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La concurrence et l’au-delà de l’individualisme, par Baptiste Carré – Blog de Paul Jorion

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27 réponses à “La concurrence et l’au-delà de l’individualisme, par Baptiste Carré”

  1. Avatar de Pseudo Cyclique
    Pseudo Cyclique

    Le monde est iniquité ; si tu l’acceptes, tu es complice, si tu le changes, tu es bourreau.
    Jean Paul Sartre

    on peut pas sortir de cette aporie …

    une pensée soufie en forme de koan  » si IL est tu n’est plus , si tu es , IL n’est pas là » ..

    même dans une société où tout le monde aurait sa place , il y a un minimum de compétition , d’émulation : de fait chaque individu n’est pas identique dans ses besoins vitaux , spirituels et affectifs .

    le probleme actuel de nos sociétés est la recherche d’un modele melant Et l’individu Et la société (un peu comme ces philosophes melant sociologie et psychologie ) .

    Pour illustrer le marché des BD est assez frappant :

    USA le personnage créé n’appartient pas aux auteurs : ils doivent continuellement inventer si ils veulent crouter : les licences déclinent tous persos en produits dérivésdérivés

    France/Belgique l’editeur tout puissant prefere faire des bd avec des scénarios pourris à des jeunes fringants « intermittents » , il y a une surproduction que le marché ne peut absorber a uase du format de bd européen 28/48 pages cartonnés 1 à 2 tomes par an à 30 euros minimum ..

    Japon , taylorisme ou toyotisme extreme , le mangaka junior trime toute la journée à refaire le lineart du mangaka sensei … 300 pages /semaine si la publication ne marche pas poubelle directement .

    la publication à compte d’auteur permet de courcircuiter l’éditeur : l’auteur peut avoir 10 % au lieu du 1 % généreusement au prix d’une diffusion hors internet moindre .

    des éditeurs avec des exigences scénaristiques plus élevées pourraient etre mieuxx considérés .

    une licence globale /common creative /copy left pourrait aussi eclaircir le statut d’une oeuvre et donc de l’artiste :

    c’est transposable à tous les domaines de la société et beaucoup d’entreprises mais totalement inapplicable tellement la notion vitale de la valeur travail et d’argent « réel » est centrale dans le capitalisme .

    1. Avatar de Baptiste Carré
      Baptiste Carré

      Vous écrivez : « le probleme actuel de nos sociétés est la recherche d’un modele melant Et l’individu Et la société (un peu comme ces philosophes melant sociologie et psychologie ) », mais vos exemples illustrent des situations où un individu, l’auteur, est victime d’autres individus, agissant à travers cette entité qu’est l’entreprise, qui usent de leur pouvoir contre lui. Tel que vous le décrivez, c’est un abus de pouvoir de l’éditeur contre l’auteur, et la société devrait donc intervenir pour soutenir l’individu le plus faible, l’auteur, atteint dans sa dignité dans la mesure où il est spolié de son œuvre.

      La question de l’articulation de l’individu à la société, aussi bien du point de vue du monde tel qu’il est et du monde tel qu’il devrait être, est sans doute la question fondamentale des sciences sociales et l’humanité n’a pas fini de se la poser.

      1. Avatar de Pseudo Cyclique
        Pseudo Cyclique

        toute organisation humaine a tendance à vouloir continuer à fonctionner indépendamment des individus qui la composent :
        les indiividus les plus aptes à survivre dans un systéme homéostatique donné sont les plus insérés mais souvent les moins réactifs .
        un lanceur d’alerte , un bédéiste freelance , un sdf ou un immigré clandestin n’ont pas leur place dans le systéme actuel .
        la survie d’une société exige de passer par pertes et profits la poignée d’individus « obsolètes » . hier c’etait les ouvriers d’usines automobiles (renault,peugeot) aujourdhui les employés de bureau (la poste par ex ) demain la fonction publique (de l’enseignement au médical) .
        on rend « plus souple  » des structures étatiques pour simplifier et maximiser les flux financiers c’est la seule chose qui compte.
        il n’y a aucune idéologie qui puisse infléchir cela .

  2. Avatar de wildleech
    wildleech

    La concurrence théorisée est-elle autre chose qu’une excuse des prédateurs pour justifier leur violence ?

