L’actualité de la crise : LA POLITIQUE DE LA PATATE BRÛLANTE, par François Leclerc

Billet invité

La grande nouvelle du jour est le montant de la demande de 523 banques afin de bénéficier du premier prêt à trois ans et à 1% de la BCE : 489 milliards d’euros, tout en haut de la fourchette des prévisions. Atteindre un tel niveau a été rendu possible grâce à l’assouplissement des règles de la banque centrale quant à la qualité du collatéral apporté par les banques en garantie de leur emprunt.

Cette opération de sauvetage vise non seulement à permettre le refinancement des banques – placées sans cette aide devant un mur – mais tente aussi par ricochet de détendre le marché de la dette souveraine, au cas où elles engageraient massivement des achats obligataires comme elles y sont incitées. C’est un peu le va-tout de la BCE et des Etats, qui a déjà donné lieu à de nombreux commentaires sceptiques sur sa portée effective. Il est en effet à prendre en considération que les banques doivent rembourser leurs propres échéances, ce qui représente 230 milliards d’euros rien que pour le premier trimestre 2012 et 600 milliards d’euros pour l’année à venir.

Les premières réactions enregistrées sur le marché obligataire ne sont pas encourageantes, la plupart des taux étant à la hausse après l’annonce des résultats de l’opération de la BCE. Il est considéré que seules les banques des pays déjà en difficulté pourraient acheter de la dette de leur pays, les autres ne tenant pas à devoir inscrire dans leur bilan des titres risquant vite de devoir être dépréciés.

Quoiqu’il en soit, le système bancaire européen est désormais clairement sous assistance de la BCE pour au moins les trois années à venir, en attendant que le second prêt de même durée soit prochainement lancé, car ce n’est pas fini.

Ce sauvetage in extremis n’a d’ailleurs pas empêché que souffle à nouveau un vent mauvais sur les banques européennes. L’agence Fitch en est à l’origine, qui a hier et sans même en attendre d’en connaître l’ampleur, placé sous surveillance négative de nombreuses banques, espagnoles, belges, italiennes et françaises. Une même logique est à l’oeuvre, qui fait suivre pour les banques ce qui a été engagé pour les Etats. Constatant la fragilité des unes et des autres et contribuant à l’accroître par la même occasion.

Les expédients utilisés pour financer leur sauvetage ou le renforcement de leurs capitaux se sont dernièrement multipliés, car ce dernier aspect propre aux banques est en dehors du champ d’action de la BCE. Pour les premiers, un nouveau montage peu orthodoxe faisant intervenir le FMI est en cours de construction, aux résultats insuffisants au regard des objectifs qui lui sont assignés. D’autres plans ont été également improvisés pour renforcer les banques, afin d’éviter d’entrer à leur capital. Le Wall Street Journal a enquêté, et en voici le résultat, qui mérite d’être un peu détaillé.

Le gouvernement italien a mis au point un montage à double détente qui repose sur l’achat par les banques nationales de biens immobiliers publics, payés en obligations d’Etat. Ce qui diminue l’endettement du pays et réduit le portefeuille obligataire des banques, leur permettant de créer des ABS (Asset-Backed Securities) sur lesquelles leurs nouvelles acquisitions sont adossées, pour être ensuite déposées en garantie à la BCE afin de se procurer des liquidités…

En Allemagne, l’Etat déjà présent à son capital à hauteur de 25%, Commerzbank s’efforce par tous les moyens de se renforcer sans faire appel aux capitaux publics, sans parvenir à réunir les 5,3 milliards d’euros exigés par l’EBA, le régulateur européen. La banque essaye donc de se délester de partie ou de la totalité d’Eurohypo, sa filière de prêts hypothécaires, dans une bad bank capitalisée sur fonds publics. Afin d’éviter que cela ne prenne l’aspect d’un sauvetage en bonne et due forme, des formes de compensation des pertes financières potentielles de l’Etat sont en discussion.

Ce sont les fonds de retraite des salariés des banques qui ont été mis à contribution au Portugal. La valeur de 6 milliards d’euros d’obligations, d’action et de dépôts en numéraire ont été transférés au budget de l’Etat, à charge pour lui de payer dorénavant les pensions. En contrepartie, les entreprises publiques très lourdement endettées auprès des banques vont les rembourser à hauteur de 2 milliards d’euros, soulageant d’autant le bilan des banques, le solde contribuant au désendettement de l’Etat. C’est cette opération non renouvelable qui permet aujourd’hui au gouvernement portugais d’être dans les marques de son plan de sauvetage.

Le gouvernement espagnol a quant à lui trouvé une formule de financement de son renflouement de deux banques, Sabadell et Caja de Ahorros del Mediterraneo, en utilisant 5,2 milliards d’euros du fonds de garantie des dépôts bancaires, qu’il est prévu de renflouer l’année prochaine sur le budget de l’Etat, qui ainsi n’a pas été touché cette année, afin de respecter les objectifs de diminution du déficit.

Dans leur diversité, ces expédients ont en commun de ne pas être à la hauteur des besoins; ils mettent au contraire en évidence l’état de disette financière généralisée qui sévit en Europe, à laquelle la BCE tente de répondre avec ses nouveaux programmes de prêt à trois ans pour se substituer au marché interbancaire et aux investisseurs.

La mécanique qui a été mise en marche est susceptible d’aboutir dans l’immédiat à un court répit, mais elle recèle à terme un nouveau danger : l’étroite imbrication de la dette publique et du système bancaire européen pourrait s’en trouver accrue, fragilisant à nouveau ce dernier au cas où le marché de la dette souveraine se détériorait à nouveau, renouant le noeud qui avait commencé à être défait. La patate est toujours brûlante.

