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La transition (V) – C’est quoi moi ? – Blog de Paul Jorion

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78 réponses à “La transition (V) – C’est quoi moi ?

  1. Avatar de quid34
    quid34

    Lorsque l’homme est passé de chasseur-cueilleur à agriculteur cad de nomade à sédentaire, la propriété de la terre n’a t-elle pas commencé ? Celui (ou le groupe) qui travaille la terre toute l’année, ne le fait que si la récolte lui est assurée ?

    De même celui qui construit sa cabane, ne souhaite pas se faire déloger par le premier venu ?

    Il me semble difficile de demander de l’investissement ( travail, temps, argent… ) sans une garantie minimale en contrepartie.

    Quand à l’identification aux objets possédés, de tout temps les hommes se sont identifiés entre eux par leur singularité : fils de X, homme de France, celui qui sait lire, le forgeron, aux chapeau rouge, à la maison blanche, à la décapotable, qui habite le 16éme… Les singularités sont très souvent des motifs faciles de conversation avec leur lots d’associations et sont alors dans bien des cas transformées en symboles d’échecs ou de réussites. Notre part narcissique se nourrira alors d’objets symboliques apaisants en accord avec ses blessures.

    La raison peut elle parfois refouler ce besoin ? sans effets secondaires ?

    Bouddha ou la psychanalyse ?

  2. Avatar de idle
    idle

    L’homme n’est en réalité propriétaire de rien dans ce bas monde, pas même de son véhicule physique dont il est juste le responsable.

    La seule chose dont il est propriétaire c’est de l’expérience bonne ou mauvaise de son passage sur notre terre, rien d’autre.

  3. Avatar de Rosebud1871
    Rosebud1871

    Frédéric NEF, l’auteur de l’article « propriété, propre » du Vocabulaire Européen des philosophies sous direction de Barbara Cassin, ci-dessous (sauf les termes en grec ancien) goutera de n’être pas oublié à propos du fil « d’appartenance », ce qui est aussi une publicité offerte pour l’ouvrage.
    Au modérateur de laisser passer ou pas un tel emprunt pas dénué d’intérêts…

    PROPRIÉTÉ, PROPRE
    gr. idiotês to idion, idios
    lat. proprietas, proprius
    all. Eigenschaft, Eigentum, eigen
    angl. property, proper

    COMPARAISON, EREIGNIS, JE, OIKEIÔSIS, PRÉDICABLE, PRÉDICATION, SOI, UNIVERSAUX, VÉRITÉ
    Le terme propriété, au sens abstrait de manière d’être d’une chose, a une double origine, théologique et juridique, que l’on perçoit encore dans les expressions amour propre ou biens propres, propriété privée. Cette double origine renvoie au sens général du « propre» comme le non-souillé, l’intime. Cette généalogie latine (décalquée par le français et l’anglais proper, « correct, propre sur soi») se double d’une généalogie germanique qui dérive l’Eigenschaft, la « propriété », de l’eigen, le « propre », de l’Eigentum, la« propriété» (au sens de ce que l’on détient). La connexion du propre et de la propriété semble donc plus qu’un accident individuel d’une langue: une constante.
    L’étymologie latine fait remonter proprius à pro privo (( à titre particulier », DEL,p. 540). Le proprius est équivalent au perpetuus (ibid., p. 539) : ce qui est propre à un individu est une caractéristique permanente de cet individu. Proprietas est un dérivé relativement tardif de proprius, avec le double sens de possession et de caractéristique: c’est un « calque de idiotês »qu’on trouve sous la plume de Cicéron (DEL, p.540). Le gr. idios se rapporte à ce qui est privé, propre à quelqu’un, qu’il s’agisse d’un bien ou d’une manière d’être, par opposition à ce qui est public (koinos). ldiotês désigne la propriété, le caractère propre de ou à quelque chose, et idiôtês, pour lequel n’existe pas de calque latin, désigne à la fois le particulier, le simple citoyen opposé à l’homme public et le non-technicien, l’« idiot», par différence avec le spécialiste (cf. É. Benveniste, Le Vocabulaire des institutions européennes, t. I, p. 328 ; voir ART. et LANGUE. Il, B, 1). Idios est fondé sur le thème indo-européen *swe-d, d’où est dérivé suus (sien) ; *swe (qui apparaît, outre dans *swe-d, dans swe-t lié à étes [fr. allié] et dans *suie-dh lié à ethos, d’une part, « implique l’appartenance à un groupe de « siens propres », de l’autre il spécialise le « soi » comme individualité» (Benveniste, ibid., t. l, p. 332). Le sens logique de idion, « le propre », est strictement déterminé chez Aristote: « Est un propre (idion) ce qui, sans exprimer l’essentiel de l’essence de son sujet (to ti ên einai) n’appartient pourtant qu’à lui et peut s’échanger avec lui en position d’un sujet concret (monôi d’huparkhei kai antikatêgoreitai tou pragmatos ) (Topiques, J,5, 102a 18-19). Le propre fait partie, avec le genre, la définition, l’accident, des prédicables (ibid., J,5 ;voir PRÉDICABLE et To TI ÊN EINAI). J. Brunschwig commente: « Lorsqu’on assigne un propre à un sujet, le nom (du sujet) s’attribue à tout ce à quoi s’attribue la formule (du propre) et la formule (du propre) s’attribue à tout ce à quoi s’attribue le nom (du sujet) (ibid., p. 122).

