Email a copy of 'Comment la vraie monnaie va chasser la fausse, par Pierre Sarton du Jonchay' to a friend

* Required Field






Separate multiple entries with a comma. Maximum 5 entries.



Separate multiple entries with a comma. Maximum 5 entries.


E-Mail Image Verification

Loading ... Loading ...
Comment la vraie monnaie va chasser la fausse, par Pierre Sarton du Jonchay – Blog de Paul Jorion

E-Mail ‘Comment la vraie monnaie va chasser la fausse, par Pierre Sarton du Jonchay’ To A Friend


Partager :

161 réponses à “Comment la vraie monnaie va chasser la fausse, par Pierre Sarton du Jonchay”

  1. Avatar de Crapaud Rouge

    « En vérité, l’acceptation d’un paiement en monnaie n’est pas une acquisition de valeur présente en matière physique mais bien la promesse quantifiée d’une valeur future quelconque. » : oui, d’une certaine façon, mais dans la perspective ressassée de la monnaie qui peut perdre sa valeur par inflation. Serait-ce impossible de parler de la monnaie abstraction faite de sa « valeur » ? Celle-ci relève de la technique de sa gestion, ça ne définit pas la monnaie.

    « La supervision politique d’un marché par la détermination effective de droits équivalents entre tout échangiste est la contrepartie réelle de la monnaie. » : droits équivalents sur le marché échangiste, mais pas sur le plan du travail. Si, pour gagner un dollar, il faut à l’un travailler 12 heures dans des conditions épouvantables, et à l’autre une seconde à peine dans un bureau climatisé, ce même dollar ne représente pas du tout des « droits équivalents ».

    « Un règlement en monnaie est d’abord la quantification d’un droit et ensuite la potentialité de sa transformation en objet de matière physique. » : non, c’est la quantification d’un pouvoir réglementé en droit.

  2. Avatar de Crapaud Rouge

    « Le Droit garantit la contrevaleur physiquement matérialisable que la société entière promet du présent au futur. » : le droit ne peut pas garantir cette contrevaleur, sauf à très court terme. Que pourrai-je payer dans 100 ans avec dix euros ? Impossible à savoir, donc impossible à garantir.

  3. Avatar de Crapaud Rouge

    Très irritant cet article. Il commence par un titre accrocheur qui donne envie de lire pour savoir, mais il faut se coltiner des tonnes d’abstractions. J’ai vraiment l’impression d’être dans un labyrinthe : si je suis l’auteur par ici, puis par là, (ie: si je lis bien), alors je devrais trouver la sortie, c’est-à-dire comprendre comment le titre se justifie. Mais je ne peux que décrocher en cours de route, et je ne saurai sûrement jamais comment l’auteur différencie la « vraie » et la « fausse » monnaie. Dommage.

    Ca me rappelle une anecdote de lecture, La vie et les opinions de Tristram Shandy, de Laurence Sterne, un livre remarquable et rigolo comme tout, mais dont j’ai dû abandonner par 2 fois la lecture complète, (et à peu près au même endroit), faute de pouvoir suivre le fil des histoires qui s’emboîtent à n’en plus finir comme des poupées russes. De ce fait, il s’agit selon moi d’un livre très difficile à lire, mais, par un article paru dans Libé, je sais que pour l’éditeur, (Tristram), la difficulté serait ailleurs. Selon lui, il faudrait tout connaître du contexte socio-historique de l’histoire pour la comprendre, c’est pourquoi il a fait une édition bourrée de notes. Je les ai toutes lues, et à chaque fois j’ai été déçu : parce qu’elles n’apportaient strictement rien sur la compréhension de l’histoire.

    Monsieur Pierre Sarton du Jonchay écrit manifestement pour des universitaires érudits qui ont le temps, le courage et la motivation qui convient pour éplucher ses textes mots à mots, car il n’y a pas d’autre moyen d’en retenir quelque chose.

    1. Avatar de Moi
      Moi

      Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement.

    2. Avatar de Thibault Laurentjoye
      Thibault Laurentjoye

      Entièrement d’accord avec vous, Crapaud Rouge, cet article est très irritant.

    3. Avatar de VB
      VB

      @ Batracien,

      Je ne vous cache pas que j’ai également beaucoup de mal à suivre les méandres de la pensée de PSJ ; je pense que, derrière son « abscondité » (je sais que le terme est laid mais il me semble évocateur), se cache un problème de langage : il utilise des termes appartenant à des lexiques très différents qu’il fusionne en croyant servir la découverte de sa pensée, qui au surplus, n’est peut-être pas si claire que ça d’ailleurs.

    4. Avatar de vigneron
      vigneron

      Pour résumer, je dirais que l’apologie de la transparence, qu’appelle de ses vœux notre auteur à longueur de billets, est un art bien fumigène…

    5. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

      @Crapaud Rouge,

      J’ai été impressionné par la lecture de « Comment la vérité et la réalité ont été inventées ». La vérité et la réalité sont des inventions humaines. Elles sont en cours d’invention par vous et moi. La vérité et la réalité sont ce que nous voulons qu’elles soient. Paul Jorion explique que nous la construisons par le langage. C’est le génie d’Aristote de nous avoir livré le langage de l’architecture du langage qui exprime la vérité et la réalité de celui qui parle. J’ai bien conscience de vous demander un effort pour me comprendre. Paul Jorion qualifie ma démarche d’axiomatique. Elle fait peser une lourde charge sur le lecteur qui doit tout lire en supposant le propos vrai avant de savoir si la conclusion a un intérêt.

      L’intérêt que je souhaite partager est celui du langage libre qui produise une valeur universelle. Un langage qui cherche une vérité et une réalité extérieures à lui-même, enrichissant pour toute personne qui souhaite partager quelque chose avec un tout autre que lui-même. La proposition est libre et certainement exigente. J’emploie les mots dans un sens qui n’est peut-être pas courant en laissant mes interlocuteurs imaginer la réalité à laquelle ils sont renvoyés. Je ne peux que vous remercier de votre effort.

