CHINE – Et l’art contemporain ? par DD & DH

Billet invité. Ouvert aux commentaires.

« Quid de la peinture en Chine aujourd’hui ? Où en est-on du « sur place » ? ». La question est intéressante et vaut qu’on s’y arrête en quelques paragraphes.

Ouvrons ce chantier par un flash-back et quelques interrogations :

1) Qu’est devenu l’art pictural chinois après la rencontre avec l’Occident ? On peut faire remonter la rencontre inaugurale à la présence des Jésuites en Chine (époques Kangxi et Qianlong, soit au long des XVIIe et XVIIIe s.). Ceux-ci se taillèrent une réputation plus scientifique et technicienne qu’artiste, mais ils apportèrent des peintures occidentales dans l’Empire du Milieu et y initièrent certains de leurs disciples et convertis. La Chine des Qing découvrit alors la peinture à l’huile et l’art du portrait. Certains Pères ou Frères de l’Ordre d’Ignace de Loyola furent pour de bon des peintres, pourrait-on dire, « professionnels » (si la photo avait existé, un Leica aurait remplacé leur pinceau puisqu’ils étaient en somme reporters en mission) : c’est le cas de Giuseppe Castiglione (1688-1766)

Giuseppe Castiglione – Le Glorieux règne de l’empereur Qianlong.

ou de Jean-Denis Attiret (1702-1768).

Jean-Denis Attiret – Le combat d’Arcul

Mais de reportage pour les esprits curieux d’Europe, leurs pinceaux n’en fournirent point : étant, l’un comme l’autre, devenus peintres favoris à la Cour de Pékin, ils se spécialisèrent, à la demande de leur impérial commanditaire, dans les portraits officiels et les vastes tableaux figurant en détail les chasses, les cérémonies et autres grandes pompes de l’Empereur. Par violon d’Ingres plus personnel, ils devinrent aussi d’excellents peintres chinois à la manière des Song, peignant avec beaucoup de finesse (et pas mal de la mièvrerie ambiante sous les Qing) quelques poncifs à base d’oiseaux, de fleurs et de papillons. Flop de cette première rencontre ! La Chine orientalise nos peintres et nous les confisque, mais ne se « convertit » pas plus à nos usages picturaux qu’à notre religion d’importation.

2) La deuxième rencontre a lieu dans un contexte plus turbulent, celui de l’effervescence culturelle qui a suivi la chute de l’Empire (1911), puis le Traité de Versailles (1919). Les écrivains, intellectuels et étudiants chinois découvrent alors l’art occidental en même temps que sa littérature et sa philosophie. Les tableaux classiques et impressionnistes majeurs sont désormais connus à travers des reproductions. Celles-ci sont le plus souvent très médiocres, mais l’attrait de la nouveauté provoque un engouement qui, à son tour, suscite des vocations. Cette génération aura comme trait commun la honte de son « retard » et une frénésie à le combler qui se verra très vite contrecarrée par les événements politiques qui vont jeter la Chine dans le chaos et faire d’elle une proie rêvée pour l’expansionnisme nippon. Il se peut que des peintures à l’huile de cette période s’essayant à un véritable renouveau aient été définitivement perdues au cours des vingt années de guerre, mais il ne nous reste guère de traces notables d’œuvres vraiment majeures liées à cette première moitié du XXe.

3) On voit très clairement en revanche ce que seront les directives de la jeune République Populaire en matière d’art (à partir de 1950) car les traces en sont (hélas !) encore nombreuses. Il s’agit dans un premier temps d’imiter en tout point l’allié, le « Grand Frère » auquel la Chine est liée par un pacte d’entraide et d’amitié. Ce sera le copier-coller soviétique partout à l’ordre du jour : architecture pesante (défigurant la Place Tian An Men), statuaire grandiloquente, peinture propagandiste, rien n’échappe à l’emprise du « réalisme socialiste » ! La peinture se convertit à l’huile, acquiert de la couleur mais s’englue dans la thématique redondante du glorieux prolétaire héros de la Révolution et la multiplication à l’infini des effigies du Grand Timonier, les nouveaux poncifs de rigueur que produisent en série des peintres fonctionnarisés.

