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Université catholique de Lille, « Déclarer l’état d’urgence pour le genre humain ? » (1 de 6), Quel scénario pour les années qui viennent ? – Retranscription – Blog de Paul Jorion

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28 réponses à “Université catholique de Lille, « Déclarer l’état d’urgence pour le genre humain ? » (1 de 6), Quel scénario pour les années qui viennent ? – Retranscription”

  1. Avatar de Jacqueline Subias
    Jacqueline Subias

    Bonjour !

    Juste une petite question de « pas bonne en maths » :
    « on passera à un monde de plus en plus où les seuls emplois qui seront encore présents seront pour les personnes qui travailleront pour le numérique, pour l’intelligence artificielle – soit pour faire de la maintenance, soit pour produire des programmes, etc. etc. »

    Ma question : est-ce que le numérique (et IA) produira les cultures, l’élevage, la construction de maisons & bâtiments, l’entretien de ces bâtiments et voix de circulation, l’enseignement, la puériculture, la philosophie, l’art, la poésie, le théâtre, la chanson, la danse…… etc. etc. ?
    Je sais qu’on pourrait très certainement créer, confectionner et commercialiser vêtements et accessoires de mode par IA, même si je trouve cela flippant pour plusieurs raisons, notamment le fait que l’être humain n’est pas qu’un corps à habiller mais un être sensible empreint de désirs et d’émotions et pour lequel s’habiller peut prendre plusieurs sens : se protéger, séduire, se camoufler ou se cacher, se mettre en valeur ou se distinguer, se conformer à un groupe, voire se conformer à son propre rêve ou sa perception idéalisée, etc.
    Je sais aussi qu’on peut dès à présent faire de l’art numérique mais pour autant des artistes provoquent ou programment des « erreurs » (je ne trouve pas un mot qui convienne n’étant pas mathématicienne ni programmatrice – dieu m’en garde !-) laissant la place au hasard de la déformation de ce qui est (si on veut bien admettre que le hasard existe), ce qui à mon sens permet que cela reste de l’art.
    Je sais aussi qu’il existe des robots pour construire des façades de maisons ou d’immeubles.
    Je sais encore que les cultures maraîchères peuvent se prévoir par IA et qu’on peut planter, arroser et cueillir avec des robots.
    Mais malgré cela, pour tant d’autres choses, est-ce si sûr ?
    Doit-on se résigner à l’accepter comme si c’était inévitable et organiser une société en fonction de ce probable « inévitable » ?

    Autre question qui en découle :
    L’inévitable existe-t-il vraiment (ou toujours) ? ou est-ce un concept inventé de toute pièce pour rationaliser nos peurs et/ou pour les exploiter ? (dans ce cas, qui les exploitent ou exploiteraient ?)

    Dernière question (référence à « Real Human ») si on parvenait à fabriquer un robot à 100% (ou même 95%) semblable à l’humain et capable de tout faire à sa place, ne retomberions-nous pas dans les mêmes problèmes qui ont motivé la création de robots ? (c’est d’ailleurs une question posée indirectement dans cette série)

    (je n’ai pas lu toutes les questions du public)

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Vous avez tout à fait raison de ne pas aller vers une « projection bête » concernant le remplacement des jobs par les machines/les IA, nous mettant au chômage tous comme les tisserands de Lyon.

      Chaque innovation déplace un peu tout le système mais certaines le déplacent fortement (les smartphones en lien avec un « cloud » pour prendre la dernière grande innovation évidente pour tout le monde). On est donc bien en mal de faire du prédictif, on ne sait pas laquelle des prochaines innovations va déplacer quoi, même avec Attali .. et même avec Jorion !
      Ce qui ne s’est jamais passé non plus, c’est une ère de stagnation démographique (Taiwan : 1 enfant par femme brutalement à partir de 2005 en qqs années, d’autres pays d’Europe plus progressivement), et aussi, dans les zones assez riches (Occident et qqs centres urbains en ex-Europe de l’Est, dans toute la Chine, à Dubaï etc.), une ère de primat de la propriété immobilière qui évoque un peu les temps féodaux. Serf=locataire de grande banlieue ou du 93 type Clichy-s-bois ? je vous laisse le choix.
      Cette importance de l’héritage (et des inégalités) va jouer de façon à biaiser l’effet sociétal de la baisse du travail. On va avoir des travaux liés à des intensités capitalistiques décroissantes dans les zones où la pauvreté se réinstalle, tandis que les zones riches (en peau de léopard) vont faire tenir une certaine demande assez longtemps, en service et en objet de haut de gamme et en soin (mix des deux, le biomédical que je connais un peu par exemple).
      Je me demande même si l’illibéralisme ambiant (Orban et Boslonaro, Trump et Abe) n’est pas une ruse de l’histoire dans cette affaire: plutôt que de gérer une situation d’érosion lente d’une classe par une autre, les illibéraux ont déjà trouvé un moyen de mettre en avant une classe riche en agitant assez le Kaa (serpent hypnotiseur) médiatique pour que la classe pauvre et moyenne soit embobinée (retournant les questions sociétales notamment) et ne voit pas qu’on la pompe pour quelques uns. Même le Venezuela entrerait dans cette façon de faire, mais d’une façon extrême et caricaturale, la malédiction du pétrole jouant à plein pour faire aller les curseurs en butée sur un peu tous les paramètres.
      Pas très poétique ce que je vous dis et pourtant, je pense que vous voyez juste avec cet aspect « poétique/artistique » : il offre le recul pour voir venir les « déplacements innovatifs » avec du recul. Pour gratter sous la croûte facebook twitter, etc.
      C’est un peu comme les antennes du chat qui vont voir les vibrations pertinentes avant que les autres n’aperçoivent le reste de la scène.