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144 réponses à “L’actualité de la crise : LA POLITIQUE DE LA PATATE BRÛLANTE, par François Leclerc”

  1. Avatar de Jean-Baptiste B

    Il n’y a qu’un seul moyen pour que la BCE puisse calmer les marchés : qu’elle devienne émetteur souverain de la monnaie, c’est-à-dire qui peut émettre sans être sujet aux défauts de paiement, besoin de financement, échéancier, ou décaisser les pertes. Qui simplement émet la monnaie, sans contrepartie. Comme le fait dorénavant la Fed (seconde moitié du billet).

    Mais la situation serait politiquement encore plus ingérable que pour la Fed : non seulement les diverses classes vont se retourner contre elle parce que les banquiers bénéficient d’un privilège exorbitant qui leur permet de les réduire au servage pour dette sans qu’eux-mêmes y soient astreints, mais en plus les différentes nations et États vont se demander pourquoi la banque de l’un et pas de l’autre alors qu’elles n’ont pas les mêmes rigueurs dans l’octroi de crédit, etc. Comment éviter les deux écueils des sauvetages arbitraires et du laxisme hyperinflationniste ?

    Le pacte social monétaire actuel est mort, et bien mort ; il consistait à laisser tout le monde créer de la monnaie comme il le veut, puisque personne ne crée de la monnaie, ce n’est en fait que du crédit à rembourser. Complètement mort.

  2. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Il se confirme fort peu probable que les fonds prêtés par la BCE contribuent à stabiliser le marché de la dette souveraine: l’injection nette dans le système bancaire serait de moins de 200 milliards d’euros, les banques n’ayant pas renouvelé des opérations de prêt précédentes à une semaine, trois mois ou un an, en vue de cette opération.

    1. Avatar de Serge
      Serge

      Oui, effectivement, 200 milliards de delta quand même complètement dispo, suffisamment pour voir venir d’ici février.
      http://www.liberation.fr/depeches/01012378906-la-bce-offre-son-premier-pret-sur-trois-ans-aux-banques-de-la-zone-euro

    2. Avatar de yvan
      yvan

      Monsieur Leclerc.
      Peut-être vous faudrait-il lever le nez du guidon des tumultes actuels pour vous rendre compte que les banques centrales sont destinées à TOUTES devenir des bad bank de derniers ressorts.
      ET LES ETATS LES ASSUREURS DE DERNIERS RESSORTS.
      Soit, les états seront ainsi les derniers survivants, malgré la propagande du « moins d’état » « libéral ». (libéral = anti-concurrentiel par rente de situation)

      1. Avatar de Jean-Baptiste B

        Sauf que si les banques centrales deviennent des bad banks, des banques de défaisance, alors elles risquent la faillite, donc il faut recréer la souveraineté monétaire qu’on avait cru pouvoir faire disparaître : des billets, de la planche à billets, comme on dit, pour que quelqu’un puisse donner du fric pour assainir les bilans des uns et des autres, sans se mettre lui-même en danger. C’est ce que j’expliquais dans mon commentaire précédent (#31 juste au-dessus)…

        S’ils ne passent pas le cap pour des raisons politiques, alors c’est leur fin, et un réel chaos dans l’intervalle…

  3. Avatar de RaGe
    RaGe

    Bonsoir, question tres simple pour les gueux comme moi. D’ou vient cet argent (489 milliards) que va preter la BCE aux banques? Merci d’avance.

  4. Avatar de danmaru touvabien
    danmaru touvabien

    d’après MAX KEISER sur le site gold-up, (en francais)
    il faudra créer de l’argent à l’infini tant qu’il y aura des dérivés CDS.
    et d’après MARC FABER, un jour, les dérivés disparaitront .

    http://gold-up.blogspot.com/2011/12/video-max-keiser-londres-est-lepicentre.html

    1. Avatar de tchigo
      tchigo

      max keiser, quelle crédibilité lui apporter ? Il parle de 3ème guerre mondiale, il parle pas de complot, mais pas loin. Je veux bien croire que le système est gangréné à ce point, mais j’aimerais croiser certaines de ses affirmations avec d’autres sources.

  5. Avatar de claundre
    claundre

    Quelle condition d’utilisation de ses prêts aux banques a été posée par la BCE ? Sans doute aucune ( cela me rappelerait la réduction de TVA dans la restauration). Ces banques pourront donc très valablement utiliser les fonds comme elles l’entendent et sans limite. Pas de morale et no limit.

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  7. Avatar de tchigo
    tchigo

    au fait, si je devais changer de Banque, laquelle devrais-je choisir ? La Nef, le Crédit Coopératif ? Elles n’ont pas de CDO, celles-là ?
    Si j »ai rudimentairement compris, les produits structurés, ce sont genre des ABS, obligations issus de la titrisation de crédits qui sont découpés par tranches, avec des couplages risque/rentabilité corrélés, et les CDO sont en fait des prduits dérivés, bref des ABS d’ABS, c’est ça ?
    Une banque me fait crédit, et comme elle ne peut pas avoir un ratio fonds propres / spéculation supérieur à 8%, ces CDO sont un bon moyen de contourner la règle. Le problème, c’est que quand les personnes à qui on a fait crédit sont insolvables, toutes les tranches des ABS, même à bas risque, risquent d’être en situation de défaut, et à plus forte raison les CDO.

    Où suis je trop simpliste, et où me trompé-je ?

    Merci !

    1. Avatar de Paul Jorion

      Il y a un glossaire très utile en haut de la page.

      1. Avatar de yvan
        yvan

        Un psychologue qui parle d’économie ferait mieux de parler uniquement de finance.

      2. Avatar de Germanicus
        Germanicus

        yvan:
        Pourquoi?

