Le projet de budget de Mr. Obama

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Mr. Obama dit :

Les investissements prudents en matière d’éducation, d’énergie propre, de santé furent sacrifiés en faveur de diminutions d’impôt pour les riches et les gens qui ont des relations. Dans la perspective de ces choix, Washington a ignoré les pressions qui ont rendu la vie des familles des classes-moyennes très ardue. Il n’y a pas de mal à faire de l’argent mais quelque chose ne marche pas quand nous acceptons que la donne soit à ce point biaisée en faveur d’un si petit nombre.

Les républicains ont vu ça et ont immédiatement crié à la « lutte des classes ». Ça fait pourtant longtemps qu’ils la mènent avec de gros moyens mais comme les riches devenus pauvres dont parlait Jacques Attali, puisqu’ils ont moins l’habitude des revers, quand ils en subissent ça leur fait plus mal qu’aux autres.

Je lis le long document présentant les mesures qu’envisage le projet de budget et c’est un long réquisitoire contre les deux administrations Bush. Ce n’est pas piqué des vers et on se demande parfois à la lecture s’il est possible que l’indignation provoque une indigestion. Non pas que ce qui est dit ne soit pas pleinement mérité, et on est conduit en effet à la lecture à se poser quelques questions de fond à propos de la démocratie : qu’est-ce qui pousse les peuples à voter démocratiquement, au suffrage universel, pour des gens qui ne cachent nullement que leur objectif quand ils auront accédé au pouvoir sera de piller la nation à leur profit et à celui de leurs proches ?

Ça se fait bien entendu aussi dans les entreprises, mais c’est différent, parce que ceux qui ont le privilège d’entendre ce genre d’allocutions savent dans ce cas-là qu’ils feront partie des heureux bénéficiaires. Je vois deux explications possibles, qui se recoupent sans doute partiellement : le fait que certains électeurs sont rétribués d’une manière ou d’une autre pour voter comme ils le font, et la peur : peur des autres, peur de l’avenir, qui vous fait voter pour celui qui vous dit qu’avec lui, on n’aura plus peur. Ce genre d’assurances suffit amplement à certains.

Quel héritage en effet, mes amis, que celui de Mr. Obama ! La guimbarde US of A pourra-t-elle jamais reprendre la route ? Bonne question en effet. Aussi ce qu’il fait essentiellement dans ce discours présidentiel de présentation du nouveau budget, c’est prendre les Américains à témoin et leur dire : « Voyez de quoi je suis en train de prendre livraison : d’un pays vidé de sa substance par 25 années de reaganisme, d’impuissance clintonienne et de Bushisme ! On va essayer, mais on ne promet rien ! »

Ce sera dur en effet. Touchons du bois pour lui parce que quand je lis l’analyse contenue dans son allocution, j’ai un doute sérieux. Ce discours rebelle s’exprime en effet encore toujours dans l’idiome de l’ennemi. On y entend toujours les relents de l’individualisme méthodologique cher à l’école économique de Chicago : quand les banques ne prêtent pas à des clients qui ne pourraient pas les rembourser, on parle toujours de « confiance à rétablir » au lieu de parler d’insolvabilité généralisée, quand il est question de l’alliance des investisseurs (alias capitalistes) et des dirigeants d’entreprises (alias patrons) et de la manière dont « leurs intérêts furent alignés grâce aux stock options », on parle toujours d’« imprudence dans la gestion du risque », au lieu de collusion.

Mr. Obama, écoutez attentivement ce que vous disent vos ennemis républicains à la vue de votre projet de budget : ils s’indignent et s’écrient « lutte des classes ! » Avez-vous noté que quand ils parlent d’eux-mêmes, ils n’utilisent que le langage de la psychologie aseptisée qu’ils ont qualifiée abusivement de « science économique », mais que quand ils parlent de vous ils adoptent, par un soudain miracle, le vocabulaire de la sociologie et de la science politique ? Ceci veut dire une chose : qu’ils comprennent très bien comment les choses se passent – du moins quand ça leur convient.