    1. Avatar de Baptiste Carré
      Baptiste Carré

      Une entreprise de textile n’hésitera pas en effet à se servir de la « concurrence internationale » et de la « compétitivité » pour justifier la fermeture de son usine dans le nord de la France et la délocalisation de l’activité au Bangladesh. Cependant, il est possible de critiquer cela, et ce au nom même de la concurrence.

      La concurrence est censée faire baisser les prix, non ? C’est du moins ce que montre la théorie économique de la concurrence selon laquelle le profit des entreprises est d’autant plus faible que la concurrence est « pure et parfaite ». Or, sur les vêtements produits au Bangladesh et vendus en Europe la marge des multi-nationales est considérable. C’est donc que la concurrence n’est pas parfaite et que ces entreprises ne sont pas elles-mêmes soumises à ce qu’elles imposent aux autres. Comment serait-ce juste ?

      1. Avatar de Dominique GAGNOT
        Dominique GAGNOT

        Vous oubliez le plus important !!

        Dans un monde ou la ressource de travailleurs est devenue pléthorique, (grâce à la mécanisation/informatisation, et exacerbée par la mondialisation)
        la concurrence, si elle fait (un peu seulement, comme vous l’avez remarqué) baisser les prix, fait beaucoup plus baisser le coût du travail, au profit du capital.
        Les revenus du travail ne cessent alors de se réduire. La limite physique étant un bol de riz/jour… pour ceux qui auront la chance d’avoir encore un travail.
        Tandis que le capital accumule les richesses. La limite physique étant de posséder l’ensemble des ressources, (qu’il peut de surcroît allègrement gaspiller)

        C’est ce vers quoi tend un capitalisme non régulé à des fins sociales et écologiques,
        ce qui est le cas du néo libéralisme.

        Quelques hyper riches, dans un océan de miséreux.

        En fait c’est hyper simple, mais parfaitement inavouable, d’ou la propagande pseudo scientifico-financière dont nous sommes matraqués.

      2. Avatar de Dominique GAGNOT

        Pour préciser les choses en reprenant votre exemple:

        Lorsque l’on transfère une usine textile de France au Bangladesh, le prix des T shirt baissera disons d’un facteur 2, alors que le coût du travail, baissera lui d’un facteur… 20 !!
        Et mieux, quand on remplace les employés par des machines automatiques, le coût du travail tombe à zéro!! (le coût du capital augmente à cause des machines qu’il faut amortir, ce qui réduit d’autant la potentielle concurrence, tout le monde n’ayant pas la capacité de tels investissements, d’ou concentration accrue du capital)

        Ceci se généralisant, le pouvoir d’achat des masses travailleuses ne permet plus de rémunérer le capital productif, et alors… on ferme les usines. Game over.

        (Ne cherchez pas plus loin les raisons de la crise que nous subissons depuis 40ans, comme Paul Jorion ne cesse de le rappeler)

      3. Avatar de Dissonance
        Dissonance

        « C’est donc que la concurrence n’est pas parfaite[…] »

        Ou alors c’est que la théorie est invalide, hypothèse relativement facile à envisager dès lors qu’on considère une théorie qui nécessite la perfection de ses paramètres pour être vérifiée, non?

  3. Avatar de zebulon
    zebulon

    la « science politique » et tout est dit. 2 mots associé de manière si invraisemblable
    impressionné que l’on puisse présenter un master en sciences politique, félicitations
    chaque jour désormais la science politique permet donc d’expliquer
    les bienfaits de l’administration du peuple par l’élite éclairée
    – protéger les banques en toutes circonstances
    – rêve éveillé de croissance et de plein emploi
    – financement publique d’activités politiques inutiles
    – écrasement et exploitation de populations éloignées

    aujourd’hui au beau pays de france nous disposons désormais d’une élite pléthorique qui fait qu’une loi votée le matin est contredite par celle votée le soir, si bien qu’au matin
    on se réveille avec l’angoisse coupable d’avoir enfreint une loi dont on ignorait l’existence.

    Heureusement, la seule chose à craindre sérieusement étant que le ciel nous tombe sur la tête,
    j’ai le plaisir de vous laisser discourir scientifiquement sur les concepts de concurrence : libre et non faussée ou de toute autre nature, car chacun sait que vous ne la rencontrerez jamais.

