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Crise et sciences humaines – Blog de Paul Jorion

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93 réponses à “Crise et sciences humaines”

  1. Avatar de oppossùm
    oppossùm

    C’est bien la loi de l’offre et de la demande qui fonctionne, mais pas telle qu’on la conçoit.
    Parce que les classiques l’ont enfermé dans l’espace ultime où se joue la dernière phase du phénomène. En amont se joue obligatoirement un rapport social et de force.
    L’ offre et la demande sont des mécanismes sociaux … l’offre doit créer, voire travailler le ‘besoin’ , la demande doit identifier son ‘besoin’ .
    Au dernier moment lorsque l’essentiel est joué , gagné ou raté ,alors la petite loi de l’offre et de la demande joue . Cependant à ce moment, ce dernier rapport de force peut bouleverser le prix de la chose.

    Notons que le loi de l’offre et de la demande ne débouche pas forcément sur un prix de confrontation ultime. La violence avec fixation d’un prix unilatéral est une modalité de cette loi.
    [PS/ Pour une fois que je suis d’accord avec Paul ! 😉 ]

    1. Avatar de Jerome F.
      Jerome F.

      La loi de l’offre et de la demande n’explique rien, car il est complétement impossible de quantifier une « offre » ou une « demande ». La seule variable existante, c’est la quantité vendue. La supercherie de la « science économique » (en particulier de la micro-économie) éclate dès que l’on cherche à mettre des valeurs réelles derrière les concepts.

      A ce sujet je conseille le livre « L’illusion économique » de Bernard Guerrien.

  2. Avatar de Marmar
    Marmar

    Le prix correspond principalement à un coût moyen ou par unité + une plus-value ou profit qui est l’expression d’un rapport de force ou de classe. Les propriétaires des moyens de production (entreprises) se mettent généralement d’accord pour un tarif indiqué, la concurrence parfaite aboutissant selon Walras au zéro profit. La plus-value est d’autant plus forte que le marché est plus biaisé et moins concurrentiel: ententes et oligopoles, opacité des prix, différenciation maximale des produits, faiblesse de la mobilité du travail et de l’immigration à l’échelle mondiale (3% de l’emploi dans le monde); ticket d’entrée très élevé lié au progrès technique et aux économies d’échelle ou de dimension . Les praticiens de l’économie se tordent de rire quand ils lisent les hypothèses de la concurrence parfaite (atomicité d’entreprises très petites ne pouvant agir sur le prix, transparence totale de l’info, homogénéité des produits, mobilité totale des facteurs travail et capital, libre entrée de nouveaux concurrents) mais ils ne le disent pas trop car c’est un moyen de justifier les profits.
    Depuis trois décennies la mondialisation libre échangiste permet de mettre en concurrence des travailleurs de même qualification et parfois de productivité voisine mais recevant des salaires allant de cinquante à un et ainsi de pratiquer chaque année davantage un dumping fiscal, social et écologique contre les travailleurs des pays industriels avancés les mieux payés en même temps qu’en surexploitant des travailleurs de la périphérie n’ayant pas le droit de se syndiquer librement.
    Si nous voulons sortir de la crise il nous faut sortir du capitalisme financiarisé à la M.Friedman principal théoricien de l’idéologie conservatrice néo-libérale, ultra-inégalitaire qui repose sur des hypothèses contraires à la réalité.

    1. Avatar de Jerome F.
      Jerome F.

      Complétement d’accord avec vous.

      « Depuis trois décennies la mondialisation libre échangiste permet de mettre en concurrence des travailleurs de même qualification  »
      L’économiste Maurice Allais démontre mathématiquement dans un livre le lien entre le libre-échange et le chomage de masse : « La mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance, l’évidence empirique »

  3. Avatar de Steve
    Steve

    @Piotr
    Bonjour
    le concept de cerveau entérique a été formulé par d’éminents médecins américains depuis déjà quelques années. Vous pouvez chercher sur le web.
    Bonne journée

  4. Avatar de oppossùm
    oppossùm

    Notons qu’évacuer totalement la notion formaliste de simple offre/demande dans la formation du prix pour n’y substituer qu’un rapport de force aboutit à la condamnation du marché , donc à la disparition de la notion de prix par confrontation de celui qui vend et celui qui achète in fine. Donc disparition de la notion sous-jacente de valeur. Donc à la notion de prix administré. Donc , à mon avis à la disparition de la société à terme. L’Urss n’est morte que de cela , de ne pas connaître le prix des choses de façon dynamique et contractuelle, toute prévision d’action devenant impossible, toute activité devenant vaine et anarchique?