  8. Avatar de Imagine
    Imagine

    Rien de tel que le troc les amis.. Pour être riche il faut stocker des montagnes de matériels divers et les ordinateurs à la nanoseconde n’y pourront rien !!

    1. Avatar de Louis de Potter
      Louis de Potter

      On ne veut pas être riche. On veut juste être certains que tout ceux qui nous suivent pourront avoir une existence décente.

  9. Avatar de Ardéchois

    A quand la distribution des bonus???Emprunter à1 % Puis je le faire ????j’offre en garantie une somme équivalente sur livret et en plus ma maison et en plus deux voitures…Je pense que les garanties sont excellentes et en plus je n’emprunterai que l’équivalent de dix mois de retraite ,pourquoi me refuserait-on un tel prêt,avec des garanties vraiment sûres??????Vraiment la BCE ne sait pas placer son argent !!!Au fait Me Merkel doit manger son chapeau ….(aucun souci pur Sarko ,il suivra et criera:vive l’occupation…. )

  10. Avatar de BA
    BA

    Le gag le plus rigolo de l’année 2011 :

    Espagne : Luis de Guindos, ancien président de Lehman Brothers, ministre de l’Economie.

    Luis de Guindos, ancien président de la banque Lehman Brothers pour l’Espagne et le Portugal, a été nommé mercredi ministre espagnol de l’Economie, a annoncé le nouveau chef du gouvernement, le conservateur Mariano Rajoy.

    Luis de Guindos, 51 ans, ancien secrétaire d’Etat à l’Economie (2002-2004), occupera, au sein du nouveau gouvernement de droite, un poste-clé, chargé de mener son programme économique exigeant, mêlant austérité et réformes, afin de redresser un pays menacé de récession et frappé par un chômage record.

    http://www.romandie.com/news/n/_Espagne_Luis_de_Guindos_ancien_de_Lehman_Brothers_ministre_de_l_Economie211220111912.asp

  11. Avatar de Ré-veil
    Ré-veil

    Et si c’était autre chose qu’une crise économique :

    http://www.dailymotion.com/video/x9kf5m_satprem_webcam

     » Le règne de l’aventure est terminé. Même si nous allons jusqu’à la septième galaxie, nous irons casqués et mécanisés, et nous nous retrouverons tels que nous sommes : des enfants devant la mort, des vivants qui ne savent pas très bien comment ils vivent ni pourquoi ni où ils vont.Et sur la Terre, nous savons bien que le temps des Cortes et des Pizarre est fini : la même Mécanique nous enserre, la souricière se referme.Mais comme toujours il se révèle que nos plus sombres adversités sont nos meilleurs occasions et que l’obscure passage est un passage seulement, conduisant à une lumière plus grande.Nous sommes donc mis au pied du mur, devant le dernier terrain qu’il nous reste à explorer, l’ultime aventure : nous mêmes. »

    Satprem.

  12. Avatar de MadMax
    MadMax

    BA: « Les pays de la zone euro vont devoir lever un peu plus de 800 milliards d’obligations en 2012 » à 4% environ
    François: « prêt à trois ans et à 1% de la BCE : 489 milliards d’euros » pour les banques.

    Qu’est-ce que les gens attendent pour s’indigner ! Je suis presque sûr que la BCE a choisi le moment des fêtes pour que l’info passe plus inaperçue !

    1. Avatar de jeanpaulmichel
      jeanpaulmichel

      C’est d’une telle complexité comme le dit ci-dessous Johannes Finckh que peu de gens s’y intéressent réellement dans le détail.

      Comment s’indigner à quelques jours des fêtes ?
      Autour de moi, lorsque je parle de ce qu’il se passe, les regards me supplient de me taire …

      Les esprits veulent être ailleurs, s’enivrer pour oublier …

  13. Avatar de johannes finckh
    johannes finckh

    Cela devient très complexe pour moi, j’avoue ne pas toujours bien suivre tous les méandres.
    Il n’empêche que les liquidités imprimées par la BCE ne reposent sur le néant et retourneront au néant sans avoir beaucoup plus d’impact sur l’économie que l’empêchement d’une déflation… comme au Japon.

    1. Avatar de Nerima-kun
      Nerima-kun

      …ce qui est déjà beaucoup. La société y reste solidaire et productive…
      La société, pas la classe politique, qui – dans ce pays aussi – ne cesse de se déconsidérer toujours davantage.

      1. Avatar de johannes finckh
        johannes finckh

        oui, mais l’accumulation de quantités astronomiques de billets dans les coffres privés en est une des conséquences.
        Au fond, ce n’est peut-être pas grave en soi, étant donné que se phénomène est en train de s’étendre à l’ensemble des grandes devises, mais cela prouve simplement que les banques centrales n’ont pas vraiment les moyens de faire circuler efficacement la monnaie.
        En dehors de la réalisation du rendement attendu, la monnaie refuse de rendre le service attendu d’elle.
        Pour pousser le raisonnement un peu plus loin, une telle situation comporte un risque théorique considérable d’une hyperinflation, elle ne réduit en rien les montants des dettes et des créances accumulées, et nous assistons, comme au Japon, à une paupérisation lente et continu des plus pauvres et à une impuissance croissante des pouvoirs publics d’y remédier, en dehors des restructurations des dettes souveraines que les détenteurs des ces créances (banques et assurances) devront supporter en les répercutant de toute façon sur les épargnants, retraités et autres détenteurs d’assurance retraite et d’assurance vie.
        Au fond, une telle « précarisation » de l’avoir monétaire – pas vraiment « réalisable », est peut-être une autre version de la « monnaie fondante »?

