ce type d’idées ! Quand il y avait eu simplement la réunion avec les – je crois que c’était les cinq principaux – j’avais fait la liste des choses que je demande dans mon bouquin, pour cocher. Eh bien, il n’y en avait aucun, ni M. Fillon, ni M. Macron, ni Mme Le Pen, ni M. Mélenchon, ni M. Hamon – M. Hamon s’est presque rapproché d’un des points que je mentionnais, mais enfin, ce n’était pas encore tout à fait ça. Mais voilà, avec M. Poutou, on a entendu des choses comme celles que je demande. Et j’appelle ça « socialisme » et je crois… si je ne me trompe pas, il appelle ça « socialisme » aussi (rires) donc ça tombe très bien !

Hum… on parlait… vous avez vu, tout au départ, on n’a parlé de ce livre que pour une seule raison : parce que, dans les billets, dans un billet en 2012 en particulier, dans un billet de 2014, j’ai lancé cette idée de « Taxe robot ». Et ça, bon, les gens l’ont noté, et en plus ça fait partie de mes mesures… de mes mesures socialistes pour changer les choses. Moi je l’appelle plutôt « Taxe Sismondi » puisque c’est une taxe sur la mécanisation, sur ce qui remplace les hommes et les femmes au travail. Et donc ce n’est pas nécessairement des robots, hein ! Ça peut être… aujourd’hui il y a cinq chances sur six que ce soit plutôt un logiciel ou un algorithme qui remplace quelqu’un plutôt qu’un robot. Dans le domaine des services, ce sont des logiciels ; à la bourse et ailleurs ce sont des algorithmes. Ça peut être aussi de grosses bases de données, bien entendu : ce n’est pas nécessairement des robots. Mais enfin, les gens appellent ça la « Taxe robot », pourquoi pas ! Quand je dois expliquer, j’explique de manière un peu plus détaillée. Et donc voilà ! C’est comme ça qu’on avait noté ce bouquin puisqu’on y trouve en particulier les deux chroniques que j’avais consacrées dans le journal Le Monde en 2012 et puis en 2014 – sur cette proposition de taxe à la mécanisation, que j’ai appelée « Taxe Sismondi » puisque je considère que c’est lui l’inventeur de ça : sa réflexion sur le fait qu’une personne remplacée par une machine devrait bénéficier du fait quelle ait été remplacée par une machine, que ça fait partie de – voilà – du bien commun, et donc qu’il faudrait qu’une rente soit à sa disposition à vie sur le fait qu’elle ait été remplacée par la machine pour le bien de tous. Pas simplement pour le bien des propriétaires de la machine!

Alors vous avez vu, j’ai eu l’occasion dans un papier, la semaine dernière pour le journal Trends-Tendances qui est un journal des milieux d’affaires belges, d’expliquer un petit peu ce que j’entends par là. Et j’ai eu l’occasion aussi, dans l’émission La Grande Table, de pouvoir expliquer cette histoire, et en particulier attirer l’attention quand on dit : «  Oui mais c’est… une taxe de plus ! Une taxe de plus ! ». Alors quand on dit « Une taxe de plus ! », je dis : « Mais les gens qui se plaignent d’une « taxe de plus ! », on les a entendus bien muets à l’époque où c’était des ouvriers, des êtres humains, des employés qui travaillaient, qui étaient soumis à l’impôt pour faire la même chose ! Alors… où est la différence !? » Mais à l’époque, on ne les a pas entendus quand ce n’était pas les robots. Euh… votre indignation était assez minimale ! (Rires).

Bon, on sait bien pourquoi… je l’ai expliqué dans mon papier de Trends-Tendances : parce que les investisseurs et les gens d’entreprise RÊVAIENT depuis LONGTEMPS, au moment où n’on aurait plus ces emmerdeurs de travailleurs, ces « coûts pour l’entreprise » – euh… les « coûts pour l’entreprise » (rires), c’est quand même assez grotesque, cette expression ! Ça, ce sont les comptables qui ont inventé ça : que la personne qui travaille dans une entreprise, c’est un coût pour l’entreprise – Euh… on ne se pose pas la question pourquoi on l’emploierait du tout puisque… (rires) ça coûte si cher de l’employer ! Bon, il y a quand même une raison quelque part ! Alors, vous allez me dire : eh bien maintenant on est entré en voie de disparition.

Oui, mais enfin il faudrait quand même que tout le monde bénéficie du fait qu’on est remplacés : ça, on l’a voulu ! Ça fait partie de notre « génie » ! Ça fait partie de notre imbécilité qu’on ne veuille pas de la taxe sur les robots, mais ça on est habitués, hein ! L’imbécilité d’un côté et l’intelligence de l’autre, même le génie de l’autre. Alors, de temps en temps : de temps en temps quand on les fait communiquer, vous avez vu : c’est un scandale ! En effet, c’est un scandale. On reproche à M. Obama de s’être assis autour d’une table pour essayer de régler un problème plutôt que de bombarder…(Quel imbécile, lui !). Enfin voilà. Donc c’est ça  : on ne veut PAS que ça communique, c’est surtout ça ! M. Platon se demandait pourquoi le prince n’est pas philosophe ou le philosophe n’est pas prince. Eh bien parce qu’il y a des gens, des gens forts en gueule et souvent très près du pouvoir qui préfèrent que ça se passe autrement ! C’est mieux pour l’industrie, c’est mieux pour le commerce, c’est mieux pour les marchands d’armes, et puis… eh bien, ils font tourner les usines ! Là au moins, on emploie des gens ! Enfin peut-être pas… peut-être que là aussi, ça se robotise…

Enfin voilà ! Je vais arrêter ! Je vais arrêter là-dessus… Vous avez vu, quand il y a la guerre, je ne suis pas content. Enfin bon… ça c’est dans ma nature. Allez, à bientôt !

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