      Ma suggestion à propos de la monnaie est de lui attribuer un contenu métaphysique. Autrement dit d’affirmer qu’elle contient sa propre définition. C’est effectivement déroutant parce qu’une définition est plutôt un contenant qu’un contenu. Je dis que cela est possible par le marché si l’on veut bien le définir comme le lieu d’échange de la matière physique et métaphysique. Il faut alors admettre avec Aristote que la matière n’est pas seulement physique mais aussi métaphysique. Et la monnaie devient l’atome matériel de métaphysique.

      Si le marché est un lieu d’échange physique et métaphysique, il faut une règle. Il faut choisir et appliquer une rationalité non déterministe qui respecte la liberté de choisir alors même que les déterminismes physiques s’imposent à nous dans leur réalité. Alors même que la liberté instaure la concurrence des causes personnelles dans une société qui impose par elle-même les mêmes contraintes à des individus radicalement différents. Le marché peut concilier la liberté et la contrainte du réel humain et physique si les langages sont négociables en monnaie.

      Cela signifie que toute affirmation a une valeur si elle a un auteur personnellement identifiable qu’un autre garantit par sa réalité. Toute affirmation a une réalité et une vérité, s’il existe une société d’au moins trois personnes : l’une pour dire, l’autre pour faire et la troisième pour vouloir ce que le premier a dit que le deuxième fait. L’outil de langage qui relie des sujets à un objet dicible de réalité existe en finance : c’est l’option cotée sur un marché. Si le marché est l’option politique de la liberté cotable sur le marché, alors le nominal de l’option du marché est la monnaie de compte de la valeur universelle. C’est déroutant pour notre matérialisme idéaliste mais bien logique. Il faut vouloir la logique que nous adoptons ! S’il y a une variable cachée dans mon propos, c’est votre volonté libre de comprendre. Cette variable ne m’appartient pas.

      La monnaie est morte qui cherche à imposer l’imaginaire d’un groupe ou de quelques individus à l’humanité entière. La domination du dollar et de l’euro dans son sillage est terminée. Soit nous partagerons la monnaie avec le reste du monde, soit nous allons retourner à la misère.

    6. Avatar de VB
      VB

      @ PSJ,

      Pour ce qui me concerne, je ne peux en aucune façon entrer dans et agréer à votre raisonnement en raison des trop nombreuses assertions fausses qui jonchent ce qu’il faudrait que l’on accepte comme acquis ou comme vrai. Votre méthode axiomatique, utilisée dans chacun de vos textes, ne peut donc être valablement validée. Mais, qui ne tente rien n’a rien. Nous vivons une époque où il devient intéressant de tenter de trouver des solutions, encore faut-il que celles-ci ne s’éloignent pas trop du réel.

      Cordialement,

  4. Avatar de Crapaud Rouge

    « La première intermédiation financière a émané historiquement de l’autorité publique souveraine. » : non, l’intermédiation financière commence quand vous confiez à un tiers la monnaie que vous possédez.

    « Le marchand expérimenté est propriétaire d’une mesure de la valeur ajoutée future de ses ventes sur ses achats. : une mesure n’est qu’un nombre et, dans le cas du marchand, ce nombre est escompté, il n’est même pas le résultat d’une opération de mesure concrète. Il doit vendre d’abord. Le « propriétaire » d’une mesure future, non réalisée, n’est même pas propriétaire à l’instar d’un auteur, par exemple, il n’est donc propriétaire de rien du tout. Avec ses achats sur le dos, le « marchand expérimenté » a une charge, un truc dont il doit se débarrasser car, s’il ne le fait pas, il est perdant.

    « Si cette valeur nette anticipée est substantielle, réelle et vérifiable, des tiers se mettent à conserver leurs créances sur le marchand pour régler leurs dettes. » : comment pourrait-elle être substantielle puisqu’elle est anticipée ? La substance est hic et nunc ou n’est pas.

    « La fausse finance produit de la fausse monnaie qui ne contient pas la valeur de l’engagement humain. » : ah, enfin quelque chose que la mémoire peut retenir…

  5. Avatar de Crapaud Rouge

    « La substantification des monnaies ne peut plus reposer sur des définitions juridiques, politiques et religieuses nationales ; ni celles des États-Unis, ni celles de la Chine ni d’aucune autre nation. » : tout à fait d’accord. Cette « substantification » ne peut reposer que sur des procédés connus et compris de tous. C’était le rôle du stock de matière précieuse de justifier un procédé qui « garantissait » la valeur de la monnaie. (Les états se faisant fort d’en abuser, évidemment.) Or, aujourd’hui, on n’a aucune idée de ce que font les banques, du moins sont-elles libres de faire ce qu’elles veulent, hors de tout contrôle et dégagées du devoir de « garantir » la monnaie. Donc : monnaie bancaire, monnaie scripturale, monnaie de crédit, tout ça c’est de la fausse monnaie.

  6. Avatar de Crapaud Rouge

    Quand on est riche et qu’on ne sait pas que faire de son argent, on peut par exemple acheter un appartement et le louer. Question : vous le payez à crédit ou comptant ? Réponse : à crédit, et vous utilisez le loyer pour rembourser. Vous devenez ainsi propriétaire sans débourser un dollar de votre monnaie, ce qui vous laisse le loisir de l’utiliser dans les circonstances où le crédit n’est pas possible. Mais les locataires ne peuvent pas payer leur loyer à crédit, et comme ils ne sont pas idiots au point de louer un appart’ qu’ils pourraient acheter par leurs avoirs, il faut en conclure que c’est par leur travail qu’ils paient leur loyer. De façon analogue, c’est en faisant travailler ses machines que l’entrepreneur rembourse ses emprunts. Bref, la monnaie est à mettre en rapport avec une certaine quantité de travail, alors que l’auteur parle uniquement des prix de production.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Limpide.