  4. Avatar de Julio Béa
    Julio Béa

    Sans rentrer dans le fond du débat, je souhaite signaler qu’il est un effet « écologique » que nul ne peut englober ans un « holisme » convenu, ce sont « les services rendus par la nature ». Chacun croit user « gratuitement » des biens communs « librement disponibles » jusqu’au moment où il apparait que ces biens communs sont limités et que l’accès doit en être régulé – contre les traditions. Se promener sur une page et en prélever galet ou coquillage est parfois sanctionné – Même sans son chien !
    Cette régulation sera-t-elle aristocratique (parce que je le vaux bien !) ou « Démocratique », en se limitant « comme tout le monde » au nom d’un argumentaire Citoyen, donc construit et responsable. La Citoyenneté contre cette « liberté inconsciente », forcément irresponsable de nos prédécesseurs ?

  5. Avatar de Jacques Seignan
    Jacques Seignan

    Cher Baptiste, votre billet est passionnant et éclairant.
    J’aurais juste une question naïve par rapport à cette création des monopoles mondiaux tels que ceux fondés par Steve Jobs, Bill Gates ou autres Zuckerberg. Certes ce sont des individus exceptionnels (tous?) mais comment ont-ils été « aidés » pour concentrer autant de pouvoir et de fric avec l’avènement du cadre individualiste néo-libéral ? Qu’en est-il des créateurs type Gustave Eiffel ou Alfred Nobel dans un autre cadre — peut-on comparer ? Que dire ensuite de leur redistribution individuelle (et en partie — et en tout cas très peu en France 🙂 ) de ces immenses richesses par du mécénat se substituant à une redistribution plus « démocratique » que l’État opérait naguère ? Quel est l’avenir d’un système où ces monopoles peuvent s’écrouler assez vite , cf. Nokia mais qui peut dire que Apple ou autre survivront car tout s’accélère constamment…?

    1. Avatar de Baptiste Carré
      Baptiste Carré

      Merci pour votre bienveillance.

      Il y aurait beaucoup à dire sur les « self-made men » des nouveaux technologies, surtout sur le duo Bill Gates – Steeve Jobs.

      Tout d’abord, ils illustrent bien l’ambiguïté de la notion d’ »innovation » : ils sont, à la différence, peut-être, de Nobel et d’Eiffel, moins des inventeurs que des commerçants à l’intuition géniale. La grande idée de Gates a été de vendre des ordinateurs certes moins puissants que la concurrence mais aussi moins chers, standardisés et produits en grande série ; chacun pouvait avoir son ordinateur personnel, son « Personal Computer ». Gates vendait quant à lui un design, un produit ostentatoire, porteur d’une prétendue identité ; chacun allait être soi et montrer son moi avec son Mac, iPod ou iPad. Si l’innovation est uniquement commerciale, légitime-t-elle leur position dominante aujourd’hui ?

      Ont-ils été aidés et perdureront-ils ? Je ne connais pas suffisamment la question pour répondre avec rigueur.

      La redistribution par le don est loin d’être exceptionnel dans les société humaines : il n’est pas rare que le plus fort redistribue au profit des plus faibles, aussi bien pour maintenir la communauté que pour se construire une clientèle susceptible de le soutenir face à ses rivaux. Mais l’action humanitaire du couple Gates va bien au-delà et évoque un rite des peuples Ifugao et Kwakiutl, ayant vécu respectivement aux Philippines et en Colombie britannique. La compétition, respectivement pour les rizières et le prestige, structurent ces deux cultures qui permettent ainsi une (relative) mobilité sociale à celui qui « réussit ». Cependant, pour que cette « réussite » soit reconnue, elle doit être comme validée par l’organisation de coûteux festins offerts à la communauté.

      Quoi qu’il en soit, la différence est grande entre la redistribution par la charité et celle organisée par l’État, que vous qualifiez justement de démocratique. Je serais même tenté de ne pas parler de « redistribution » à propos de la Sécurité sociale, des services publics et de l’impôt progressif : la redistribution est donnée par les forts aux faibles, alors que la Sécurité sociale se sont les travailleurs eux-mêmes qui se la donnent.

  6. Avatar de Jean-Luce Morlie

    Bonjour,

    je souhaiterais dialoguer à partir du chapitre que Paul consacre aux « ententes » ( la taxation) cf. Le Prix pp. 127-141. Comme je suis assez loin de ma bibliothèque, je ne saurais, avant longtemps, mettre la main sur Homo Hiérarchicus pour me remémorer le sens précis de votre « … dans l’Inde des castes, société holiste par excellence, le pouvoir est subordonné à la valeur, il ne peut s’élever à elle ni l’atteindre. » . Pouvez préciser un peu plus ?

