La mouche du coche

Mathieu est ma mouche du coche : il me dit cet argument n’est pas convaincant, ces statistiques ne sont pas complètes, ces faits ne sont pas strictement comparables, et il a raison.

Il a raison : ces statistiques ne sont pas complètes, ces faits ne sont pas strictement comparables. Quand on écrit des livres, on découvre avec désespoir que les faits ne sont jamais strictement comparables. Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On compense : on construit ce qu’on appelle « un faisceau de preuves convergentes », on fait avec.

J’avais un professeur, très fameux, qui n’aimait pas les mouches de coche, et moi en particulier. Il préférait ceux qui refaisaient, le plus souvent en moins bien, ce qu’il avait déjà fait beaucoup mieux. Ça ne m’empêchait pas de le consulter, ce que je fis en particulier avant de quitter l’anthropologie. J’avais d’autres maîtres, comme Lacan ou Edmund Leach, qui avaient l’attitude opposée : ils disaient « Ah ! Vous n’êtes pas d’accord, c’est bien, comme ça vous aurez peut-être l’occasion de trouver quelque chose de très intéressant ! »

C’est bien sûr à eux que je pense souvent avec tendresse.

A la mémoire de Georges Miedzianagora qui me disait « Tu sais ce que nous sommes, Paul ? Nous sommes des dissidents ! »

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