Un petit air de confiance

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

La confiance a l’air de revenir petit à petit dans les emprunts interbancaires : le TED (Treasury – EuroDollar), notre baromètre, qui avait grimpé jusqu’à 4,64 % le 10 octobre, est retombé aujourd’hui à 2,77 %. On n’est pas encore revenu au 1,21 % du 11 septembre, la veille du jour où les choses ont tourné au vinaigre, ni surtout aux 0,44 % du 8 août de l’année dernière. Le 10 août on était passé à 1,03 % et le tarissement du crédit débutait. Pour qu’on soit sorti de l’auberge, il faudrait donc qu’on soit retombé en-dessous des 1 %. Je vous tiens au courant.


© Bloomberg

Mais les affaires reprennent : on apprend que les banques américaines qui ont chacune reçu 25 milliards de dollars du contribuable (enfin, indirectement) ont l’intention d’en passer une partie en dividendes, une autre partie à racheter leurs concurrentes moins chanceuses et qu’elles utilisent une portion de l’argent qu’elles ont reçu – attachez vos ceintures ! – à faire du lobbying visant à l’annulation des mesures gouvernementales de semi-nationalisation. Est-ce que ce n’était pas plutôt de l’argent qu’on leur avait insufflé pour qu’elles puissent le prêter à faire des choses utiles ? Oui, ça c’est ce qui se serait passé s’il s’était agi d’une « nationalisation » mais ce qu’on a fait, c’est une « semi-nationalisation » – nuance !

Et la grande catastrophe que certains nous annonçaient pour aujourd’hui et que je chiffrais personnellement à entre 0 et 365 milliards de dollars de pertes, accompagnée de la chute de nombreux fonds spéculatifs ? Une seule petite note jusqu’ici : la Depository Trust & Clearing Corporation qui déclare : « Pas de pertes ». Pas de pertes, on veut bien mais… « C’est un peu court, jeune homme ! On aurait pu dire bien des choses en somme… », comme le montant des sommes qui ont été déboursées par exemple. Plusieurs commentateurs ces jours derniers citaient entre 200 et 250 milliards comme montant probable. Ce « pas de pertes », sonne un peu trop à mon goût comme un « Circulez, y a rien à voir ! » : ce qu’on dit à la foule quand il y a précisément un cadavre au milieu de la chaussée. Donc, je ne baisse pas ma garde et je vais garder mes oreilles et mes yeux grand ouverts dans les jours qui viennent. En fait, si des hedge funds sont ce soir dans les derniers dessous, ils ne sont pas obligés d’aller le crier sur tous les toits : ils peuvent attendre pépère de le faire savoir dans leur bilan trimestriel, et d’ici-là les choses peuvent s’arranger un peu… du moins si la confiance revient pour de bon !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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23 réponses à “Un petit air de confiance”

  1. Avatar de bankster

    AFP le 22/10/2008 01h07

    Etats-Unis: la Fed prêtera jusqu’a 540 milliards de dollars pour aider le marché monétaire

    « La banque centrale américaine a annoncé mardi une nouvelle mesure d’aide contre la crise du crédit, en offrant jusqu’à 540 milliards de dollars de prêts pour aider les fonds monétaires à acheter des titres de dette des entreprises.

    La nouvelle facilité permettra de fournir aux fonds monétaires et à d’autres investisseurs des financements pour acheter sur le marché secondaire des billets de trésorerie (« commercial paper ») dont la maturité est inférieure à 90 jours, mais également des certificats de dépôt, titres qui permettent à l’inverse aux entreprises de faire travailler leurs excédents de trésorerie.

    Ces crédits seront distribués par la Réserve fédérale de New York, intermédiaire traditionnel entre la Fed et les marchés.

    Le marché pour ces actifs financiers, considérés en temps normal comme sûrs et offrant des rendements modestes, a été gelé ces dernières semaines par un manque d’acheteurs désireux d’acheter ces titres.