      2. Avatar de michel lambotte

        Au fond, une telle « précarisation » de l’avoir monétaire – pas vraiment « réalisable », est peut-être une autre version de la « monnaie fondante »?

        L’avoir monétaire n’est pas réalisable parceque nous n’avons plus la croissance énergétique pour le réaliser…. point barre.
        Sans croissance pétrolière, la rente financière vaut pénuts
        L’argent n’est rien, c’est le pétrole qui est tout, Collin Campbell n’hésite pas à le dire dans ce film Cruel sera le réveil
        http://athentransition.over-blog.org/article-film-cruel-sera-le-reveil-le-crash-petrolier-64710544.html
        Sans tenir compte de ce facteur la précarisation risque encore de durer quelque temps.
        Je ne comprends pas que tous ceux qui prétendent lutter contre la précarisation de ne pas tenir compte de ce facteur qu’est la déplétion pétrolière.
        Je comprends encore moins les habitués de ce blog de ne pas tenir compte de cet élément, eux qui prétendent vouloir sortir du cadre.

      3. Avatar de kercoz
        kercoz

        @Michel Lambotte:
        Tu as bien sur raison …mais il sert a rien de s’ énerver…sauf a conforter l’interlocuteur sur ses positions anterieures s’ il se sent agressé.
        Je pense qu’il faut poser le problème autrement :
        Le problème de finitude des resource , notamment energetique , est selon toi et moi majeur et meme initial des problèmes économiques actuels. Selon certains il existe mais comme élément annexe , voire aggravant ……
        Les solutions dans les deux cas divergent (et divergent c’est beaucoup !) .
        – Si l ‘énergie est cause de nos soucis , il faut jeter l’outil economique actuel et en trouver un adapter a une déplétion (chiffrée depuis 2007) de 3 à 5% /an) et surtout , conscient de cette déplétion INELUCTABLE , l’accompagner de mesure si possibles équitables ….jusqu’ à une position stabilisée – attracteur (c’est du comique de répétition !) .
        -Si l’énergie n’est pas ou pas trop en cause , celà permet d ‘éspérer (ou de faire croire) a une réparration de l’outil ou a un meilleur chauffeur -calife.
        Le problème …NOTRE problème c’est que si le premer modèle est juste , …..On peut tres facilement faire acroire au second , histoire de maintenir des privilèges a ceux qui détiennent les clefs du camion . C’est ce que j’appelle l’ effet de collage auquel chacun de nous participe et qui ne bénificiera qu’aux démagos …Jouer sur la croyance au scientisme , a des solutions futures , et au TINA en bronze .
        L’addiction a l’ancien modèle est si fort , meme s’il est récent que ça effraie et perso , ne me fait esperer qu’en des solutions individuelles qui si elles sont nombreuses peuvent devenir LA solution globale .

      4. Avatar de Eg.O.bsolète
        Eg.O.bsolète

        @kercoz.

        Je considère que le plus équitable pour partager la décroissance se sont les TEQs.
        On viendra je crois, et si on n’y vient pas je crains que le monde de demain ne soit impitoyable.

      5. Avatar de kercoz
        kercoz

        @O . Bso late :
        je n’ y crois pas un instant . Ceux qui le pourront pomperont les denieres gouttes de petrole bon marché…..La seule façon de baisser la demande seront les pénuries locale et générales ..Ca ne peut pas sortir par le haut sans dictat .
        Ce qui peut nous sauver c’est que pour qu’il y ait du consumérisme (constante actuelle) , il faut un débit minimum dans les tuyaux , et que ça va déliter domaine par domaine au bout d’un moment …la globalisation devrait echouer .

      6. Avatar de jducac
        jducac

        @ johannes finckh 22 décembre 2011 à 09:24

        Au fond, une telle « précarisation » de l’avoir monétaire – pas vraiment « réalisable », est peut-être une autre version de la « monnaie fondante »?

        C’est certain et bien plus que peut-être. Plus on imprime de monnaie, moins elle a de valeur, car la vrai valeur, pour les êtres vivant sur terre, c’est ce qui leur permet de vivre. En premier l’eau et l’énergie alimentaire. Cela nous permet de nous animer, (le contraire d’inanimé= mort). Nous pouvons mouvoir les diverses masses des diverses parties de nos corps, en dépit du champ de forces naturelles qui s’y opposent et en premier, la gravité. Les animaux sont bien moins vulnérables que nous, parce qu’ils ont su se rendre autonomes, en particulier pour s’affranchir des variations climatiques.

        C’est là qu’entre en jeu l’énergie autre qu’alimentaire. Elle nous est même devenue indispensable pour la production et la conservation de nos aliments. Ainsi, si en France, on devait remplacer nos importations de fioul par une production sur place d’huile permettant de faire fonctionner nos machines agricoles (tracteurs et autres), nous devrions y consacrer 20 à 25% de nos terres cultivables, sans compter l’énergie nécessaire à l’élaboration des métaux et à la fabrication de ces tracteurs et autres matériels. Je fais abstraction des engrais et autres produits utilisés en agriculture.

        Mais l’alimentation ne suffit pas il faut aussi de l’eau. Sans énergie électrique, dans nos pays développés nous serions privés d’eau à cause de l’énergie à dépenser dans des pompes entre la captation et les châteaux d’eau et même pour la monter dans les immeubles à grande hauteur.

        Sans pétrole nous serions privés de tous les produits qui en sont dérivés et qui servent à nous protéger des variations climatiques (vêtements, bâtiments d’habitation etc…..). Nous serions surtout très handicapés dans nos capacités à nous mouvoir et à transporter tout ce que nous déplaçons autour de nous pour assurer notre vie.

