Bételgeuse à Véga : « Les signaux de TerreMH370 dérivent – stop » (à la recherche des héros discrets), par Timiota

Billet invité.

Les dernières nouvelles sur le vol disparu MH370 confirment le positionnement sud par l’analyse fine de l’effet Doppler (celui qui fait changer la fréquence du « pin-pon », on l’entend plus aigu au rapprochement, plus grave à l’éloignement).

L’effet Doppler, sur une transmission autour de 1 GHz, fait un écart de fréquence 100 Hz (donc par exemple 1 000 000 100 Hz) pour une vitesse relative de 30 m/s (108 km/h). C’est sans doute peu en soi. Aussi a-t-il fallu la comparaison à d’autres avions suivis dans les mêmes conditions pour confirmer ces toutes petites dérives de la porteuse et les utiliser pour reconstituer le vol. Il n’est pas clair si c’est le Doppler de l’avion par rapport à un satellite supposé fixe. Ou si, comme le disent les spécialistes des satellites, c’est le mouvement « résiduel » en forme de 8 des satellites géostationnaires, qui est de l’ordre de quelques centaines de km quand même autour de leur position d’équilibre à 36000 km, qui donnait le gros de l’effet Doppler. Dans ce dernier cas, c’est ce qui permet de faire la différence entre des trajets nord et sud d’un avion émetteur d’un côté ou de l’autre de l’équateur où gît le satellite. Les satellites de ce type ne se restabilisent en effet que de temps à autre vis à vis des perturbations gravitationnelles (Lune, …) accumulées, la ressource en carburant embarquée étant finie et la durée de vie étant à maximiser (ici déjà 24 ans).

Zoom arrière, très grand angle:

Notre Terre pourrait faire l’objet d’un scénario « TerreMH370 », où des correspondants de Bételgeuse et Véga, experts en sondes planétaires sur d’autres étoiles, tenteraient de s’expliquer qu’est-ce qui fait que notre « fréquence thermique », repérable par les infrarouges que la Terre émet, dérive année après année (*). Ils reçoivent nos « pings », mais ne comprennent pas vraiment.

Ils nous voient dériver dans une zone d’intérêt inconnu (vers l’Antarctique) jusqu’à épuisement de notre carburant (fossile), qui forant, qui frackant.

Comme ce n’est pas clair pourquoi on fait ça, ces Bételgiens malins ont récemment décidé d’envoyer une sonde spéciale « I&J » (°) pour y voir plus clair. Leur sonde qui s’établira temporellement en 2132 du côté d’Annemasse (°), me dit mon petit doigt. Cette sonde est munie de capteurs d’évènements vivants très performants, bientôt plus sur ce blog.

Qui peut sauver notre « TerreMH370 » ? Eh bien en matière d’effet Doppler à corriger, il y a un précédent instructif, un autre I&J (°) un peu acharné, ou « finicky » (pointilleux) comme le dit David Niven (C’est sa réplique dans les « Canons de Navaronne », où l’enjeu, romancé à souhait, est de sauver un petit bout d’humanité soldatesque britannique coincée à l’autre bout de l’Egée (bataille du Dodécanèse) par la menace d’un canon géant allemand à l’abri dans une haute falaise,).

Ce précédent, c’est celui qui a permis à la sonde Huygens d’aller se poser sur Titan après s’être détaché de Cassini (qui est lui resté en orbite autour de Saturne) , le 14 janvier 2005, tout en pouvant encore communiquer. On pourra lire ici qu’une erreur de communication due à une mauvaise prise en compte de l’effet Doppler s’est révélée bien après le départ en 1997 de la mission à mi-chemin en gros.

La détection de cette anomalie est due à l’acharnement d’un seul homme, que l’IEEE a appelé un « unsung hero » (héros discret). Son nom est Boris Smeds, c’est un Suédois. Son histoire constitue un exemple remarquable d’ »éthique de l’ingénieur », attaché à ce que « cela marche » quand il s’agit d’un but en terme de réelle connaissance. On la lira en anglais avec profit ici : Titan calling.

Boris Smeds ne fut reçu qu’avec scepticisme lors de ses premières critiques, et dû faire preuve d’un courage certain pour pousser plus avant les tests.

Aujourd’hui, notre Terre s’est fixée des drôles de règles, comme en témoigne ses signaux thermiques en dérive :

Laisser gouverner avec le cap fixé vers un lieu hostile, ce qu’on appelle un lieu « compétitif » pour les 1%.

Y aller en brûlant son carburant.

Et en ne sachant pas comment atterrir.

Il est temps de pouvoir faire place à des Boris Smeds, il est temps d’atterrir hors du maelstrom de la spéculation, et il sera bientôt temps d’aller humer les brins de ciboulette au bord de la piste.

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(*) Notre haute atmosphère se refroidit, étant au-dessus d’une couette d’eau [H2O = principal gaz à effet de serre, mais se raréfie vite en altitude, d’où la distinction entre basse et haute atmosphère, privée d’eau quasiment]. C’est cette couette d’eau qui se trouve épaissie et rendue plus « isolante » par l’addition croissante de l’effet de serre du CO2. Ce qu’on appelle habituellement « effet de serre » se produit bien ainsi, laissant la haute atmosphère de plus en plus froide.

(°) S’éclairera bientôt.

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