      1. Avatar de Jacqueline Subias
        Jacqueline Subias

         » (…) nous mettant au chômage tous comme les tisserands de Lyon.  »

        Certes les tisserands de Lyon ont disparu mais ce n’est pas pour autant que les tisserands n’existent plus. Ils ont été déplacés où la main d’œuvre est moins coûteuse.
        Donc, le problème du déplacement pourrait ne plus exister avec la robotisation généralisée. Mais les programmeurs mathématiciens auraient-ils cette sensibilité, ce talent, ce savoir faire sensible qui fait que des associations de couleurs par fils de trame ou de chaîne n’ont pas le même résultat selon les textures des fils, selon les touchés de la matière, les reflets, les effets d’absorption de la lumière faisant ressortir une couleur plutôt qu’une autre, etc. ?
        Déjà on voit de superbes impressions numériques utilisant la 3D mais sur des matières simples type toile, et sur 1 ou 2 ou 3 qualités seulement (ex coton, polyester ou viscose) alors qu’une même impression n’a pas le même rendu selon texture, qualité & plombant du tissu et type de fils (retors, double retors…) utilisés pour le tissage, etc. Un technicien ou mathématicien saurait il avoir cette sensibilité s’il n’est plus en contact direct avec la matière ?
        Pour moi, cela est purement et simplement la disparition de l’art pour la banalisation, la standardisation, et en cela le ratatinement du cerveau humain réduit à ne plus savoir que calculer, dénué de sensibilité.
        Brrrrr ! Glacial ! Quelle pauvreté !
        J’ai connu il y a longtemps un océanographe passionné par la mer et travaillant pour Cousteau qui a quitté sa profession tant il n’en pouvait plus de n’être que sur un ordinateur sans jamais plonger. C’est un excellent exemple pour montrer à quel point la généralisation du numérique et IA promet de la frustration généralisée !

      2. Avatar de Jacqueline Subias
        Jacqueline Subias

        J’ajoute :

        Quels sont les points communs entre les animaux et l’humain ?
        Et par déduction quel est la seule réelle spécificité de l’humain ?
        Je commence la liste  de ce que savent faire hommes et animaux :

        – produire, fabriquer ? Nombreux animaux savent fabriquer : nids, abris, barrages…
        – calculer ? Pour fabriquer ils savent évaluer un poids, une longueur, une quantité suffisante à leur besoin sans même avoir inventé les nombres…
        -se soigner ? Ils savent trouver plantes ou insectes pour se soigner, ou jeûner, ou se mettre provisoirement dans des abris ayant certaines conditions régulatrices…
        -enseigner, éduquer ? Ils savent transmettre…
        -cultiver, faire de l’élevage ? Plusieurs insectes cultivent ou élèvent d’autres insectes pour leur qualité nutritive…
        -faire des réserves ? Très nombreux font des réserves…
        -jouer ? Ils jouent tous…
        -simuler, paraître ? Nombreux savent se déguiser, se camoufler, simuler, ruser…
        -rire, pleurer, ou se mettre colère …
        -s’émouvoir, s’entraider …
        -gouverner, diriger …
        Combien d’autres ? La liste est très longue….
        Ce que découvrent tous les jours les scientifiques comme points communs est impressionnant..

        Mais l’art ? A-t-on vu des animaux artistes ? Art primitif, art populaire, art artisanal, art décoratif, art des Maîtres… Cet art sensible lié au tactile, à l’émotionnel, à la sensibilité, à l’intellect humain…
        Or la robotisation (et l’IA) implique la standardisation, la vulgarisation, la banalisation. En détruisant l’erreur, les maladresses ou le hasard, l’IA ne peut rien découvrir ; il ne peut qu’améliorer ou modifier ce qui existe déjà dans les savoirs faire humains.
        Qui n’a pas besoin d’art même s’il s’en défend ou croit pouvoir s’en passer ?
        Personne d’humain. La preuve le nombre croissant de visites dans les palais, châteaux ou belles demeures, cathédrales, monastères, dans les musées, dans les parcs composés artistiquement, ou les pyramides et muraille de Chine.. Et combien même parmi les incultes sont sensibles à la grande musique ! Ou même combien de touristes dans les villages anciens avec leur style spécifique ancestral, dans leur pays ou dans les fins fonds de pays lointains où subsistent des arts anciens ou primitifs, ou dans les grottes plus fascinés par les peintures rupestres que par les stalactites(mites) naturelles…. !
        Pourtant tous savent que ces arts splendides ont pu être développés grâce à l’argent des puissants qu’ils ont gagné bien souvent en exploitant pauvres ou esclaves ; ou a contrario par des pauvres, démunis, archaïques, privés de superflu dans leur survie…
        Doit-on pour autant accepter que seuls les riches profitent de cet art de grands maîtres ou revenir à la survie pour profiter des arts populaires ? Non, en excluant les arts imposés totalitaires (comme l’art bolchevique ou maoïste) on pourrait faire profiter à tous de l’art, de nouvelles créations, de la diversité artistique ; on en aurait les moyens aujourd’hui.
        On souffre déjà de ce manque (les vestiges peuvent-ils subsister toujours?).
        Ce que l’IA ne pourra jamais permettre : l’art ne se calcule pas par des algorithmes.

      3. Avatar de Jacqueline Subias
        Jacqueline Subias

        Mezigue
        « Rassure toi : À tes yeux, la plus belle des robes, c’est celle que tu auras dessinée toi-même. »

        Certainement pas ! et je sais de quoi je parle….. On voit que votre cerveau est déjà dépourvu de sensibilité que vous ne sachiez plus vous projeter dans un autre monde que le vôtre… (désolée, j’espère pour vous me tromper).
        Le capitalisme n’y est pour rien même s’il est à combattre comme tout esclavage et qu’il faut le combattre ! Ou au moins ses effets pervers, dont la standardisation.
        C’est la standardisation qui à mon avis est la plus grande cause de ce mal être général, celle qui ratatine et rend paresseux les cerveaux humains au point de les rendre inutiles ; et pour ce faire il faut retrouver la diversité tant écologique qu’artistique (ce que le capitalisme dans ses excès pervers de rentabilité ne peut pas faire).