Quand intervient la rupture avec l’URSS (1961) et surtout quand s’amorce la Révolution culturelle (1965), certains slogans (comme « Que l’ancien serve le nouveau ! ») autorisent un timide retour à des thèmes de la tradition chinoise : on retrouve des peintures à l’encre du type « Montagne et eau » de facture assez classique, mais où quelques pylônes électriques se chargent de dater la composition en rendant hommage aux bienfaits de l’électrification socialiste des zones les plus reculées du pays ! Mais l’artiste, celui qui a « fait les Beaux Arts » devient vite suspect aux yeux des Gardes Rouges : valet de la bourgeoisie, il se voit rétrogradé au 9ème rang de l’échelle sociale, l’ « infamante et puante catégorie noire » des intellectuels. Dans son souci de décloisonnement généralisé des activités sociales, Mao décrète que seul le peuple est véritablement et naturellement artiste. La preuve se trouve dans la richesse de ses traditions séculaires, dans son intuition spontanée du mariage des couleurs, dans son talent à richement broder ses vêtements de fête et dans l’inventivité des papiers découpés dont il orne ses fenêtres au Nouvel An. Ce décret aura un impact massif : pendant une décennie, des centaines de millions d’affiches colorées très bon marché magnifieront les peintures naïves des « peintres-paysans » et seront, dans toutes les demeures, à côté des chromos maoïstes non amovibles pour autant, la référence picturale obligatoire !

4) Nous voici contraints de « sauter » directement dans l’ « après-Deng Xiaoping ». Autrement dit le grand plongeon dans la contemporanéité ! Avant d’aller plus avant, faisons une petite pause pour mettre en vis-à-vis nos parcours respectifs et prendre la mesure du fossé qui nous sépare. Chez nous, en vertu d’une « Histoire de l’Art » (que Régis Debray considère comme une mystification et qui en est vraisemblablement une) qui fait majestueusement défiler les siècles selon une fatale progression (en vertu de quel « progrès » ?), l’art contemporain entre en piste, une fois son tour venu, pour apporter son tribut à Sa Majesté l’Art. Comme il faut toujours du nouveau à ce tyran implacable, que l’abstrait a depuis longtemps détrôné le figuratif et que la « Fontaine » ready made de M. Duchamp a placé la barre très très haut dans l’audace, il lui a fallu ne reculer devant rien quitte à épuiser ses ressources et à sombrer parfois dans le… n’importe quoi. En Chine, pas d’Histoire de l’Art. C’est à peine si la notion d’Art elle-même a une existence légitime. Pas de lourd sac à dos bourré de passé et de références ! Un terrain vierge ou presque ! La nouvelle couvée des artistes de l’après 89 (les étudiants des Beaux Arts, très actifs dans l’occupation de Tian An Men en mai 89, y avaient, on s’en souvient, érigé la statue en plâtre de la Déesse Démocratie) va réaliser le rêve de la génération des années 20 : innover enfin, briser les carcans, gambader en liberté, se mesurer à l’Occident et lui damer le pion ! Un grand vent de contestation traverse ce tout nouveau segment de la société chinoise : du jamais vu ! De l’impensable ! On connaît bien chez nous l’artiste provocateur Ai Weiwei et la photo de son doigt d’honneur à la Cité Interdite a fait le tour du monde. L’irrévérence et l’anticonformisme sont bien le moins qu’on puisse attendre d’un authentique artiste qui veut s’enrôler dans une avant-garde. Ce préjugé est en tout cas bien enraciné dans nos contrées et Ai Weiwei le sait.

