Email a copy of 'SLOW SCIENCE - LA DÉSEXCELLENCE, par Olivier P. Gosselain*' to a friend

* Required Field






Separate multiple entries with a comma. Maximum 5 entries.



Separate multiple entries with a comma. Maximum 5 entries.


E-Mail Image Verification

Loading ... Loading ...
SLOW SCIENCE – LA DÉSEXCELLENCE, par Olivier P. Gosselain* – Blog de Paul Jorion

E-Mail ‘SLOW SCIENCE – LA DÉSEXCELLENCE, par Olivier P. Gosselain*’ To A Friend


Partager :

142 réponses à “SLOW SCIENCE – LA DÉSEXCELLENCE, par Olivier P. Gosselain*”

  1. Avatar de Merlin II
    Merlin II

    Au fond, les SLOW chercheurs voudraient être payés à glander et à prendre du plaisir
    Non je plaisante
    Votre article met très précisément le doigt là ou ça fait mal
    Au fond, la vraie question n’est-elle pas « à quoi sert la science ? » – ou l’art ?
    Dans nos sociétés arraisonnées par la phynance (physique + finance), le but est de faire tourner le cycle infernal: extraire, transformer, vendre, jeter.
    A chaque tour de roue on dégage du cash. D’où la nécessité de faire tourner ce cycle de plus en plus vite, au mépris de tout le reste.
    Et voilà que la recherche, jadis épargnée, se heurte à cet impératif. Un peu comme si les cerveaux devaient obéir aux mêmes cadences que les bras et les mains des OS chinois
    Mais j’en reviens à La Fontaine; le chien et le loup:

    Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
     » Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ? – Peu de chose.
    – Mais encor ? – Le collier dont je suis attaché
    De ce que vous voyez est peut-être la cause.
    – Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
    Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?
    – Il importe si bien, que de tous vos repas
    Je ne veux en aucune sorte,
    Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.  »
    Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Il ne court plus car la chasse au loup vient d’être réautorisée dans mon coin et il y a déjà deux loups transalpins , « blanchis sous le harnais  » , qui viennent de réduire le compteur des quelques survivants .

      PS : pour le présent sujet , une citation du  » lièvre et la tortue » aurait été plus indiquée.

    2. Avatar de Olivier
      Olivier

      Au fond, la vraie question n’est-elle pas « à quoi sert la science ? » – ou l’art ?

      Pour ma part, plutôt que « à quoi », qui ressemble trop vite à une question intégrant sa réponse, surtout quand elle est posée par un Excel-lenciste, je demanderais : *comment* sert la science ? Sous-entendu, comment elle sert la société. C’est pareil pour l’art. Il semblerait que feu Pompidou avait une réponse, « l’art doit questionner et déranger ».
      J’aurais tendance à dire que la science doit faire rêver et espérer. Et que celle de nos temps est en manque de ces deux qualités.

      1. Avatar de juan nessy
        juan nessy

        La nature imite l’Art .

        La science imite la nature .

        Est ce que l’Art et la Science s’imitent mutuellement ?

        Et pour revenir sur le temps étalon , avec Oscar Wilde:

        « Le passé c’est ce que l’homme n’aurait pas du être, le présent c’est ce que l’homme ne devrait pas être , l’avenir c’est ce que les artistes doivent être . »

        Mais la Science , qui  » a priori » est notre arme pour transformer le présent réel , peut elle accèder à la même vocation que l’Art ? Suffit-il que le scientifique confine à l’artiste en se faisant artisan ?

        Les super-ordinateurs gages de vérification d’hypothèses sans cesse plus consommatrices de multiples signes et codes , sont ils capables de faciliter ou pas l’inattendu , le rameau , la bifurcation fertile ?

        Les dernières grandes percées « informatiques » ne sont elles pas souvent le mariage toujours incontournable du génie artistique et du génie technique , du  » hors temps » et du présent ?