    2. Avatar de Sarton du Jonchay
      Sarton du Jonchay

      @CR
      J’ai bien note vos remarques que je trouve constructives. Je vais faire l’effort de m’expliquer quand je serai de nouveau derrière un ordi.

  7. Avatar de Paul TREHIN

    Petit commentaire très court sur le titre même de cette discussion. « Comment la vraie monnaie va chasser la fausse » Je pense que beaucoup d’entre vous connaissent l’autre loi qui inverse cette proposition: « la mauvaise monnaie chasse la bonne ».Loi à laquelle on fait référence en tant que loi de Gresham.
    L’idée étant qu’en présences de deux monnaies, dont l’une est de qualité inférieure à l’autre, celle de meilleure qualité est souvent thésaurisée comme valeur de précaution, et seule l’autre reste en circulation pour sa valeur d’échange. Bien entendu, cette « loi de Gresham ne reste valable que tant que la différence de qualité entre les deux monnaies n’est pas trop importante. En effet si la qualité de la monnaie de qualité inférieure se détériore en deçà d’un certain seuil, celle ci perd alors tellement de sa valeur d’usage qu’elle finit aussi par disparaître de la circulation…

    Par ailleurs la monnaie, en tant qu’objet d’étude pose de très nombreuses questions déjà au niveau des rôles divers auxquels elle est associée
    1/estimation d’une valeur partagée au moins par un certain nombre de membres de la société
    2/ moyen de faciliter les échanges: le troc devenant trop complexe à organiser au delà d’un certain nombre de personnes et de produits
    3/un moyen de préserver une valeur pouvant être facilement thésaurisée en vue d’échanges ultérieurs.

    mais la complexité de l’étude de la monnaie tient aussi aux aspects psychologiques qui lui sont attachés. L’aspect fiduciaire, c’est à dire la confiance que les autres membres de la société vont l’accepter comme mode de règlement de dettes ou d’échanges. Notons que toute monnaie a ce caractère fiduciaire impliquant la confiance des autres en sa valeur, même l’or pourtant considéré comme valeur refuge par excellence….

    J’essaierai de trouver un moment pour résumer les excellents chapitres consacrés à la monnaie dans le livre du Professeur Raymond Barre, que je n’ai pas du tout aimé en tant qu’homme politique mais dont les textes publiés dans le cadre universitaire restent des chefs d’œuvres d’analyse économique pour leur étonnante objectivité, même si celle ci doit tout de même être relativisée. On n’est tout de même pas dans le discours obtus d’un idéologue bien que l’idéologie reste en filigrane dans le texte.
    Je ne sais pas si ces livres sont toujours disponibles: Raymond Barre Economie Politique 1 et 2, correspondant respectivement aux cours de 1ère et deuxième année de la licence de Science économique. Si vous les trouvez dans de « vides greniers » ou chez des bouquinistes n’hésitez pas à les acheter.

    Les mécanismes de base de l’économie y sont expliqués de manière qui reste toujours valable, tout comme la théorie newtonienne n’a pas cessé d’être valable même après l’apparition de la théorie de la relativité, seuls les domaines d’applications en ont été mieux circonscrits…

    Paul

    1. Avatar de VB
      VB

      S’agissant de mauvaise monnaie : « loi de Gresham » ou loi de Greespan ? 😉

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      @VB

      Greenspan ! Pas « Greespan »! Si encore vous aviez dit Greedspan, le mot d’esprit eût été presque acceptable. Là, c’est juste mauvais, .. et raté, ce qui n’excuse rien. Si j’avais été modérateur, je vous aurais squeezée. Par charité chrétienne…

      Mes hommages désolés.

    3. Avatar de VB
      VB

      @ vigneron la terreur,

      Aucune faute de frappe ne vous échappe ! Et vous êtes et resterez toujours enclin à la dureté, extrême, vis à vis des autres, malheureusement pas exactement partagée vis à vis de vous-même.

      Dommage,

      Cordialement,

    4. Avatar de vigneron
      vigneron

      A propos de Raymond Barre, grand défenseur et traducteur de Hayek, deux citations qui résument ce piètre animalcule néo-libéral activiste égaré en politique:

      « L’utilité est une notion qui se distingue de la morale et de l’hygiène. »
      Traité d’économie politique (1959)

      « La meilleure façon de lutter contre le chômage, c’est de travailler. »
      Prix de l’humour politique 1997.

    5. Avatar de Paul TREHIN

      Désolé pour les personnes qui ont corrigé mon commentaire, je persiste et confirme le nom et l’orthographe: Il s’agit bien de la loi de Gresham.
      La loi de Gresham, du nom du commerçant et financier anglais Thomas Gresham (vers 1519 – 1579), veut que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Cette loi, qui est en fait une constatation empirique, signifie que lorsqu’il y a deux monnaies en circulation, les agents économiques thésaurisent la « bonne » monnaie, et n’utilisent plus que la « mauvaise » dans leurs transactions.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Gresham

      La monnaie qui gagne en valeur va être gardée dans nos tiroirs ou sous nos matelas… Du coup, on va utiliser davantage la monnaie qui a perdu en valeur, c est elle qui va circuler. C’est pour ca qu’on dit que la mauvaise monnaie chasse la bonne.
      http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20070113043003AATetaS

      Exemple très concret et que certains d’entres vous avez peut-être observé ; les grands parents gardaient les « francs or » dans leurs tiroirs et achetaient avec des francs en cuivre ou en papier monnaie, réservant leurs franc-or pour les donner bien plus tard à leurs enfants et petits enfants. Le même phénomène s’est passé aux USA où il est devenu difficile de trouver des pièces de un dollar en véritable argent-métal ces dernières étant précieusement gardées dans les tiroirs ou même dans des coffres forts et donc le circulant plus sur les marchés d’achats de biens et services ordinaires.