Procédons à un sommaire historique de la naissance de l’art contemporain en Chine : après 89, dans l’ambiance électrique qui succède au massacre du 4 juin, un certain nombre d’étudiants venus étudier l’art à Pékin décident de ne pas rentrer dans leur province natale à l’issue de leurs études et improvisent un campement-bidonville sur un terrain vague de la proche banlieue. Privés de l’indispensable « hukou » (permis de résidence), marginaux et donc illégaux, ils en seront plusieurs fois chassés avant de choisir de s’installer un peu plus loin, dans un vrai village agricole où l’accueil des habitants n’est pas des meilleurs dans un premier temps (cette arrivée rappelle aux paysans le mauvais souvenir de celle des « jeunes instruits » de la GRCP !). Nous approchons alors du milieu des années 90. Partout en Occident, les grandes Foires d’Art contemporain qui se multiplient créent une clientèle spécifique : hyper friquée et qui investit massivement, toujours à l’affût d’un nouveau gibier à faire figurer dans son tableau de chasse. Dans les ventes de Christie’s, de Sotheby’s et chez les galeristes en vogue, la kyrielle de zéros des prix des « étoiles de l’art contemporain » s’allonge démesurément. C’est à la Biennale de Venise de 1993 qu’est présentée la première expo collective d’art contemporain chinois. Immédiatement c’est l’emballement ! Les cotes montent d’un seul coup de façon insensée. Les collectionneurs européens (parmi lesquels beaucoup d’Allemands) et américains surcotent à tout-va. Du côté du village chinois, les paysans s’adoucissent : ces bohèmes (« bu ren, bu gui« , « pas hommes, pas fantômes ») qu’ils voyaient d’un si mauvais œil attirent des gens qui ont de l’argent plein les poches et chacun s’arrange évidemment pour les en délester autant que possible en trouvant que finalement ces « horreurs » ont du bon ! Les autorités du district, puis du canton voient bientôt tout le parti (sonnant et trébuchant) qu’elles pourraient en tirer et l’État central finira par encourager le déblocage de fonds pour l’édification d’un musée (il sera inauguré en 2006). Clients et artistes se multipliant réciproquement par un effet d’engrenage, le village s’étoffe et se pousse du col : il s’appelle désormais « Songzhuang, village d’artistes« .

S’est très rapidement mis en place un phénomène qu’on appelle bientôt en chinois « industrie culturelle » (sic ! au moins appelle-t-on un chat un chat !) et l’on assiste à une pure et simple marchandisation du territoire voulue, entretenue et soutenue par l’Etat. L’appellation devient rapidement une « marque » et son logo chic transformé entretemps, aux mains des designers, en « Songzhuang China » est inscrit dans un cercle et écrit en caractères talismaniques anciens.