      4. Avatar de F68.10
        F68.10

        @Jacqueline Subias: « Or la robotisation (et l’IA) implique la standardisation, la vulgarisation, la banalisation. En détruisant l’erreur, les maladresses ou le hasard, l’IA ne peut rien découvrir ; il ne peut qu’améliorer ou modifier ce qui existe déjà dans les savoirs faire humains. »

        Vous confondez deux choses: robotisation/productivisme et intelligence artificielle. Ce ne sont pas les mêmes concepts même si l’un est et sera effectivement mis au service de l’autre, ne nous leurrons pas.

        Non, l’IA, ce n’est absolument pas la « standardisation », la « vulgarisation », la « banalisation ». Bien au contraire.

        Comme on le voit dans le deep learning avec les échecs, ce n’est absolument pas de la standardisation qui est à l’oeuvre, mais de l’intuition alliée au consequentialisme et une remarquable tolérance aux erreurs. Mais plus que « standardisation », je dirais « oppressif et qui ne lache rien » pour parler du deep learning aux échecs.

        « Vulgarisation »? Non: Indifférence aux valeurs humaines et inclusions des pires biais sociaux dans l’apprentissage. On voit plus apparaître des systèmes qui agissent comme des miroirs déformants de l’esprit humain, en pas très joli.

        «Banalisation »? Je ne vois pas ce que ce mot signifie dans ce contexte. Je vois plutôt venir des systèmes qui nous montreront de manière assez crue nos propres erreurs d’evaluation. Je pense que cela sera clair, et que cela fera peur dans le domaine biomédical (l’IA nous montrera 1. que nous aurions depuis longtemps déjà du avoir peur de nous mêmes, et 2. nous offrira en même temps des possibilités médicales qui remettront les terreurs nocturnes de Foucault à l’ordre du jour).

        L’IA ne détruit pas l’erreur, les maladresses et le hasard. Elle est surtout capable de faire avec, dans le sillage de ce qu’on appelle la logique pragmatique. L’IA ne détruit pas ces choses là. Elle réduit le risque inhérent dans toute activité à laquelle on l’applique, et ce dans un but pragmatique.

        L’idée que l’IA ne peut rien découvrir et que améliorer va se révéler complètement fallacieuse. C’est un peu long à expliquer, mais il faut avoir conscience qu’en un sens, l’IA c’est l’automatisation, dans un sens très précis, de la méthode scientifique et surtout l’automatisation de la création des hypothèses à tester. La logique de création des hypothèses à tester étant maintenant acquise, il est inévitable que l’IA fasse des découvertes. Le problème avec le deep learning est que nous ne disposons pas à l’heure actuelle de la pierre de Rosette permettant de traduire en language humain quelles sont ou seront ces découvertes.

        De la part d’un matheux fondamentaliste, je vous dis qu’il y a plus de risques à ne pas comprendre ce qu’est réellement l’IA qu’il n’y en a à l’accepter ou à la rejeter de manière binaire. Les gens sont vraiment naïfs dans un sens comme dans l’autre à ce sujet. Les dérives seront de toutes manières inévitables: je ne vois pas comment le futur pourrait être autrement que ce qu’il sera. On est ici pris dans quelque chose qui nous dépasse tous, et personne n’aura le recul nécessaire pour nous permettre de faire des choix éclairés.

        Si Google a pu réaliser l’apprentissage automatique de la marche d’un bipède, il n’y aucune raison théorique que l’intelligence artificielle ne puisse pas à terme automatiser des pans entiers de l’économie. L’IA, ce n’est pas que des échecs, du go, de la reconnaissance vocale. C’est aussi l’apprentissage automatique de comportements dans des environnements simulés, qu’on traduira ensuite dans le monde réel. Les animaux font en partie ce type de travail dans les rêves. L’IA est à la porte de ce type de processus cognitif.

        Pour les matheux hardcore (pas les simples matheux appliqués), les mots clés pour comprendre mon positionnement exprimé ici sont « information geometry » et « neuromanifold ».

      5. Avatar de Jac
        Jac

        « Vous confondez deux choses: robotisation/productivisme et intelligence artificielle. »

        Non, les robots sont des outils. je ne suis pas hermétique à l’outil et pour moi ils évitent que des êtres humains soient asservis comme du bétail. Mais les robots sont de plus en pus actionnés par IA. C’est cette généralisation de l’IA qui me dérange.

        « Comme on le voit dans le deep learning avec les échecs, ce n’est absolument pas de la standardisation qui est à l’oeuvre, mais de l’intuition alliée au consequentialisme et une remarquable tolérance aux erreurs. »

        D’abord pour moi vous parlez « chinois » (façon de parler) : deep Learning, consequentialisme : vous êtes spécialiste non ? Si oui ou si vous vous y connaissez super bien, vous êtes la preuve que l’IA n’est à la portée que de quelques uns : vous êtes tranquille : la future élite de demain. Quid de la politique, quid de la philosophie, quid de l’art plastique, musical ou littéraire ??? Quel auteur littéraire ou poète écrirait avec des mots tels « deep Learning » ou consequentialisme » et combien de personnes pourraient le lire ? Avec ce type de jargon vous créez des cases, des cloisons, vous vous « élitisez ». Alors que l’art même le plus élitiste est universel. (Quoi que, bout à bout, tous ces mots techniques se succédant comme à la Prévert pourraient faire une jolie musique en école maternelle.. mais pas sûr que les enfants comprennent )

        Quant à parler d’une IA « intuitive »… Vous ne semblez pas savoir ce qu’est l’intuition. C’est une IA qui vous l’a enseignée ? A moins que vous ne parliez que de l’intuition des programmeurs. Donc de la future élite.