    (…)

    Les autorités craignent qu’un gel du marché de la dette à court terme des entreprises ne perturbe gravement leur fonctionnement, en compliquant le versement des salaires ou le paiement des fournisseurs.

    La Fed a donc créé cette facilité qui financera cinq structures privées, toutes gérées par la banque JPMorgan Chase, qui permettront aux investisseurs d’acheter ces titres, selon des responsables de la banque centrale.

    Le but d’un fonds monétaire, comme les SICAV monétaires françaises, est habituellement de fournir aux investisseurs un endroit peu risqué pour placer à court terme. Mais beaucoup ont dû faire face à des retraits d’argent de la part de leurs clients, allergiques à tout risque.

    La crise récente a amené l’un d’entre eux à annoncer des pertes, un fait rare qui a eu un fort retentissement dans la communauté financière.

    (…)

  2. Avatar de vladimir
    vladimir

    bonjour,

    Les Hedge se rattrappent sur la speculation monetaire, avec tous les degats sur les emprunts a taux variables indexes
    sur les devises etrangeres des collectivités locales…:

    L’euro tombe sous 1,30 dollar

    TOKYO – L’euro est passé mercredi sous le seuil des 1,30 dollar pour la première fois depuis le 13 février 2007, le billet vert profitant des espoirs d’un nouveau plan de relance aux Etats-Unis.

    A 03H30 GMT, la devise européenne s’échangeait contre 1,2930 dollar sur le marché à Tokyo, contre 1,3073 dollar la veille au soir à New York.

    La monnaie américaine profite depuis lundi des propos du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, qui s’est déclaré favorable à l’examen d’un nouveau plan de relance par le Congrès américain.

    Les démocrates, qui contrôlent le Congrès, se sont prononcés en faveur d’un plan de relance de 150 milliards de dollars.

    Un premier plan de relance d’un montant de 168 milliards de dollars avait été adopté par le Congrès en janvier et mis en place au printemps. Il avait eu un effet jugé positif par les économistes, mais très provisoire.

    Selon les cambistes, la devise européenne pâtit également de spéculations selon lesquelles la Banque centrale européenne (BCE) se verra bientôt contrainte d’abaisser à nouveau son taux directeur pour tenter de faire redémarrer l’économie de la zone euro.

    Depuis son sommet historique à 1,6038 dollar pour un euro le 15 juillet, la monnaie européenne a perdu l’équivalent de 19,4% de sa valeur.

    22 octobre 2008 05h52

    http://www.romandie.com/ats/news/081022035257.c7ix36eo.asp

  3. Avatar de Strategix
    Strategix

    Un petit air de confiance.

    Voilà le titre adéquat pour poursuivre nos échanges. Le vent de l’espoir s’est levé. Voyons où il nous portera.

    La vigueur et le nombre des réactions est de bon augure quant à la mobilisation possible de bonnes volontés et l’ajout d’un nouveau noeud au réseau de reflexion sur l’avenir de nos sociétés.

    L’une des interventions (Sounion) évoquait, si ce n’est invoquait, l’inflation comme outil de redistribution des cartes.
    C’est vrai, c’est une piste qui m’est longtemps apparu prometteuse.
    L’atout est que c’est le moyen démocratique le plus puissant pour redistribuer les richesses sans violences manifestes.
    L’inconvénient est qu’aucun d’entre nous, à ma connaissance, n’a le pouvoir de l’invoquer. En revanche, cette arme reste à la disposition des dirigeants s’ils étaient convaincu de la nécessité d’y recourir. Là c’est la vraie piste.
    Encore que le système soit décidément bien fichu, en Europe cette arme a été rangé dans l’armurerie tenue par Trichet pour l’instant, et les successeurs seront tout aussi averses à l’inflation.
    Mais cette idée reste à creuser tant elle présente d’avantages, néanmoins la vulgate la voue aux gémonies. Il serait intéressant de retrouver les travaux sur les réels inconvénients d’un chox inflationniste.