  2. Avatar de Jeanseb
    Jeanseb

    Bonjour,
    En tant qu’ancien doctorant diplômé début 2011, j’aimerais signaler que dans certaines écoles doctorales on vous laisse soutenir votre thèse qu’a condition d’avoir un certain nombre de publications. De plus le doctorant et le mouchoir jetable de la recherche français. Il travaille pendant 3 ans et avec au bout très peu de débouché car le doctorat ( en science) n’est pas reconnu en France. il suffit d’aller sur des sites specialisé ( français ) de recherche d’emploi pour se rendre compte qu’il s’arrête tous a Bac +5 / école d’ingénieur. Une majorité de chercheurs entre dans la catégories enseignant-chercheurs ils doivent gérer l’enseignement et la recherche donc souvent la solution c’est de monter des projets pour avoir  » de la main d’œuvre » ( Doctorants, techniciens, etc …) ce qui diminue encore leur temps consacré a la recherche scientifiques. La légende ( que je n’ai pu vérifier avec ma propre expérience) veux que pour se faire recruter en milieu académique il faut une liste de publication longue comme le bras. De plus toute les évaluations actuelles passent par un comptage du nombres de publications que ce soit pour la promotion individuelle ou d’une équipe. Ce système changeras probable que tres lentement car les grosse organisation possède une inertie énorme et ne sont pas habitués au changement de leur systèmes de pensée

    1. Avatar de sheol
      sheol

      Et vous voudriez être recruté sur quels critères ? Votre nombre de doigts ?

      Il est insupportable de lire « il travaille pendant trois ans avec au bout très peu de débouchés ».

      Débouchés ça veut dire quoi ?

      travail assuré par la suite ? => tous les étudiants souffrent du même mal, sauf le fiston reprenant le capital de son papa.

      travail en CDI assuré par la suite ? => je n’accepte pas l’idée que la société prenne en charge à vie une personne qui a simplement eu la patience de faire 8 ans d’étude et qui n’aurait même pas une publication ! (rappelons que la publication et la communication orale en conférence ainsi que l’écriture de livre sont les trois seuls moyens à disposition du chercheur de rendre compte de son travail qui doit se faire pour la société (donc être communiqué) et non pour lui-même et sa petite curiosité personnelle.

      NB : je suis chercheur.

      1. Avatar de juan nessy
        juan nessy

        Nouveauté :

        Il peut ouvrir un blog avec donation mensuelle .

        PS : encore un effort et les « records » de juin 2009 et décembre 2010 , vont chuter , lentement mais surement .

      2. Avatar de Olivier
        Olivier

        C’est hautement vrai : les chercheurs ont bénéficié des meilleures formations offertes par la société, et donc, même si leur mérite personnel est prépondérant, ils sont redevables à la société, et non l’inverse.
        Au delà de ça, publier est devenu grandement insuffisant vu le nombre de conférences, journaux, etc. qui ne seront jamais lu. Quel est le taux moyen de citation/lecture d’un papier ?
        Le lien entre la science et les chercheurs doit être profondément modifié, remanié, bien loin du H,Y ou Z factor !
        Une fois dit cela, je dois bien avouer que les propositions de changement ne sont pas légions…

      3. Avatar de timiota
        timiota

        @ Olivier

        Le taux moyen n’est pas si petit (utilisez le « publish and perish » de Harzing ou Google scholar pour vérifier). Genre 3 ou 4 pour pas mal de revues sur 10 ans. 3 ou 4 au bout de 2 ans (le fameux impact factor) en moyenne seulement pour les revues du « premier cercle et demi », suivant les domaines.
        Mais la forme de la distribution est intéressante (la signification des têtes fortement citées et des queues quasi pas citée : combien il en faut pour « ne pas rater des choses quand même significatives »). Et le timing des citations est un autre aspect, donc, comme il est fait allusion ci-dessus.
        Enfin, l’aspect ouvert ou fermé de l’ensemble de ceux qui citent (se citer entre copains est devenu une façon de faire monter ses indicateurs, même en excluant l’auto-citation, et bon nombre de referee y vont de leur « mais vous pourriez le travail sur tel sujet qui a un rapport E-VI-DENT avec votre truc », histoire de gratter des citations (mais ce n’est pas si grave dans une vision « système », amha)).
        Il m’avait effleuré l’esprit que les « p-graphes » utilisés pour clarifier de façon générique les structures familiales/claniques dans la descendance du structuralisme, et renouvelés par un certain Jorion, Paul, teneur de blog de son état, pourrait être une façon de visualiser l’aspect ouvert/fermé des domaines. Et qu’au nom métaphorique de la « biodiversité » ou de saint Edgar Morin, on pourrait inciter les chercheurs à alterner non pas forcément université et entreprise (ce qui n’est concevable qu’en Allemagne et pays voisins avec un tissu dense de PME, à ce jour), mais à alterner recherche en profondeur, et recherche en horizontal.

        Il ne me paraitrait pas dur d’inclure dans un cursus de thèse un « module » de « sciences à l’horizontale ».

