LE CADEAU DE DÉPART DE WOLFGANG SCHÄUBLE, Par François Leclerc

Billet invité.

Avec le départ de Wolfgang Schäuble de l’Eurogroupe une page est tournée selon la formule consacrée, mais cela annonce non pas un adoucissement de la politique qu’il a personnifié mais son durcissement. C’est tout le sens de son cadeau d’adieu, la communication à ses pairs d’un non paper résumant les propositions de reconfiguration du Mécanisme européen de stabilité (MES) du gouvernement allemand.

Sans plus de cérémonie, le document réfute dans son principe le besoin de tout dispositif de stabilisation de la zone euro, qu’il soit budgétaire ou tourné vers l’assurance chômage. Il est tout entier orienté vers un seul objectif, la réduction du déficit public, alpha et oméga de toujours de la politique économique allemande. N’y contrevenant pas, il préconise de confier au MES le mandat de prévention des crises via la surveillance de la bonne application des contraintes du Pacte budgétaire européen de 2012, réservant pour un second temps celle du Pacte de stabilité et de croissance de 1997, qui en est le socle, car elle a été confiée à la Commission par voie de traité.

Cette première mesure faisant déjà l’objet d’un consensus européen, qui reste à formaliser, le gouvernement allemand entend pousser son avantage. L’idée est de lier automatiquement tout sauvetage financier du MES à une restructuration de la dette du pays concerné, un rééchelonnement de son calendrier de remboursement à minima. Cela aura comme inévitable effet l’accroissement des taux obligataires sur le marché en raison de l’accroissement du risque, et de créer une incitation supplémentaire et incontournable à diminuer le déficit et l’endettement.

Wolfgang Schäuble n’a pas emporté le morceau en guise de cadeau de départ. Le prochain sommet européen de décembre devra entrer dans le vif du sujet et le gouvernement français y sera réduit à la défensive. Seule la constitution d’un front du refus rassemblant les Espagnols, les Italiens et les Français pourrait avoir du poids, mais sont-ils encore capables d’un tel sursaut et de le constituer ? C’est peu vraisemblable, Wolfgang Schäuble s’est hier accordé un satisfecit malséant que nul n’a songé à lui contester, pas un mot n’a été prononcé pour relever le coût social de sa politique.

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