MARDI 23 AVRIL, DE 15h À 17h : on discutera ici du paysage politique en France aujourd’hui

C’EST FINI !

LE PAYSAGE POLITIQUE EN FRANCE AUJOURD’HUI

Si l’on prend les chiffres des élections les plus récentes, 80% des électeurs français inscrits ont voté aux élections présidentielles (2012), 55% des inscrits ont voté aux législatives (2012) et 40% aux élections européennes (2009).

Les abstentionnistes se situent en-dehors de l’échiquier politique traditionnel (celui que constituent les partis politiques) : ils manifestent par leur abstention soit leur hostilité à ces partis, soit leur indifférence à l’égard du processus législatif tout entier.

Sait-on pour autant où se situent ceux qui votent ? On pourrait le penser, si l’on comptabilise leurs bulletins individuels, mais le vote de protestation a pris une telle ampleur que la comptabilisation des bulletins de vote ne donne encore d’indications fiables que sur qui a pris la peine de venir voter pour les sortants, et qui a voté contre eux. Quant aux abstentionnistes, on peut considérer qu’ils ont voté avec leurs pieds (ou plutôt sans leurs pieds) contre les deux, autrement dit à la fois contre ceux qui sont pour les sortants et contre ceux qui sont contre eux.

Voyons comment réinterpréter à l’aide de cette nouvelle grille de lecture, les élections législatives françaises les plus récentes : celles de juin 2012.

— Anti-(pro-sortants et anti-sortants) abstentionnistes : 45% de l’électorat
— Pro-sortants : 40%, soit 22% de l’électorat (55% de 40%)
— Anti-sortants : 57%, soit 31% de l’électorat (55% de 57%)

Il faudrait pour bien faire entrer dans les subtilités : une partie des électeurs du Front National au premier tour (13,6% des électeurs, soit 7,5% de l’électorat), ont voté au second tour pour des candidats UMP, et leur vote pro-sortants est en réalité un vote anti-(anti-sortants).

Un gouvernement d’union nationale : pro-sortants + anti-sortants, représenterait les votants, soit 55% de l’électorat.

Le vote de protestation est plus facile à déchiffrer quand se présente aux élections un parti protestataire, c’est-à-dire officiellement « anti-(pro-sortants et anti-sortants) », comme ce fut le cas aux élections législatives italiennes de février 2013. En voici les résultats :

— Anti-(pro-sortants et anti-sortants) abstentionnistes : 25% de l’électorat
— Anti-(pro-sortants et anti-sortants) Cinque stelle : 25,5%, soit 19% de l’électorat (75% de 25,5%)
— Pro-sortants : 10,5%, soit 7,9% de l’électorat (75% de 10,5%)
— Anti-sortants : 64%, soit 48% de l’électorat (75% de 64%)

Si l’on rapproche alors les élections législatives en France en 2012 et en Italie en 2013, on obtient ceci, en pourcentages de l’électorat :

France juin 2012

— Anti-(pro-sortants et anti-sortants) : 45%
— Pro-sortants : 22%
— Anti-sortants : 31%

Italie février 2013

— Anti-(pro-sortants et anti-sortants) : 44% (25% + 19%)
— Pro-sortants : 7,9%
— Anti-sortants : 48%

Si l’on ignore l’histoire du vote législatif en France et en Italie (ce qu’il ne faudrait jamais faire bien entendu !), on pourrait être tenté de rapprocher les 45% du vote français anti-(pro-sortants et anti-sortants), constitué uniquement d’abstentions, des 44% du vote italien anti-(pro-sortants et anti-sortants), constitué lui pour partie d’abstentions et pour partie de votes pour un parti politique officiellement protestataire.

La différence entre l’Italie et la France, c’est le vote pro-sortant : 7,9% seulement pour Mario Monti, 22% pour l’équipe Sarkozy-Fillon. Point commun des deux équipes sortantes : leur alignement que j’appellerai « atlantiste » : les sortants rejetés sont des partisans affirmés du point de vue ultralibéral du « consensus de Washington », soit la politique officielle du Secrétariat au Trésor américain telle que définie par l’École de Chicago.