        Pour vivre dans nos pays développés, il nous faut beaucoup d’autres choses auxquelles l’énergie nous donne accès, les médicaments, l’information, les distractions etc….. Un Etasunien consomme en moyenne 5 fois et un Européen 3 fois ce que consomme en moyenne un Chinois, lequel consomme 3 fois plus qu’un Ethiopien.

        Il n’est pas besoin de développer de grandes théories pour avoir une idée des régions du globe qui vont le plus souffrir de la raréfaction des ressources non renouvelables d’énergie et de minerais. Il suffit de voir ce qu’elles consomment pour vivre, en prenant en compte ce dont elles disposent en réserve dans leur sous sol, pour identifier les plus vulnérables. Il n’est donc pas étonnant que l’€uro soit la monnaie attaquée en premier.

        La vraie monnaie universelle fondante, c’est le dollar qui est celle utilisée pour le commerce de l’énergie (pétrole, gaz etc…). Saddam Hussein, cet imprudent, avait un temps voulu vendre son pétrole en €uro. Il l’a payé cher. Il aurait du comprendre que ceux qui peuvent se procurer du pétrole en échange de papier marqué dollar, y auraient énormément perdu et ils lui ont fait savoir par la force.

        L’analyse du problème énergétique de la planète a été faite par Meadow il y a 40 ans et a été reprise par Paul Chefurka plus récemment. Mais, avec le manque de courage qui caractérise tous les individus de notre époque, chacun préfère détourner le regard et s’exciter sur des conséquences plutôt que de regarder en face la cause profonde qui met en péril l’avenir de notre civilisation. http://www.countercurrents.org/chefurka201109.htm

        @ michel lambotte 22 décembre 2011 à 10:49
        Je pense que sur le plan de l’énergie, nous sommes à peu près en phase. Même votre machine à aérer le sol est concernée. Avez-vous prévu une version électrique ?

        Quant aux questions d’investissements destinés à générer une rente énergétique, j’ai abordé le sujet ici : http://www.pauljorion.com/blog/?p=32031#comment-272818

        J’y ai aussi traité de la rente de l’argent et de la rente du savoir. Il y a beaucoup de sortes de rentiers (qui s’ignorent) sur terre.

        Bien cordialement.

      7. Avatar de michel lambotte

        @ Kercoz

        Je suis bien entendu d’accord avec toi, mais ce qui me fait râler est de savoir que nous avons tous les éléments en main pour réussir à réticuler toutes les initiatives individuelles autour d’un projet collectif. Je sais d’autre part que c’est une crise de civilisation et qu’il faut du temps pour que l’inconscient collectif puisse l’assimiler.
        Quand je parle de tout cela dans mon entourage je ne peux que constater l’ignorance du problème de la finitude
        Quand un de tes petits fils de 11 ans vient te dire « Papy, c’est nous qui prendrons la merde en pleine figure », qu’est qu’on fait? A cet âge il est plus au courant de ce qui se passe que certain adulte, c’est quelque part rassurant.
        C’est ta première solution qui doit être développée, (il faut jeter l’outil economique actuel et en trouver un adapter a une déplétiondes ressources.) mais malheureusement par ignorance populaire, c’est la deuxième qui est appliquée, il nous reste encore beaucoup de travail de persuasion et d’exemplarité.
        Pour l’instant, je me tourne résolument vers les villes en transition, je pense que c’est là que j’aurai le plus d’impact, cela ne coûte rien d’essayer, de toute manière, il en restera toujours bien quelque chose qui servira à mon petit Louis.

      8. Avatar de michel lambotte

        @ jducac
        Cher Jacques,

        Je vous demande de bien vouloir m’excuser d’avoir cité votre nom dans un commentaire qui ne vous concernait pas, je reconnais là un procédé pas très correct de ma part.
        Ceci dit, après avoir lu cet intéressant échange que vous avez eu avec Pierre-Yves D, je voudrais revenir sur la rente énergétique et essayer de démontrer de cette manière l’inefficacité de l’épargne et de la rente financière.
        J’ai installé et payé la chaudière de mon fils, je voudrais en rester propriétaire par un acte notarial en bonne et due forme et recevoir des « certificats verts au prorrata des économies d’énergie réalisées » qui pourraient être investis seulement vers d’autres économies d’énergie.
        Il s’agit de déplacer l’épargne et la rente monétaire vers l’épargne et la rente énergétique en faisant circuler l’argent .
        Je ne suis pas contre l’idée capitaliste, elle est et restera éternelle, mais vers quoi l’appliquer est toute la question et c’est ce qui nous éloigne encore.
        Je suis peut-être un peu iconoclaste, mais quand on est devant un système en panne, on n’a pas le droit d’émettre des idées reçues ou autres aprioris, il faut réfléchir froidement au fonctionnement du système et se dire que tout peut arriver.
        La plupart des gens réagissent comme un technicien devant la chaudière en panne et qui remplacerait les pièces du brûleur les unes après les autres pour s’apercevoir in fine que la jauge est défectueuse et que la citerne est vide. Cas vécu de la part d’un jeune technicien.
        C’est facile de se débarrasser de la patate chaude, beaucoup plus difficile est d’émettre des hypothèses en avance sur leur temps.
        Cordialement

        MIchel

      9. Avatar de kercoz
        kercoz

        @Michel Lambotte :
        Tu vois , meme là , nous ne sommes pas en phase . Tu écris :
        ///// réussir à réticuler toutes les initiatives individuelles autour d’un projet collectif. ///
        Et tu réagis en batisseur , tu veux faire des projets …c’est cette démarche humaine qui nous a perdu : Nous ne savons pas projeter sans simplifier .
        Si réticulation il doit y avoir, elle se fera d’elle meme en répondant a un besoin collectif non projeté et émmergent . C’est du moins ce qui devrait se passer en théorie .
        La création d’une structure ne devrait n aucun cas etre « pensée » , sinon elle répondra a des besoins qui ne sont pas les notres mais a ses propres besoins …comme actuellement .