    En anglais, property est dérivé de proper. Le proper name, c’est celui qui est propre à l’individu (nom propre apparaît en 1549, modernisation de l’anc. fr. propre nuns vers 1155 [DHLF, p. 2977]). Le nom propre, c’est celui qui est approprié à l’individu. En ce sens, Dieu est un nom propre archétype: il est parfaitement approprié. En français, propre a deux sens, le second, tardif (1842, DHLF, op. cit.), s’appliquant à une personne qui se lave souvent, et comporte deux dérivés de sens distinct: A, propriété, et B, propreté (d’où en fr. de Wallonie appropriation pour nettoyage). Le sens A est présent dans la tournure le propre de x pour désigner « l’essence de x » -par exemple, « le propre de la puissance est de protéger» (Pascal). Le sens B est à l’origine un sens général de «bon ordre» et ne désigne l’hygiène que tardivement – à l’Âge classique, un dîner, un parc peuvent être dits «propres» au sens d’approprié à une situation ou à un usage, convenable: « Personne ne l’embarrasse, tout le monde lui convient, tout lui est propre» (La Bruyère). Ce qui est commun aux sens A et B est l’idée de convenance (gr. prepon ; voir encadré 6, «Decorum », dans MIMÊSIS).

    L’allemand distingue l’Eigenschaft, l’Eigentum et l’Eigenheit (« particularité »): l’Eigenschaft est possédée par plusieurs individus(par ex. « être rouge ») tandis que l’Eigenheit est possédée par un seul individu (par ex. « être moi »).C’est au XVIe siècle que Eigenschaft apparaît pour traduire qualitas et attributum et fait partie du vocabulaire philosophique technique fixé par Wolff en particulier : « Ce qui est uniquement et seulement fondé dans l’essence d’une chose, sera appelé une propriété (Eigenschaft). » La mystique rhéno-flamande médiévale et tardive a fait grand usage de l’affinité sémantique des dérivés de eigen : il s’agit tout autant de renoncer aux possessions que de dépasser à la fois les propriétés générales et individuelles (l’homme noble de Suso est littéralement un « homme sans qualités (Eigenschaften)». En ce sens der Mann ohne Eigenschaften de Musil descend de « l’homme noble » de Maître Eckhart et Suso. Le terme juridique Aneignung (trad. all. de appropriatio) désigne dans ce contexte beaucoup plus que la prise de possession matérielle, l’acquisition d’une égoïté, voire d’une ipséité et la voie ascétique puis mystique est identifiée à la désappropriation (syn.: détachement, abnégation, dépouillement), qui signifie renoncer à ce que nous avons en propre, que ce soit des propriétés ou des possessions: « Le moine ne doit pas seulement renoncer à la propriété des choses matérielles, mais aussi à la propriété de la volonté propre (proprietati propriae voluntatis» (cité in HWP, p. 335-336), mais aussi: «la doctrine des philosophes cyniques qui était l’esprit de désappropriation » (Voltaire). À l’époque contemporaine, Heidegger s’est réapproprié le propre, l’Eigentlichkeit « propriété » ‘authenticité ») et l’Ereignis (« appropriement », « évènement » ; EREIGNIS).