Oui, ils s’expriment comme von Mises, von Hayek et Rothbard quand ils parlent d’eux-mêmes, c’est–à–dire en termes de « masses monétaires », mais quand ils parlent de vous, ce sont les mots de Marx qui leur viennent à la bouche, comme si c’étaient les seuls qu’ils connaissent ! Aussi, cessez d’adopter la grille de lecture que se sont appliqués vos ennemis, en termes de bons sentiments individuels : évaluez les rapports de force, analysez leurs intérêts et étudiez les structures qu’ils ont mises en place. Oui : ils ont cassé la machine mais leur capacité de nuire reste entière : ils étaient à terre mais l’argent du contribuable les a requinqués !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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21 réponses à “Le projet de budget de Mr. Obama”

  1. Avatar de Anne.J
    Anne.J

    AFP le 26/02/2009 à 19:12

    Etats-Unis : Obama laisse filer le déficit et met le cap sur les réformes

    Le président américain Barack Obama a dévoilé jeudi son premier budget qui table sur un déficit record de 1.750 milliards de dollars en 2009 et engage un changement de cap radical à long terme en investissant dans un ambitieux programme de réformes.

    Ce déficit représente près de la moitié des dépenses prévues en 2010 (3.552 milliards), mais l’administration se fixe pour objectif de réduire le déficit de moitié d’ici à la fin de la présidence de M. Obama en 2013.

    Le budget prévoit la création d’un marché de quotas d’émissions de gaz à effet de serre, il jette les bases d’une vaste réforme de la couverture santé et augmente les impôts sur les hauts revenus.

    Ce budget, qui sera détaillé en avril, intègre le coût des guerres en Irak et en Afghanistan, qui faisaient l’objet de lois de finances séparées sous George W. Bush.

    Ce budget va à présent au-devant d’un examen par le Congrès qui s’annonce rude.

    Il « rend compte de manière honnête de notre situation présente et de celle que nous avons l’intention de créer », a dit M. Obama, évoquant aussi bien la pire crise que les Etats-Unis aient traversée depuis les années 1930 que sa grande promesse de changement.

    « Je ne crois pas que nous puissions continuer sur la voie où nous sommes. Je travaille pour le peuple américain. Et je suis résolu à apporter le changement pour lequel les gens ont voté en novembre dernier », a-t-il dit en énonçant les priorités de son budget: couverture santé, énergie, éducation.

    La crise se reflète dans un déficit de 1.752 milliards de dollars pour l’exercice 2009 qui sera clos fin septembre, soit 12,3% du produit intérieur brut, un record depuis la seconde guerre mondiale. Le déficit prévu pour l’exercice 2010, qui commence le 1er octobre, est à peine plus faible (1.171 milliards).

    C’est par rapport à ce dernier chiffre que le budget doit être réduit de moitié en 2013, à 533 milliards.

    M. Obama a fait valoir qu’il a hérité d’une ardoise de plus de 1.000 milliards. Celle-ci s’est encore alourdie avec les mesures d’urgence qu’il a fait adopter pendant son premier mois à la Maison Blanche pour relancer l’économie.

    Signe que les Américains sont loin d’être tirés d’affaire, M. Obama prévoit une réserve de 250 milliards de dollars pour le secteur financier, malgré toute l’aide déjà reçue par celle-ci.

    « C’est seulement en rétablissant la discipline budgétaire à long terme que nous pourrons produire une croissance soutenue et une prospérité partagée et c’est précisément le propos du budget que je soumets aujourd’hui au Congrès », a dit M. Obama.

    Le président a expliqué qu’il comptait atteindre cet objectif en passant en revue chaque de ligne de dépense, en éliminant le gaspillage et les programmes inefficaces, en augmentant les impôts sur les hauts revenus et en créant un marché de quotas d’émissions de gaz à effet de serre.