        Ca correspond un peu à une image que j’ai entendu où on demande au fond au chercheur de « faire l’hélicoptère » (métaphore qu’on appliqua aussi à la pas encore cèlèbre Françoise Dolto) : plonger faire un zoom précis sur un sujet pointu, puis, reprendre de l’altitude pour fureter les liens avec le reste, les analogies, …

        Enfin, dernière suggestion spécifiques à l’existence en France des PRAG et des CNRS non enseignants : Demander aux CNRS de contribuer (disons 32h par ans, mollo, quoi) à la formation continue des PRAG, lesquels pourrait avoir X % de leur temps dévolu à des activités scientifiques en équipe (dans leur établissement ou inter-établissement) mettant en valeur ladite formation continue (X>10%) . Exemple de la vie courante : les LEDs qui envahissent notre éclairage (tenants et aboutissants…)

  3. Avatar de moodz
    moodz

    J’aimerai connaître si parmi les chercheurs se trouvent quelques uns qui « ressentent » cette fulgurante accélération du temps. On nous trouve des remèdes pour ne pas vieillir et mourir vieux, tandis que, comme dans le lapin d’ Alice, nous sommes toujours en retard quelque part ! Où est la cause à effet. et peut-on dès lors apporter une réponse scientifique ? Le soleil tourne-t-il plus vite autour de la Terre et se faisant le champ magnétique en serait modifié ? Et agirait sur le Vivant ? Le climat change, j’ai noté pour la première année la présence chez moi d’une espèce nouvelle d’araignée très impressionnante, sans parler des « écroulements, déroutes et pitiés » qui s’emparent de l’humain. (…). La compétition, est-ce simplement un concept ou subissons-nous des ondes insondables en lien à notre cosmos perturbé ? Ou doit-on incriminer l’Homme à travers sa conquête du pouvoir et de toutes choses matérielles, détruisant pour cela le « Beau » ?

  4. Avatar de yvan
    yvan

    Tombe bien, cet article.
    Depuis le temps que je hurle que de la diversité nait la richesse. Et aussi en sciences.

    Par contre, 3 marques de manipulation anglo-saxonnesques habituelles.
    Mélange de concepts histoire de bien noyer le lecteur.
    Centrage sur le concept le moins important alors que la principale raison de la science DEVRAIT être son application/utilisation.
    Habillage avec un terme à la mords-moi-le-now par hère du temps…

    Et après, on se demande pourquoi les chercheurs français se barrent aux US….???
    Alors qu’il serait plus judicieux de se poser la question de : pourquoi leur fait-on des ponts d’or comparables aux cuisiniers.
    ET JE NE compare pas les cibles, mais les raisons de la chasse…

    Et ne pousse pas non plus de cocorico, mais juste une reconnaissance universelle du « système D ».
    Truc obscur non révélable en public.

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Non révélable par ECOLE PUBLIQUE, vous l’aurez bien compris.
      La boucle est Moebius : de la diversité nait la richesse.

    2. Avatar de yvan
      yvan

      Marque moins cruciale, mais notable : la bibliographie.
      Besoin de justifications..???

  5. Avatar de José
    José

    @Olivier
    Vous n’évoquez pas, ou indirectement, le rôle du chercheur dans l’éducation populaire. Or, si la science ne doit pas se limiter à la recherche de l’utilité immédiate, ce rôle doit lui aussi gagner une reconnaissance dans l »emploi du temps du chercheur qui désire l’assumer, au-delà de l’autopromotion rémunératrice du cacique universitaire.
    Il est vrai que ce seul aspect mériterait à lui seul un chapitre.

  6. Avatar de Olivier
    Olivier

    @José
    c’est bien ce dont je parlais en écrivant :

    Et que dire des travaux de vulgarisation qui sont au mieux ignorés, au pire dévalorisés ?

    Alors qu’il s’agit d’un travail de lien entre la science (ou la recherche, c’est un autre chapitre ici aussi) et la société, ce type de travail n’est pas ou très peu reconnu par les férus de l »Excel ence »
    S’il y a « Slow Science », ou science créative, ou science de plaisir, il ne faudra jamais qu’elle oublie de retourner à la société ce qu’elle lui doit, c’est à dire à peu prés tout (formation, libertés, salaires, moyens, …)