    Si l’on exclu les faiblesses de nos sociétés liées à l’hyperdépendance aux infrastructures de communications et energétiques, la seule faiblesse est l’embourgeoisement (perte des capacités combatives) de larges couches de possédants. Ceux-ci pourraient être dépossédées par l’inflation sans réactions virulente à attendre. Les gouvernants pourraient être intéressés à cette opération s’ils y étaient suffisaamment acculés. J’ai l’intuition que la maîtrise de l’inflation prpotège surtout les rentiers au dépends des actifs.

    L’inflation se traduirait par une ruine des rentiers (détenteurs d’obligations et de revenus fixes) et une redistribution de la répartition de la Valeur Ajoutée. Et là, les actifs ont toutes leurs chances de pouvoir défendre au mieux la part qui leur revient.

    L’une des voies démocratique possibles pour la redistribution des cartes est donc le recours à l’inflation, mais pour cela il faudrait que les gouvernements y trouve un intérêt relatif, ce qui n’est ps le cas pour l’instant.

    L’autre voie contourne le système et consiste à promouvoir une société de décroissance, ce qui semble sous jacent aux écrits de Paul Jorion.

    D’autres voies existent sans doute. La plus simple et la plus pacifique me paraissant être celle de la décroissance. Mais il ne faut pas être naïf, un pays a toujours besoins de ressources pour protéger les plus faibles, pour entretenir une armée et un système judiciaire pour dfendre la propriété. La décroissance doit donc ne pas remettre en cause ces éléments. Et là on revient sur l’ensemble des sujets (nécessité d’un état, pour quelles fonctions, avec quel budget, quels outils de mesure du bien être des populations).

    Et là on quitte la discussion de bistrot pour rentrer dans le dur de la reflexion sur l’organistion des sociétés. Débat passionant, mais que l’urgence de la situation devrait nous conduire à faire en accéléré en convoquant les idées et travaux déjà existants.

  4. Avatar de Philippe
    Philippe

    La DTCC ment comme un arracheur de dents. 0 perte, même pas une petite ?

    Et ben, moi, je vois 2 trucs qui me disent que c’est pas vrai :

    – ethias avait déclaré 100 millions de pertes et demande 1,5 milliard pour le 21
    – La banque régionale allemande BayernLB demande une aide financière de l’Etat e 5,4 milliards d’euros, a annoncé mardi le ministre bavarois des Finances Erwin Huber au cours d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion. Hors il déclarait avoir une exposition de 300 millions d’euro

    Par ailleurs, je suis assez surpris par ces 2 annonce :
    – le socialiste Claude artolone explique dans les Echos qu’il a découvert une dette composée à presque 100 pour cent d’emprunts toxiques… en allant aux champs, tel le préfet …
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2008/10/21/01011-20081021FILWWW00626-saint-etienne-le-maire-en-appelle-a-l-etat.php
    Le maire PS de Saint-Etienne, Maurice Vincent, a sollicité mardi l’intervention de l’Etat pour permettre à la municipalité d’échanger les produits à risques qui composent l’essentiel de la dette de sa ville contre des emprunts traditionnels. Le premier magistrat de la ville, dont 60% des 401 millions d’euros de dette sont constitués de swaps spéculatifs, bâtis sur des taux dits « structurés », demande, dans un communiqué, l’intervention des ministères concernés « pour qu’une table ronde soit organisée rapidement avec les organismes prêteurs, afin d’obtenir de leur part l’échange de ces produits risqués contre des emprunts traditionnels ». « A défaut, je sollicite la création d’une structure de défaisance permettant à notre ville de désamorcer la véritable bombe à retardement qui pèsera, dès 2011, sur les générations futures », déclare Maurice Vincent, élu en mars dernier.