        « L’IA ne détruit pas l’erreur, les maladresses et le hasard. »

        Ah bon ! je croyais avoir lu sur ce blog même (et entendu ailleurs avec des passionnés) que le but de l’IA est de faire le moins d’erreurs possible jusqu’à (vrai but recherché pas encore trouvé) 0 erreur.
        Maladresses ? Pourquoi avoir recours à l’IA alors ?! Vous ne parlez pas plutôt encore des maladresses des programmeurs humains ? ça oui j’y crois, très fort.
        Hasard ? Parce que le hasard se calcule à présent ???? Se calculent toutes les orientations ou difficultés possibles, donc ce n’est pas du hasard; alors que le hasard est par définition ce qu’on ne peut pas prévoir (d’ailleurs de moins en moins de personnes imbibées de cette mentalité scientiste ne croient pas au hasard). C’est sûr qu’il peut y avoir du (vrai) hasard ou qu’on peut le provoquer (comme certains artistes dans mon exemple) mais alors, à quoi servirait l’IA ? Sinon à ce que tous lui fassions une confiance aveugle ce qui serait catastrophique à échelle mondiale en cas d’erreurs, maladresses ou hasards non prévus (autant ou plus que les excès du capitalisme).
        Donc pour moi, IA généralisé et anticapitalisme (ou anti élites nanties dirigeant le monde) sont incompatibles.
        C’est mon point de vue. Vous m’autorisez à en avoir un qui ne soit pas le vôtre ? Moi j’accepte les divergences. Au contraire, je m’en nourris.

        1. Avatar de Paul Jorion

          « C’est mon point de vue. Vous m’autorisez à en avoir un qui ne soit pas le vôtre ? »

          Vous ne pensez pas qu’il y ait un niveau minimum de familiarité à avoir avec un sujet avant de formuler des affirmations catégoriques à son propos ?

      6. Avatar de Jacqueline Subias
        Jacqueline Subias

        zut! repérée ! erreur de clic (et si un programmeur fait pareil que moi : erreur de clic, on est foutu…..

      7. Avatar de Jacqueline Subias
        Jacqueline Subias

        F68.10
        J’avais mal lu, trop vite réagi, vos arguments ne contredisent pas forcément les miens.
        Cependant j’insiste :

        « L’IA ne détruit pas l’erreur, les maladresses et le hasard. Elle est surtout capable de faire avec, dans le sillage de ce qu’on appelle la logique pragmatique. L’IA ne détruit pas ces choses là. Elle réduit le risque inhérent dans toute activité à laquelle on l’applique, et ce dans un but pragmatique. »

        C’est précisément cette logique pragmatique portée à son paroxysme que je redoute. Plus que l’IA elle même. Tout ne peut être pragmatique, il reste des parts obscures mais évidentes qu’on appelle « irrationnel » (j’ai d’ailleurs connu un mathématicien qui faisait aussi du spiritisme, une énigme pour moi qui suis relativement pragmatique). Tout ne se calcule pas.
        Par exemple, quand on consulte un médecin en qui on a confiance (parfois on ne sait pas pourquoi, une « aura » qui crée cette affinité ? Comme l’amour ?) il se produit un effet nocebo et c’est plus cela parfois qui nous aide à guérir que les médicaments. Comment une IA pourrait prévoir cet effet nocebo ou a contrario placebo avec pragmatisme ? Sur quels repères se réfèrerait-elle ? Quelles paroles inspirant la confiance, quel sourire, quel accueil ? Certes en management, en commerce ou en publicité il y a des méthodes pour établir cette confiance, une certaine sympathie, une façon de parler que peut calculer une IA. Il doit déjà y avoir des logiciels pour cela ; comme il existe des logiciels pour l’astrologie, la numérologie etc. (j’ai connu un « voyant » qui m’a expliqué que horoscope, numérologie, runes ou même lire dans le marc de café… c’était pareil, et lui utilisait déjà un logiciel pour faire ses prédictions sur internet, le petit filou qui se disait « voyant »).
        C’est bien cela que j’appelle « banalisation, standardisation et vulgarisation » :
        La banalisation généralise, la standardisation unifie, la vulgarisation schématise. Je distingue bien les 3 (même si mes définitions sont on ne peut plus raccourcies je l’admets).

        Pourquoi je pense que l’IA banalise(rait) ? Parce que, bien que pouvant « nous montrer de manière assez crue nos propres erreurs d’évaluation », c’est précisément parce qu’elle démontrerait nos propres erreurs que son utilisation se généralise(rait) à vitesse grand V. Difficile à expliquer, je vais essayer :
        Le danger selon moi serait que cette généralisation soit orientée et donc commanditée (par qui ? à quelle fin ? le bonheur de tous ? je n’en crois pas un mot). Déjà les recherches médicales le sont.
        Un exemple choc : si Hitler avait disposé de l’IA, que serions nous devenus ? Pourtant les expériences sur prisonniers dans les camps de concentration faites par de brillants scientifiques ont permis de faire de grands progrès dont on bénéficie aujourd’hui (en médecine, sur l’impact des couleurs sur nous et notre environnement, etc. ). Certes si les nazis avaient disposé d’IA peut-être que les expériences sur humains auraient été évitées (sauf pour sadisme). Mais il n’empêche que juifs, gitans et communistes auraient été assassinés. De plus un eugénisme poussé à l’extrême (tentation évidente avec l’IA) aurait appauvri en diversité l’espèce humaine par la « standardisation » précisément, laquelle « clone » un genre humain idéal (performant, consommateur, intelligent, productif ou autre… selon but recherché par ceux qui commanditent les programmes…). Alors que d’un niais, d’un simple d’esprit, d’un fragile, d’un infirme, d’un malade ayant côtoyé la mort (ou la côtoyant)… tout ce qu’on peut apprendre ! tout ce qu’ils peuvent nous apporter de bénéfique qu’une IA (à mon avis) ne pourrait pas !
        Quant à la vulgarisation, à force de bien maîtriser une discipline on peut la schématiser pour la rendre accessible à un grand nombre. Ce qui en résulterait (nécessité de marché oblige) une formation généralisée à la programmation d’IA. Un bien ? Par sûr. Une schématisation exclut les « subtilités » ou « exceptions » et laisse croire à ceux qui ne maîtrisent pas bien qu’ils sont « professionnels » : Paul Jorion a sorti un jour l’exemple des bières artisanales qui n’ont aucun goût, tant des jeunes non pro ayant appris des recettes toutes pondues sur internet ont cru savoir et pouvoir en faire. Et combien se contentant des tests psychologiques sur un magazine de mode ou articles succincts sur « psychologie magazine » se croient psychologues ! Certes cette vulgarisation permet au non initié (j’en suis) de pouvoir se constituer des pièces de puzzle (à condition d’en avoir beaucoup de différentes = culture générale) pour les assembler et voir ou apercevoir une image d’ensemble cohérente (ce que ne permet pas la spécialisation poussée qui a tendance à enfermer dans une discipline, d’où mon goût pour l’éclectisme). Mais heureusement qu’il y a de vrais pro spécialistes (et pas qu’à peu près) pour servir de références quand un éclectique a besoin d’informations plus pointues.