  7. Avatar de Gwenod

    Je travaille dans une équipe pluridisciplinaire qui s’occupe d’enfant en difficulté scolaire (les RASED…en voie de disparition) et j’ai cru que c’était moi qui avait écrit ce texte.
    Ça a commencé comme ça. Une poignée de collègues issus de disciplines différentes, l’envie de travailler ensemble, des synthèses régulières où le plaisir d’échanger se mêlait à un sentiment grisant de progression et, au final, des pistes pour aider les enfants, les enseignants et des résultats qui dépassaient de loin nos attentes initiales. Une belle histoire de recherche, en somme, pour une petite communauté regroupant des psychologues, des rééducateurs, des enseignants spécialisés ou non… La suite va dans le même sens on nous parle de mesure, d’immédiateté, de prédictibilité, d’uniformité… Pour résumer ma pensée j’avais noté les paroles d’un psychiatre travaillant à l’hôpital pendant une émission de France culture
    Il y est question en autre d’évaluation :
    « La conviction Freudienne c’est que la personne demander un soulagement a en elle le savoir inconscient de quoi elle souffre et c’est elle qui l’a. Le rôle du psychiatre…est de l’inviter à parler et à trouver lui-même le savoir qui est bon pour lui. La position éthique de l’analyste est de dire: trouver vous-même ce qui peut vous donner un équilibre satisfaisant pour vous. Je ne le sais pas à l’avance. Aujourd’hui, je peux vous dire que ce n’est pas du tout cela l’ambiance, …c’est de définir préalablement des comportements au nom de savoirs préalablement définis. Le dernier rapport en psychiatrie c’est un véritable programme de bonheur standardisé pour tous. »
    Je me permets aussi de vous recopier ici un paragraphe de mon bilan de juin 2011 qui décrit l’organisation du travail d’après des documents de C. Desjours en espérant ne pas avoir trop modifié les pensées. Il y est question d’un « espace de délibération » dont l’inexistence dans les conditions strictes définies par Desjours semble être une des sources de nombreuses souffrances dans le travail. Il me semble qu’on pourrait inclure cette façon de travailler dans un concept du genre « SlowProduction » ou « SlowSchool » en ce qui me concerne :

    « Travailler c’est combler l’écart entre le prescrit et le réel. Or ce qu’il faut mettre en œuvre pour combler cet écart ne peut pas être prévu à l’avance. Le chemin à parcourir entre le prescrit et le réel doit être à chaque fois inventé ou découvert par le sujet qui travaille. Ainsi, pour le clinicien, le travail se définit-il comme ce que le sujet doit ajouter aux prescriptions pour pouvoir atteindre les objectifs qui lui sont assignés ; ou encore ce qu’il doit ajouter de soi-même pour faire face à ce qui ne fonctionne pas lorsqu’il s’en tient scrupuleusement à l’exécution des prescriptions. »…
    …C. Dejours insiste sur l’idée que « …même si le travail est bien conçu, même si l’organisation du travail est rigoureuse, même si les consignes et les procédures sont claires, il est impossible d’atteindre la qualité si l’on respecte scrupuleusement les prescriptions… il n’existe pas de travail d’exécution »
    Au-delà de ce concept de « décalage », C. Dejours explique que si on respecte les ordres à la lettre cela ne marche pas, il faut que collectivement on réajuste la coordination (les prescriptions de l’institution en l’occurrence) pour en faire quelque chose que l’on pourrait appeler la coopération et celle-ci ne peut avoir lieu que dans un climat de confiance. Pour établir celle-ci, il faut que le management ou la coordination accepte l’existence inévitable du décalage ainsi que l’organisation qui lui correspond inévitablement ; principalement « un espace de délibération ».

    Il ne peut pas fonctionner sans des règles précises :
    o Il faut la confiance de l’autre, je peux alors en attendre une réaction loyale.
    o Il faut trouver les formes dans lesquelles, je peux rendre visible ce qui est caché. Il faut trouver la manière dont j’expose à l’autre comment je travaille car :
     L’essentiel du travail étant invisible, subjectif
     « être intelligent dans le travail » c’est s’écarter des prescriptions, il faut intégrer que ces écarts, dans cet espace de délibération, ne sont plus des infractions.

    o Enfin, il faut tout justifier, puisque c’est à ce moment que rentrent en concurrence les différentes trouvailles de l’intelligence. C’est l’enjeu de la coopération, c’est le moment ou l’on fait le choix entre ce que l’on va garder et ce que l’on va récuser. C’est le moment ou on fabrique les accords normatifs.