    1. Avatar de krym
      krym

      Le marché est une instance apaisée, un moment, de ce rapport de force qui permet la circulation des biens. Le marché Kolkhozien est un cas de ce rapport de force qui s’institue largement de manière improvisé et chaotique en URSS. L’Etat exerce sa force sur la paysannerie pour l’empêcher d’accéder à un marché autonome, de leur côté les Kolkhoziens utilise leur micro-marché autorisé pour profiter de la pénurie pour augmenter les prix libres.
      Le prix, comme le salaire, comme le parlement (soviet), et comme le droit, sont largement des fictions en URSS, des institutions « Potemkine », gelées, dans un système construit dans la douleur et les allers-retour violents. Mais ses institutions restent des concurrentes virtuelles du Parti et de la Police secrète et surveillées étroitement ( le régime Polpotiste les supprimera complétement). C’est devant le Soviet de Russie que l’URSS et le Parti sont abolis par son président apparatchik ( d’une parole, d’un trait de plume), en présence d’un Gorbatchev hurlant et horrifié.

  5. Avatar de Manuel Guérin
    Manuel Guérin

    Une remarque : la pensée unique sous-entend l’existence d’une pensée. Aujourd’hui, ce qui caractérise les classes politiques c’est plutôt la pensée zéro, i.e. elles ne pensent pas ou plus.

  6. Avatar de énervéparlacolère
    énervéparlacolère

    Il y a 2 erreurs gravissimes:

    1- Prétendre comprendre les communautés humaines – soit à partir de métaphores issues de la biologie (des individus ou des populations), soit à partir de métaphore issues des mathématiques (« fractales » et autres bêtises du même style), soit de métaphores issues de la physique (ambiance « flux et mécanique des fluides »).
    La démonstration implacable de la nullité de ces approches se trouve chez Farabi et Hobbes.

    De ce point de vue les ingénieurs en ceci ou en cela devraient réfréner la « créativité débridée » et les « transpositions oiseuses », dont ils nous abreuvent copieusement en commentaires.

    2- Ne pas comprendre que le « social » n’est rien d’autre que du (théologico-)politique + du moral. Ce terme « social » ne signifie rien. C’est un rideau de fumée né au XIXe. De ce point de vue, la sociologie en tant que « science du social » est aussi coupable que la théorie économique, nulle et non avenue.

    3- Les « intellectuels »
    Tout dépend de ce qu’on appelle « intellectuel ». Le premier d’entre eux est… Machiavel. Nous avons trop d’intellectuels, ce qui nous manque ce sont des penseurs/ chercheurs authentiques qui prennent au sérieux les problèmes pratiques (Paul est un bon exemple). Bref il faut cesser de mélanger les torchons et les serviettes.
    RIEN de sérieux et d’important, i.e digne d’être retenu par la postérité, n’est jamais sorti de la tête d’un intellectuel. Foucault n’était pas un intellectuel mais un authentique penseur.

    Je viens de regarder l’intervention de monsieur Serres sur le concept/paralogisme d’ »identité nationale ». Consternant de bêtise… vraiment. Dès qu’un penseur adopte la posture de l’intellectuel, il régresse.

    1. Avatar de krym
      krym

      Un individu est une métaphore de quoi ?

  7. Avatar de jducac
    jducac

    @ Louise dit : 24 mars 2010 à 10:34

    Ce qui serait amusant ce serait de moderniser l’histoire pour la mettre en accord avec les mœurs, les goûts et les mots de notre époque. J’avoue ne pas posséder le vocabulaire qui conviendrait.

    J’imagine que la vieille nana parlerait de son mec. Pourrait-elle parler du père ? J’en doute quoi que avec les tests ADN… Cela m’étonnerait qu’elle approuve les gestes multiplicateurs de bonheur prodigués par ce pauvre type des temps anciens.
    Elle lui dirait plutôt « Pauvre c.. tu t’es fait niquer dès le premier échange. Soldons le PACS. Je me tire »

    Chère sœur, ne voyez là aucune misogynie de ma part. C’est fou ce que les temps changent.

    Cela dit, merci pour avoir fait émerger de nobles sentiments dans ce monde qui en a bien besoin.

    1. Avatar de louise
      louise

      Cher jducac
      Il n’y a pas dans cette histoire une once de bon sentiment !

      Ce n’est qu’une série d’échanges successifs, à la satisfaction de chaque protagoniste, et un pari sur le fait que « le prix » càd la valeur de ce que le père ramène à sa femme, est le meilleur possible.