    L’administration taille aussi dans les subventions à l’agriculture.

    M. Obama doit concilier la promesse de la rigueur et celle du changement, sur laquelle il a été élu. S’il a hérité de la crise, ce budget lui donne l’occasion de fixer le cap de sa présidence.

    Si les impôts vont augmenter pour les couples gagnant plus de 250.000 dollars par an et si les plafonds d’imposition vont être relevés, M. Obama a indiqué que 95% des ménages de la classe moyenne allaient bénéficier d’abattements fiscaux.

    Le budget engage le difficile projet de donner une couverture santé aux 46 millions d’Américains qui en sont dépourvus en créant un fonds de 634 milliards sur dix ans.

  2. Avatar de bob
    bob

    Après la 1ere bulle spéculative sur les nouvelles technologie, la 2eme bulle sur l’immobilier et la troisième sur les matières premières, on se dirige vers un 4eme bulle spéculative:

    Celle de la bêtise humaine.

    Après eux le déluge.

  3. Avatar de leduc
    leduc

    Des chiffres qui donnent le vertige. Je reste sur mon point de vue général, que c’est une crise de l’excès du crédit et de la dette, et que franchement à ce rythme là je ne vois vraiment pas comment les choses pourraient être meilleure à moyen terme. Quand on sera sorti de la crise (euh finalement je me demande si c’est « quand » ou « si »), quand les entreprises financière auront retrouvé leur santé, quand la croissance reviendra timidement et qu’on fera le bilan de la dette, on se demandera bien comment on va faire pour rembourser tout cela sur le long terme et quel sera le poids de tout cela sur la prochaine génération de contribuable.

  4. Avatar de lacrise
    lacrise

    « quand il est question de l’alliance des investisseurs (alias capitalistes) et des dirigeants d’entreprises (alias patrons) et de la manière dont « leurs intérêts furent alignés grâce aux stock options », on parle toujours d’« imprudence dans la gestion du risque », au lieu de collusion. » : avez-vous en effet entendu parler d’un seul banquier ou cadre d’entreprise poursuivi pour gestion frauduleuse, banqueroute ? Je croyais que cela constituait un délit aux Etats Unis. Obama a dû l’oublier, comme ses prédécesseurs. Sarkozy aussi.

  5. Avatar de JJJ
    JJJ

    Il me semble que Warren Buffet a parlé aussi de « lutte des classes ». Et il a conclu : nous l’avons gagnée ! Mais je ne me souviens pas à quel camp il faisait précisément référence.

  6. Avatar de Sophie LEROY
    Sophie LEROY

    qu’est-ce que pousse les peuples à voter démocratiquement, au suffrage universel, pour des gens qui ne cachent nullement que leur objectif quand ils auront accédé au pouvoir sera de piller la nation à leur profit et à celui de leurs proches ?
    1) l’envie d’appartenir à ce clan (en votant pour eux on se donne l’illusion de faire parti du « beau » monde)
    2) se donner de l’importance (je ne suis pas un gueux mais un noble)

  7. Avatar de Fab
    Fab

    Bonjour,

    L’impuissance clintonienne dites-vous…

    « qu’est-ce qui pousse les peuples à voter démocratiquement, au suffrage universel, pour des gens qui ne cachent nullement que leur objectif quand ils auront accédé au pouvoir sera de piller la nation à leur profit et à celui de leurs proches ? »

    LE SPECTACLE.