    Cette façon de travailler va plutôt dans le sens de trouver des règles de travail, des attitudes possibles dans des environnements locaux. Il ne s’agit absolument pas d’une démarche qui chercherait, dans le domaine qui m’intéresse, à établir une théorie des pratiques liées aux difficultés d’apprentissage et qui demanderait donc de rechercher des invariants. Ce travail est d’un autre ordre éminemment plus complexe et qui conviendrait bien à tous ceux qui voudraient évaluer précisément ce travail sur la difficulté scolaire. Il est extrêmement probable que ce soit une illusion de pouvoir atteindre ce but.
    Par contre, maintenir vivante et active une communauté de « chercheurs » spécialisés, pluri catégorielles, proche du terrain, encadrés mais suffisamment autonomes pour faire avancer la compréhension de tous les problèmes liés à la difficulté d’apprentissage semble être une piste de bon sens.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Vous me touchez, Gwenod.

      Je pense que le fond altruiste auquel vous faites allusion,
      « o Il faut la confiance de l’autre, je peux alors en attendre une réaction loyale. »
      est tout à fait l’essence de l’humain. Un certain Rifkin le dit haut et fort ces temps-ci.

      Que le besoin de progresser et d’apprendre sans exécuter est fondamental, c’est ce que dit à sa façon Sennett dans la « Ce que sait la main » (Culture de l’artisanat).
      J’insiste sur Sennett car il a déjà vu le coup suivant (voir ses ouvrages : « respect », « la nouvelle culture du capitalisme »), c’est à dire ce qui reste d’irréductible malgré l’altruisme : la différence de dons entre les gens, la loi d’airain de l’objet immatériel qui en vient à fasciner son géniteur au point d’écranter la capacité de transmission (Stradivarius)
      … ce que notre billetiste occasionnel Paul Tréhin pourrait d’ailleurs revisiter à la lumière des formes du spectre autistique et du de syndrome d’Asperger, qui rendent l’humain d’un altruisme plus formel, au point que le cerveau quitte en quelque sorte le regard de l’autre (ce regard omniprésent dans la pub !), pour se raccrocher à du plus mécanique, mais encore sublimable.

  8. Avatar de walli
    walli

    Signez la lettre ouverte contre les projets de financement de la recherche proposés par la Commission européenne :

    http://sciencescitoyennes.org/open-letter-eu-research/

  9. Avatar de trugarez
    trugarez

    tout à fait généralisable , en effet .
    par expérience : la slowproduction réfléchie est efficace alors que la recherche de la productivité est nécessairement aveugle et source d’erreurs difficiles à réparer .

  10. Avatar de Reno Future
    Reno Future

    Merci pour cet article! « Excellent »!
    Salariés, chômeurs, artistes, indépendants, artisans, précaires, « hommes ordinaires » comme dirait Michel de Certeau, ne sommes-nous pas tous des « inventeurs du quotidien », des « chercheurs » souhaitant pouvoir vivre et travailler avec plaisir et créativité?
    Slow-food, slow-science, slow-job!

  11. Avatar de Bob
    Bob

    Un retour en arrière ahurissant.
    Au nom de quoi la Science échapperait-elle à la commercialisation de toute chose ?
    Laissez du temps aux scientifiques et ils mettront des siècles (!) à élaborer une théorie cohérente de l’espace-temps ou de l’évolution des espèces. Toutes choses compliquées et parfaitement inutiles.
    À l’inverse, managez-les correctement et vous obtiendrez très rapidement des avancées profitables à tous, comme le tube de papier hygiénique jetable dans les toilettes par exemple.
    Non décidément, les capitalistes ont bien raison en affirmant que l’Humain est le problème est non la solution.

  12. Avatar de M
    M

    Merci ! ce texte est magnifique !

    Et, il parle à beaucoup, certainement.
    C’est là qu’est le fond du problème, et cela touche tous les domaines de la société ; provoque des dégâts humains considérables, et une perte des savoir-faire et savoir-être …un épuisement, une perte de goût, une perte de sens …une irrémédiable perte de liberté intérieure.
    Vous me redonnez du courage !
    Je transmets.

  13. Avatar de smiley
    smiley

    Et, si on associait les deux?
    80% du temps évalué et 20% du temps (ou une année sabbatique) en mode slow.