On voit bien là, à nouveau, à quel point la Chine n’a plus rien à nous envier en matière de marchandisation universelle : la subversion y est désormais comme partout une denrée périssable. Par un jeu de dupes que nous connaissons bien (pour l’avoir inventé) mais dont la première génération de peintres chinois d’avant-garde n’avait probablement pas mesuré la perversité, l’acte provocateur a fait long feu et, happé par les grandes mâchoires de la machine à récupérer, a été raflé par le pouvoir dominant. Et le rebelle se retrouve coté à la Bourse de l’art ! La « flambée » s’emballe encore plus quand les milliardaires chinois, intrigués par ce raffut, entrent dans la grande sarabande des zéros qui poussent comme des champignons sous le marteau des commissaires priseurs ! Sans doute tout le monde sait-il bien qu’il s’agit d’une « bulle » et qu’elle fera peut-être, un jour ou l’autre, exploser la poule aux œufs d’or, mais il en va de cette » industrie » comme de toutes les autres : les Chinois sont bien placés pour le savoir, la demande est volatile et, dans le business, les modes n’ont qu’un temps, il y a donc urgence à « xia hai« , « se jeter à la mer » au moment opportun ! Dans ce type de spéculation débridée, à Hong-Kong et dans le reste du monde, ce sont les acheteurs qui ex nihilo créent le marché et la cote. Du coup, personne dans les salles de vente ne peut plus dire « Pouce ! ». Dans cette partie biaisée, quand le bon sens perd la boule, tout le monde se tient par la barbichette ! Quant aux artistes, ils ont bien compris qu’ils étaient instrumentalisés (du coup, ils s’instrumentalisent eux-mêmes en organisant leurs propres ventes !), mais c’était le prix à payer pour devenir immensément riches et célèbres. Leurs affaires marchent bon train : les nouveaux « moyen-riches », en quête de « branchitude », se sont, eux aussi, à l’envi toqués d’art contemporain et forment un marché intérieur où les signatures sont moins prestigieuses (les nouveaux arrivés ont plus de mal à se faire une place au soleil) et les cotes moins vertigineuses. Mais il n’y a plus une inauguration, de celles qui veulent « faire le buzz » (et quel Chinois enrichi ne veut pas au moins une fois être à l’origine d’un buzz ?) qui puisse se passer d’une « installation » ou d’une « performance » facturée à la hauteur du désir du commanditaire ! Le pic de la ruée sur l’art chinois a été atteint autour de 2010 (date de l’Expo Universelle de Shanghai) : un peintre comme Zeng Fanzhi (sa « marque de fabrique », ce sont les portraits grimaçants portant le foulard rouge des écoliers modèles) a vendu pour 40 millions d’euros de toiles en 2010/2011. Tous ont compris que la clef du système, celle qui permet d’être identifié et commodément reconnu à travers le monde au premier coup d’œil, c’est le truc mis au point par Andy Warhol et abondamment décliné depuis : le gimmick visuel, l’œuvre d’art réduite au « logo » qui en est la griffe.

On peut citer quelques uns de ces plasticiens parmi les plus emblématiques : Yue Minjun et ses envahissants visages roses fendus d’un large rire plein de dents; Zhang Xiaogang et ses personnages pâles, portraits de famille exsangues revisités à partir de vieilles photographies sépia; Mu Boyan et ses obèses nus, potelés comme d’énormes bébés gonflés à l’hélium; Liu Bolin qui se peint très scrupuleusement lui-même pour se fondre intégralement dans tous les décors que fournit à ses peintures le quotidien le plus trivial. Bien sûr cette liste des tenants de la première génération est très loin d’être exhaustive et nous devons y ajouter celui qui est apparu au début comme le chef de file de cette cohorte d’iconoclastes, Wang Guangyi, celui qui s’est spécialisé dans tous les détournements possibles de l’image du Grand Timonier et a « fait de Mao un tiroir caisse« , comme le dit avec réalisme le site internet où nous avons vérifié nos informations.

Évidemment, cet iconoclasme a été le briquet qui a allumé la mèche de la spéculation : il fallait au collectionneur occidental qui déboursait le délicieux frisson de l’interdit ! Il fallait pimenter l’investissement du sentiment narcissique de soutenir une juste contestation, d’être en train de brandir l’étendard de la liberté universelle et de voler au secours de l’opprimé. C’était si osé et si courageux de la part de ces jeunes gens de braver l’arriération crasse du Parti Communiste Chinois ! Un peu de leur bravoure rejaillissait forcément sur l’acheteur ! Cette mystification a la peau dure, mais elle commence à avoir du plomb dans l’aile et son dé-ballonnement se met sinon à faire chuter les cotes, du moins à les assagir. Nous ne sommes plus au temps où « se faire interdire par les autorités valait notoriété et passeport pour un statut d’artiste« , pour reprendre une formule de José Frêches. Qui visite aujourd’hui la Zone d’Art 798 (usine désaffectée appelée aussi Dashanzi) à Pékin n’a pas besoin de lunettes spéciales pour voir que ce haut-lieu de l’Art Contemporain vivote désormais sans grand éclat comme un endroit touristique et commercial (salons de thé et boutiques de gadgets) quelconque et que le frisson de la transgression n’y attend plus personne !