    Merci.

    1. Avatar de Jean-Luce Morlie

      – Pouvez-vous –

      je suis désolé, je croyais disposer d’un délai de relecture.

      a+

    2. Avatar de Baptiste Carré
      Baptiste Carré

      Bonjour,

      Dans l’Inde des castes, deux concepts recoupent ce que nous entendons par « politique » : le danda, la force légitime, celle du châtiment, et l’artha, l’action intéressée, motivée par l’intérêt particulier. Le roi indien a tout à fait le droit de pousser son intérêt propre, de chercher à accroître sa richesse et son pouvoir, quitte à faire la guerre avec ses voisins. Mais l’artha, le pouvoir, est subordonné au dharma, l’ordre universel, la valeur : le roi peut faire ce qu’il veut tant qu’il respecte l’ordre universel et son harmonie, c’est-à-dire tant qu’il ne prétend pas s’élever à la valeur, définir l’absolu. Comme l’écrit Dumont, « la force et l’intérêt ne produisent que violence et instabilité; qu’importe, puisque rien d’essentiel n’est là mis en question; bien au contraire, l’unité sociale implique et entretient la division politique ». Les rois indiens, qui finirent d’ailleurs par être des étrangers, musulmans et anglais, n’ont pas pu faire ce que les rois européens ont réussi : devenir souverain, pouvoir définir la valeur, pouvoir ensuite passé au peuple. Tout ceci est dans l’annexe C de Homo Hierarchicus.

      A propos des pratiques de « taxation » décrites par Paul Jorion, de telles ententes destinées à protéger le marché de la surproduction existent aussi dans l’industrie : le « contingentement » consiste pour les entreprises concurrentes à réduire chacune leur production d’une même proportion. Joseph Schumpeter ne condamnaient pas ce genre de pratiques, alors qu’elles donnent lieu, de la part de Louis Franck, à une phrase glaçante (c’est moi qui souligne):
      « les accords conclus tendent à réduire la production d’un même pourcentage, en respectant en quelque sorte les droits acquis, les « antériorités » de chaque producteur, quels que soient leur niveau de productivité, leur prix de revient moyen, leur efficacité ; la crise, loin de provoquer la disparition des moins aptes et la survie des mieux armés, consolide les situations préexistantes ; aussi semblable méthode est-elle absolument contraire aux idées modernes en matière de productivité ; c’est la règle du moindre effort ».

      1. Avatar de Jean-Luce Morlie

        Merci de votre réponse, je voudrais aborder une discussion exploratoire sur votre thème de « l’individu » , en prenant pour objet l’observation ethnographique,. relevée par Paul : « je t’en mettrai 250 par paniers » ( au lieu de 200) . Les autres ne le savaient pas… « (Le Prix p. 130, l .7). Paul nous donne la raison de la logique de l’entente au niveau du groupe, mais faute de temps, n’aborde pas le niveau de cette « entente dans l’entente », par laquelle, précisément, l’individu se révèle .
        §
        J’imagine que vous vous appuyez sur Dumont comme toile de fond pour mettre votre analyse en relief. Dumont nous présente, il me semble, la vision traditionnelle indienne de l’intérieur. En vue de débattre, quitte à y revenir, pouvons -nous partager l’idée selon laquelle la hiérarchie des castes correspond à un système symbolique du » pur et de l’impur » ce que, en première approximation, nous pourrions traduire comme un système de valeurs formant une morale, dans laquelle, à l’inverse de chez nous , le statut social reflète une hiérarchie totalement non négociable, totalement coupée, sur le plan symbolique, des rapports de forces entre castes. Les rapports de force entre groupes n’étant évidemment pas absents (et peut-être même en raison de cela, plus exacerbés que ce dont nous avons l’habitude).

        Pour ce qui est de la valeur de l’individu dans la société indienne traditionnelle « l’individu ne compte pas », la valeur de l’individu n’est pas centrale, il n’est un réseau serré d’interdépendance ( famille, clan, la caste, l’ethnie, etc. ) – holisme -. De plus, chacun est déterminé par son « karma », lequel le dépasse complètement, sauf à se retirer du monde, entièrement nu, et ainsi rompre le cycle des réincarnations. En contraste, Rome vendit des indulgences sur un mode parfaitement mondain, Attali, nous prédit, depuis lustres déjà, l’immortalité marchande.