      Je reviendrais plus tard sur cette mythologie liée à la valeur des métaux précieux, valeur qui est tout autant fiduciaire que celle des monnaies convertibles en or ou même que celle de l’or ou de l’argent sous leurs forme de métaux en lingots ou même en pièces des métaux précieux. C’est uniquement ou presque parce que les autres membres de la société acceptent cette valeur de manière collective qu’elle existe. J’ai précisé « ou presque » car depuis quelques années l’or et l’argent ont des applications industrielles, l’or et l’argent ont maintenant une valeur pour une utilité économique autre que les échanges et la thésaurisation.

      J’y reviendrai plus longuement pour pousser un petit coup de gueule… suite à des articles publiés dans des revus destinées aux profiteurs et spéculateurs sur ces métaux précieux.

      Paul

    6. Avatar de vigneron
      vigneron

      @VB

      Ne vous inquiétez pas, nul besoin de votre cruelle et mesquine sollicitation pour me montrer en parfaite communion avec les « victimes » innocentes mon extrême dureté. Je ne vous en donne que la menue monnaie, je garde les grosses coupures pour ma pomme.

    7. Avatar de VB
      VB

      @ Paul TREHIN,

      Je n’ai pas pensé que vous faisiez une erreur, je n’ai parlé de Greenspan que parce que, sauf erreur de ma part, c’est sur son inspiration que le crédit comme mode de financement s’est considérablement développé aux USA, ce qui a induit un faux sentiment de propriété, cher payé, pour beaucoup de monde (d’où la petite mais mauvaise plaisanterie sur la mauvaise monnaie ; mauvaise plaisanterie car il ne s’agit pas à proprement parler de monnaie en circulation 🙂 ).

      Cordialement,

    8. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ Paul Trehin

      Le titre de ce billet de Pierre Sarton du Jonchay est sûrement une allusion à la loi de Gresham, vous avez raison d’en parler. Voici trois cas où la loi de Gresham peut s’appliquer :

      1) L’altération des monnaies : le roi frappe des monnaies qui contiennent moins d’or ou d’argent que les anciennes, mais il oblige les marchands à les accepter comme des vraies. Cette pratique fût extrêmement ancienne et fréquente, remarquée déjà par Aristophane dans Les grenouilles. Sa motivation est facile à comprendre, puisqu’elle permet au souverain de frapper plus de pièces avec moins de métal et ainsi d’augmenter son seigneuriage. Cas équivalent : obliger les marchands à accepter les pièces usées au même prix que les pièces neuves.

      2) Le bimétallisme : des monnaies d’argent et des monnaies d’or circulent en parallèle, et le gouvernement fixe par la loi le taux de change entre les deux. Ce taux légal n’est jamais parfaitement égal au prix de marché, ce qui fait qu’un des deux métaux est surévalué. Ce système s’est généralisé après la Révolution française, quand le « franc Germinal » a été instauré et défini comme un certain poids d’or ou un certain poids d’argent. Le bimétallisme était cependant plus ancien, puisque Newton, maître des monnaies, gérait déjà un système similaire au début du XVIIIème. La motivation officielle est de simplifier le système monétaire en fixant la parité entre les pièces de métaux différents, par exemple pour la monnaie divisionnaire. Je dis officielle, car le bimétallisme a des effets secondaires très puissants, et l’on peut se demander si ce n’est pas là sa motivation réelle.

      3) Des monnaies différentes en contenu, mais difficiles à distinguer. Cela peut être le cas de la fausse monnaie, par exemple, à condition qu’elle soit suffisamment bien imitée. Plus récemment, c’est le cas des billets de banque, si l’on considère que des billets émis par une banque n’ont pas la même qualité selon que la banque est solide et dotée de fortes réserves, ou non. Or, la solidité de la banque émettrice n’est pas « marquée dessus » et il est difficile, lorsqu’on reçoit un billet en paiement, de savoir si il sera convertible.

      On voit ainsi qu’il faut une condition pour que la loi de Gresham entre en action : il doit être impossible (3) ou bien interdit (1 & 2) de sélectionner la bonne monnaie. La formulation courante de la loi est donc incomplète, et il faudrait dire « La monnaie surévaluée chasse la monnaie sous-évaluée. » En pratique, le cas 3) est plutôt rare car une monnaie doit être facile à authentifier, sans quoi elle a peu de chances d’être utilisée à grande échelle. Pour faire une analogie : s’il était impossible de distinguer le diamant du verre, les bagues en diamant ne vaudraient pas grand-chose.

      Ainsi, la loi de Gresham est en réalité une loi de l’intervention de l’Etat dans la monnaie. Il y a plusieurs façons de surévaluer une monnaie : lui donner cours légal, fixer son ratio avec une autre monnaie, donner des privilèges légaux (garanties publiques) à l’émetteur, etc. Les effets secondaires sont innombrables : dégradation de la qualité des pièces, exportation et/ou thésaurisation du métal sous-évalué en régime bimétallique, extension de l’usage des billets de banque par rapport aux espèces. Tous ces exemples illustrent la loi « La monnaie surévaluée chasse la monnaie sous-évaluée. »

      Je viens de regarder l’article « loi de Grehsam » dans l’encyclopédie Universalis et dans Britannica, et la moisson est décevante. Il y a deux très bons articles en anglais de Selgin et Mundell, respectivement :
      http://eh.net/encyclopedia/article/selgin.gresham.law
      http://www.columbia.edu/~ram15/grash.html
      En français, un bon article est celui de Richard Dutu :
      http://www.univ-orleans.fr/deg/GDRecomofi/Activ/dutu_gresham_birmingham.pdf
      « Loi de Gresham et Circulation des Monnaies au Moyen-Âge »