        @Ducac :
        Il faut tres peu de puissance et encore moins d’énergie pour alimenter les chateaux d’eau ….Meme sur des modèles déplétifs tres hard , l’eau sous pression au robinet ne devrait pas manquer …(Sauf bien sur pour les tours urbaines…mais pour d’autres raisons).

      10. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Kercoz
        /// La création d’une structure ne devrait en aucun cas être « pensée » ///
        Nous avons été dotés de cinq sens pour percevoir et d’un cerveau (entre autres) pour penser.
        Le modèle de société dans lequel nous vivons n’est d’évidence pas le bon.
        Croyez-vous vraiment que nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre que godot fasse émerger une nouvelle société du fond de la marmite?
        Je crois encore à des adages du type: « Aide-toi, le ciel t’aidera ».

      11. Avatar de kercoz
        kercoz

        @Basic R.
        Ma démarche est théorique .
        vous dites :
        //// Croyez-vous vraiment que nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre que godot fasse émerger une nouvelle société du fond de la marmite? ////
        Un économiste (s’il y en a un ds l’avion) vous dira que pour « planifier  » , vous ferez précéder l’ offre a la demande …….Moi je dis le contraire : Si vous avez un besoin , vous sollicitez l’ offre par votre demande et il n’est pas normal d’avoir une satisfaction immédiate . (Je parle de besoins essentiels ).
        ex ..Vous vivez en autonomie relative (10 ou 90%) …vous avez « besoin » d’ une binette , d’un vélo ou d’une remorque …ou d’un ordi ; vous faites savoir votre demande ..s’il n’ y en a pas en choix multiple , un artisan local pourra vous le fournir moyennant un délais et une somme plus importante (qu’un choix standard) , mais qui valorisera l’importance de votre « besoin » … Pour ce faire , l’artisan a besoin de métal ou de de cadres …etc …et reporte votre demande … qui peut coincider avec d’autres … L’important serait de ne jamais anticiper la demande ! Pas facile mais a mon sens vital .
        Intuitivement , je sens que cette inversion offre /demande est primordiale .

        Quel besoin d’attendre Godot ! Tant qu’on nous laisse vivre , vivons ! de la façon la moins pénible et la moins risquée , au vu des conjectures proches ou lointaines … pas forcément en marge ….en gardant un pied (le gauche, ça porte bonheur!) ds la société.

      12. Avatar de michel lambotte

        @ kercoz
        Tu as raison, la réticulation se fera d’elle même, je dirais en auto émergence, je me suis mal exprimé, je n’ai aucun projet préétabli dans ce sens, cela ne servirait à rien.
        A partir du moment on parle de réseau, la meilleure façon d’y collaborer est de bien faire ce qui est à notre portée en en parlant le plus possible et en améliorant l’exemplarité.
        C’est un peu ce qui se passe dans les villes en transition.
        Je ne dis pas cela pour te faire plaisir, je le pense sincèrement.
        Si tu as une objection, n’hésites pas!

      13. Avatar de michel lambotte

        @BasicRabbit

        Je crois encore à des adages du type: « Aide-toi, le ciel t’aidera ».

        Moi aussi
        Aide-toi: l’exemplarité et la verbalisation
        le ciel t’aidera: l’auto émergeance du réseau

        A mes yeux, on peut voir cela comme ça

      14. Avatar de jducac
        jducac

        @ michel lambotte 22 décembre 2011 à 17:15

        Je voudrais revenir sur la rente énergétique

        Votre idée me semble compliquée à mettre en œuvre et je me demande même si elle est possible d’après ce que j’ai vu à l’adresse suivante : http://fr.wikipedia.org/wiki/Certificat_vert

        Cette chaudière restant votre propriété, devrait être couverte par une assurance, être entretenue, et amortie (coût d’achat, d’installation et de désinstallation) sur la durée du contrat de location à votre fils. Est-ce que « le jeu en vaut bien la chandelle ? » C’est à vous d’apprécier.

        Je ne suis pas contre l’idée capitaliste, elle est et restera éternelle, mais vers quoi l’appliquer est toute la question

        A mon avis, à partir des capitaux disponibles il faut investir dans des moyens de production d’énergie (renouvelable ou nucléaire de fusion) tant qu’il reste de l’énergie non renouvelable disponible et pas trop chère pour mettre en place ces nouveaux moyens. Ceci doit être fait dans le but de faire survivre et se perpétuer notre espèce, sur terre le plus longtemps possible.

        Pour plus tard, mais il ne faudrait pas tarder, vu la complexité de la tâche, il conviendrait que l’humanité cherche à faire survivre ses gènes hors de la terre. Ce ne peut être qu’au titre d’un programme international concernant l’humanité entière. Il n’y aura probablement pas de place pour tout le monde. Là encore, il y aura sélection, dans l’intérêt de l’espèce.

        Cordialement. Jacques

      15. Avatar de BasicRabbit
        BasicRabbit

        @ Kercoz
        /// Intuitivement , je sens que cette inversion offre /demande est primordiale. ///
        Moi, je suis de l’avis de Paul Jorion. Le système économico-financier actuel cloche parce que l’établissement d’un prix n’est pas un problème d’offre et de demande, c’est un problème politique: le prix est le résultat de l’harmonisation d’un conflit entre acheteur et vendeur.