      Quand à cette valeur elle est définie par la femme comme étant la possibilité de pouvoir préter des pommes gâtées à la femme du notaire ! (moi qui n’ai rien je peux préter quelque chose à quelqu’un d’important !)
      Et ce pari rapporte au père un boisseau d’or, alors qu’il était absolument sûr de le gagner, c’est donc lui qui a « eu » ses compères qui ont parié contre lui !

    2. Avatar de jducac
      jducac

      @ Louise
      Autant pour moi. J’avais lu en diagonale et très mal lu. Vous avez raison : pas de bons sentiments.
      Restant sur mon idée de mise au goût du jour de cette histoire, mettrait-on encore :
      « C’est ce qui prouve que la femme doit toujours trouver que son mari est le plus avisé de tous les hommes, et que ce qu’il fait est toujours parfait. »

  8. Avatar de BAB64
    BAB64

    Je ne pense pas que les intellectuels aient disparu; c’est leur visibilité et leur capacité d’influence qui a considérablement régressé en raison de la prégnance des media formatés à la moulinette ultra-libérale qui ne laisse passer que le hachis de la pensée unique.
    Ces intellectuels existent toujours: ils commencent seulement à redevenir un peu visibles, grâce entre autres à internet (P.Jorion en est un bon exemple).

  9. Avatar de L'enfoiré

    Paul,
    L’anthropologie mènerait à tout?
    Wiki dit en effet « Elle étudie les êtres humains sous tous leurs aspects, à la fois physiques (anatomie, physiologie, pathologie, évolution) et culturels (sociaux, psychologiques, géographiques, etc.). Elle tend à définir l’humanité en faisant une synthèse des différentes sciences humaines et naturelles. »
    et donc quelque part à l’économie.
    C’est ce qui manque probablement dans l’écriture du rapport de Joe Stiglitz.
    Si le Président Sarkozy vous demandait ce genre de travail que j’ai tenté de résumer, quels seraient les points de différences?

    1. Avatar de L'enfoiré

      Je n’avais pas lu cela:
      « J’ai émis quelques opinions sur les travaux de la commission Stiglitz et j’ai écrit quelques billets là-dessus. »
      peut-être y trouverais-je les réponses. Pourriez-vous seulement orienter mes recherches.
      Merci d’avance.

  10. Avatar de L'enfoiré

    Paul,
    Au sujet du capitalisme, il y a dans l’Echo d’aujourd’hui qui m’a interloqué « Il faut en revenir au vrai capitalisme ».
    Toute la théorie de l’auteur de l’article repose sur la responsabilité que n’aurait pas les Etats comme la Grèce qui aurait falsifié les comptes et les banques qui agissent avec mollesse comme assisté.
    Il y a des jours comme cela où il vaut mieux être aveugle.
    Votre avis m’intéresserait.

    1. Avatar de L'enfoiré

      L’auteur de l’article dont je parlais
      a pour adresse celle-ci http://www.unmondelibre.org/Martin_discilpline_marche_120210
      Il faisait référence à l’économiste Pascal Salin.
      Compter sur la discipline du marché !!!
      « Dans un système décentralisé, c’est la responsabilité qui est la boussole. », c’est peut-être exact.
      Dire que les banques préfère la mollesse de l’assistanat et que les politiques ne veulent pas de la discipline, Je crois qu’il retarde un peu.

      Bonne soirée

  11. Avatar de VB
    VB

    Bonjour à tous,

    Juste un petit mot pour signaler l’intérêt accru de la notion de fixation du prix le jour on l’on nous annonce une augmentation du prix du gaz de l’ordre de 9,7 % (applicable au 1er avril prochain).
    Pourrions nous avoir une petite explication de la part des dirigeants de GDF relativement à leur méthode de fixation du prix du gaz ? Cette augmentation est-elle une application de l’offre et de la demande (difficile à croire tant la variation est importante en si peu de temps) ou de la prise en compte du statut social des acteurs (;-) ?

    Cordialement,

  12. Avatar de L'enfoiré

    « un algorithme que j’avais écrit pour l’analyse des généalogies »
    Beau sujet dont il faudrait parlé par ici, s’il n’y a pas de copyright.
    Très intéressant.

  13. Avatar de L'enfoiré

    « qui va déterminer quel sera le prix. … c’est un rapport de force d’ordre social entre le vendeur et l’acheteur qui va déterminer la formation du prix »

    Que pensez-vous de la technique plutôt occidentale des prix fixes dans nos magasins et celles que l’on rencontre dans les pays plus arabisés et dans les souks?
    J’ai mon opinion, mais quelle est la vôtre?