      Cdt,
      GSF

    9. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ Paul Trehin

      Le titre de ce billet de Pierre Sarton du Jonchay est sûrement une allusion à la loi de Gresham, vous avez raison d’en parler. Voici trois cas où la loi de Gresham peut s’appliquer

      1) L’altération des monnaies le roi frappe des monnaies qui contiennent moins d’or ou d’argent que les anciennes, mais il oblige les marchands à les accepter comme des vraies. Cette pratique fût extrêmement ancienne et fréquente, remarquée déjà par Aristophane dans Les grenouilles. Sa motivation est facile à comprendre, puisqu’elle permet au souverain de frapper plus de pièces avec moins de métal et ainsi d’augmenter son seigneuriage. Cas équivalent obliger les marchands à accepter les pièces usées au même prix que les pièces neuves.

      2) Le bimétallisme des monnaies d’argent et des monnaies d’or circulent en parallèle, et le gouvernement fixe par la loi le taux de change entre les deux. Ce taux légal n’est jamais parfaitement égal au prix de marché, ce qui fait qu’un des deux métaux est surévalué. Ce système s’est généralisé après la Révolution française, quand le franc Germinal a été instauré et défini comme un certain poids d’or ou un certain poids d’argent. Le bimétallisme était cependant plus ancien, puisque Newton, maître des monnaies, gérait déjà un système similaire au début du XVIIIème. La motivation officielle est de simplifier le système monétaire en fixant la parité entre les pièces de métaux différents, par exemple pour la monnaie divisionnaire. Je dis officielle, car le bimétallisme a des effets secondaires très puissants, et l’on peut se demander si ce n’est pas là sa motivation réelle.

      3) Des monnaies différentes en contenu, mais difficiles à distinguer. Cela peut être le cas de la fausse monnaie, par exemple, à condition qu’elle soit suffisamment bien imitée. Plus récemment, c’est le cas des billets de banque, si l’on considère que des billets émis par une banque n’ont pas la même qualité selon que la banque est solide et dotée de fortes réserves, ou non. Or, la solidité de la banque émettrice n’est pas marquée dessus et il est difficile, lorsqu’on reçoit un billet en paiement, de savoir si il sera convertible.

      On voit ainsi qu’il faut une condition pour que la loi de Gresham entre en action il doit être impossible (3) ou bien interdit (1 & 2) de sélectionner la bonne monnaie. La formulation courante de la loi est donc incomplète, et il faudrait dire La monnaie surévaluée chasse la monnaie sous-évaluée. En pratique, le cas 3) est plutôt rare car une monnaie doit être facile à authentifier, sans quoi elle a peu de chances d’être utilisée à grande échelle. Pour faire une analogie s’il était impossible de distinguer le diamant du verre, les bagues en diamant ne vaudraient pas grand-chose.

      Ainsi, la loi de Gresham est en réalité une loi de l’intervention de l’Etat dans la monnaie. Il y a plusieurs façons de surévaluer une monnaie lui donner cours légal, fixer son ratio avec une autre monnaie, donner des privilèges légaux (garanties publiques) à l’émetteur, etc. Les effets secondaires sont innombrables dégradation de la qualité des pièces, exportation etou thésaurisation du métal sous-évalué en régime bimétallique, extension de l’usage des billets de banque par rapport aux espèces. Tous ces exemples illustrent la loi La monnaie surévaluée chasse la monnaie sous-évaluée.

      Je viens de regarder l’article loi de Grehsam dans l’encyclopédie Universalis et dans Britannica, et la moisson est décevante. Il y a deux très bons articles en anglais de Selgin et Mundell, respectivement
      httpeh.netencyclopediaarticleselgin.gresham.law
      httpwww.columbia.edu~ram15grash.html
      En français, un bon article est celui de Richard Dutu
      httpwww.univ-orleans.frdegGDRecomofiActivdutu_gresham_birmingham.pdf
      Loi de Gresham et Circulation des Monnaies au Moyen-Âge

      Cdt,
      GSF

    10. Avatar de Oppossùm
      Oppossùm

      Je vous signale au passage que Dutu , dans sa conclusion, observe que dans d’autres cas que ceux de son article, la bonne monnaie, la forte, a chassé la « mauvaise ».

      Il pose l’idée qu’il pourrait y avoir des « réactions » à la supposée loi de Gresham.

      En fait je trouve l’article de Dutu vraiment intéressant car il montre bien -pour moi- que cette loi n’est pas une loi, mais le résultat d’un comportement humain consistant à s’assurer un gain soit par une garantie plus forte, soit par de la pure spéculation.

      Toute distorsion entre la valeur nominale faciale d’une monnaie et son contenu intrinsèque , toute différence de corruption entre 2 monnaies se référant à la même unité de compte, tout taux de change mal estimé dans une même monnaie composée de pièces hiérarchisées d’or et d’argent , ou tout taux de change mal calibré entre deux monnaies d’unité différentes, eu égard à leur valeur intrinsèque supposée, … entraînent des mécanismes d’ajustement par le jeu de la spéculation , puisqu’un gain sans production de travail , est possible !!!

      Mais cet ‘ajustement’ s’inscrit dans une réalité : il faut pouvoir concrètement réaliser la transaction qui dégagera le gain , sur un marché s’il existe, en trouvant un partenaire , et ceci au travers d’une réglementation seigneuriale instaurant plus ou moins de rigidité par un certain ‘interventionnisme’ (puisqu’au moyen-age la production de monnaie est un droit relevant certes du roi mais aussi des seigneurs, le roi n’étant qu’un seigneur parmi les seigneurs ).