        §

        Nous considérerons , je présume, que nos hiérarchies sociales résultent de la définition du rapport de force entre catégories sociales données par Paul Jorion « le statut réciproque des catégories sociales qui définit leur rapport de force est déterminé par une représentation de la rareté relative de leurs représentants « (P.212, l. 9) , ce que Paul illustre plaisamment en rapportant un mot d’enfant « la reine d’Angleterre on n’en voit pas souvent », mais pour préciser que s’il y a beaucoup de médecins le prix de la consultation baisse, ou encore , lorsque la cohorte de la génération du baby-boom quitte l’école, le statut de l’enseignant s’effondre du fait qu’il y en a trop sur le marché relativement au public encore disponible.

        En synthèse, le mécanisme du prix réside donc dans le rapport de force entre le vendeur et l’acheteur, non en tant qu’individu , mais en tant que membre de groupes sociaux vendeurs et acheteurs. Dès lors, sommes-nous d’accord pour considérer que nos hiérarchies sociales modernes ( stables en tant que hiérarchie de classes, et dans certaines circonstances, quelque peu assouplies d’une relative mobilité individuelle), trouve (essentiellement) leur principe dans le rapport de force marchand ?

        Sommes-nous également d’accord pour considérer que nos morales usuelles formalisent le minimum de règles communes pour « faire société », ce qui revient à dire : formalisent les conditions de la stabilité du système de rapport de forces entre groupes sociaux. Jorion utilise un cas de morale (philia) exemplaire , celui de l’entente spontanée par l’autolimitation des quantités pêchée par le groupe patron de pêche/mareyeur, lorsque le marché est plat, afin de maintenir en vie ce qu’ils savent être, tous ensemble, un maillon nécessairement , et bien sur, jusqu’à la banque Cofica (Banque des conserveries, mais sans doute aussi des patrons de pêche et des mareyeurs ?) laquelle était également de la partie lors de ces réunions informelles journalières et tard le soir, mais si nécessaire à la fixation de ce prix plancher, lequel n’avait de ce fait plus rien à voir avec l’offre et la demande.

        Dans ce cas, de solidarité hautement morale, comment analyser – en tant que rapport de force – les deux « tricheurs » au panier chargé à 250, alors que l’entente, la morale du groupe, le fixe explicitement à 200 ? N’est-ce pas précisément l’émergence de l’individualisme (j’entends ici « individualisme » hors de tout jugement de valeur, et comme sortie de « l’holisme » et de l’adéquation aux normes de la philia propre de ce groupe . C’est-à-dire comme une rationalité basée sur l’inversion de la norme permettant de créer le comportement dissimulé d’une forme de rareté relative parce que caché. Le type ethnographique que constitue la description de « Jean B. » par Paul , ne peut en effet pas exister si, pour employer l’expression du lieu, tous les pêcheurs y étaient « abonnés »- Le Prix (PP131-137) ?

        Car curieusement, et Jorion ne tarit pas d’un luxe de détail savoureux , ce « Jean B » est un « crac » admiré et envié de tous …

        A+

  7. Avatar de Samuel
    Samuel

    Il manque la pêche aux moules (et la chasse aux champigons), il manque les « congés payés » du mois d’août (même un week-end), ou peut-être un seul dimanche à la mer (début juin), il manque le kir (sauf s’il est multiplié par douze) entre amis sur une terrasse, il manque le repas de famille un dimanche (avec la recette spéciale d’un magicien), il manque le besoin de croire en un destin commun (qu’il soit technique: TGV, Charles-de Gaulle, ou bien d’un langage: la francophonie, ou simplement d’une fratrie, même si il n’y a pas encore de féminin).
    On ce moque des grandiloquents, des beaux, des natifs, des « tout-en-arts », tant qu’on a de quoi faire un film souriant, avant de laisser aux générations suivantes de quoi vivre (à priori cela n’est plus acceptable).
    Mais la conclusion est sympa, un équilibre entre droit et devoir (que ce soit pour la dernière mode Saoudite, le voile, ou pour l’acquittement de l’impôt, tant que ces devoirs puissent être pensés dans un quotidien qui « dé-pense »).