        Et pour finir, pour ce qui concerne le hasard, il y a à mon avis une grande différence entre le hasard trouvé par une IA et le hasard pour un humain de trébucher sur un objet qu’il pourrait en faire, en le découvrant, plein de choses différentes selon ce qu’il est (que ne sont pas autres). Pourquoi pas avec l’IA aussi, je veux bien le croire, mais il n’y aura(ait) tellement pas besoin de nombreux programmeurs mathématiciens que cela limitera(ait) considérablement les multiples usages possibles de ces découvertes.

        Mais le plus gros risque serait qu’on deviennent inutiles et donc qu’on n’aurait plus vraiment besoin les uns des autres. Et quitte à me faire berner, à risquer de m’engueuler avec eux ou de me faire insulter (ouque sais je encore de pas agréable) je préfère personnellement avoir besoin des autres et qu’ils aient besoin de moi plutôt que de subir une solitude imposée dans un ennui généralisé (pourtant perso je suis de caractère solitaire et très indépendante, ce pourquoi pour ma sauvegarde je refuse d’apprendre certaines choses, comme l’informatique entre autres, pour continuer à avoir besoin de l’aide d’autrui et ne pas être une conne dans ma solitude et mon autonomie).
        Mon explication est-elle plus compréhensible ?

      8. Avatar de F68.10
        F68.10

        @Jacqueline Subias: votre positionnement est compréhensible, et de mon point de vue il existe de véritables problèmes moraux associés à la technologie. Mais à cette observation, il y a plusieurs eccueils: le principal est de ne pas attribuer à l’IA en soi des attributs qui relèveront de l’utilisation qui en sera faite. Par exemple quand vous parler de standardisation, c’est une chose typique qu’on risque de créer, alors que ce n’est pas une propriété intrinsèque à l’IA. Il en va de même pour votre caractérisation du hasard.

        Je ne dis absolument qu’il ne faut pas se soucier de l’impact que l’IA aura. Elle peut libérer et aussi asservir, et peut être même les deux à la fois. Mais c’est déjà le cas de la médecine, et ce n’est pas comme si le problème était nouveau…

        Ce que je veux juste dire c’est que beaucoup d’idées injustifiées existent. Par exemple, opposer IA et art, je pense que c’est un exemple type qui finira par se révéler faux. Maintenant, je sais bien pourquoi ce type d’opposition existe.

        Mais tant que les arguments resteront de ce type, les scientifiques se gausseront de ce type de réflexion. Il n’y a à mon avis pas d’autre choix que de leur opposer de véritables oppositions morales et rationnelles. La tâche va être très ardue sinon perdue d’avance.

      9. Avatar de Jacqueline Subias
        Jacqueline Subias

        J’interviens à nouveau parce que j’ai mieux consulté le sujet de l’IA (plusieurs sources) ce qui me permet de mieux préciser ma pensée (et mes craintes)

        Il y a 2 écoles d’interprétation de la machine intelligente*  :

        – Soit une machine sera considérée comme intelligente si elle modélise le fonctionnement de l’humain.

        – Soit si elle reproduit les comportements humains dans un domaine spécifique ou non :
        – spécifique = selon « ordre de fabrication » (OF) déterminé par client achetant la machine.
        – non spécifique = générique, qui se base sur un ou plusieurs caractères communs à l’humain.

        Dans le premier cas, l’OF ne concerne qu’un objectif précis . Exemple (j’imagine ou suppose ce qui existe) : comportement humain dans la conduite automobile dans le but de réaliser une ergonomie facilitant sa conduite pour obtenir soit une meilleure performance, soit plus de sécurité, soit une économie d’énergie, voire les 3 à la fois.
        Mais dans le second, où on englobe plusieurs (et de + en +) fonctions humaines, on ne détermine pas d’objectif précis. Les résultats de recherche sont donc accessibles dans tous les domaines. Mais le générique exclut les cas particuliers, dans ce sens en soi il uniformise.
        Je développe :

        Comment les chercheurs travaillent pour étudier toutes les fonctions humaines ? Il y a tant de fonctions qu’ils doivent, chacun, faire des choix (selon compétence, goût, formation…) : l’un le cognitif, l’autre le neurologique, d’autres le linguistique, le psychologique, les réflexes, l’automatisme, la simulation, le mimétisme… etc. etc.
        A partir de quelle finalité cherchent-ils si c’est générique ? Pour qui ? Pourquoi ? Par qui ? Le libre arbitre ou intuition des chercheurs ? Qui alors les rémunère ? (ils perçoivent bien un salaire)