  14. Avatar de L'enfoiré

    « Et la peur du désordre social n’existe pas tellement aux Etats-Unis, autrement que sur des bases raciale ou ethnique. Alors que l’Europe est très consciente du danger de rupture, de fracture sociale. Et par conséquent la question de la disparité des revenus, ou de la disparité des patrimoines est beaucoup plus sensible en Europe. On sait que ça peut conduire à des catastrophes.  »

    Exact.
    C’est ce que j’ai voulu exprimé dans mon texte, que j’avais écrit avant l’élection d’Obama:
    http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2008/10/05/l-amerique-presidence-pragmatique.html
    Je n’ai jamais entendu « tous pourris, les politiques » en Amérique.
    Tout le monde est derrière le Président.
    A l’intérieur des partis démocrate et républicain, par contre, tout sera tenté pour faire obstacle à l’autre parti.
    Le baroud d’honneur pour l’assurance santé n’en est qu’une preuve de plus.

  15. Avatar de schizosophie
    schizosophie

    Je réagis à ce passage de Jorion

    « Par ailleurs, aussi, [Marx] n’a pas véritablement une théorie du prix. Si on regarde la théorie du prix d’Aristote, on pourrait considérer que c’est une théorie tout à fait de type marxiste parce qu’elle met les rapports de force politiques comme déterminants de la formation du prix. Mais, curieusement, cette interprétation politique du prix, elle n’existe pas chez Marx lui-même. On pourrait dire que sa théorie du prix n’est pas marxiste et qu’une théorie marxiste du prix, on le retrouve uniquement chez Aristote. C’est paradoxal bien entendu. »

    L’aporie de Jorion (ou l’histoire ne se laisse pas prendre en photo)

    Si Jorion quête une théorie du prix c’est qu’il a compris qu’il ne correspond pas à un équilibre entre l’offre et la demande comme on l’enseigne dans les écoles d’économie, mais qu’il coïncide à une stabilité des positions entre des acteurs sociaux. En ceci, il n’est pas « économiste » au sens où l’on nomme d’un « isme » un part pris en assumant consciemment une position idéologique. Mais il est encore économiste au sens où il demeure pris dans le tropisme des économistes qui cherchent une valeur juste à laquelle devrait correspondre – fût-ce au moyen d’une certaine intervention de la « société civile » bürgerlichen Gesellschaft (« société bourgeoise » traduirait un marxiste en français) – de justes prix et de justes rémunérations.

    Jorion est limité par sa volonté de considérer les acteurs sociaux par le seul recours de déterminations sociologiques, ethnologiques voire psychologiques ou cognitives, or ces mêmes déterminations relèvent encore plus fondamentalement de la dynamique historique. Il me semble croire en la possibilité d’une combinatoire entre des sciences, mais ce faisant, il se condamne à laisser de côté cette dynamique historique qui détermine leurs tendances respectives et réciproques. De même sociologiquement, il imagine un trépied avec une stabilité reposant sur trois catégories ou classes. Mais là encore il s’abstrait de la dynamique historique qui polarise l’humanité en prolétarisant l’immense majorité.

    C’est pourquoi sa quête d’une théorie du prix « marxiennement aristotélicienne » échouera. Quand bien même elle serait écrite, elle échouera comme pratique possible et en restera aux incantations morales.

    La raison en est qu’il n’y a pas et qu’il ne peut pas y avoir de théorie des prix de Marx, ou à la Marx, car Marx substitue la théorie de la plus-value à la théorie des prix. Or, la théorie de la plus-value emporte celle des prix dans deux mouvements : la modernisation de l’appareil de production et la nécessité d’un excédent de la quantité de valeur.

    Et ce sont précisément ces deux mouvements, fondamentalement historiques, qui portent la contradiction du mode de production capitaliste.