  8. Avatar de Timiota
    Timiota

    Est-il abusif de dire que l’une des théorie est celle de la moyenne, pour laquelle il faut un individu moyen, protégé comme tel. Tandis que pour l’autre, la néo-libérale, les fluctuations prennent le dessus, et ce sont leurs effets, bénéfiques ou délétères, que l’on se retrouve gérer, à coup de destruction créative par exemple.

    Ce n’est pas contradictoire dans la mesure où à tout instant d’une société, il existe une tendance à perpétuer la moyenne, et aussi une tendance à faire évoluer la technique.
    Il est vrai que le pouvoir vient plus facilement en jeu sous sa forme brute côté néo-libéralisme (et rôle des fluctuations), alors que côté néo-classique, les freins à l’abus de pouvoir sont solides et assez bien répartis.

    Dans le cadre du « Prix » et de sa fixation aristotélicienne par le statut réciproque des échangeurs de biens, on en vient à remarquer que l’attente de la fluctuation positive que fait « l’investisseur » (homo BFMicus) se traduit par le paimente de l’intérêt comme « loyer de l’argent ». Cela réalise donc un lien théorique entre pouvoir, fluctuation et versement d’intérêt…
    Le monde « raboté » de ses excès d’intérêt versés sera-t-il automatiquement plus distributeur du pouvoir ? Cela reste à prouver…

    1. Avatar de Baptiste Carré
      Baptiste Carré

      On peut en effet essayer de combiner les deux, chacune d’entre elles décrivant une des faces de la concurrence : la concurrence pousse à une plus grande efficacité et donc à une réduction des prix (théorie néo-classique), la concurrence incite l’entrepreneur à innover pour vendre un bien qu’il est le seul à produire et réaliser ainsi un profit de monopole (néo-libérale). Pour reprendre vos termes, l’innovation fait fluctuer l’état moyen et l’entrepreneur en tire profit jusqu’à ce que cette innovation s’intègre à la moyenne. Les brevets dans l’industrie pharmaceutique illustre cela : un laboratoire qui découvre une molécule en a la propriété exclusive pendant un certain temps puis il est permis de fabriquer des génériques l’utilisant. Le droit considère qu’il est légitime que l’innovateur jouisse de son innovation en détenant un monopole mais qu’au bout de quelques années ce monopole devient abusif, constitue un abus de pouvoir contre les malades les plus pauvres.

      Cependant, en pensant cela, on fait prédominer la théorie néo-classique : un monopole qui perdure au-delà de la « juste » rémunération de l’innovation constitue un abus de pouvoir. Quant à la théorie néo-libérale, elle a une prétention hégémonique : elle met en avant le cas du monopole d’innovation mais c’est bel et bien l’état moyen qu’elle veut régir.

      Plus fondamentalement, je ne pense pas qu’on puisse aujourd’hui distinguer une moyenne et des fluctuations : ne sommes-nous pas tous toujours dans la fluctuation ? Pas grand-chose n’est à l’abri de la destruction créatrice : les marchés des matières premières sont extrêmement volatiles, les services commencent à être délocalisés, les professions hautement qualifiées ne sont plus à l’abri de la concurrence, etc. L’ »individu moyen » risque fort bien d’être bien un individu vivant d’aliments produits par l’agro-industrie et à crédit, c’est-à-dire dans une dépendance aux grandes entreprises que la théorie néo-classique cherche précisément à éviter.

      Le taux d’intérêt traduit en effet une relation de pouvoir : la banque a les fonds dont l’entreprise a besoin, donc elle les lui met à disposition en échange d’une rémunération, mais comme l’activité de l’entreprise n’est pas sans risques, la banque exige encore plus de rémunération pour accepter d’en courir. Un système sans taux d’intérêt, c’est le métayage : la banque accepte de financer l’entreprise mais recevra une certaine proportion de ses revenus. Il y a toujours une relation de pouvoir : plus l’activité de l’entreprise est risquée, plus la banque exigera une proportion importante.

      1. Avatar de timiota
        timiota

        La « moyenne » existe un peu au sens de la cellule familiale, ou de constantes anthropologiques du même acabit (Toddien).
        D’un autre côté, Stiegler met en avant la prolétarisation/désublimation/perte de savoir-faire, ces atteintes à la bonne marche de la société atteignant un niveau où elles compromettent la stabilité de toute classe moyenne.