        Pour comparer avec ce que je connais dans mon ancien secteur d’activité : ces chercheurs, seraient à mon avis comme les stylistes dans les bureaux de tendance type Promostyle développant la créativité aléatoire (hors marketing) selon leur imagination, leur goût, leur propre projection. Ces bureaux sont rémunérés par l’édition de cahiers de tendance achetés fort cher par des fabricants de vêtements, textiles, accessoires , décoration, par extenso mobilier ou encore de cosmétique.
        Sauf que le but de ces clients est de vendre (rarissimes sont les philanthropes désintéressés vivant d’amour et d’eau fraîche) ; et en ce sens ils ne veulent pas acheter ces cahiers de tendance s’ils risquent d’être à côté des désirs de leurs clients (et non celui des stylistes). Il faut donc faire intervenir le marketing (qui pourrait d’ailleurs très bien se faire par IA) pour sélectionner les propositions diverses de style & couleurs & formes sur les cahiers de tendance.
        Dans ce cas, la créativité peut être variée et aléatoire mais la sélection finale deviendrait spécifique.
        C’est ce que j’appelle la « standardisation » par le fait que tous les clients ayant le même objectif vendent le même style => même tendance généralisée => uniformisation.
        Mais cette finalité résultant du marketing (pour schématiser : étude du désir des clients) peut tout aussi bien être dirigée en orientant ce désir pour accroître la vente de tel type de produits ou tel autre, donc en le sélectionnant et le modifiant : le simple fait que toutes les tendances dans l’industrie convergent via l’uniformisation, auxquelles est ajoutée une publicité agressive et performante, ne fait plus des consommateurs « désirant » mais des consommateurs « suiveurs ».
        Je ne fais là qu’un résumé succinct de ce qui existe déjà depuis fin XXe, dans la mode vestimentaire, dans le high tech, les jeux vidéos, le cinéma, la nourriture, etc. liste non exhaustive : Donc tout ce qui touche à l’intime des individus = plaisirs, distractions, goûts personnels, voire goûts culturels…
        Ajoutons à cela les progrès de l’IA dont le but serait aujourd’hui « de le (l’humain) décharger de tâches (contraignantes) pour qu’il puisse se concentrer sur des tâches de plus en plus créatives ou agréables » (*source : Esma Aïmeur – dpt. . »informatique et recherche opérationnelle », université de Montréal).
        Ce que nombreux répètent à l’unisson…. (ces doux rêveurs ou « sages » crédules…)

        Mais comment peut-on se contenter de créativité sans tâches contraignantes (si ce n’est elle aussi par numérique et IA !) et d’agréable ? Si tout devient « agréable », comment le distinguer du « désagréable » ???
        En somme, détruire le désagréable pour ne conserver que l’agréable (banalisation) reviendrait à détruire aussi l’agréable…. Pour quoi à la place ? (Le sommeil ? L’inconscient ?)
        Par l’orientation et l’exploitation des désirs que j’ai décrit ci-dessus (qui se pratique réellement), si ce qui reste à l’humain est le (faux) agréable, ou l’agréable banal, l’humain dans ce cas serait de plus en plus facilement MANIPULABLE puisqu’il n’aurait plus qu’à assouvir ses désirs & plaisirs au gré de sa fantaisie alors que c’est par l’intime qu’on le formate le mieux.

        Question  : manipulable par qui ? (pas par soi-même ni par la machine même intelligente qui ne fait qu’obéir)

      10. Avatar de Jacqueline Subias
        Jacqueline Subias

         » opposer IA et art, je pense que c’est un exemple type qui finira par se révéler faux  »

        Je suis d’accord pour art et numérique compatible. Pas Art et IA.
        Pour qui n’est pas artiste il ne peut pas comprendre. Disons que art et IA (je fais un effort considérable d’imagination) pourrait donner ce qu’on appelle « artistes du dimanche » c-à-dire un art gentillet, joli sûrement, mais n’exprimant rien. Comme la littérature gentillette, qu’est-ce-quelle exprime ? C’est reposant d’accord, mais se reposer toujours comme un vieillard impotent c’est s’endormir. L’art se nourrit de contraintes (ce pourquoi je dis que je me nourris de « divergences »), plus on a de contraintes plus on est créatif. Cela stimule les neurones et les met en permanence en mouvement. L’exemple du bureau de style que j’ai donné ci dessus parle de stylistes enfermés dans un lieu clos. S’ils ne sortent pas de ce lieu, s’ils ne voyagent pas, s’ils ne se cultivent pas pour solliciter leur sens de l’observation et la circulation de leurs neurones ils restent dans l’art que j’appelle aléatoire (pour moi c’est du sous art ou art mineur comme dirait Gainsbourg). C’est ce que j’ai vu il y a longtemps mais vu le coût des voyages de « sourcing » (d’idées : même mot utilisé qu’en business ou économie) qui n’est pas rentable aux yeux de financiers, je suis à peu près sûre que cela s’est développé considérablement; et si IA dans l’art (une hérésie) ce sera un art sous sous mineur SAUF si l’artiste (humain) utilise des résultats de IA avec bcp de contraintes pour en faire tout autre chose de personnel. Déjà en photographie numérique une floppée de dits « artistes » * pire que du dimanche : de jours fériés n’ont une illumination artistique que quoi… 1 mn ? Pas bcp de temps pour faire travailler les neurones. A force ils se rabougrissent…..
        * mais il y a de vrais artistes photographes de grand talent qui ne recherchent pas le facile. Simplement faire des clics est si à la portée de tout le monde que nombreux se croient artistes parce qu’ils font « clic » là, « clic » ailleurs, clic clic clic…… Alors avec clics sur l’ordi….

      11. Avatar de F68.10
        F68.10

        @Jacqueline Subias: je vais essayer de traiter le thème de l’art et l’IA. Le plus succinctement possible.

        Vous avez une vision beaucoup trop réductrice de ce que l’IA pourra à terme faire. A l’heure actuelle, votre critique est valide.