      16. Avatar de michel lambotte

        @jducac

        Or, quelle différence y-a-t-il, fondamentalement, entre d’une part, le fait de décider d’épargner en travaillant sur soi pour capitaliser de la valeur (de l’argent) afin de disposer d’un capital suffisant, lequel permet d’en vivre en le louant, ou l’échangeant et, d’autre part, le fait, par exemple, de décider de s’instruire en travaillant sur soi pour capitaliser de la valeur (des connaissances) afin de disposer d’un capital suffisant qui permet de vivre en le louant sous forme de conseils, de cours, de savoir faire, ce qui permet de vivre?

        A mes yeux, la différence est fondamentale.
        Quand on vit en louant une épargne monétaire on vit d’un surplus de production du travail de quelqu’un d’autre, on lui séquestre une partie de son travail, et son travail ne peut se réaliser que par une dépense d’énergie et de matières premières, donc on séquestre une partie de la consommation des ressources planétaires.
        Quand on arrive au terme de ces ressources ou tout simplement au terme de la croissance de sa disponibilité tel que c’est le cas aujourd’hui pour le pétrole, il y a un problème de remboursement de la rente de cette épargne, la complexité aidant, on est en crise.

        Quand on capitalise du savoir, on se trouve dans un autre paradigme.
        Une idée plus une idée égale une troisième sans que les deux autres ne perdent de la valeur.
        C’est ce capital savoir qu’il faut utiliser pour développer la rente énergétique dont je parle plus haut.
        Nous sommes dans un paradigme de coopération plutôt que de compétition, ce qui me fait dire que le pouvoir du savoir est en train de dépasser le pouvoir de l’argent.

      17. Avatar de michel lambotte

        @ jducac

        Les certificats verts ne vont pas à ceux qui en ont le plus besoin au contraire de la rente énergétique qui sera justement crée pour ceux qui en ont le plus besoin.
        Il sera de toute façon plus intéressant de placer son argent en rente énergétique que de le perdre en bons d’état.
        Je ne dis nulle par que ce sera simple à mettre en oeuvre, mais tant qu’on aura pas essayé, personne ne peut me prouver que c’est impossible.

        D’autre part, pourquoi vouloir à tout prix produire de l’énergie?
        D’abord on ne produit pas de l’énergie on la capte, on l’extrait ou on la transforme.
        Ensuite il faut d’abord boucher les trous, ce qui signifie
        relocalisation des activités,
        redéfinition des besoins,
        isolation tout azimut
        recours aux énergies renouvelables captées et utilisées sur place sans avoir recours à de dispensieux dispositifs de distributions centralisés.
        jardiner la planète
        prosommation et autoconstruction
        ETC
        C’est dans la création de ce genre d’activités que devrait être utilisé le pétrole restant, certainement pas en essayant de s’échapper de l’attraction terrestre

      18. Avatar de michel lambotte

        @BasicRabbit

        kercoz ne parlait pas de prix, tout comme moi il s’inscrit dans une économie de déplétion où la demande devient primordiale et individuelle.

      19. Avatar de jducac
        jducac

        @ michel lambotte 22 décembre 2011 à 22:36

        Quand on vit en louant une épargne monétaire on vit d’un surplus de production du travail de quelqu’un d’autre, on lui séquestre une partie de son travail, et son travail ne peut se réaliser que par une dépense d’énergie et de matières premières, donc on séquestre une partie de la consommation des ressources planétaires

        Bravo Michel, vous entrez dans un processus de raisonnement analytique et déductif tel qu’il conviendrait de le suivre à chaque fois que l’on souhaite aller au fond des choses et accéder à une représentation réaliste des phénomènes étudiés. Si on ne le fait pas, on reste prisonnier de représentations souvent biaisées, c’est-à-dire trompeuses, que certains propagent dans le but de défendre une thèse qu’ils finissent, en la répétant et la faisant répéter, par faire admettre comme vrai alors qu’il s’agit en fait d’une pure manipulation. Une arnaque au niveau de la pensée.

        Beaucoup sont persuadés que le prêt à intérêt n’est pas moral parce que depuis longtemps ils ont été conditionnés pour le croire sans approfondir le sujet. Je suis d’un avis contraire et pense utile de l’expliciter.

        Je pars du travail qui permet de vivre grâce à l’argent que l’on obtient en échange des biens et services que l’on produit. Cet argent équivaut à un travail réalisé. Il n’a pas été volé. Il n’y a rien d’immoral à le posséder. Une fois gagné et possédé, l’argent sert au travailleur à couvrir ses besoins essentiels (nourriture, habillement, logement, impôts etc…) laissant dans nos pays développés, chez nombre de citoyens, un surplus qui peut servir à agrémenter la vie ou à se préparer à faire face à un besoin futur (l’achat d’un logement, la couverture des frais de vieillesse, etc….)

        A ce stade de l’analyse il est nécessaire de bien noter que celui qui décide de privilégier la prise en compte des besoins du futur (parfois encore indéterminés), se conduit de manière plus vertueuse, à mon sens, (donc plus morale vis-à-vis de sa communauté) que celui qui, sans attendre, opte pour agrémenter sa vie immédiatement en consommant pour ses plaisirs tout son argent disponible. En effet, pour ne pas dépenser son argent tout de suite, l’épargnant doit freiner ses envies, résister aux multiples tentations, fournir un véritable travail sur lui-même, pour se hisser par la volonté, à un niveau d’homme responsable, conscient de ses devoirs au regard de sa communauté d’appartenance et de son espèce.
        C’est en effet un trait marquant de l’espèce humaine développée, que de se montrer apte à anticiper, à se projeter dans le futur en prenant des dispositions dans le présent de nature à la faire survivre.