    M. Jorion, pouvez vous nous en dire plus ?

  5. Avatar de Zgur

    « les banques américaines qui ont chacune reçu 25 milliards de dollars du contribuable (enfin, indirectement) ont l’intention d’en passer une partie en dividendes, une autre partie à racheter leurs concurrentes moins chanceuses et qu’elles utilisent une portion de l’argent qu’elles ont reçu – attachez vos ceintures ! – à faire du lobbying visant à l’annulation des mesures gouvernementales de semi-nationalisation. Est-ce que ce n’était pas plutôt de l’argent qu’on leur avait insufflé pour qu’elles puissent le prêter à faire des choses utiles ? »

    Comme vous dîtes, les affaires reprennent.
    A l’instar du scorpion du conte qui pique la tortue l’aidant à traverser la rivière, il n’y peuvent rien, c’est dans leur nature.

    C’est ce que moi j’appellerais la saine application d’un code de conduite tel que ceux prônés par notre MEDEF national.

    L’autocontrôle du carnassier qui promet de devenir végétarien ?

    J’ai comme un doute !

    Arf !

    Zgur

  6. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Si j’ai bien compris, le communiqué du DTCC selon lequel le règlement s’est déroulé sans pertes ne signifie pas qu’un certain nombre de contractants n’ont pas subi de pertes mais que tous les débiteurs ont été capables de remplir leurs obligations.

    Le problème aurait surgi si l’un ou l’autre vendeur de CDS n’aurait pas été en mesure de payer leurs contreparties.

    A big problem in the over-the-counter credit derivatives market is the risk of counterparty default. The protection seller may be unable to fully cover the loss it is insuring against. To mitigate this risk, the protection seller may have to post collateral, but amounts and terms are negotiated between the counterparties and not standardized. When AIG’s credit rating was cut from AAA to A in mid-September, it was suddenly obliged to post more than $14 billion in collateral against its CDS positions. This is what drove them over the edge. When Bear Stearns was teetering on the brink, the Fed examined the extent to which the firm was connected to other firms through their extensive web of OTC derivatives contracts and decided that it would be too disruptive for the market to let Bear fail.

    http://www.forbes.com/2008/10/20/buffett-lehman-derivatives-oped-cx_sf_rcs_1020figlewskismith.html

    Cela dit, il semble que l’affaire ne soit pas encore complètement réglée.

    CORRECT: Lehman credit default swaps not settled yet: DTCC
    By Nick Godt
    Last update: 6:27 p.m. EDT Oct. 21, 2008

    NEW YORK (MarketWatch) — The Depository Trust & Clearing Corporation said late Tuesday that it was still waiting for the final results of credit default swaps settlements related to Lehman Brothers debt. The DTCC earlier said in a statement that the liquidation of forward open commitments involving Lehman Brothers had completed, with no loss allocations imposed on its mortgage-backed securities division member firms. (Corrects to show that the settlement of Lehman CDSs has not occurred).

  7. Avatar de leduc
    leduc

    Ah la la, Paul, je sens comme une pointe d’ironie et d’amertume dans votre ton, mais bon je me trompe peut-être.
    Enfin, je me demande vraiment si les capitalistes américains tireront les leçons de cette crise. J’ai l’impression effectivement que dès que la crise semble passée, dès que des signes positifs semblent revenir ils repartent de plus belle dans leur frénésie de business. Je doute fort qu’ils arriveront à réguler leur business, ils sont encore une fois parti vers un gigantesque chaos. C’est comme moi quand j’ai un petit mal de dent, je me sens pas bien, je me dis qu’il faut que j’aille au dentiste, que c’est la dernière fois que je laisse trainer les choses comme ca; et puis pensez vous dès que le mal est passé (très provisoirement parce que je sais que cela finira par revenir jusqu’à la terrible rage de dents) alors adieu les bonnes intentions de prendre un rendez vous chez le dentiste. Une cause perdue je crois, moi comme eux chacun dans leur domaine…..

  8. Avatar de eureka
    eureka

    Une banque anglaise veut se refaire en titrisant de l ‘immobilier de bureaux (en gros) : c’est possible en ce moment ? D’autre part j’ai vu un article sur bloomberg parlant d’un trillion à trouver pour des CDO : de quoi s’agitil ? Enfin bon, les montagnes russes ne sont pas finies dirait-on.