    1) Peu importe le fond, c’est l’image qui compte pour les peuples, et ce, quel que soit le peuple. La peur est un facteur mais n’est certainement pas le seul. Le spectacle organisé périodiquement donne à chacun la possibilité de voir ce qu’il a envie de voir, d’entendre ce qu’il veut bien entendre chez les Acteurs de la démocratie. Et ces Acteurs le savent bien, ce sont peut-être d’ailleurs les seuls, qu’ils ne sont que des acteurs. Alors pourquoi se gêneraient-ils ? Pourquoi se priveraient-ils de ces fausses promesses ? C’est leur rôle qui veut ça : faire rêver le peuple, lui donner l’occasion d’aduler ou de détester…l’occuper quoi, régulièrement, assez souvent, entre 2 coupes du monde, 2 Olympiades, 2 guerres, 2 élections locales…2 émissions de téléréalité ! *** Pour cacher la réalité : mais ça, personne ne veut l’admettre… ***
    Par contre la peur, j’y reviens, doit être entretenue continuellement pour être efficace : guerres, maladies, écologie… (Mais le choix de tel ou tel Acteur ne se fait pas uniquement sur les solutions qu’il propose contre ces peurs). Et la principale peur, celle qui englobe toutes les autres, par définition, c’est la peur de l’avenir. C’est peut-être même le moteur de la vie de beaucoup de gens : http://www.pauljorion.com/blog/?p=2097#comment-18165
    La peur est probablement inscrite dans les gènes. En tous cas notre société la cultive et la transmet à ses enfants dès le plus jeune âge, brisant ainsi leurs rêves. Quelle évolution ! Aussi, tant que nous continuerons à n’observer nos sociétés que de manière académique, les chances d’une évolution positive à long terme sont à mon avis très faibles et tiennent plus du hasard que du choix : outre qu’il est très difficile de prendre conscience du problème quand on se cantonne à une observation du système dans le système, ce que j’appellerais le leurre de la conscience (!), nous poussons le leurre jusqu’à nous convaincre que les outils d’observation que nous utilisons nous permettent d’avoir un regard extérieur… »On ne règle pas un problème en utilisant le système de pensée qui l’a engendré. » (A. Einstein)

    2) Le fait de piller la nation, de l’annoncer qui plus est, fait aussi partie du spectacle…entre autres ça nous permet de nous auto-pardonner pour nos petits travers du quotidien, de nous convaincre que la voie de la facilité et de l’aveuglement qui se déroule devant nos vies est la bonne et qu’il n’est donc pas nécessaire de s’asseoir au bord du chemin pour réfléchir et observer avec son coeur, de nous faire oublier la misère de nos voisins (« s’ils en sont là c’est qu’ils n’ont pas osé prendre de risque comme tel Acteur !) et de ceux que nous avons finalement admis (après moult vérifications) qu’ils étaient de notre race ! « Moi je mets tel parfum, comme telle célébrité ! Et je spécule et joue avec l’argent comme tel Acteur ! »

    Bon, j’arrête. Tout a déjà dû être écrit sur le sujet.

    Nous nous cachons la réalité et nous la cachons à nos enfants.

  8. Avatar de AAA+
    AAA+

    @Paul Jorion

    Je me pose aprés chaque élection la même question :
    « qu’est-ce qui pousse les peuples à voter démocratiquement, au suffrage universel, pour des gens qui ne cachent nullement que leur objectif quand ils auront accédé au pouvoir sera de piller la nation à leur profit et à celui de leurs proches ? »
    J’ose le dire d’emblée l’élection de notre Président actuel n’échappe pas à ce questionnement.
    Autre affirmation de ma part, la victoire de M. Obama est une victoire POLITIQUE, il faut le rappeler.
    pour revenir à la question posée,..
    Qui lit, et comprend, le programme politique d’un candidat ? Comparé au nombre d’électeurs, a peu prés l’équivalent d’un iota.
    Qui vérifie l’action de l’élu avec les promesses du candidat ? Moins d’un iota !

    Pour lire et comprendre, il faut une éducation, une culture, et du temps. Toutes choses qui font cruellement défaut au plus grand nombre.
    Pour vérifier, il faut avoir conscience d’un pouvoir, celui de sanctionner, delui d’arbitrer.