On a eu affaire à une récupération silencieuse d’autant plus « naturelle » qu’elle a accompagné l’embourgeoisement des supposés provocateurs ! L’Etat chinois fait de son mieux pour entretenir le mythe : il est vrai qu’Ai Weiwei a connu la prison, qu’il a été de nombreuses fois assigné à résidence et tracassé par la police, mais il a été associé à la réalisation du stade des JO (2008) et ses ennuis ne l’ont pas empêché de couvrir d’expos et d’installations la planète entière (voir sa très éloquente fiche Wikipédia). Comme victime et opprimé, on connaît pire ! L’État a fait les gros yeux et la police a cherché des noises et imposé des désagréments aux artistes de Songzhuang en 2011, au moment de leur soutien aux révolutions arabes en tant que « militants du jasmin » très actifs sur la Toile où le mot « jasmin » fut censuré, mais, si on avait mauvais esprit (que nenni ! n’allez pas croire ça !), on pourrait se demander s’il n’y avait pas là un ultime effort de Zhongnanhai (siège du Gouvernement) pour ranimer les tisons de l’esprit de rébellion et, ce faisant, soutenir une cote qui ne pouvait que décliner !

Qu’ajouter ? Eh bien, qu’à l’écart de cette déferlante peut-être en train d’amorcer un reflux, la peinture traditionnelle chinoise, le sobre lavis d’encre parfois colorisé de quelques notes d’aquarelle se porte fort bien. De nombreux artistes ont choisi de perpétuer cette voie et, si leurs cotes sont moins fracassantes que celle des vedettes de l’Art contemporain, elles vont leur bonhomme de chemin sans tapage grâce à de discrets mécènes et collectionneurs dont Hong-Kong et Singapour constituent de durables viviers. Cet art indémodable reste bien sûr l’apanage des lettrés à l’ancienne, mais aucune académie des Beaux Arts en Chine n’a abandonné son apprentissage par tous ses jeunes élèves. Sait-on par exemple que Gao Xingjian, premier Prix Nobel chinois de Littérature (en 2000) est aussi un peintre très renommé, fidèle à l’encre noire et au papier de riz où son pinceau brode selon les anciens canons, mais s’aventure également parfois dans une abstraction très dépouillée ?

Inépuisables les ressources de l’encre chinoise ? Elles resteront en tout cas longtemps offertes à tous les artistes que la permanente surenchère dans la subversion marchandisée aura à la longue lassés…

Pour les amateurs de lectures originales, deux livres à signaler se reliant plus ou moins à notre propos

— Concernant (si on veut comme on va le voir) le Frère Jésuite J. Denis Attiret, un curieux petit livre de l’acteur Melvil Poupaud racontant son expérience de tournage en Chine sous le froc de ce religieux chargé du portrait de l’Impératrice et amoureux de son modèle : »Voyage à Film City » (Ed. Pauvert 2017)

— Sur le milieu des collectionneurs européens d’art chinois contemporain, une étude très bien renseignée et juste assez sarcastique pour être « piquante » glissée sous une enquête policière autour d’un meurtre : « Le rire de Pékin » de Basile Panurgias (Ed. Fayard 2009)

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9 réponses à “CHINE – Et l’art contemporain ? par DD & DH”

  1. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    L’art contemporin fait partie intégrante du capitalisme exalté, que ce soit en Europe, en Amérique ou en Chine: le marché de l’art forme un cercle fermé qui sert uniquement à multiplier le capital. Il sert aussi au lavage d’argent sale ou dissimulé. Ce cercle est constitué de galeries, de maisons de vente, de grands expos (celle de Bâle par exemple), d’acheteurs qui disposent de liquidités énormes…… Et ca tourne!
    C’est un marché qui fonctionne selon ses propres règles. C’est aussi la raison pour laquelle il n’y que peu de vedettes parmi les artistes. Il existe un « star-système » inhérent au marché de l’art.
    Le vrai art chinois, c’est tout à fait autre chose. Il n’y a pas de ruptures entre périodes comme en Europe, il y a une continuité fluide en ce qui concerne la tradition spirituelle, les styles et la fabrication des objets et des oeuvres d’art. C’est la raison pour laquelle il est souvent difficile de dater les objets anciens et notamment les céramiques chinoises.