      La loi de Gresham connait donc des variantes : la monnaie ‘faible’ ou corrompue peut ‘manger’ complètement ou pas la forte … ou ne pas la manger suivant les possibilité d’observer d’abord les distorsions , et de les réaliser , à l’échelon local ou régional et suivant les règles imposés par les seigneurs (Centre de fonte, privilège des changeurs et arbitragistes, taux de change libre ou administré etc …)

      Mais cette loi a-t-elle encore un sens quelconque aujourd’hui … ?
      … puisque cette loi n’est basé fondamentalement que sur la distorsion entre la valeur affichée et la valeur intrinsèque de la monnaie (La monnaie comportant son gage en elle même)

      Aujourd’hui la monnaie n’est plus gagée puisqu’elle n’est plus garantie par une marchandise précise de fait (la marchandise est concrètement dans la monnaie) ou de droit (on vous promet l’échange du billet-ticket automatiquement contre une marchandise réelle , l’or en général)

      Par conséquent la loi de Gresham ne peut plus fonctionner plus de la même façon.

      Les monnaies d’aujourd’hui ne sont plus marchandises mais crédit. La force d’une monnaie est donc la qualité de ce crédit , qui circule et tient lieu de monnaie . (La qualité du crédit d’une zone géographique souveraine étant le degré de certitude de rembourser ce crédit, c’est à dire de produire , puis vendre, de la richesse -biens ou services-)

      La spéculation va consister à jouer -lorsque cela est possible- les distorsions et les rigidités entre les taux de changes des monnaies lorsqu’ils ne reflètent pas la force réelle économique entre diverses zones souveraines , soit parce que les taux sont fixés administrativement mais qu’il y a des failles, soit parce que le marché se trompe , soit parce que dans un temps court ça va changer … etc …

      La loi de Gresham n’a plus de sens alors ! … mais néanmoins les comportements attirés par le gain sont encore à l’oeuvre et on peut dire que la la loi de Gresham prend alors des formes différentes.

  8. Avatar de Paul TREHIN

    Je reviens un peu à Raymond Barre dont les mandats politiques m’ont plus que déçu, il m’ont dégouté d’une certaine forme de politique. Il donnait dans ses discours politique des positions extrémistes en matière d’économie de marché alors qu’il avait fourni dès son premier tome de « Economie Politque », manuel de première année de Science Eco, une analyse extrêmement nuancée, surtout quand on considère qu’il s’agissait d’un cours théorique de base destiné à expliquer à des élèves de première année de science éco les éléments très primaires du fonctionnement de l’économie libérale de marché. Il y apportait des critiques que l’on retrouvera plus tard dans des auteurs tels que Georges Akerlof ou que Joseph Stieglitz. Par ailleurs sa description pédagogique des systèmes soviétiques dans ce même manuel de première année de Science Eco, restait relativement objective en ce qui concernait leur organisation et leur fonctionnement.

    Je différencie bien l’homme politique, obligé de donner des positions tranchées pour séduire un électorat souvent peu au fait des théories économiques du professeur d’économie devant un auditoire captif mais pour lequel une des fonction de l’enseignement restait selon le principe de Monteigne « Former le jujement » donc apporter les éléments d’une théorie en même temps que les aspects critiques de cette théorie.

    C’est l’écart entre le professeur relativisant les oppositions entre les théories économiques et l’homme politique les exacerbant qui m’a surtout fait détester Raymond Barre homme politique.

    Plusieurs texts que je viens de lire, textes venant d’auteurs avec des histoires personnelles de gauche ou des histoires personnelles plus de l’économie de marché m’ont permis de m’appercevoir que bien des éléments du Taylorisme ou même du Fordisme avaient été largement intégrés dans les méthodes soviètiqus de production, entre autre dans le Stackanovisme, où, tout omme dans les régimes capitalistes l’individu était sacrifié sut l’autel du productivisme scientifique.

    J’ai rajouté ce commentaire pour insister sur la nécessaire relativisation des certitudes en matière de compréhension des phénomènes humains déjà au niveauindividuel mais encore plus au niveau social.
    Fort heureusement, plusieurs de mes professeurs successifs en licence de Science Eco puis e DEA de SCience Eco ont eu des approches tout aussi ouvertes, quelles que soient leurs appartenances politiques, J’en ai en tête deux en particuliers dont un était Giscardien, l’autre Marxiste mais les deux délivraient des cours très ouverts, même si on sentait parfois des nuances dans leurs présentations sur certains éléments. Mais en DEA, on a tout de mêmme reçu auparavant une panoplie permettant de séparer l’idéologie de l’enseignement théorique.

    Paul

  9. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

    @Gu si fang (http://www.pauljorion.com/blog/?p=14650#comment-101567),

    Je vous suis dans l’ensemble de vos remarques et souhaite insister sur certains points. Vous semblez suggérer vous-même qu’il y a quelque chose en plus que des objets matériels, des transactions et du temps pour faire de la monnaie. Il y a la logique qui ordonne nos actes à nos fins. C’est à mon avis ce qu’Adam Smith avait signifié par le terme de « main invisible ». Les dernières générations d’élèves de Smith dénaturent ses leçons d’économie. Elles n’ont pas écouté sa théorie des sentiments moraux. Si une société adopte la discipline individuelle d’offrir ce que les autres demandent et de demander ce que les autres offrent, alors « miraculeusement » la valeur se multiplie par l’échange. En métaphysique aristotélicienne, la valeur (Aristote nous fournit les causes de la valeur sans la qualifier comme telle) est à la fois forme et matière. Ainsi est-il possible de l’utiliser comme unité de compte et matérialité métaphysique de la valeur comptée.