  9. Avatar de jacques
    jacques

    @Strategix
    L’inflation,c’est la ruine des salariés.
    @Wladimir
    Bien vu, la  » spéculation  » a joué une dévaluation de l’euro de 20% par rapport au dollar et teste l’unité autour de l’euro et des taux par des gouvernements qui la jouent perso (Irlande /allemagne).Certains ont vu la faille et vont appuyer la ou ca fait mal.

  10. Avatar de Benoit
    Benoit

    @ zgur
     » LE CARNASSIER QUI PROMETTAIT DE DEVENIR VEGETARIEN « , c’est-y pas une fable de La Fontaine ?

    @ leduc
    ah la la la … 😉 En ce moment, je souffre…

    @ Paul Jorion
    Vladimir, Jacques nous indiquent :
    Apres l’or, les matieres premieres, le petrole (speculations a la hausse) les hedge funds, les banques, speculeraient donc sur la baisse de l’euro.
    Pouvez-vous nous en dire quelque chose ?

    Au passage, Paul : pour le prix du petrole que vous pretendiez surgonfle par la speculation (les debats agites ici-meme sur le Blog), vous aviez donc bel et bien raison.

  11. Avatar de Jean-Luc W.
    Jean-Luc W.

    On peut tout de même dire que les pertes des Hedge Fonds n’ont pas directement conduit à des faillites mardi, à moins qu’il y ait toujours un peu de souplesse et que nous y voyons plus clair en fin de semaine. Par contre s’il est possible d’attendre les résultats trimestriels, c’est que les pertes sont gérables.

  12. Avatar de jlm

    @strategix (bis) et alii

    Volontaire ou contrainte « par la force des choses », la voie de la décroissance peut respecter les positions – relatives – acquises par chacun lors de cette dernière phase de croissance par le crédit à la consommation.

    Capitaliste dur, l’investissement vert est un boulevard. Notable, avec quelques centaines d’hectares et un bon petit château, vous n’avez rien à craindre : l’agriculture raisonnée sur BRF demande de la main d’œuvre pour remplacer les tracteurs. Si vous êtes fonctionnaire dans le business social, vous n’avez rien à craindre non plus, votre réseau de connivences (partis, syndicats, mutuelle, réseau associatif) verrouille l’emploi pour vous et votre famille, il leur sera naturel de vendre la frugalité volontaire aux banlieues.

    Allez, les pépères et mémères qui jouent dans les clubs d’investisseurs, auront bien perdus des plumes, mais vous savez, c’est pas sain de s’arrêter de travailler avant quatre-vingt-dix ans, nous pourrons toujours maintenir notre réseau social en usine, devant la chaîne à cadence adaptée, mais rentable si l’on intègre les externalités.

  13. Avatar de Bonafi gilles
    Bonafi gilles

    La « confiance a l’air de revenir, les choses peuvent s’arranger un peu ! »
    Hum, hum Paul, toi et moi savons dans quel pétrin nous sommes !

    Souvent, mes amis me demandent de leur expliquer ce qui se passe. Mais la question qui revient le plus souvent est : « que va-t-il se passer ?
    Nouriel Roubini a bien décrit « les 12 étapes du krach », mais, il manque l’essentiel. De quoi sera fait demain?
    -Acte I : les subprimes /les banques.
    -Acte II : faillite des hedge funds (en ce moment).
    -Acte III : l’économie réelle est touchée (faillite de Ford, General Motors, Chrysler et des compagnies aériennes US entre autre, au premier trimestre 2009).
    -Acte IV : faillite des collectivités locales et des états aux USA.
    -Acte V : cessation de paiement et destruction du dollar (fin du deuxième trimestre 2009).