        Vous décrivez le processus artistique de plusieurs manières dans vos commentaires. Ce qui me frappe, c’est que à peu près tout ce que vous dites de l’art est transposable tel quel au sujet de la science. Faites l’exercice: remplacez « art » par « science » dans vos propos et émettez un jugement qui vous est propre.

        De ce que je vois, c’est que l’art suit exactement les mêmes processus cognitifs que la science, à la différence que le but n’est pas le même. La science a pour but l’objectivité. Le scientisme le pragmatisme. L’art a pour but la mise en évidence de procédés de séduction entre différents plans de pensée chez les personnes auxquelles il s’adresse.

        Si on arrive à expliciter le but de l’art, on peut arriver à automatiser des formes de création artistique.

        Pour que l’art par IA s’adresse aux humains, il faut une part d’identification de comment les plans de pensée s’intercroisent dans la psyché humaine individuelle et dans la psyché humaine collective. C’est pas du tout évident à déterminer. Mais impossible? Je ne le crois pas.

        Mais en effet, ce n’est pas accessible à l’heure actuelle. La seule tentative de travailler avec les plans de pensée d’autrui de la part de l’IA, Google le tente avec l’application du deep learning a un jeu que je vous conseille d’essayer. Hanabi.

        https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/02/06/intelligence-artificielle-deepmind-s-interesse-au-jeu-de-cartes-francais-hanabi_5420186_4408996.html

        Jouez à ce jeu. Cela vous permettra de prendre la mesure de ce que l’IA sera en mesure de faire le jour où vous lirez dans la presse, dans deux ans peut être, que Google a réussi à tordre la question de l’IA appliquée à Hanabi.

        (Comme vous l’avez compris, je ne suis pas là pour vous rassurer, mais plutôt pour vous inquiéter…)

    2. Avatar de Mezigue
      Mezigue

      @Jacqueline Subias

      Rassure toi : À tes yeux, la plus belle des robes, c’est celle que tu auras dessinée toi-même.

      Art, enseignement, soin ? Tu auras tout le temps de t’en occuper en laissant l’intelligence artificielle et la machine traiter de la matière, pour autant que tu leur en donnes l’énergie. D’ailleurs, quoi de mieux que des humains pour s’occuper de l’esprit des femmes et des hommes ?

      Une seule condition – plus ou moins délicate à négocier entre compromission et collaboration : comprendre la complexe toxicité du capitalisme. Heureusement, tu es là à bonne école !

      1. Avatar de Jacqueline Subias
        Jacqueline Subias

        Une chose à savoir pour qui n’est pas créatif :
        la créativité implique du gaspillage : tâtonnements, ratures, erreurs, corrections incessantes auxquelles bien souvent seule une date butoir peut mettre un terme (salons, édition, exposition…). Ce qui n’est pas rentable bien évidemment pour qui veut faire beaucoup de profits, ni pour les bien conditionnés par ce profit de quelques uns (une multitude) qui ne recherchent que l’abondance et le prix le plus bas (à produit égal, même moi je recherche le meilleur prix). Ce « gaspillage artistique » n’est plus permis que dans le grand luxe parce que les riches sont plus regardants sur le produit que sur son coût (= retour en arrière où seuls les riches avaient accès à l’art) .
        Pourtant, il pourrait y avoir une solution (ou des solutions). Programmeurs mathématiciens, je vous défis de la trouver…. quand votre rôle principal est de rationaliser la création (ou les savoirs faire) pour la rendre moins coûteuse ou plus performante…

        Devoir de philo : art et rationalisation sont-ils compatibles ?
        Ma version : La raison implique la sélection : soit l’utile, soit l’élitisme, soit la performance, soit la rentabilité… Elle sépare. Ce pourquoi la raison exclut le superflu (ou inutile), lequel superflu n’est pas le même pour tous.

  2. Avatar de Pierre B
    Pierre B

    Bonsoir,
    Ca m’a fait sourire de retrouver deux films (Elysium et Interstellar) que je me suis forcé à regarder pour être un peu au courant de ce qu’on injecte dans le crâne des « millenials » et autres ados… également Ex Machina…
    La liste de films similaires est remarquablement longue, j’aimerais y ajouter « Chappie » qui m’a fait d’abord hurler de rire lorsque le personnage principal met sa conscience sur clé USB… (puis m’a bien sûr interpellé puis inquiété…); et « Snowpiercer », dont j’ai l’impression que le succès fut limité, alors qu’il est aussi intelligent (basé sur un roman français il me semble) et bien fichu.
    J’ai moi aussi une question: vous qui avez des compétences en anthropologie/sociologie/psychanalyse, j’ai une théorie: vu que psychologiquement, on appréhende moins ce qu’on a déjà visualisé au moins une fois (même si ça nous a terrifiés sur le coup), j’ai l’impression que le matraquage médiatique/cinématographique récent ressemble à une préparation mentale à un avenir de plus en plus artificiel et « unnatural ». Etant donné la vitesse à laquelle change notre environnement, ce bombardement sensoriel ressemble, proportionnellement, à ces méthodes de bourrage de crâne où les victimes sont soumises à des séries d’images quasi-stroboscopiques et à des bandes sonores tout aussi ahurissantes. Pour faire accepter au générations en formation un avenir incertain, instable, difficile à suivre, truffé d’AI, de machines, de tech, de catastrophes naturelles et épidémiques, de sociétés inégalitaires, de manipulations génétiques, de terrorismes, de socio/psychopatisme… on le leur met sous le nez, tout simplement. Romancé et visuellement attrayant. Sous forme de divertissement. Comme ça, quand ça se passe vraiment, pas de panique: la connection synaptique existe déjà! S’pas?

    1. Avatar de timiota
      timiota

      @ Pierre B : N’est-ce pas déjà arrivé lors de la révolutions industrielle ?