L’Italie étant bloquée, passons à la France d’aujourd’hui.

Après une campagne électorale anti-atlantiste, François Hollande (« Mon adversaire, c’est le monde de la finance », le 22 janvier 2012 au Bourget), met en place un gouvernement atlantiste et se cale dans cette position, contre vents et marées, et en dépit de sondages de plus en plus abyssaux. Les alliés externes de sa majorité manifestent leur opposition à son atlantisme de manière de plus en plus véhémente, tandis que le gouvernement Ayrault se scinde, une minorité anti-atlantiste (Montebourg-Hamon-Duflot-[Taubira ?]) se exprimant ses opinions de manière de plus en plus audible.

François Mitterrand, s’était rallié à l’atlantisme. Depuis, et que les électeurs français aillent voter ou restent chez eux, manifestent ou aillent au foot, votent pour des candidats atlantistes ou votent massivement contre eux, l’atlantisme résiste vaillamment à toutes les alternances démocratiques : pareil au sphinx et au phénix combinés, il demeure imperturbablement aux rênes de la république et du gouvernement.

 

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L’actualité de demain : DYNAMIQUES DE GROUPE, par François Leclerc – Débat demain mardi, de 11h à 14h.

Billet invité.

Parvenus à ce stade de la crise dans sa dimension politique et sociale, une interrogation toute simple s’impose : pour quelles obscures raisons, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, ceux qui sont en responsabilité (comme ils aiment jargonner) sont-ils incapables d’en sortir ? Que cherchent-ils à obtenir ?

Les prises de position des plus péremptoires d’entre eux sont connues : « Pas d’impôts supplémentaires pour les riches ! » et « Taillez dans l’État-providence ! », désignant à chaque fois la même victime. De fait, les uns continuent de bloquer toute adoption d’un budget aux États-Unis, et les autres coupent dans ceux-ci sans se soucier du désastre. Dans les deux cas, une véritable fuite en avant s’ensuit, en défense du statut des nantis, de leur fortune, de leurs aises et privilèges. C’est aussi simple que cela. En Europe, ce sont des pays entiers qui sont détruits, des générations qui en subissent les effets, condamnés au nom de la Rédemption.

Dans un monde qu’ils pressentent comme allant être secoué par des convulsions, eux-mêmes soumis alors à de menaçantes tensions, un réflexe de protection prévaut, il se traduit par la volonté de ne céder sur rien. D’où l’intransigeance dont on voit les effets. Les mécanismes financiers qui permettaient de partager à peu de frais (ils étaient au contraire sources de profit) ne fonctionnant plus comme avant, seule une dictature éthérée peut faire obstacle à la véritable horreur que représente le partage. On aura identifié celle du marché. Et comme la nature fait bien les choses, celui-ci est contrôlé par ceux qui ont du bien. On ne dira jamais assez la force de ce réflexe, que l’on appelait autrefois l’instinct de classe, et la conviction profonde qui règne chez ceux qui, pour le coup, le partagent. Pour s’en rendre compte et être édifiés, il suffit pourtant de les fréquenter.

Certes, le monde va changer, impliquant de céder de la place aux nouveaux riches des pays émergés et dans un geste de charité de réduire un peu l’extrême pauvreté, comme le demande la Banque Mondiale. On a sa bonne conscience. Il va aussi falloir prendre quelques précautions. Elles consistent de plus en plus fréquemment à se protéger en se réfugiant derrière des murs de toute nature ; nous voici ainsi revenus au temps des châteaux forts. La mode contemporaine est à la location longue durée des îles grecques, le marché s’est dernièrement ouvert. Mais c’est l’argent qui doit être avant tout protégé. Dans ce domaine, les choses se compliquent, car il faut céder du terrain et donc ruser. Des gages doivent être donnés, comme s’il était temps de remettre en selle des autorités politiques démonétisées, afin qu’elles puissent continuer à imposer la mise en œuvre de réformes structurelles destinées à pérenniser le partage inégal. Le débat portant sur le rythme.

