Billet invité
Il y a deux ans, « l’inventaire de demain » était lancé sur le blog, pour recueillir à ce jour 276 contributions au fil des semaines. Il était proposé de constituer « une collection d’un genre particulier. Un simple inventaire des idées ou des pratiques qui pourraient contribuer, une fois regroupées, à dessiner l’esquisse d’une société alternative, cette utopie d’hier qui désormais pourrait être qualifiée d’utopie réaliste. »
L’inventaire a-t-il tenu toutes ses promesses ? La vérité impose de dire « pas tout à fait » ! Faut-il y voir une appétence particulière pour les seules idées générales ou une méconnaissance d’initiatives prises dans le silence et de manière éparse dans nos sociétés ? Est-ce la conséquence de l’intériorisation de l’idée que, de toute façon, rien ne pourra être changé et que notre malheureux destin est tout tracé ? Au lieu d’épuiser le sujet, à la manière de Georges Perec, nous nous sommes finalement détournés de l’exercice. De notre production collective, il n’est pas encore ressorti cette esquisse de la société de demain que l’on espérait en voir surgir…
Nous sommes pourtant en retard sur l’événement. La crise elle-même a déjà produit des réactions qui auraient mérité de figurer dans un inventaire qui n’est pas, il s’en faut, terminé. Ceux que l’on a appelé « les indignés » en Europe, et depuis « les 99 % » aux États-Unis, ont par leurs pratiques collectives et leurs slogans ravageurs illustré non seulement ce qu’ils rejettent mais aussi ce à quoi ils aspirent.
Dans un réflexe de survie élémentaire, sous les coups d’une austérité qui touche rudement les plus démunis, les exemples ne manquent pas non plus de solidarités et de débrouillardises, de nouveaux modes de vie, d’échanges, de consommation et de logement, faisant de nécessité vertu et amplifiant au passage un monde informel, c’est à dire coupé d’un État qui ne joue pas son rôle. À leur manière, ces pratiques-là aussi se projettent dans l’avenir et sont à retenir. La créativité des pauvres surpasse celle des nantis, car ils ont tout à y gagner.
Peut-être faut-il aujourd’hui poursuivre autrement la même démarche, quitte à continuer d’alimenter en parallèle l’inventaire ? C’est le sens de cet Appel à contributions, lancé comme une bouteille à la mer suivant la formule consacrée.
Toutes celles et tous ceux qui voudront s’atteler à la tâche pourront formuler leur vision du socle des grands principes d’une nouvelle société, en rupture avec celle qui est aujourd’hui entrée dans une crise de longue durée et ne s’en remet pas. En s’attachant à dégager ses valeurs, ses mécanismes, les comportements sur lesquels elle reposerait. Pour ne plus se contenter de dénoncer l’absurdité de l’emprisonnement mental du TINA (there is no alternative, il n’y a pas d’alternative), et entrer enfin dans le vif du sujet.
Le réalisme n’est pas du côté de ceux qui voudraient que tout redevienne comme avant, afin de préserver leurs intérêts : les « réactionnaires » de toujours et leurs compagnons de route. Le réalisme est partagé – tel un mot affreux ! – par tous ceux qui savent que rien n’est intangible, et que seule une absence d’imagination peut faire obstacle à la formulation d’un nouveau dessein humain.
Longueur maximum : 1.500 mots – Date limite d’envoi des contributions : 31 décembre 2011, à minuit GMT.
222 réponses à “APPEL À CONTRIBUTIONS, par François Leclerc”