  2. Avatar de octobre
    octobre

    Zao Wou ki, Jeu de Paume, 2003. Moment merveilleux.
    _____________________________

    Il faut si peu de mots pour dire les quelques grandes choses qui comptent dans la vie. Je voudrais tracer ces quelques mots au pinceau, sur un grand fond de silence.

    Etty Hillesum, son esprit universel.

  3. Avatar de arkao
    arkao

    Art contemporain et capitalisme, une analyse de Franck Lepage:
    https://www.youtube.com/watch?v=n3gOLGzMChU

    1. Avatar de Juannessy
      1. Avatar de Juannessy
        Juannessy

        J’aurais été friand d’un échange Franck Lepage / Oscar Wilde
        ( auteur de « Un sage chinois ») sur l’art .

  4. Avatar de Hervey

    Bien sûr tout cela est vrai mais c’est la surface des choses, sa représentation dans le cadre d’un constat sociologique.
    La peinture vue sous cet angle, c’est sans doute intéressant mais forcément décevant, qu’elle soit chinoise ou italienne, du XXI éme ou du quattrocento.
    Pour comprendre et aimer la peinture chinoise, lire peut-être la traduction Des Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère par Pierre Ryckmans dans la Collection Savoir (dixit Simon Leys) et ses nombreuses notes en bas de pages.

  5. Avatar de Gudule
    Gudule

    Oui comme le dit Hervey, ces faits existent, mais, vouloir réduire l’Art et les créatifs, et ce quels qu’ils soient, a ce type d’analyse, dommage.

    Il y a aussi des phénomènes de mode assez comiques. Lors d’une promenade dans un village qui se veut le promoteur de l’Art pictural, je m’amusais du nombre de galeries dans la même rue , où s’affichaient des croutes avec des fleurs carrées… Je rentre dans une galerie et j’échange avec le vendeur et je lui demande pourquoi il y avait autant de galerie dans cette rue avec ces croutes aux fleurs carrées qui se ressemblent toutes. Il me parle d’un esprit de mode , d’une sorte de fièvre et du succès de ce type de peinture à laquelle beaucoup de peintres ont succombé. Ah ? Cette « fièvre » leur a au moins permis de faire apprécier leurs zoeuvres et de vendre et/ou de mieux se faire connaitre ? . Même pas ! La fièvre est retombé comme un vieux flanc aussi moisi que leurs merdes carrées. Quoi ? Et en plus ils n’ont même pas réussi à faire remonter leur côte en copiant l’original couteux, ni seulement à les vendre ? Lui ais-je répondu. Dommage… Mdrrr. Pas de bras pas de chocolat.
    Ben vi, simuler n’est pas jouer.

    Pour contredire les constats un peu simplistes de ce billet ; la fumisterie, la médiocrité et la spéculation outrancière et ses dérives, n’épargnent personne…et ne sont pas nouvelles. Pourquoi l’Art devrait-il y échapper ? Van Gogh n’avait rien à manger et mettait ses toiles dans une brouette, pour les vendre aux paysans et aux villageois d’Auvers/Oise et ne trouvait personne pour les lui acheter…

    La spéculation et la marchandisation de l’art existaient bien avant la cia… L’Art c’est aussi l’esprit d’une époque, d’une civilisation, une rencontre. Un artiste ne doit pas avoir peur de casser les codes et de déranger : c’est le feu. Ce qui existait au temps de Léonardo ou de Laurent Médicis, n’a pas changé. Les créatifs aiment, avant tout, créer et partager essentiellement en toute liberté. À chacun d’apprécier. La vraie liberté c’est d’abord et avant tout de créer et de pouvoir en vivre évidemment.

    Merci de m’avoir fait découvrir ces artistes chinois. Problème de l’encre et des aquarelles, et pas des moindres, c’est qu’ils supportent assez mal l’exposition à la lumière naturelle (oxydation) et doivent être très très protégés.