  14. Avatar de Reno Future
    Reno Future

    A la lecture de cet article me viennent aussi des idées en vrac que je n’arrive pas bien à formuler:
    – « l’évaluation », dont on nous « rebat » en effet les oreilles, renvoie à la notion de « valeur », dont il a été beaucoup question sur ce blog. Or la valeur n’existe pas, ou du moins est quelque chose de subjectif.
    – la qualité en revanche, contrairement à la valeur, peut être déterminée objectivement, c’est du moins ce que j’ai pensé tout-à-l’heure en goûtant le jus de raisins du jardin que je venais de presser: un jus délicieusement bon, d’une fraîcheur absolue, en comparaison duquel les jus pasteurisés que l’on trouve dans le commerce passeraient indéniablement pour de la piquette.
    D’où l’idée que les sens, les sensations, « la main » sont des outils tout-à-fait adéquat pour déterminer la qualité d’un produit, outils constitutifs des savoir-faire artisanaux, outils dont le maniement se perfectionne, s’aiguise au fil du temps, des erreurs, des répétitions, des expériences, comme le montre bien Sennet.
    – dans nos sociétés « avancées », les savoirs artisanaux s’érodent, se perdent, et la « qualité » est devenue une méthode de management, ou un artefact, un emballage sur le produit, sans rapport avec le contenu, du kitsch.
    – on pourrait parler, non pas d’une crise des valeurs, mais d’une crise des qualités (tiens, ça me fait penser à Musil), perte de qualité du travail (plus personne n’y croit, trop de pressions, trop de compétitions, trop de précarité), perte de qualité des produits (on évacue le plus possible la matière, l’obsolescence est toujours plus rapide..), perte de qualité des relations sociales (chacun chez-soi devant son ordinateur…), etc.
    – mais nous ne sommes pas dupes, nous savons encore reconnaître la qualité, les qualités. C’est sur de tels savoirs, communs, partagés, que nous pourrions peut-être nous appuyer pour tenter de bricoler de nouvelles façons de vivre en société, songeai-je en pressant ce jus. La valeur n’est pas la qualité.

    1. Avatar de Olivier
      Olivier

      Or la valeur n’existe pas, ou du moins est quelque chose de subjectif.

      Je ne crois pas que quiconque affirme que la valeur n’existe pas, mais bien qu’elle n’est pas une donnée absolue ou objective, comme vous le soulignez. Il me semble que les travaux de l’hôte de ce blog montrent que la valeur n’est que le résultat d’un rapport de force entre acheteur et vendeur (je résume surement bien trop vite).
      Dans l’évaluation de la recherche puisque c’est le sujet, la valeur de cette dernière résulte aussi d’un rapport de force entre chercheurs et société. Cela rejoint ce pour quoi je plaide c’est à dire un réancrage de la recherche et des chercheurs dans la société, et apporte une raison supplémentaire (ou primordiale). Cet ancrage ne doit pas se faire seulement parce que cela est légitime, mais aussi et surtout pour établir le rapport de force nécessaire à la valorisation des chercheurs.
      Ne sont évalués que les faibles (rapide, et ce n’est pas jugement, juste un constat).

  15. Avatar de Michel MARTIN

    Merci pour ce retour d’expérience qui confirme complètement mes propres observations et ma pratique de chercheur.

    Doucement, on est pressés!

  16. Avatar de Michel
    Michel

    La métaphore (en est-ce une?) de la fin me laisse dubitatif. Je ne vois pas de rapport entre les arbres à croissance lente et les herbes folles. Surtout, je ne vois pas en quoi l’un ou l’autre « altèrent leur environnement »! C’est quoi « l’environnement » pour un arbre ou une herbe? Ils SONT simplement cette NATURE que l’on s’évertue encore à appeler environnement, ou depuis peu son autre avatar consensuel la biodiversité. Quant à « altérer l’environnement » pour un « arbre à croissance lente », on pourrait prendre pour exemple les genévriers de phénicie des gorges de l’Ardèche. Il s’agit là de l’une des plus anciennes, voire de la plus ancienne forêt (au sens botanique) de l’hémisphère nord. Certaines années, ces arbres, en raison des conditions particulièrement difficiles -sécheresse, mais pas uniquement- n’ont aucune croissance. Certains ont plus de 2500 ans. Ils sont accrochés à des falaises, leur tronc commence à pousser la tête en bas, leurs graines sont arrivées là par les excréments de fouines ou de corvidés. Bref leur existence même sur cette terre a quelque chose de miraculeux. Ils « n’altèrent pas leur environnement » mais au contraire invitent, dans le silence (pas l’été!) de ce lieu exceptionnel à méditer sur notre présence ici, appellent à l’humilité. D’autant plus peut-être que ces mêmes gorges de l’Ardèche abritent un trésor de l’humanité, les peintures de la grotte Chauvet, les plus anciennes connues à ce jour (moins 35000 ans). Pour en savoir plus sur ces arbres:
    http://krapooarboricole.wordpress.com/2011/03/01/les-sylves-verticales-de-genevriers-de-phenicie-antiques-ardeche/