        Ayant fait cela, l’épargnant se grandit par rapport à son homologue qui avait le même revenu mais qui, pour jouir immédiatement, a préféré le consommer en totalité afin de se rendre la vie agréable. En faisant cela, le consommateur compulsif se rend délibérément plus vulnérable aux aléas de la vie, car il ne dispose d’aucune réserve susceptible de l’aider à passer une période difficile. Il le sait car il a appris la fable la cigale et la fourmi, mais il est lâche en ce sens qu’il fera tout pour rallier à son comportement tous les autres êtres faibles qui présenteront alors les possesseurs d’argent épargné comme de mauvaises gens alors qu’il s’agit en réalité de gens très nettement plus vertueux qu’eux. Le moment venu, telle la cigale, ils demanderont de l’aide.

        Les attitudes vertueuses au niveau des individus conduisent à rendre leurs communautés moins vulnérables à l’exemple des pays d’Europe du Nord. Les attitudes de consommateurs compulsifs conduisent à fragiliser leurs communautés qui tendent à s’endetter, telles les pays d’Europe de Sud.

        L’Europe en tant que regroupement de pays est devenue vulnérable et déstabilisée à cause de ces pays qui ont préféré s’endetter plutôt que de freiner leur consommation. Cela semble évident, mais les promoteurs anti-épargne et pro-consommation préfèrent rechercher des boucs émissaires plutôt que de regarder la réalité en face.

        Les sociétés, faites de consommateurs-jouisseurs compulsifs, sont vouées au déclassement pour laisser la place à ceux qui épargnent une partie de leurs revenus, ce qui conduit à épargner la planète et donne de meilleures chances à l’espèce humaine de faire face aux défis auxquels elle est confrontée, notamment le défi démographique.

        Ce que je viens d’expliciter traduit ce que les dirigeants de l’Allemagne et de la France ont fait comprendre aux autres membres de la zone euro. Il ne sert à rien de critiquer les riches, il vaut mieux inciter à les imiter car ce sont des personnes qui, pour s’enrichir, épargnent en ne dépensant pas tout ce qu’elles gagnent. C’est une démarche vertueuse en soi, qui m’a été enseignée par des gens pauvres. Ils ont vécu heureux sans rien voler aux autres et sans fragiliser leur communauté au contraire. A leur mort, ils ont laissé un solde positif et transmis de bons préceptes.

        Je vais être hors internet pendant quelques temps, alors, je vous souhaite un joyeux Noël.

    2. Avatar de octobre
      octobre

      Jducac
      Mais, avec le manque de courage qui caractérise tous les individus de notre époque, chacun préfère détourner le regard et s’exciter sur des conséquences plutôt que de regarder en face la cause profonde qui met en péril l’avenir de notre civilisation.

      C’est faux évidemment. Vous n’avez pas le sens de l’observation et vous avez toujours les pieds dans le même sabot paysan. Et les mots que vous sortez du clavier sont fabriqués du même bois ; c’est à dire déconsidérer l’autre dans son énergie psychique : là où, précisément vous n’êtes pas en mesure de forer par manque total de savoir.

  14. Avatar de BA
    BA

    Mercredi 21 décembre 2011 :

    Pays-Bas : la banque centrale néerlandaise (DNB) pourrait enregistrer une perte en 2011 en raison de la crise économique dans la zone euro, et a décidé de ne pas verser de dividende intérimaire, a annoncé mercredi le ministre des Finances, Jan Kees de Jager.

    « Il faut tenir en compte la possibilité que la DNB, en lieu et place du bénéfice prévu, présente un bénéfice moins important, voire une perte », a indiqué Jan Kees de Jager dans une lettre adressée à la chambre basse du parlement.

    Ces pertes potentielles, la DNB les attribue au programme d’achat d’obligations souveraines (SMP) que la BCE a réactivé cet été, sous la pression des marchés. Mais ces pertes ne sont pour le moment que virtuelles, la banque centrale se devant de valoriser les titres de dette qu’elle possède à la valeur du marché.

    Le ministre a assuré que la DNB, dont l’Etat néerlandais est l’unique actionnaire, a décidé de ne pas verser de dividende intérimaire pour 2011, alors que le ministère des Finances avait compté dans son budget sur un dividende intérimaire de 575 millions d’euros. Cette décision aura pour conséquence d’alourdir le déficit du gouvernement néerlandais à 4,6% contre 4,5% prévu initialement.

    En décembre 2010, la DNB avait versé un dividende intérimaire de 1,02 milliard d’euros à l’Etat néerlandais, selon le quotidien économique Het Financieele Dagblad.

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20111221trib000672824/la-banque-centrale-neerlandaise-se-protege-contre-des-pertes-potentielles.html

    Et la Banque de France ?

    Combien elle va perdre, la Banque de France ?

  15. Avatar de vigneron
    vigneron

    Patate chaude, j’aime pas trop l’expression, tu la bouffes la patate quand t’as faim, tu la fais sauter en l’air main droite main gauche, ou bien quand elle a suffisamment refroidi, c’est celui qui l’a en main qui a gagné, non, je préfère mistigri ou tracassin ou la grenade dégoupillée..

  16. Avatar de vigneron
    vigneron

    Y’a aussi un truc qu’on relève beaucoup moins que les dégradations de signature des États, c’est celles des banques. Le massacre de Fitch vendredi dernier sur les notes d’émetteur long terme de BoA (A+ à A), GS (idem), Barclays, BNP, Deutsche Bank, Crédit Suisse (tous de AA- à A+), mine de rien, comme dit l’autre, « ça fait sens »…

  17. Avatar de tchigo
    tchigo

    Bonjour François Leclerc,

    pourrait-on en savoir plus sur « l’assouplissement des règles de la banque centrale » ? Qu’est ce qui permet d’avoir un collatéral dégradé dans les textes ?

    Merci d’avance

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