    Les japonais et les chinois, eau et encre : une voie et du grand Art comme le Sumi-e.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sumi-e.

    1. Avatar de Hervey

      Oui, pour les encres ou aquarelles, c’est surtout le support papier qui est fragile et se pique à l’humidité. Sinon ça résiste aux malheurs de temps. Dans des conditions normales de conservation.
      Voir par exemple les peintures pariétales… si le support ne s’abime pas… ça tient… indéfiniment ou presque. Pourtant très rudimentaires comme outils et ingrédients (bois brulé, eau, salive, terres).
      Plus proche de nous, les aquarelles de Delacroix … toujours aussi fraiches. Par contre ses peintures… Du travail pour les restaurateurs.

  6. Avatar de Gudule
    Gudule

    @Hervey

    Vous trouvez ? Oui, c’est vrai, l’encre de chine a une excellente tenue à l’oxydation. Mais bon. Bien que l’amélioration de la qualité des pigments et des liants soient indéniables : oui le support papier aquarelle vieillit mal et les pigments de l’aquarelle itou. Pour l’aquarelle les conditions « normales » de conservation sont tiroir, à plat et à l’abri de la lumière naturelle, naturellement oxydante avec toutes les couleurs zé pigments zé teintures; et expo sous verre le plus rare possibles avec éclairage artificiel …Affaire de gout sans doute, je n’ai jamais trouvé l’aquarelle « fraiche », à choisir je préfère les encres; plus intenses. L’huile et l’acrylique résistent mieux aussi à l’oxydation lumineuse. Certains liants et vernis, à base de colle de peau de bête etc… résistent mal aux effets du temps et à la pollution, exact. Le problème d’entretien se pose avec tous les matériaux ( bois et la pierre, etc….) Au mieux, les vernis et autres adjuvants ont un effet retardateur. Les peintures pariétales sont bien conservées justement par ce qu’elles ont bénéficié , outre les pigments naturels charbon et ocres liés avec salive graisse sang urine oeuf miel terre etc; de conditions hygrométriques favorables et à l’abri de la lumière naturelle du soleil, donc idéales pour la conservation à long terme (au frigo); et d’un entretien constant et soigneux, une fois retrouvées. Toutes les oeuvres d’art n’ont pas cette chance car plus les entretiens et restaurations sont importants plus l’entretien est onéreux. Pourtant des découvertes en Australie vont dans le sens que vous évoquez, mais pour des raisons différentes…

    « Alors qu’en France les experts luttent contre les champignons qui dégradent les peintures de la grotte de Lascaux, un exemple étonnant de conservation de dessins rupestres par des microorganismes a été découvert en Australie. »

    « Exposées à la pluie et au soleil, les peintures de Bradshaw demeurent très vives. Il n’a pas été besoin de les repeindre. Ce sont des champignons et des bactéries qui auraient fait le travail de conservation, selon Pettigrew et ses collègues. Ils ont analysé des échantillons prélevés sur 80 dessins des styles Tassel et Sash (les mieux identifiés et les plus anciens) sur 16 sites différents, éloignés les uns des autres. Grâce à l’analyse ADN, ils ont détecté la présence d’un biofilm constitué de colonies de microorganismes à la place des pigments de peinture. »

    « L’élément dominant est un champignon produisant une coloration noire. Un autre organisme, sans doute une cyanobactérie, produit elle du rouge. En fonction de leur répartition, la couleur tire sur le rouge (terracotta) ou sur le bleu très foncé (couleur de la mûre). »
    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/des-couleurs-devenues-vivantes_21319

    Bref, pas de formule magique, mais du soin et de l’attention , des textures et matériaux de plus en plus résistants ludiques et flexibles ie innovants . Des évolutions techniques et technologiques qui ont aussi permis d’optimiser les conditions de conservation et de restauration. Et aussi des artistes audacieux curieux qui s’essaient à plein de matériaux et produits différents. La terre le bois et la pierre sont aussi vraiment ludiques et magiques. Entre autres.

    Au plaisir Hervey.

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