    Comment les USA peuvent-ils être en cessation de paiement ? Vous trouvez cela incroyable ! Regardez donc le graphique suivant :

    Evolution des emprunts des institutions financières US auprès de la FED

    Derrière cette analyse froide se cache une terrible réalité. Nous sommes à la croisée des chemins et, malheureusement il n’existe que 2 solutions.
    Je reprends ainsi l’analyse d’Immanuel Wallerstein chercheur au département de sociologie de l’université de Yale, ex-président de l’Association internationale de sociologie :
    « Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement. Dans dix ans, on y verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système aura émergé. Je crois qu’il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif. »

    PS:Paul, tu trouveras le graphique sur google image « research.stlouisfed.org »

  14. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Je viens d’entendre il y a une demie heure sur radio BFM que la raison de la descente des taux de prêts entre banques (ci-dessus indiqués descendus à 2,77%) serait dû au fait que les banques s’adressent toujours très peu entre elles, et que – la vraie – raison de la baisse des taux entre elles seraient donc que les banques préfèrent d’adresser aux banques centrales en priorité sur leurs consœurs.
    Mon impression serait que la transformation serait alors plus profonde qu’on croit pour que depuis si peu de temps les banques s’adressent directement aux banques centrales, mais il est vrai que ça n’indique encore pas grand chose sur les volumes concernés s’agissant des volumes des demandes de crédits interbancaires, ou des volumes demandés aux banques centrales. Qu’en penser?

    C’est ce qui se percevrait au regard de la nouvelle descente des bourses aujourd’hui.

    Autre question à Paul et à la cantonnade, celle-là propos des bourses. Depuis, spécialement début octobre, la
    – volatilité – des bourse (quelque soient les significations des symptômes passés et à venir sur l’économie) est spectaculaire et à battu, dit-on, tous les records. Mais les buts des traders est bien celui-là? De profiter au maximum, voire occasionner un yo-yo permanent au quotidien et ayant la plus grande amplitude possible à la hausse comme à la baisse? Le tout scandé sur l’agenda et le semainier des échéances des differents termes. Donc actuellement, les profits des joueurs devraient être record aussi? (si ça va durer, c’est une autre question)

  15. Avatar de François Pignon
    François Pignon

    Les Etats vont pouvoir tirer leur dernière cartouche : relance keynesienne pour supporter l’économie financée par des emprunts géants sur les marchés .
    Le TED n’indique rien quant aux volumes traités et il suffirait que quelques banques en difficulté aient trouvé une autre source de financement que le marché interbancaire pour faire baisser ce spread . Il semble bien en effet que les marchés monétaires interbancaires soient toujours aussi désertés . Les sommes laissées à la facilité de dépôt de la BCE montre également que la confiance n’est pas revenue ou même en voie de l’être .
    Les dernières dégradations de rating de CDO par les agences de notation ont fait monter les inquiétudes ; si ces dernières sont toujours un train en retard par rapport au marché , elles confirment que les décotes de certains produits ne sont peut-être pas si absurdes que les discours officiels des banquiers prétendent .
    Le mark-to-market a été critiqué mais il reflète néanmoins l’état de l’offre et de la demande : tout le monde est vendeur de produits structurés et ramenés aux cours actuels dans les bilans (avec aussi la baisse des portefeuilles actions de l’immobilier et des crédits classiques), aucune ne banque n’aurait des fonds propres positifs !
    La crise de liquidité est complètement balayée par une gigantesque crise de solvabilité que l’on va tenter de camoufler en modifiant les règles comptables . Mais personne n’est dupe : lorsque les actifs valent moins que les dettes , il vaut mieux ne pas rester actionnaire . Les problèmes des banques sont-ils donc insolubles ?

  16. Avatar de Benoit
    Benoit

    La crise d’une civilisation parasitaire.

    … DES  » TERMITES  » ?

    18 octobre 2008 – Deux nouvelles parues simultanément éclairent un aspect “marginal” de la crise financière qui, par son ampleur comptable, occupe d’une façon significative une place importante dans cette crise. Le même jour, le Guardian et l’Independent révèlent et rapportent des chiffres de salaires et de bonus des cadres dirigeants financiers respectivement à Wall Street et à la City.