    Quand le Président Obama remet l’Education au premier rang de son action, (sur le long terme), il s’agit d’un acte révolutionnaire, (on le dit trés intéressé pas le système d’éducation français, celui là même que notre Président veut « reformer ».)

    Vous soulignez l’extrême prudence du Révolutionnaire Obama, par son emploi de l’idiome de l’ennemi, (du moins dans ses discours). C’est aussi, je le crois, une des réponses à la question précédemment posée. La définition du terrain de jeux, du champ de bataille, par l’ennemi.

    Il n’y a jamais d’alternative, d’autres choix, d’autre voix,…cela ne vous rappelle rien ? C’est exactement le langage de notre Président.

    Le Président Obama a montré qu’il avait du courage. Il va avoir besoin de beaucoup de chance, et pour l’aider, ce sont des forêts entières qu’il nous faut embrasser, (ceux qui souhaitent sont succés, évidemment). Sa détermination semble grande.
    Est-il un fin stratège ? Utilise-t-il l’idiome de l’ennemi pour mieux l’empêcher de nuire ? Peut-être? Comme vous je pense qu’il ne doit pas sous-estimer sa capacité de nuisance, et effectivement, le gaver de fonds publics est loin, trés loin d’être sans danger. Pour vaincre ne dit on pas qu’il faut d’abord attaquer les ressources de son ennemi ? En tout cas l’ennemi ne le sait que trop. Pas un jour sans que celui-ci ne se présente, (sans vergogne aucune), au guichet de la soupe,…populaire de la FED et du Trésor.

    Dans un autre billet, vous répondez à Champignac, sur l’utilité du blog. Le blog est utile, c’est une forme nouvelle du pouvoir de vérifier, de sanctionner, d’arbitrer.

    Merci

  9. Avatar de Moi
    Moi

    “qu’est-ce qui pousse les peuples à voter démocratiquement, au suffrage universel, pour des gens qui ne cachent nullement que leur objectif quand ils auront accédé au pouvoir sera de piller la nation à leur profit et à celui de leurs proches ?”

    En tant que l’un de ces électeurs qui a voté par le passé contre son intérêt de classe, je vois deux explications. Premièrement, en surface: la connerie. Plus profondément, la vraie cause: la lâcheté.
    Le peuple est très naïf, il a une tendance naturelle à faire confiance et à croire en la bonté des dirigeants. Et cela malgré les démentis répétés de la réalité depuis des millénaires. Donc, en apparence, le peuple est très con.
    Mais il faut expliquer cela et là je pense que le peuple accepte mal sa condition de dominé alors il n’a que deux solutions pour lui, soit il se révolte, soit il justifie cette position subordonnée. La révolte est difficile, c’est pourquoi elle n’intervient que par intermitence, lorsque la soumission est devenue insupportable ou que le pouvoir est affaibli (lorsqu’il a « merdé », s’est décrédibilisé complètement rendant impossible la justification de la soumission). Donc, le plus souvent, il est plus facile de se convaincre que l’on a voulu cette situation, que l’on ne fait pas partie des dominés, que le pouvoir travaille dans notre intérêt, et mille autres excuses bonnes à faire passer la pilule.

    Des recherches en psychologie sociale confortent cette hypothèse. Il est relativement aisé de mettre des personnes dans des situations où elles vont obéir et faire des actions qu’elles refusent intérieurement. Devant cette contradiction, toutes les personnes qui ont obéit préfèrent justifier l’action commise et se donner l’illusion du libre-arbitre plutôt que d’accepter qu’elles ont simplement obéit (par lâcheté ou suite à une manipulation subtile). Il faut dire qu’obéir est presque naturel chez l’homme car depuis la naissance il y a un conditionnement très fort.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram

    Je conseille la lecture de ce bouquin de vulgarisation sur l’état de la recherche en psychologie sociale: http://www.amazon.fr/soumission-librement-consentie-Comment-doivent/dp/2130555152/ref=sr_1_2?ie=UTF8&s=books&qid=1235728429&sr=1-2

  10. Avatar de Vince

    « Qu’est-ce que pousse les peuples à voter démocratiquement, au suffrage universel, pour des gens qui ne cachent nullement que leur objectif quand ils auront accédé au pouvoir sera de piller la nation à leur profit et à celui de leurs proches ? »

    Sur wikipedia j’ai trouvé ceci :

    « Le syndrome de Stockholm désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à développer une empathie ou une contagion émotionnelle avec ces derniers.