    1. Avatar de kercoz
      kercoz

      En tant que grimpeur acharné , je tiens a te remercier de cet article et de ces photos ….Nous trouvons de nombreux avertissements sur les oiseaux au pieds de falaises …mais jamais sur ces arbres que nous croisons tres souvent …La pluspart sont respectés de facto pour leur beauté , et meme les points d’ancrage s’arrangent pour dévier le trajet des cordes …mais des infos ou (ho rage !) des interdictions voire des déviations de « ligne » pourraient/devraient etre envisagés sur les plus vieux -beaux sujets ……Il faut aussi signaler que les équipeurs de voies , nettoient les pierres instables , non seulement ds les voies mais aussi au dessus des voies , ce qui protège cette végétation .

    2. Avatar de Olivier Gosselain
      Olivier Gosselain

      Oh, inutile de voir tant de choses dans cette métaphore. Je pensais plus prosaïquement aux trottoirs de nos villes et à la façon dont les racines des grands arbres ont la capacité de soulever les revêtements qu’on place à leur pied. Il est bien vrai que les « herbes folles » viennent aussi mettre un peu d’indiscipline dans les aménagements urbains, mais leur effet est moins prononcé.
      Cela dit, je note avec amusement que ces « genévriers de phénicie », à croissance décidément très lente, ont le mérite d’attirer votre attention et de vous inviter à la méditation. « Altérer l’environnement » n’a rien de péjoratif et ne se réduit pas au monde naturel. Il s’agit de la capacité à produire un effet concret. Vous en apportez une belle illustration.

    3. Avatar de Mianne
      Mianne

      A propos de genévriers, ces survivants miraculeux sont effroyablement méconnus par les autorités médicales qui délivrent les autorisations ou les interdictions de vendre les remèdes ancestraux basés sur les plantes, c’est sans doute l’influence de la « fast science » qui leur fait parfois jeter le bébé avec l’eau du bain.

      Un petit exemple : comme je m’étonnais de ne plus pouvoir acheter de l’huile de cade, extraite du genévrier, en pharmacie, pas chère et souveraine contre le psoriasis et les pellicules du cuir chevelu , il me fut répondu par la pharmacienne que la loi leur interdisait maintenant de vendre des produits à base de goudrons pétroliers, d’où l’interdiction de vendre en pharmacie l’huile de cade, les shampooings à l’huile de cade , etc …Je n’en croyais pas mes oreilles . J’ai donc soutenu à la pharmacienne que l’huile de cade était extraite du genévrier . Elle ne me croyait pas à cause de cette interdiction et elle est allée vérifier dans ses livres . Elle est revenue en s’excusant . Nous en avons conclu que l’huile de cade a été interdite à la vente en même temps que les produits à base de goudrons pétroliers uniquement parce qu’elle ressemble à un goudron pétrolier : elle est noire, visqueuse et malodorante. Même dans le domaine pharmaceutique, toutes les autorisations et les interdictions sont faites dans la précipitation, sans aucune vérification ni réflexion.
      Rapidité, rentabilité et …énormes erreurs .

      Toutes les plus grandes découvertes scientifiques ont été faites par hasard et souvent par des scientifiques qui cherchaient autre chose mais qui prenaient le temps de réfléchir à une bizarrerie inattendue survenant au cours d’une expérience, faisant prendre à leur recherche une toute autre direction . Aujourd’hui, avec cette rapidité-rentabilité imposée et l’efficacité se mesurant au nombre de publications, même inanes , qui au contraire sont une perte de temps, ce type de grandes découvertes n’est plus possible . C’est tout le contraire de la recherche .
      En fait, la véritable recherche, celle qui fait les grandes découvertes, comme l’art, est créative, désintéressée et prend son temps. L’autre, celle qui pédale le nez dans le guidon sur un chemin déjà tracé, ne trouvera que des petits ajouts bien prévisibles à une grande découverte passée .

  17. Avatar de avionnette
    avionnette

    ce concept de slow science me semble pertinent car il faut stopper cette dictature de l’urgence en toutes choses, bien que la fin du pétrole devrait la rendre effective bientôt. je le vois cependant comme une phase de transition vers un monde sans recherche. compte-tenu du niveau de connaissance actuel et de ce à quoi sert l’innovation, fruit de la recherche, on se demande ce dont nous avons encore besoin. je crois qu’il est temps de remettre en cause l’utilité sociale de la recherche. je devance la critique sur son utilité en médecine : qu’est ce qu’on veut ? vivre 500 ans ? ça nous rendrait probablement dépressif mais surtout ça ferait beaucoup de monde sur le même gâteau

    1. Avatar de Mianne
      Mianne

      Votre point de vue serait sans doute différent si vous ou l’un de vos proches, votre enfant par exemple, était atteint d’un cancer ou d’une maladie orpheline provoquant d’énormes souffrances .