    Chacune des contradictions inhérente au capitalisme, celle de l’appareil de production et celle de la nécessité d’un excédent de quantité de valeur recèle une contradiction interne :
    – La modernisation de l’appareil de production mène à la raréfaction tendancielle des producteurs nécessaires à la production : elle est aiguisée par la concurrence industrielle et elle est contradictoire en ce que, dans le même mouvement, elle organise un type de société où l’immense majorité des hommes est prolétarisée, qu’ils soient ou non occupés à la production. L’idéal de l’entreprise zéro salarié, qui est déjà une réalité juridique à des fins d’économies fiscales, est aussi une illusion capitaliste : il faudra toujours au moins un salarié pour lui extorquer de la plus-value.
    – La nécessité de l’excédent de la quantité de valeur mène à la tendance exponentielle de l’aspect financier des crises, l’évolution technique de son appareil de production émettant les échange à la vitesse des bits n’étant pas à négliger dans cette évolution, l’effet en étant la vie à crédit, toujours plus à crédit, du capitalisme. L’ensemble forgeant des crises de surproduction consubstantielles au capitalisme.

    La leçon de Marx, indépassable en tant que problème posé quant aux limites de l’économie politique, est qu’il n’y a pas de point d’équilibre économique idéal possible, il n’y pas de juste valeur. Et ce parce que toute la valeur est une transformation du qualitatif en quantitatif. Il n’y a pas, entre la valeur du temps de travail moyen nécessaire et celle du surtravail, une valeur cardinale qui serait un point d’équilibre et ferait tenir le système. Car cette valeur mythique dépend de tous les paramètres de la réalité, des conditions qualitatives d’existence ou de survie que les économistes ne sauraient capturer dans un quelconque modèle. L’une des raisons principales est que ce faisant, il leur faudrait prévoir l’avenir en prenant en compte toute la réalité présente : ils sont condamnés à la spéculation et à la prophétie. Ce point d’équilibre est l’arlésienne des économistes lecteurs de Marx, et des marxistes comme des capitalistes assumés. Il n’y a donc pas de solution économique. Le capitalisme vit déjà demain mais pense, en fait il compte, encore aujourd’hui. (Je renvoie ici à mes commentaires, sous mon unique pseudo sur ce site, aux billets http://www.pauljorion.com/blog/?p=6756 et http://www.pauljorion.com/blog/?p=6749 )

    Les capitalistes assumés cherchent ce point d’équilibre par une limitation du crédit, mais ils se l’interdisent pratiquement parce qu’en faisant tout dépendre de la valeur d’échange, ils empêchent l’édification d’organisations qui n’en dépendraient pas. Les églises et les États, par exemple, sont rongés par la valeur d’échange, les associations paysannes siciliennes sont devenues les mafia : elles jouent le rôle d’intermédiaire. Les capitalistes d’État que furent les staliniens édifièrent l’État comme un immense appareil de production, et de surveillance bureaucratique corrélative, qui devint une sorte d’État-entreprise où la concurrence et le crédit étaient absents mais au prix de la liberté, en capitalisant toutes les formes d’énergie ce qui bloqua toute dynamique.

    Aujourd’hui, où les États sont devenues des marchandises à la faveur de la crise des subprimes, le moment keynésien apparaît comme le compromis salvateur, c’est la prochaine idéologie. Mais il ne peut pas, à l’instar du compromis gaullo-stalinien, s’élaborer à l’échelle d’un pays, pas même d’un continent. Il s’imaginera au niveau mondial, DSK en est l’image pour la France, Cohn-Bendit en est l’icône européenne, Galouzeau en présentera l’image nationale. Mais cet idéal mondial rencontrera l’impasse stalinienne… un monde-entreprise déjà en marche, avec par exemple une rationalisation de l’exploitation des ressources naturelles, une administration mondiale par Internet et des guerres de basse intensité menée par les polices de chaque pays pour cantonner les révoltes sociales induites par l’endettement permanent.

    Enfin, malgré la critique, peut-être un point d’accord : Jorion ne dit pas que le capitalisme est mort mais qu’il meurt. Je suis d’accord avec cette thèse si elle signifie que le capitalisme a atteint son acmé. Il a rencontré sa finitude et ne suscite plus espoir mais crainte, sa propagande heureuse est devenue fatale. Son spectacle est assumé comme une catastrophe. Mais celle-ci peut durer longtemps… tant que ces contradictions ne sont pas comprises comme des brèches.

    1. Avatar de krym
      krym

      L’impasse Stalinienne est une impasse Léninienne. Etes-vous d’accord la-dessus ? Ce n’est pas totalement pour moi clair dans vos commentaires.

    2. Avatar de schizosophie
      schizosophie

      @ Krym
      Mais oui ! Bien sûr ! « N’ayez pas peur ! », comme disait le prédécesseur de Ratzinger. Cette, si banale, prise de position idéologique vous rassure-t-elle ?