    (Nous ne parlons pas de l’aspect “moral” de cette crise. On ferait trop d’honneur à cette crise en montant un procès à propos de son aspect “moral” puisque cela impliquerait qu’il y a effectivement la conscience d’un aspect “moral”. Cette conscience n’existe pas. Le vide est de rigueur.)

    Ces faits concernent ce que nous avions nommé (dans une chronique du 10 février 2008 : “les marges de la crise”) les “parasites de la crise”, devenus acteurs principaux de cette crise.
    Le phénomène tout à fait impressionnant est que ces “marges” occupent une place comptable considérable, capable de déséquilibrer ou d’annihiler selon les circonstances l’effet des aides décidées par les gouvernements respectifs (USA et UK) pour tenter de résoudre la crise.

    Les textes parlent d’eux-mêmes, ils mettent en lumière la perversion devenue absurdité à laquelle parvient le système. (On observera d’ailleurs que ces “parasites” peuvent aisément être associés à la catégorie des “termites”, par la forme de l’esprit et par l’activité, catégorie par ailleurs identifiée comme la cause principale de la crise générale des USA.)

    Ce matin, le Guardian révèle les données chiffrées des salaires et bonus des cadres dirigeants des principales banques de Wall Street, celles qui vont bénéficier du fameux “plan de sauvetage” Paulson. Le décompte que donne le Guardian porte sur une somme de $70 milliards, soit 10% du volume du plan Paulson.

    Dans certains cas de banques dont la valeur s’est effondrée, le volume des salaires et bonus des cadres dirigeants est supérieur à la valeur cotée en bourse de la banque, – cas de la JP Morgan la semaine dernière.

    Source : http://www.dedefensa.org/article-la_crise_d_une_civilisation_parasitaire_18_10_2008.html

  17. Avatar de Paul Jorion

    @ Benoit

    Dans mon billet La rémunération des patrons :

    Lorsqu’en décembre 2001 la firme Enron, spécialisée dans le négoce de l’énergie, fit faillite, un fonds d’aide d’urgence à ses 4 500 employés fut créé, d’un montant de 5 millions de dollars. Un autre fonds avait été créé parallèlement dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire, visant à la rétention des dirigeants clé de la firme. L’un de ceux–ci reçut une somme du même montant : 5 millions de dollars, en échange simplement de la promesse de ne pas quitter la firme pendant quatre–vingt–dix jours.

  18. Avatar de Benoit
    Benoit

    (extraits situes en fin de l’article ci-dessus)
    Une « crise du vide ». Vide de sens.

    Notre civilisation se débat contre son absence de sens en donnant un sens aux extrémités insensées de son action.

    Cette crise telle que nous la décrivons dans cette structure de “montée aux marges” sous la forme d’une montée aux extrêmes n’est pas une crise “active”. Elle ne se fait pas à cause de la puissance irrésistible des marges prenant le centre de la scène, d’autorité si l’on veut. C’est au contraire une “crise du vide”. Les “marges” devenues les extrêmes vers lesquels le système tend à évoluer et que le système tend à placer au centre de la scène ne se sont pas imposées avec volontarisme, avec un projet d’investissement et d’affirmation.

    Les “marges” ont pris de l’importance subrepticement, comme on augmente régulièrement les bonus, comme s’étendent souterrainement le gaspillage et la fraude. Ce sont par nature des “accidents”, c’est-à-dire littéralement des “événements insensés“ (dépourvus de sens) qui ne portent avec eux aucune cohérence, aucune force structurée d’hégémonie. S’ils ont pris la place qu’ils ont prise, c’est parce que cette place était inoccupée, vide en un sens. Cette crise est une “crise du vide”, la plus grave qu’on puisse imaginer.

    De même pour la crise de civilisation qu’elle illustre. Notre crise générale, notre “crise de civilisation” est une crise du vide par l’évidence d’une situation marquée par l’absence du sens. La chose vaut pour l’économie et la finance, elle vaut aussi pour les mœurs, la culture et la politique (sans parler du sacré, dont l’absence de sens est la définition même, – absence de sens équivalent à absence de sacré).