    Les termes philosophiques abstraits Eigenschaft, property, propriété, ont donc non seulement une origine juridique, mais également une origine ascétique.

  4. Avatar de Michel MARTIN

    Se libérer du passé ne veut pas dire le nier ou l’oublier, bien au contraire.

    Se libérer de la propriété veut-il dire y renoncer? C’est toute la question. Pour ma part, je crois qu’il ne faut pas y renoncer parce que la propriété donne un cadre ajustable et néanmoins relativement stable aux décisions des individus. D’autre part, la propriété donne un ancrage à notre histoire à une époque où le groupe ne peut plus guère y prétendre.

    Un exemple où la propriété se retrouve surpassée par le bien collectif, démontrant que la propriété est bien un cadre ajustable: si un feu se déclare près de chez vous et que les pompiers ont besoin de l’eau de votre piscine pour l’éteindre, ils ont le droit (le devoir peut-être même) de pomper cette eau.

    Dans son livre « Les croisades vues par les Arabes » Amin Maalouf pose la question du développement « Occidental » et de la relative stagnation « Orientale ». Il lui semble trouver un embryon de réponse lorsqu’il note que les paysans sous régime Franc étaient beaucoup plus prospère que ceux qui étaient sous le régime du fait du prince parce que droit individuel y était nettement plus développé et plus stable. La propriété n’est qu’une expression du développement de ce droit individuel.

  5. Avatar de PM
    PM

    Qu’est-ce que moi? La question est intéressante et l’est d’autant plus que les blogueurs laissent des pseudonymes comme moi. Taire son nom est aussi une présence, celle de l’inquiétude d’être reconnu « moi ».

    Ce qui m’intéresse dans cette réflexion, c’est qu’elle rejoint la notion d’apparaître de la vie que j’ai récemment découverte grâce à un séminaire de philosophie et psychiatrie et qui est analysée par Michel Henry comme antérieur à toute représentation.

    Bien entendu, dès qu’il y a représentation comme les pas de mon ennemi que je transperce pour exorciser sa menace, je projette sur lui ce qui fait mon existence: c’est ce que je me représente de moi-même comme pouvant être menacé, c’est-à-dire ma vie telle que je la perçois dans cette menace. Il n’y a rien de plus banal. Quant un médecin prescrit un médicament qui va soulager une douleur, le patient s’écrit « mais quels en sont les effets secondaires, cela me fait peur ». Il projette sur le médicament son mal et part à l’assaut avec une lance rhétorique.

    Qu’est-ce que cela veut dire d’avoir conscience au moment d’être soulagé qu’une nouvelle souffrance peut naître du traitement ? La réponse est simple comme une pensée primitive. Il me faut vivre et cela je n’y peut rien: j’y suis et j’y reste mais vivant.

    La mort même telle que je me la représente comme absence de la vie n’est qu’une représentation de la vie telle que je la vis. Elle n’est pas celle d’un autre. Elle est une absence que je crains mais qui me fait sentir que je vis encore. Michel Henry a noté que c’est dans la souffrance et la douleur que la vie est la mieux perçue. On peut y inclure dans la menace vitale et ses représentations. Au fond, la pensée primitive est bien première en chacun de nous si, sous les représentations qu’elle donne à notre esprit, et quelle que soit l’image empruntée, la vie nous est sensible en nous. Tout cela pour ne pas trop s’offusquer de voir notre bonn volontés contrariée par celui que nous voulons aider. Au fond, lui aussi a sa vie. C’est ce qui nous rend fraternel.

  6. Avatar de Michel MARTIN

    A verser au débat sur la propriété, le livre de Régis Debray « Eloge des frontières » qui vient de paraître. Où il est démontré que les frontières, telles des membranes inhérentes à presque toute forme de vie, sont un lieu d’échange qui permet aux entités ainsi en relation d’exister. On ne peut manquer de faire le parallèle entre la frontière et la notion de propriété et à ce titre, le livre de Régis Debray est plein d’enseignements.

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