    Pour que ce syndrome puisse apparaître, trois conditions sont nécessaires :

    * l’agresseur doit être capable d’une conceptualisation idéologique suffisante pour pouvoir justifier son acte aux yeux de ses victimes ;
    * il ne doit exister aucun antagonisme ethnique, aucun racisme, ni aucun sentiment de haine des agresseurs à l’égard des otages ;
    * il est nécessaire que les victimes potentielles n’aient pas été préalablement informées de l’existence de ce syndrome. »

    Ah ! « Conceptualisation idéologique », quand tu nous tiens ! Etes-vous plutôt « Axe du Mal », ou « Pouvoir d’Achat », uhm ?

  11. Avatar de AAA+
    AAA+

    @Fab

    Quand vous proposez la peur comme explication, ne confondez vous pas la cause, et ses effets ?

    Nos peurs sont les conséquences de nos ignorances. La peur n’est pas, loin s’en faut, un phénomène nouveau dans l’humanité. Elle est, peut-être, à l’origine de beaucoup de découvertes.
    Vous dites qu’il faut l’entretenir. Ne pensez-vous pas que l’ignorance, le manque d’éducation, entretien largement la peur. Rappelez-vous les premières réactions face aux malades du SIDA.

    Aujourd’hui le discours est partout économique. Les Politiques ne peuvent rien, l’économie est la plus forte. On entend ça tout le temps, même dans la bouche de ceux qui n’ont aucune culture économique. Qui ose contester cette évidence ? En tou cas pas ceux qui profitent des largesses de l’Economie. Ils ne sont pas si nombreux, mais sont terriblement puissants.

    J’affirme qu’ils ne sont pas nombreux, car un de leurs plus gros bobards , et de faire croire qu’en étant propriétaire de sa maison, de sa voiture, on fait partie des possédants.

    Connaissez-vous la différence entre quelques millers d’Euros, et des centaines de millions d’Euros ? C’est ENORME !

  12. Avatar de Fab
    Fab

    @ AAA+,

    Je ne propose pas la peur comme explication, je reprends seulement la remarque de PJ dans son billet.
    Je ne dis pas non plus qu’il faut l’entretenir mais, que pour qu’elle soit efficace il faut qu’elle soit présentée en permanence.

    Cela dit, la peur n’était pas, dans mon message, l’idée principale !

  13. Avatar de wobebli

    Pourquoi votons nous pour des gens qui annoncent qu’ils vont piller la nation au profit d’une minorité? Parce que ces politiciens nous enfument de façon professionnelle. Ils détournent notre attention en multipliant les débats sans enjeux mais à forte charge symbolique (reconnaissance des enfants mort-nés, mariage homosexuel…). Ils associent des décisions contraires à nos interets à des historiettes bien ficelllées mais non representatives de la réalité, ou à des théories frauduleusement présentées comme « scientifiquement prouvées » et consensuelle (=vu à la télé). Le plus inquiétant est qu’ils en arrivent à croire à leurs propres mystifications mais c’est un phénoméne qui avait dèjà été observé avec les dirigeants des pays communistes. Face à cette réthorique bien huilée, les pauvres ignares sont souvent les plus sceptiques parce qu’ils ont l’habitude pavlovienne d’être frappés aprés chaque émission de fumée verbale. Les personnes les plus éduquées sont souvent les plus crédules car elles ont l’impression d’être capable de décrypter les discours. En réalité, rien dans leur formation ne les a préparé à vérifier la crédibilité d’un discours. Les raisonnements les plus absurdes ne sont même plus contestés (expl : les elections algériennes de 1992 ont été annulées pour protéger la Démocratie, baisser les salaires favorise l’emploi, il faut dépénaliser les abus de biens sociaux pour ne pas décourager les entrepreneurs).