Les voies de l’évasion fiscale ne vont plus être les boulevards d’antan. C’est comme la corruption qu’il a fallu apprendre à pratiquer moins grossièrement. En fin de compte, tout se résume à garder une longueur d’avance, comme les sportifs coupables de dopage vis-à-vis de leurs contrôleurs. Mais les temps sont décidément indécis. Il a aussi fallu se résoudre à emprunter un chemin dangereux, celui du « bail-in » des banques qui doivent être renflouées, et de mettre à contribution leurs actionnaires et leurs créanciers pour les sauver. En Europe, le poids du désendettement est finalement trop lourd pour être supporté par les finances publiques, amenant à écorner le capital privé, (puisque les voies de la monétisation et de la mutualisation de la dette sont fermées).

Les banques ayant pignon sur rue et les mécanismes usuels de l’évasion fiscale sont encore loin d’être des coupes-gorges, mais il faut anticiper. Les gestionnaires de fortune et autres « family office » ne se laisseront pas prendre par surprise ! Et, tant que les personnes morales, les trusts et les fiducies resteront hors de portée, SWIFT, Euroclear et Clearstream opaques, le mal sera véniel car on en connait les remèdes. Les montages financiers seront plus compliqués, voilà tout. Il faudra seulement avoir les moyens d’y accéder, c’est à dire de se les payer. Comme l’industrie du luxe, celle de la finance de l’ombre n’a pas de soucis à se faire.

Dans ce beau schéma, une question gênante reste tout de même posée : à force de détérioration de la situation sociale et politique, l’emprise idéologique craquant et les faux-semblants perdant leur consistance, le croquemitaine anonyme du marché ne va-t-il pas finir par être identifié ? En mettant à contribution les actionnaires et en agitant à nouveau le chiffon rouge des paradis fiscaux, n’est-il pas donné une incitation à aller plus loin ?

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VIENT DE PARAITRE : « LA CRISE N’EST PAS UNE FATALITÉ » – 280 pages, 13 €.

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LE TEMPS QU’IL FAIT LE 12 AVRIL 2013

C’EST TERMINÉ !

Le débat au sujet de cette vidéo aura lieu dimanche 14 avril entre 15h et 17h.

L’adhésion : s’identifier à ses propres paroles et à ses propres gestes, condition pour que l’on bénéficie de la reconnaissance de l’autre.

Principes des systèmes intelligents (1989 ; 2012) : pages 217-229
Comment la vérité et la réalité furent inventées (2009) : pages 147-156

Quand un gouvernement prend des mesures contraint et forcé, il est déjà en fait trop tard pour lui pour les prendre, parce que l’adhésion manque précisément.

Sur YouTube, c’est ici.

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L’ÉCONOMIE POSITIVE : « J’ai des doutes… », par Maurice Lévy, suivi d’une réponse par Paul Jorion

C’EST TERMINÉ !

Lundi 8 avril entre 15h et 17h, je débattrai avec vous des doutes de Maurice Lévy quant à la notion d’une « économie positive » et de la réponse que je lui ai apporté à ce sujet. Les deux textes se trouvent ici.

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SAMEDI 6 AVRIL, DE 15h À 17h, SUR LA PAGE « LES DÉBATS DU BLOG DE PAUL JORION » : L’AFFAIRE CAHUZAC

Samedi entre 15h et 17h je débattrai avec vous « live », ici sur la page « Les débats du blog de Paul Jorion », de l’affaire Cahuzac. J’y ai consacré deux interventions : primo, le papier qui a été publié en version légèrement abrégée comme tribune libre dans Le Monde dans l’édition en date du vendredi 5 avril (page 20), sous le titre « La crise accroît l’intolérance à la fraude fiscale des élites », et ici, en version longue sous le titre : « Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés« , et secundo, dans la vidéo du vendredi que j’ai affichée (tard) : « Le temps qu’il fait le 5 avril 2013 ».

À tout à l’heure : il y a des choses à dire !

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