    La causalité de la monnaie dans l’intelligence humaine libre de la matière physique rend la monnaie variable dans le temps mais pas dans la logique. Le temps est cause de changement de la valeur pendant que la puissance logique est cause de stabilité. La matérialité, la forme ET la finalité coexistent dans l’effet de la monnaie sans ordre chronologique mais par un ordre moral. Cette réalité est difficile à comprendre pour l’esprit scientifique contemporain. Nous raisonnons avec la matière, la forme et l’effet mais ignorons le problème de la finalité que nous excluons du champ de la connaissance scientifique. Il n’existe plus qu’une seule causalité déterminée par le temps où toute conséquence a des causes antérieures à elle-même. Sans la finalité qui entraîne la responsabilité, nous croyons que la vie est plus facile à vivre seulement conduite par la temporalité.

    Nous en venons ici au lien entre la Loi et la morale. La Loi est le modèle de la morale non sa réalité vécue dans le temps. Elle outille le raisonnement moral en marquant les repères communs fondamentaux qu’une société propose à ses membres. Bien sûr, la loi donne valeur morale à la monnaie mais à condition que la loi ait été convenue et appliquée par ses sujets dans la réalité de leur vie concrète. L’État de droit n’est pas seulement de la Loi dite dans la virtualité mais de la Loi comprise et appliquée dans la réalité des personnes, c’est à dire des individus outillés par une science morale, une science de la subjectivité libre, des individus CONSCIENTS.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      L’État de droit n’est pas seulement de la Loi dite dans la virtualité mais de la Loi comprise et appliquée dans la réalité des personnes, c’est à dire des individus outillés par une science morale, une science de la subjectivité libre, des individus CONSCIENTS.

      Le contraire de »l’homo economicus », si je ne m’abuse? Belle conclusion Monsieur du Jonchay…

    2. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Bonsoir et merci pour votre réponse,

      « Vous semblez suggérer vous-même qu’il y a quelque chose en plus que des objets matériels, des transactions et du temps pour faire de la monnaie. »

      Oui. Si je considère une pièce dans ma poche dans ma monnaie, c’est parce que je crois pouvoir l’échanger facilement. J’ai un stylo bille dans ma veste, mais je ne le considère pas comme de la monnaie. C’est donc ma croyance qui fait d’une pièce quelconque une pièce de monnaie – croyance partagée avec les autres membres de la société. Et je peux vérifier tous les jours la validité de cette croyance, puisque chaque fois que je veux acheter quelque chose… on accepte effectivement mes pièces !

      En d’autres termes, c’est ce que les économistes appellent préférences, croyances, valeurs subjectives ou anticipations qui font d’une monnaie ce qu’elle est. Ce ne sont pas les qualités matérielles de l’objet métallique lui-même. On peut formuler cela en disant qu’une monnaie est un « fait social » ou une « institution sociale de facto » (à défaut d’être de jure).

      Je ne comprends pas votre deuxième alinéa sur la variabilité de la monnaie, la « logique » (?) et la causalité.

      Dans le troisième alinéa, voulez-vous dire qu’une Loi devient morale lorsque que les gens l’internalisent et l’appliquent volontairement ? Il y a pourtant de nombreux contre-exemples. A l’extrême, on peut citer le zèle de l’administration française à appliquer le décret de Vichy sur le statut des Juifs, par exemple. Dans un registre plus banal, on peut considérer les lois de plafonnement de tel ou tel prix, qui engendrent une pénurie du bien concerné et le développement du marché noir. Mais il y a aussi des comportements sociaux qui sont internalisés et que nous respectons spontanément sans qu’il soit besoin de les codifier dans la loi. Il y a ainsi des règles de conduite qui sont partagées par tous, et heureusement : cela nous facilite la vie en nous aidant à anticiper le comportement des autres. Si nous avons peur du « fou », c’est entre autres parce que qu’ils ne respecte pas les règles de conduite et qu’il est donc imprévisible.

      Ce que je dis dans mon commentaire, c’est que les interactions sociales permettent l’émergence, la production et le partage de valeurs communes. La monnaie joue un rôle important dans ce processus, du moins pour les interactions qui passent par des échanges marchands. Je n’oublie pas que beaucoup d’interactions sociales se font sans monnaie, mais la monnaie joue un rôle suffisamment important pour qu’une erreur de manipulation perturbe le fonctionnement de toute la société. C’est le cas des bulles financières.

      Le coeur du débat se situe, à mon avis, entre les partisans d’échanges spontanés, qui considèrent que dans ce contexte la monnaie émerge toute seule comme une institution sociale ; et, d’autre part, ceux qui considèrent que les échanges et interactions entre individus doivent être intermédiés par une autorité centrale, et pour qui la monnaie doit donc être « gérée » politiquement.

    3. Avatar de VB
      VB

      @ PSJ,

      « La Loi est le modèle de la morale »
      =>
      On comprend le contexte dans lequel vous dites cela cependant, cette assertion est plus que contestable : premièrement la morale appartient à un autre ordre que la loi, qui est du droit positif ; deuxièmement, c’est plutôt la morale qui devrait inspirer la loi ; troisièmement, si nous parlons du droit positif actuel, on ne peut que constater que la morale (ou l’éthique) en est de plus en plus absente.

      Cdt,

    4. Avatar de tata
      tata

      Juste une remarque. Ces phénomènes que l’on pourrait qualifier de rétroactif, si je comprends un peu, sont modélisés en « sciences dures ». Il suffit de prendre un graphe. On lui associe souvent des arbres infinis pour « retouver » des ordres partielles pour le calul (c’est très très schématique ce que je dis là). Mais, c’est vrai, ce n’est
      pas de la physique. Pour le reste j’en suis encore a l’incubation.