        J’ai le sentiment qu’il y a une capacité certaine de nos sociétés (depuis 1600 ?) à redéfinir du « nouveau » par une sorte d’effet auto-réalisateur, une renormalisation de ce qui est traditionnel et de ce qui est innovant. Ce serait une logique analogue à celle du « paradoxe du Guépard » qu’explique Michel Leis reprenant le mot de Tomasi di Lampedusa. Toutefois, (et pour suivre plutôt Michel Leis), c’est l’accaparement trop exclusif par une classe de cette « vision » et du discours qui va avec qui rend la situation explosive. Une classe se sent dépositaire de « ‘l’innovation », forcément à libérer, à débrider. C’est suivant qu’elle a l’aisance de pousser ses desiderata jusqu’à des folies ou non que les fluctuations importantes (et majoritairement néfastes) se produisent. ON ne couperait donc pas à une analyse des groupes qui « font l’agenda ».

  9. Avatar de Dominique GAGNOT
    Dominique GAGNOT

    Le modèle économique néo libéral n’a jamais été « pensée », mais est seulement le jouet des dominants…

    La « théorie » néolibérale n’existe pas. Ou alors elle se résume à :
    «Eliminer toute entrave à la liberté des capitaux conduit à maximiser la fortune des plus fortunés . Tout ce qui va dans ce sens doit donc être mis en oeuvre.
    Les conséquences négatives sont hors de propos»
    Ce qu’on ne peut évidement dire en des termes aussi directs…, d’ou la construction – après coup – de fumeuses « théories ». destinées à parer le néo libéralisme d’une respectabilité utile à son implémentation dans les esprits, et à brouiller les cartes.

  10. Avatar de lois-economiques
    lois-economiques

    A mon sens, le point fondamental de ces théories c’est qu’elles ne définissent la notion de richesse d’un système économique.
    Or le but d’une théorie économique c’est de faire prévaloir que ses fondements amènent à une plus grande prospérité que les autres.
    En ne définissant pas de manière rigoureuse la richesse ou la prospérité le but devient flou.
    En revanche si on a une définition rigoureuse de ce qui fait la richesse d’un système économique alors il est possible d »analyser si les moyens proposés par la théorie sont favorables à l’atteinte de ce but.
    Et là on a une évidence complètement occultée par ses deux théorie et qui remettent en cause leurs fondements.
    La richesse d’un système économique est bornée et cela indépendamment des ressources en matières premières à disposition du système [1].
    ET CELA CHANGE TOUT !
    Car une fois que le système a atteint cette borne l’accroissement de richesse ne devient plus possible !
    Par conséquent, la concurrence ne peut être synonyme d’accroissement de richesses pour le système mais uniquement en faveur de sous système et forcément au détriment d’autre parties du système.
    Le gâteau ne peut plus croître, la concurrence exacerbe la portion des parts que chacun souhaite obtenir. Comme le gâteau ne peut plus croître alors tout gain de productivité se fait alors nécessairement au détriment d’autres parties du système qui en aura moins. La conséquence et la montée inexorable des inégalités.
    C’est ce que nous constatons de nos jours.
    En conclusion, en excluant du champ de leur étude ce qui caractérise la prospérité ou la richesse des nations et en ignorant le caractère bornée de cette richesse, ces deux théories ne ne sont pas applicable car elles amènent toute deux vers une montée inexorable des inégalités ce qui au final est le contraire du but rechercher : la prospérité des nations.

    [1] : Pour comprendre cette notion de seuil de richesse, on pourra lire les articles :
    http://lesbrindherbes.org/2014/03/09/comprendre-notre-economie-pourquoi-la-croissance-est-le-probleme-et-pas-la-solution/
    http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/pib-energie-et-le-dogme-de-la-144328/

    1. Avatar de Baptiste Carré
      Baptiste Carré

      Ces théories ont en fait une définition de la richesse : dès qu’il y a achat, il y a création de richesses, car, si un individu achète, c’est bien parce qu’il accorde de la valeur à ce qu’il achète, si bien que, plus le volume des achats est grand, plus la société est riche. Mais je vous l’accorde, cette richesse, la croissance, n’est pas la prospérité qu’on pourrait définir comme la satisfaction des besoins et qui devrait être la vraie finalité de l’économie. Comme vous l’écrivez dans votre article, nos économies dites développées sont arrivées à saturation : les besoins des ménages, en termes d’alimentation, d’habillement, de logement, de santé et même de confort et de loisirs, sont, globalement, satisfaits. La demande s’est alors affaissée et les États européens et nord-américains l’ont érodée encore plus en se lançant dans des politiques de compétitivité qui ont rompu le lien tayloro-fordiste entre les salaires que versaient les entreprises et les consommateurs qui achetaient leurs produits. Et les efforts de la publicité pour créer chez le consommateur de nouveaux besoins ainsi que l’ouverture des vannes du crédit n’ont pas permis de rétablir une demande solide.