    3. Avatar de Henri Boyer
      Henri Boyer

      Pas si banal que ça , Schizosophie, mais le marxisme a un histoire, il doit en répondre et tout marxiste doit dire d’où il parle. C’est du pragmatisme.
      Si vous retenez le Léninisme comme une impasse, a quelle expérience militante marxiste vous référez-vous ? Si toutefois vous référez à une expérience concrète et pas seulement livresque.
      Et puis même pas peur!

    4. Avatar de schizosophie
      schizosophie

      @ Henri Boyer
      A quoi fais-je référence ? Aux soviets, aux vrais, ceux qui commencèrent en 1905, pas ceux qui furent centralisés. Vous le savez certainement, sinon passez par la case Voline, « La Révolution inconnue », par exemple : c’est un livre, mais son contenu est de l’histoire « concrète », comme vous dites. Le marxisme a bel et bien une histoire, qui est celle d’une récupération dont Marx lui-même reniait les prémices contre les lassaliens du Programme de Gotha.

      Plus généralement, il est nécessaire de se défaire des préjugés politico-idéologiques pour dépasser enfin le mode de production capitaliste, le ressassement des prises de position vieilles d’un siècle ne fait que signaler l’incapacité à envisager ce dépassement. On peut connaître et apprendre sans régresser. Ce ressassement est une autre face de la certitude des pragmatiques, qui sont aussi les idéologues économistes (ou disons « bourgeois » pour employer ce vieux vocabulaire encore si prégnant), selon lesquels le mode de production capitaliste, qu’ils considèrent comme un système, est indépassable.

      Qui a compris Marx ne peut pas être marxiste ni non plus capitaliste. Penser et vivre se fait sans drapeau. Ce problème mérite autre chose, et beaucoup mieux, que des postures politiques.

      C’est avec une grande répugnance que j’ai répondu, à vous, comme à Krym. N’étant pas « marxiste », je n’ai pas à vous répondre à la question que vous me posez, à savoir : « d’où je parle ? ». Je parle du point de vue d’aucune identité politique. C’est la seule manière de s’affranchir des religions modernes, qui toutes s’annoncent comme des chemins de la liberté. Le chemin est à faire, pas à suivre.

    5. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      « …derrière toi ,il n’y a plus de route…le voyageur parle avec son ombre. »

      Ainsi parlait Zarathoustra .

      En fait il ne parlait qu’à son ombre .

      Je préfère Kierkegard qui , du désespoir, sut passer à l’angoisse et finalement à l’ironie .

      Je repars dans l’ombre .

    6. Avatar de quid34
      quid34

      Je ne comprends pas :
      – La modernisation, si elle réduit les producteurs, baisse le coût des produits et donc augmente le pouvoir d’achat par l’équation quantité/marge. Moins d’ouvriers, donc moins de prolétaires…
      Un smicard possède un tel portable inabordable il y a 15 ans! L’usine à 0 employer peut exister, ce n’est pas l’ouvrier qui fait la valeur ajouté, c’est le concepteur et le marketer principalement!
      Les ouvriers restants, étant logiquement mieux payés.
      – Les entreprises ne font plus guère de surproduction, en période de crise leur problème c’est les salaires d’ex-productifs. Et si surproduction il y a c’est des crédits particuliers principalement car c’est la saturation des crédits, suite à une sur-consommation(notamment immobilière), qui freine la conso futur et compromet les équilibres d’où crise…

    7. Avatar de krym
      krym

      @ Schizosophie, oh pardon pour l’offense Monseigneur! On ne dérange pas une taupe qui dort !
      Et je connait Voline, mon père.

  16. Avatar de mathieu

    Merci Paul, et encore désolé de vous avoir infligé toutes ces coquilles…
    Mathieu

  17. Avatar de Jerome F.
    Jerome F.

    @ François Leclerc

    Qu’il est agréable de lire quelqu’un dire que la loi de l’offre et de la demande est une escroquerie intellectuelle! Je me sens moins seul. La plupart des lois économiques largement admises sont de ce type. Par exemple la théorie du commerce international de Ricardo est une jolie construction mathématique à milles lieues de la réalité. Aucun exemple chiffré ne permet de l’étayer, malgré l’abondance des recueils statistiques. C’est la croyance en cette loi qui nous a conduit au libre-échange généralisé (la mondialisation libérale) des biens et des capitaux. L’origine de la crise est là.

  18. […] This post was mentioned on Twitter by Catherine Ertzscheid, Karene H.. Karene H. said: Crise et sciences humaines par Paul Jorion http://digg.com/u1RooI Anthropologie Economie http://bit.ly/av5SjS […]

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