  14. Avatar de JCL
    JCL

    “Qu’est-ce que pousse les peuples à voter démocratiquement, au suffrage universel, pour des gens qui ne cachent nullement que leur objectif quand ils auront accédé au pouvoir sera de piller la nation à leur profit et à celui de leurs proches ?”

    Je ne crois pas que ceci soit très juste. C’est notre traduction de leur programme, des réformes proposées qui nous amène à dire « qu’ils ne cachent pas que leur objectif sera de piller la nation à leur profit ». Nous faisons donc un premier décryptage que ne fait pas la plus grande partie des citoyens.
    Ceux qui briguent les suffrages se gardent bien de ce genre de déclarations. Ils avancent toujours masqués.
    Ce qui a fait la différence dans la période récente est leur volontarisme. Le oui, je peux la rupture de Sarkozy, le Yes we can, plus habile d’Obama.

    Pour mémoire relisons une partie du discours de Sarkozy en pleine campagne présidentielle à Clermont-Ferrand (27/04/07) :

     »
    Vous en avez assez de tous ces gens qui décident à votre place et qui ne supportent jamais pour eux-mêmes les conséquences de ce qu’ils décident.
    – Vous en avez assez de tous ces gens qui veulent toujours vous imposer des sacrifices qu’ils ne sont pas capables de s’imposer à eux-mêmes.
    – Vous en avez assez que l’on vous répète sans arrêt qu’il n’y a qu’une seule politique possible et que vous n’avez pas le choix.
    – Vous en avez assez.
    – Vous en avez assez que des commissaires européens, des Banques Centrales, des cabinets ministériels, des grands corps, des experts, les médias, pensent à votre place, décident à votre place.
    – Vous en avez assez que la démocratie abdique devant la soi-disant dictature des marchés.
    – Vous en avez assez que l’Etat abdique devant les bureaucraties, les corporatismes et les lobbies.
    – Vous en avez assez que l’Europe ne soit pas démocratique.
    – Vous en avez assez qu’on vous dise :
    – « Plus de croissance, ce n’est pas possible ! »
    – « Le plein emploi, ce n’est pas possible ! »
     »
    C’est autour de cette rupture là que Sarkozy a fait la différence. Mais le principe de réalité fait qu’aujourd’hui ses anciens discours et son volontarisme se sont transformés en boomerang. Il a perdu toute crédibilité.

    La question qui mériterait d’être débattue : qu’apprennent les peuples de leurs espoirs et de leurs erreurs ?

  15. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    “Qu’est-ce que pousse les peuples à voter démocratiquement, au suffrage universel, pour des gens qui ne cachent nullement que leur objectif quand ils auront accédé au pouvoir sera de piller la nation à leur profit et à celui de leurs proches  »

    Rappel.
    Cette citation de François Furet (de mémoire, mais le sens y est):
    « La démocratie est dirigée par une oligarchie cachée, indispensable à son fonctionnement, mais contraire aux
    principes démocratiques ».
    L’essentiel st rappelé ici.

    Avec des liquidités, surabondantes dans le monde, en hausse constante, le paradoxe extraordinaire, car tout l’est dans cette « crise », c’est que les liquidités ne sont jamais, surtout jamais, dans les poches qui en ont le plus besoin…
    Crise ou pas crise, ou encore « crise », l’ « establishment » contemporain (15 à 20% d’entre nous en étant très optimiste) tous pays confondus, vit confortablement et n’a manifestement pas de problème économique et domestique personnel. Certes, cela ne suffit pas pour relancer l’économie, mais ça n’aiguillonne à peu près personne du dit « establishment » ayant (ou pouvant avoir) voix au chapitre de la présente organisation capitaliste dans le monde.