    La politique des relations internationales n’a, depuis 9/11, qui est pour nous un événement en réalité privé de sens (voir ci-après), plus aucun sens. On s’acharne à lui en trouver un en inventant des causes extravagantes (le terrorisme comme menace universelle et métaphysique, la “guerre sans fin”, etc.), et l’excès même débouchant sur la contradiction témoigne de cette crise du sens et de notre incapacité à la résoudre.

    Comme dans le cas de l’économie (“montée aux marges”/montée aux extrêmes), ce sont des choses insensées qui sont mises en place, au centre de la scène, pour occuper une place affectée par la crise du sens. Le résultat est inévitable. C’est de l’huile qui est jetée sur le feu où brûle notre civilisation, ce feu de la crise du sens.

  19. Avatar de Benoit
    Benoit

    Paul, je suis allé relire votre billet  » La rémunération des patrons « .
    Vous nous y révélez que :

    Un excellent exemple de patrons ayant trouvé le moyen de protéger leurs acquis fut offert en mars dernier par Washington Mutual, qui avait été l’un des leaders dans l’attribution de prêts hypothécaires subprime aux Etats-Unis. La banque annonça en effet que le calcul des primes de ses dirigeants pour l’année 2008 n’inclurait pas le montant de certaines pertes liées aux prêts hypothécaires et aux saisies de logement, postes qui sont bien entendu au cœur de l’activité de la firme. La mesure avait été décidée en respectant les formes par le comité directeur de Washington Mutual qui – selon l’usage – est essentiellement composé de dirigeants d’autres entreprises.

    Les USA sont devenus le pays du non-sens absolu ! Il est vrai qu’on peine a y croire… tellement tout cela est enorme.

  20. Avatar de Max
    Max

    Je consulte régulièrement le TED sur bloomberg :
    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=.TEDSP%3AIND

    Depuis les plans d’aide aux banques (garanties des fonds, des échanges sur le marché interbancaire), on a pu constater que ça baissait tout le temps… mais là, ça monte bien joliment… que se passe-t-il ?? Effet des CDS Lehman finalement ?? Ou bien est-ce une prise de conscience que la récession peut se dégénérer rapidement en dépression ??

    De la part d’un ami qui bosse dans une boîte assez importante (je ne sais plus laquelle, si j’en sais davantage, je passerai l’info), tous les voyants sont au rouge :

    En plus des suppressions des voyages (hors clients):
    le nombre d’intérims est passé de environ 180 personnes en juillet à 60 personnes cette semaine. l’objectif est 0 personne au plus tôt
    tous les contrats à durée limitée ne seront pas reconduits (sauf exception, il y en a toujours), idem pour les prestataires
    les dépenses style PC, téléphones…. sont bloquées
    les embauches prévues pour cette fin d’année sont suspendues.
    les investisements pour 2009 vont être réduits

  21. Avatar de Paul Jorion

    TED : 2,56 % en ce moment au lieu de 2,54 % hier, c’est stationnaire.

    Mais le VIX qui reflète la confusion des marchés, avec 76,9 bat son record précédent de 70,3 qui datait de vendredi dernier : une hausse de 10 % par rapport à hier.

  22. Avatar de Alain
    Alain

    « Mais les affaires reprennent : on apprend que les banques américaines qui ont chacune reçu 25 milliards de dollars du contribuable (enfin, indirectement) ont l’intention d’en passer une partie en dividendes, une autre partie à racheter leurs concurrentes moins chanceuses et qu’elles utilisent une portion de l’argent qu’elles ont reçu – attachez vos ceintures ! – à faire du lobbying visant à l’annulation des mesures gouvernementales de semi-nationalisation. »

    Des références pour étayer ces affirmations?

  23. Avatar de sounion
    sounion

    @Alain

    Oui en France, c’est la même chose : BNP et Crédit agricole se serviront des fonds reçus de l’Etat (5,6 Mds) pour verser des dividendes ! Incroyabe que l’Etat n’ait pas interdit celà !

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