      1. Avatar de Béotienne
        Béotienne

        Alors la grande innovation fut : le seuil de pauvreté.
        En Belgique 424.000 enfants vivent sous le seuil de pauvreté.
        Comment l’éducation basée sur la compétition pourrait-elle rompre ce cercle vicieux.
        Avant d’évoquer « les inégalités » il est urgent d’enrayer « la pauvreté » des individus noyés dans des « moyennes » qui ne nous apprennent rien.

      2. Avatar de lois-economiques
        lois-economiques

        @Béotienne
        La montée des inégalités est directement liée à la montée de la pauvreté selon le principe que le gâteau à partager est constant.
        Donc celui qui accapare plus c’est forcément au détriment de celui qui aura moins…
        Donc tout gain de productivité dans notre système crée des pauvres.
        Donc pauvreté et inégalités, c’est exactement le même combat.

  11. Avatar de peg
    peg

    Votre problématisation de la différence entre libéralisme classique et neo-libéralisme en exprime une autre qui pointe et que Michel Foucault (MF) a développée et à laquelle Geoffroy de Lasgasnerie dans « La dernière leçon de Foucault – sur le néo-libéralisme, la théorie et la politique » se réfère clairement : le libéralisme classique s’inscrit dans le cadre de la pensée de l’Etat (et ainsi dans une forme holiste comme vous le soulignez) tandis que selon MF la pensée néolibérale (Hayek) est une pensée essentiellement anti-étatique, elle oppose la diversité humaine (« le bois tordu de l’humanité. ») et l’impossibilité selon les penseurs neolib à trouver de « régime commun » c’est à dire le bien commun et ainsi le Droit. La forme économique que prend cette charge idéologique n’est pas discutée par MF apparemment mais son point est de montrer comment les autres oppositions au libéralisme s’incluent elles aussi dans une forme de holisme ne remettant pas en cause l’Etat (socialisme ou communisme). Ainsi le néolibéralisme apparaît pour MF selon Lagasnerie comme une boîte à idée contre les formes surplombantes de rationalité (telles la raison d’Etat, le Bien Commun, … etc). Pour Lasganerie, il ne s’agit pas pour MF d’un appel anarchisant ni d’une séduction (ou réduction) libertarienne à mettre en oeuvre mais d’un retour critique sur notre manière de penser, sentir, voir et réagir à la supposée nécessité de l’Etat (ou de formes de gouvernementalité surplombantes ou transcendantes dont l’Etat est la réalisation moderne) dont il est extrêmement difficile de se défaire et qui s’introduit dans les discours normatifs en tout genre, dans les oppositions politiques. Essayer d’ « oublier » la (très) mauvaise part du neolibéralisme (cette forme de loi de la jungle sans droit ni loi), permet alors de s’interroger sur notre facilité à se réfugier dans l’Etat, à s’assujettir à la Loi, une forme de pensée et de logique juridique – homo juridicus – où l’homme est sujet contraint et lié à une transcendance (et qui change le rapport au monde et donc le monde) versus une pensée de l’homo economicus néolibéral – ingouvernable par essence – à qui les mouvements de « libérations » des années 1970 font écho produisant depuis ces années là des transformations de pratiques institutionnelles (néo management public) mais aussi un nouveau type de relation au pouvoir par les « sujets » que nous sommes.

  12. Avatar de Papillon
    Papillon

    Bonjour à toutes et à tous !
    La concurrence ? Quelle concurrence ? Je ne vois que des guerres ! Et notre monde se détériore chaque semaine ! Qui croit vivre dans un monde en paix saupoudré de bienfaisante concurrence ?

    Il y a plus de ferveur dans le sport que pour s’occuper de la biodiversité et donc de notre sort !
    C’est un avenir militaire sur une planète poubelle que nous laissons aux futures générations !

    Bon XXIe siècle !

    Papillon (en colère)

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