    Certains disent que la « Parousie » aura bientôt lieu, le 2 avril 2009, à Londres. Évidemment Londres! Puisque ce serait bien là, en définitive, qu’est la « clé » de ce super-sytème financier qui pompe, en col blanc, l’énergie vitale du monde.
    La cité impériale du mercantilisme absolu et total(itaire), la base même du sytème d’argent où s’exercerait un tel pouvoir, ou une telle organisation de maintenir artificiellement la chappe d’un argent faux et dissolvant sur le monde, mais indispensable pour végéter et d’y répandre par là la vermine qui nous ronge. Un tel système vaut bien, n’est-ce pas, le rabâchage et les litanies insipides et perpétuelles sur la démocratie triomphante dans le monde. La démocratie qui arriva toujours et partout, depuis environ un siècle, dans les fourgons de l’armée américaine… (du moins jusqu’à présent)

  16. Avatar de Tentative de lucidité
    Tentative de lucidité

    @JJJ

     » La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter.  » Warren Buffett

  17. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    « la perfection n’est pas de ce monde, ne gardez pas soigneusement tous vos défauts. » (Jules Renard)

  18. Avatar de JJJ
    JJJ

    Merci Tentative de lucidité pour la citation in extenso

  19. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    Ce qui pousse les citoyens consommateurs à voter contre leur intérêt est du ressort de la psychologie des masses : Comme la paresse et la cupidité sont les vilains défauts les mieux partagés par le genre humain, le vice est devenu le vrai moteur de la démocratie. C’est par paresse intellectuelle que le citoyen consommateur délègue la notion de « vie décente » au législateur qui lèvera l’impôt tandis qu’il éprouvera sa citoyenneté en chantant l’hymne du pouvoir d’achat. C’est par cupidité qu’il se laissera berner par les discours vantant les mérites de l’individualisme et du chacun pour soi. Dans la société du spectacle les politiciens sont devenus les animateurs professionnels de « l’Entertainment » et du show politique, ce qui était valable pour la danseuse de music hall au XIXème siècle lorsqu’elle se faisait entretenir moyennant faveurs l’est aussi aujourd’hui pour le professionnel de la politique: Pour que le spectacle continue, le politicien doit accorder ses faveurs aux capitalistes, ou aux faiseurs de crédits, sous peine de disparaitre des feux de la rampe.

  20. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Quel culot! Organiser un G20 dans la capitale même du paradis fiscal !

    – Royaume-Uni. Selon le quotidien français L’Humanité, mais aussi pour la place historique et prépondérante de Londres dans le marché des eurodollars. L’essayiste français Stéphane Denis écrit en 2008 dans le quotidien Le Figaro : « Si l’on tient comptes des services offerts (secret bancaire, absence de taxes, non-résidence, absence de réglementation), le plus grand paradis fiscal de la planète est la City de Londres. Elle a organisé à la fin des années 1950 la non-réglementation en accaparant le marché des eurodollars ; elle pratique le secret bancaire et l’absence de taxes pour les non résidents (…). Elle dispose de relais exotiques (Bermudes, Bahamas, Îles Vierges) battant pavillon britannique mais destinés à tromper sa propre réglementation. La Suisse, désignée ces jours-ci comme le premier paradis fiscal avec le Luxembourg, peut, avec raison, faire remarquer qu’elle n’est qu’un coffre fort de famille, à côté de Londres. –

    Plus connards que nous comme contribuables, difficile à trouver!

    Et pour être complet, après Londres qui est en tête, voici la liste des paradis fiscaux dans le monde:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradis_fiscal#cite_note-18

  21. Avatar de Didier
    Didier

    La démocratie bourgeoise est un mensonge.

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