  18. […] Blog de Paul Jorion » SLOW SCIENCE – LA DÉSEXCELLENCE, par Olivier … Le dernier plaidoyer en date est un « Appel à un mouvement Slow Science »16 lancé par un anthropologue français, Joël Candau. Ses griefs ont une teneur familière : le temps nécessaire à la recherche manque de plus en … Source: http://www.pauljorion.com […]

    1. Avatar de Kercoz
      Kercoz

      J’ aimerai revenir , par la « slow science » sur un point qui me parait important qd a la soumission ou liberté du domaine scientifique au regard du système .
      Le concept du « REVERBERE » est connu et ludique …..il mériterait d’etre poussé plus avant que son premier abord caricatural :
      _ si l’on admet qu » effectivement , on cherche là ou il y a de la lumière (c’est a dire , de l’argent , du materiel , des structures , DES EQUIPES ,une écoute …)
      – Si l’on admet par ailleurs , que la majeure partie des découvertes se font collatéralement au but recherché .

      On est obligé d’admettre que les « découvertes » sont déterministes et fonction (au carré) des directions /territoires objets de recherche , lesquels sont déterminés par l’économie et la finance ..
      C’est dire qu’on a peu de chance de découvrir là ou la finance n’a pas d’interet ..et que le caractere d’endogamie est évident .

  19. Avatar de Kercoz
    Kercoz

    Il n’ y a de vérité qu’ économique ….La science , la technologie , comme l’art sont les putains du système et l’objectivité ne pourra etre qu’économique …Le « système » a des interets divergeant des notres , ce qui fait diverger l’objectivité scientifique vers « SES » interets.
    Qd on prend conscience de ces réalités on peut (discrètement ) s’adapter et squatter ce système ….simple retour des choses .
    La slow science fait cet effort de refuser la dynamique consumériste …… le problème restant la motivation /rénumération de scientifiques …pour ma part , il me semble que le « chercheur  » devrait avoir une autre activité rénumératrice ou d ‘autonomie qui puisse crédibiliser ce « slow » ……ce qui éviterait de le confondre avec un fonctionnaire .

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Les fonctionnaires soviétiques puis chinois avaient très bien compris qu’il fallait que les chercheurs , les sachants , les artistes et quelques autres salopards , gagnent un peu leur vie dans des travaux miniers ou agricoles .

      1. Avatar de Alain V
        Alain V

        Histoire d’acquérir une vraie « conscience de classe », dont manquent nos richissimes, enfin de la ‘bonne’ classe.

      2. Avatar de kercoz
        kercoz

        Tu as oublié la corée du nord ….. Ayant un pere et une fille « publiques » , je suis un tantinet fonctionnophobe ….il n’en reste pas moins que la recherche doit rester une passion et réservé aux passionnés ……..(Jamais croisé un fonctionnaire « passionné » ) . Il en résulte que la recherche ne doit pas etre une activité principale , mais annexe ou ponctuelle … (j’ai un peu donné ds la « fusion  » a l’époque de la géné Riou qui concurençait le Tokamak russe ).
        L’ enseignement est l’activité idéale pour se consacrer a une passion de recherche …mais ds certains domaine , comme la pédogenèse , j’ai plus d’estime pour un paysan chercheur ou un labo indépendant qui se « donne » a cette passion qu’un blaireau de l’ INRA drivé par Mon§anto et qui , meme de bonne volonté sera vite mis au pas cadencé …..

  20. Avatar de Aurélie Larcy
    Aurélie Larcy

    Merci!!!

  21. Avatar de Cadavre exquis
    Cadavre exquis

    Comment ? Une citation de Céline sur le blog de Paul Jorion ! Quelle honte ! Quelle inculture !

  22. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    Aucune référence à Darwin, le scientifique qui a pourtant été le plus slow à publier. Dommage.

  23. […] comme le relève Olivier Gosselain dans un billet qu’il consacre à ce thème (“Slow Science, la désexcellence“). Ce que le manifeste de la slow science résume par l’adage « Bear with us, while […]

Contact

Contactez Paul Jorion

Les livres de Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta