Merci Le Monde d’avoir vendu la mèche, signé les auteurs reconnaissants

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Le Monde : Que paie-t-on quand on achète un livre ? le 10 septembre 2019

Ça n’arrive pas souvent, mais ça arrive : un.e commentateur.rice me reprochant de promouvoir l’un de mes livres sur mon blog. Cette petite vidéo du Monde permet de comprendre que chaque fois que je vous encourage à acheter l’un de mes livres, je subventionne un nombre considérable d’autres personnes ayant ou non un certain talent.

Gagnent davantage que moi quand je vends un livre :

  • L’éditeur : 1,88 fois moi
  • L’imprimeur : 1,25 fois moi
  • Le distributeur : 1,38 fois moi
  • Le libraire : 4,5 fois moi

Merci les auteurs (crevant la dalle pour la plupart) pour leur mécénat envers un tas de gens !

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12 réponses à “Merci Le Monde d’avoir vendu la mèche, signé les auteurs reconnaissants

  1. Avatar de Annie Stasse
    Annie Stasse

    Ce n’est pas pour vous contrarier, mais les 4,5 fois pour les libraires pourraient faire croire qu’ils sont riches… à part les grosses boites (que je ne nommerai pas ici intentionnellement) : ben non. J’ai été libraire, et tous ceux que j’ai connu on était au smic.

    1. Avatar de arkao
      arkao

      @Annie Stasse
      Une première chose, les vendeurs ne sont pas tous libraires.
      « On distingue principalement au niveau des circuits de vente :
      Les librairies stricto-sensu, qui présentent un assortiment de titres très variable : plus de 100 000 références pour les plus importantes d’entre elles, 20 000 à 60 000 pour les moyennes, 2 000 à 20 000 pour les spécialisées et 5 000 à 10 000 pour les plus petites. 52 % des ventes sont des nouveautés (titres de moins d’un an). Il y a environ 3 500 librairies indépendantes ;
      Les grandes surfaces culturelles spécialisées (GSC ou GSS, environ 350 points de vente en 2011), qui offrent un large assortiment pour les plus grandes d’entre elles (100 000 références pour les grandes Fnac parisiennes, par exemple) et un assortiment plus restreint et plus standardisé pour la majorité d’entre elles (15 000 à 50 000 références pour les Fnac de province et 20 000 à 30 000 pour la plupart des Espaces culturels Leclerc et l’ensemble des réseaux Alsatia ou Cultura). Le livre représente entre 15 et 40 % du chiffre d’affaires total selon les enseignes. Avec 87 magasins, la Fnac réalise environ la moitié du chiffre d’affaires des GSS, suivie par les Espaces Culturels Leclerc (214 points de vente) ;
      Les grandes surfaces généralistes (GSG : hypermarchés), qui présentent un assortiment restreint (5 000 références en moyenne pouvant aller jusqu’à 20 000 références pour les plus gros d’entre eux) ; la part du poche, du livre de jeunesse, des dictionnaires, du pratique et du parascolaire y est prépondérante. Le poids du livre dans le CA total des hypermarchés représente environ 1 % et la marge environ 1,5 %. Les supermarchés et magasins populaires présentent quant à eux un assortiment très restreint (1 000 à 3 000 références), centré sur les meilleures ventes en nouveautés et en poche ;
      La vente par internet, qui s’est développée ces dernières années autour de quatre opérateurs principaux que sont Amazon, la Fnac, Alapage et, dans une moindre mesure, Chapitre. »
      (Extrait de l’enquête détaillée d’O Berruyer dont les chiffres globaux sont similaires à ceux du Monde)

      Et il précise que des 35% de la vente il faut défalquer un pourcentage non négligeable correspondant aux frais de personnel et autres charges (loyers, impôts locaux,…). Après il y a aussi le volume des ventes. Il faut en écouler beaucoup à quelques euros pour atteindre le smic.

      Remarque personnelle: On connait beaucoup d’auteurs qui ne peuvent pas vivre de leur droits, des libraires au smic ou qui mettent la clé sous la porte. Les éditeurs qui font faillite cela me semble extrêmement rare. A mon avis, c’est surtout là que va le pognon.

      1. Avatar de Annie Stasse
        Annie Stasse

        nous parlons d’un temps qui n’est pas le même…
        moi c’était du temps (et bien avant) où on s’est battu pour le prix fixe max -5%
        je ne suis pas très jeune… je ne cache pas mon jeu, vous ne vous en seriez pas encore aperçu ? je le prends comme un compliment.

      2. Avatar de Annie Stasse
        Annie Stasse

        2ème réponse (de mon temps )
        j’étais toujours en colère contre les éditeurs concernant les retours. Les retours se faisant sur les offices : les nouveautés non choisies ou d’après des critères assez vague et toujours débordés par les éditeurs.
        donc j’avais calculé que je fournissais 8 mois de trésorerie aux éditeurs, en comptant le temps de mon paiement et le temps de remboursement des retours.
        les pires étant Sodis (distributeur du groupe Gallimard, le plus gros pour moi, n’ayant que peu d’achats dans d’autres groupes (Hachette, Plon).
        je sais bien que les auteurs n’en vivent pas. Croyez-vous m'(nous) apprendre quelque chose ?
        que les petits éditeurs rament (eh voui tous les éditeurs ne sont pas riches, problèmes de distribution en général, soit pas distribué soit pompé par les gros)
        Mes achats de livres actuellement : jamais chez Amazon, le moins souvent FNAC
        le plus souvent en occas sur un site https://www.recyclivre.com/ vente et collecte de livres,
        aussi chez Emmaüs, ou sur des brocantes.
        Et mes livres soit je les garde, mais ceux que je ne garde pas je les donne.

  2. Avatar de Emmanuel
    Emmanuel

    On comprend Amazon : préempter sur un peu près 50% du prix. Bien vu. Avec en plus une « force de frappe » énorme (qui a acheté sur Amazon comprendra ce que je veux dire : relance en ciblant le profil du lecteur, promotions envoyées sur votre mail, facilité et rapidité d’acquisition, etc….). Il en découle la disparition des libraires, et autres distributeurs. Mais pas seulement des libraires…..C’est un autre sujet.

  3. Avatar de arkao
    arkao

    Les auteurs, la variable d’ajustement.
    La situation est très dure pour les créateurs de bandes dessinées (puisqu’on parlait de Hergé hier):
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2016/01/27/auteur-de-bd-un-metier-de-plus-en-plus-precaire_4854255_3234.html

    1. Avatar de adoque
      adoque

      Un créateur de bandes dessinées constate ceci: son éditeur voyant les ventes baisser, augmente les prix… les ventes diminuent encore et encore.
      L’auteur reprend ses droits et met en place un système de traduction multilingue où les traducteurs sont rémunérés. Cela génère 536 albums de BD en 40 langues.
      Ces BD sont publiées en pdf, en téléchargement légal, libre et gratuit.
      Sur le site, on peut voir le tableau des BD téléchargeables, le mode de rémunération des traducteurs, la source du financement, la comptabilité…

      Le slogan: « Tout ce qui n’est pas donné est perdu ».
      http://www.savoir-sans-frontieres.com/

      1. Avatar de arkao
        arkao

        Tout le monde ne peux pas faire comme Jean-Pierre Petit.
        J’ai dans ma bédéthèque quelque uns des albums originaux d’Anselme Lanturlu -;)

  4. Avatar de Chabian
    Chabian

    Echo d’une expérience différente. Notre association veut éditer un livre issu du travail de recherche d’un de nos membres, et mon aide pour l’étoffer en textes. Nous cherchons un éditeur. Un éditeur de livres régionaux nous propose une édition avec bonne diffusion mais sans rémunération pour nous : ils sont une association et le bénéfice couvre leurs salaires. Un autre nous propose un contrat d’édition avec 2% pour l’auteur et sans garantie de diffusion : il a accès à une impression à la demande, ce qui réduit de beaucoup ses stocks, ce qui nous induit à la méfiance.
    Nous éditions donc à compte d’association. En principe nous prévoyons une édition de 800 livres. Donc coût imprimeur 6400 euros, soit 8€ par livre. Nous prévoyons une vente à 20 euros et une souscription à 16 euros : donc à 400 exemplaires vendus, nous évitons les pertes.
    Mais voilà que 650 souscripteurs souscrivent à 16 euros, ce qui nous donne un capital permettant d’imprimer 1500 livres, ce que nous faisons, pour 7.500 euros (à 5,5 % de TVA, et l’exemple du Monde montre que les grands éditeurs obtiennent ce taux réduit également — nous avons du négocier pour l’avoir de l’imprimeur).
    Forts de ce succès annoncé, nous cherchons une diffusion par les « Maisons de la presse ». Leur réponse : vous êtes trop petits pour ce canal. Car nous proposons à nos 13.000 points de vente en France (les tabacs-presses et autres libraires) de commander votre livre. Nous envoyons la commande aux libraires qui nous l’ont demandé (soit de 2000 à 5000 exemplaires par exemple) et, sur ceux qui sont vendus, nous prenons 40 % ! Et, en plus, nous ne rapatrions les invendus que sur votre demande et à vos frais. (qui sont coûteux). Donc ce canal n’est intéressant que pour des éditeurs moyens de plusieurs livres touristiques ou scolaires ne vieillissant pas auprès du grand public et qui font une « rente » de long terme.
    Nous avons donc renoncé à diffuser par ce canal. Notre diffusion locale (y compris chez une dizaine de librairies et épiceries-journaux à qui nous laissons le livre à 14€ pour 20€ à la vente) nous ont permis de diffuser nos 1500 livres et de rééditer 800 livres pour suivre la demande finissante (nous sommes passés sur FR3 dans certaines régions). Nous avons diffusé beaucoup par envoi postal (8.50 de frais pour le client). C’est un immense succès pour une édition « à compte d’auteur » comme on dit, et une diffusion « militante ». Pour un beau livre sur le sujet « Le transport du bois ».
    Les livres de Paul Jorion pour un grand éditeur jouent évidemment dans une autre dimension. Pour l’éditeur, nombre de livres sont un fiasco, d’autres sont une locomotive. Ils jouent donc sur un bouquet de livres. Ils doivent s’enrichir : ils offrent des avances à certains auteurs, ils font des promotions de liquidation de leurs stocks. Car tous ces livres ont une durée de vie courte. Obtenir une place sur une table de libraire est un combat (donc la campagne de presse avec l’auteur est importante). Mais le libraire doit gérer des frais (TVA, loyer, promotion, emballage, gestion, parfois salaires).
    J’espère que cette comparaison de deux situations concrètes est instructive.

    1. Avatar de Chabian
      Chabian

      Un oubli : l’auteur est un enseignant retraité et n’attend pas de rémunération. Tout bénéfice est pour l’association. à 8 %, nous aurions du le rémunérer de 3.200 €, mais à déduire cotisations sociales et impôts à la source… Pour 2 ans de travail.

  5. Avatar de Hassen Isman
    Hassen Isman

    OK c’est du pinaillage et c’est un peu hors sujet mais comme on est (aussi) sur un blog d’économie, notons que le tableau du Monde présente plusieurs erreurs :
    – l’éditeur : 6 + 4 + 5 + 15 = 29 !
    – total des parts = 100, 5 !
    – part de l’Etat : comme la tva est à 5,5% (sur le ht), la part sur le prix total (ttc) est de 5,2 %.

  6. Avatar de Kalla
    Kalla

    Voici le même constat par un autour compatriote (qui s’est lancé dans l’auto-édition) :

    http://maliki.com/strips/a-croisee-chemins/

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