      On a promis (à partir des années 1850) les bienfaits de la science et de la technique, jusqu’à « les Soviets et l’électrification » sous Staline, par un « matraquage » qui avait nom famine à la campagne (depuis le commerce triangulaire : les enfants « en excès » de Vendée et autres côtes d’ouest sont devenus les « indentured servants » (serfs du nouveau monde contraint de servir pour payer leur voyage pendant N années, N très aléatoire) ; mais s’amplifiant chez les anglais dès fin XVIIIème), nécessité d’aller à la ville, …
      Puis récupération de la colère ouvrière (liée aux solidarités paysannes au XIXème) par les Bismarck et autres Jules Ferry, qui certes créent un bon embryon de Sécu et d’Ecole publique, mais pour que les ateliers turbinent (les enfants illettrés ne lisent pas les consignes !).
      A chaque grand changement son matraquage, je dirais. Quand il a fallu faire « l’homme unidimensionnel » de Marcuse (le cadre moyen mâle blanc hétéro américain des années 50, en gros), la pub et tout le soft power ont frappé fort, déjà.
      Vous avez donc raison, mais la nouveauté n’est « que » dans le thème, pas beaucoup plus trompeur qu’un roman de Jules Verns mutatis mutandis.

    2. Avatar de arkao
      arkao

      @Pierre B
      Snowpiercer, inspiré d’une bande dessinée des années 80, « le transperceneige » de Lob et Rochette, parue chez Casterman.
      https://www.bedetheque.com/media/Couvertures/transperceneige01.jpg

  3. Avatar de timiota
    timiota

    A faire circuler !
    Et bravo d’avoir inclus 30% de Question du Public.

    1. Avatar de adoque
      adoque

      Et bravo d’avoir inclus les réponses aux Questions du Public !

  4. Avatar de BEOTIENNE
    BEOTIENNE

    Petite machine, jamais tu n’enfanteras dans la douleur parce que la douleur tu n’en auras jamais l’expérience. S’il te manque de l’énergie tu t’arrêteras, si un de tes circuits brûle tu dysfonctionneras mais tu ne ressentiras jamais l’urgence impérieuse de faire cesser la douleur qui neutralise les facultés  » nobles  » chez un humain.
    Bien sûr tu sera programmée pour identifier ces infirmités et ces détresses inhérentes à notre nature avec la nécessité de les éviter. Tu ignoreras la faim du nouveau-né, la brûlure de l’enfant imprudent qui trop approche sa main d’une flamme et donc la sensation de soulagement bestial lorsque toutes ces douleurs trouvent leur apaisement. Il en va de même pour les douleurs morales des humains. A partir de ce constat comment pourrais-tu simuler l’empathie ?

    1. Avatar de daniel
      daniel

      Bon d’accord, mais l’insensibilité a ses avantages.

      Rapporté par ZeroHead :
      « Le principal avantage d’un robot par rapport à un humain est que le danger physique n’a plus d’importance »
      « Le robot est purement défensif, donc il ne peut pas blesser l’automobiliste. Si l’automobiliste endommage le robot, ce n’est que de l’argent pour le remplacer. »
      « Les gens sont plus dangereux lorsqu’ils ont peur, alors l’objectif est d’éliminer la possibilité d’être blessés physiquement pour qu’ils soient moins effrayés et moins dangereux « .

      GoBetween Robotics: A traffic stop robot to keep everyone safe.
      https://www.youtube.com/watch?v=61xTQ3Bg5XI

      Peur, c’est le mot. L’inhumanité fabrique l‘inhumanité. Vive Hollywood.

      1. Avatar de Jac
        Jac

        Daniel
        Si les gens sont plus dangereux quand ils ont peur alors ils auront de plus en plus peur avec une IA qu’ils ne contrôleraient pas.
        Cependant vous parlez de la peur qui terrorise et nous fait perdre nos moyens. Parce que souvent la peur permet que se déclanche en nous un instinct de survie (l’instinct, vous connaissez ? un truc automatique que ne pourra jamais avoir une IA) lequel instinct nous fait faire des choses exceptionnelles dont on ne se serait pas cru capable et qui au contraire d’être dangereuses sont salvatrices (pour soi comme pour autrui). Cela m’est arrivé plusieurs fois. Cherchez bien, je suis sûre que cela vous est arrivé aussi.

    2. Avatar de Jac
      Jac

      bravo !

    3. Avatar de Dundee
      Dundee

      GREFFER UNE IA SUR UN PLANT DE NAVET

      Peut-être faudrait-il implanter et connecter un programme d’IA sur un plant de navet pour vérifier comment l’IA se débrouille, en « conscience » d’IA, avec le biologique, et sans simuler ?
      Cool un navet cyborg avec des oreilles en feuilles de chou.
      Et sans simuler, oeuf corse…
      Le biologique et sa conscience, ce n’est pas le BIOS. Une IA le sait-elle, elle qui en est totalement dénuée ?
      Pas sûr, si elle simule, et que la mule émule et reste mule, de fait. A fortioriori quand elle est humainement programmée la ptite bébète. En outre, pas sur que le navet « accepte » la greffe bouffie de simulation aussi hors sol d’une IA simulante, et ce, tout sympathique navet qu’il soit.
      Car, tout navet vivant et conscient sait cela : dans le mou, comme dans le dur, simuler n’est pas jouer.

      E la nave va.

  5. Avatar de Hadrien
    Hadrien

    Un seul film suffit à décrire le futur (et encore, il reste +- optimiste en trouvant la façon de nourrir la population ):
    Soleil vert.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Soleil_vert;
    La destruction peut se mesurer par le PIB =POP*PIB/POP;
    PIB/POP peut mesurer le pouvoir d’achat moyen.

    Quand même, une note d’optimisme: Le braconnage des éléphants semble diminuer à cause de la baisse de la demande d’ivoire cad de la baisse de la partie de PIB/POP (cad le pouvoir d’achat) consacrée à l’ivoire.

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