    5. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

      @Gu Si Fang,

      La variabilité de la monnaie découle de sa nature inventée, de son immatérialité physique. Elle dépend totalement de la conception que ses utilisateurs s’en font. La valeur de la monnaie flotte avec l’histoire de la civilisation. Et nous sommes dans une phase historique où la monnaie seulement conçue dans sa matérialité échappe à tout effort de stabilisation. L’instabilité de la monnaie traduit l’instabilité actuelle des racines morales du Droit, de l’État de droit et de l’autorité politique. Concrètement l’autorité disparaît qui ne construit pas une société moralement et physiquement accueillante à toute personne. Les intérêts nationaux, les intérêts de classe où les intérêts économiques ne sont plus suffisants pour structurer la monnaie dans la mondialisation. Les idéologies au mieux masquent le désordre et la valeur humaine individuelle et collective se met à régresser.

  10. Avatar de Rosebud1871
    Rosebud1871

    PSDJ 15 août 2010 à 20:05
    « La vérité et la réalité sont des inventions humaines ».
    Ouf !!! Dieu est hors jeu !

    « Elles sont en cours d’invention par vous et moi. »
    Dans ce cas, si c’est juste la votre, je crains que son cours ne soit d’aucun secours sur le marché de la réalité et de la vérité.

    « La vérité et la réalité sont ce que nous voulons qu’elles soient. »
    C’est ce que montre exemplairement un dialogue entre un psychiatre et un paranoïaque.

    « L’intérêt que je souhaite partager est celui du langage libre qui produise une valeur universelle ».
    Le langage n’est pas libre, il est traversé de règles. Le poète s’en affranchit et atteint l’universalité, le maniaque logorrhéique aussi, mais atteint la solitude.

    « J’emploie les mots dans un sens qui n’est peut-être pas courant en laissant mes interlocuteurs imaginer la réalité à laquelle ils sont renvoyés. »
    Plus ou moins comme tout de monde. Si un concept (à équivocité de signification comme tous, vient dans sa parole, le locuteur produit un déictique pour indiquer son référentiel d’auteur et orienter le lecteur). Mais il n’y a pas d’autre solution que le malentendu. Ce qui n’est évidemment pas la tasse de thé de ceux font du langage un outil de communication.

    « Ma suggestion à propos de la monnaie est de lui attribuer un contenu métaphysique. Autrement dit d’affirmer qu’elle contient sa propre définition ».
    Nul signe n’est autoréférentiel et d’ailleurs, 15 août 2010 à 19:31 vous corrigez.

    « la liberté instaure la concurrence des causes personnelles dans une société »
    Bigre, la liberté réduite à la concurrence.

    « Toute affirmation a une réalité et une vérité, s’il existe une société d’au moins trois personnes : l’une pour dire, l’autre pour faire et la troisième pour vouloir ce que le premier a dit que le deuxième fait. »
    Le prêtre, le tiers état, et la noblesse soldatesque ?

    « Si le marché est l’option politique de la liberté cotable sur le marché… »
    Voilà qui n’est pas dans le fil du rapport de forces cher à Aristote et que P. Jorion fait mousser.
    Champagne !
    ou je ne sais pas lire…

    Gu Si Fang 11 août 2010 à 00:31
    « Il faut préserver le « droit de ne pas être d’accord », opinion qui semble d’ailleurs souvent exprimée sur ce blog. »

    Un débat public suppose de prendre le risque d’être interpellé sur la consistance de son dire, sauf à borner ce risque avec toutes les techniques en usage à la télé (préparer le débat avant, épargner l’interlocuteur en attendant la réciprocité, la langue de bois, l’évitement, la complicité de facto, etc).

    1. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ Rosebud1871

      Oui, je suis 100% d’accord avec vous sur la contradiction des opinions, bien sûr. Ce n’était pas clair, mais je parlais des actes plus que des paroles. Par « droit de ne pas être d’accord » je voulais dire ne pas être contraint d’obtempérer. Etre convaincu, pas contraint ; encore plus lapidaire : un revolver n’est pas un argument 😉

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      « un revolver n’est pas un argument »

      Si, si! Remenber Santiago, sweet little and yellow capitalistic pig…

    3. Avatar de Moi
      Moi

      Le Chili c’est peanuts vigneron.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_du_30_septembre_1965_en_Indon%C3%A9sie

      http://en.wikipedia.org/wiki/Berkeley_Mafia (remarquez comme le nom de la très « philanthropique » Fondation Ford réapparaît à chaque fois)

    4. Avatar de Pierre Sarton du Jonchay

      @Rosebud1871,
      Entendez-vous par force l’effet d’une cause non choisie ? Une même réalité tangible peut-elle contenir à la fois de la force et du choix ?

    5. Avatar de Rosebud1871
      Rosebud1871

      @ PSDJ
      « Entendez-vous par force, l’effet d’une cause non choisie ? »

      L’abonnement à la « cause du peuple » version George Sand ou plus tard Roland Castro était librement choisi. L’adhésion au colle cause, c’est moins certain.
      Il y a toutes sortes de causes, par exemple celles qui causent l’oubli puisqu’il y a différentes manifestations d’oublis, cela laisse supposer différentes causes à l’oubli mais toutes liées à une force qui produit l’oubli.
      De même pour votre seconde question tout indique que là où le sujet du libre arbitre s’imagine libre de choisir, il ne manque pas de forces qui le déterminent à son insu (voir sur ce fil plus haut en tapant « levi » ma remarque à votre copain.
      En associant ces remarques à votre question qui vient de mon commentaire sur votre « le marché est l’option politique de la liberté cotable sur le marché… », le sourire de la crémière inclus dans le prix du marché n’est t-il pas une force d’attraction pour le désir du badaud ? Sans parler en amont de tous les rapports de force sociaux au niveau de la production qui fabriquent la notion de prix de revient.

Contact

Contactez Paul Jorion

Les livres de Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta