Dire la vérité aux gens sur les risques existentiels qui pèsent sur l’humanité, par Cédric Chevalier

Climate Endgame: Exploring catastrophic climate change scenarios | PNAS

Nous voudrions vous relayer cet article paru dans PNAS, une prestigieuse revue scientifique américaine, ce 1er août 2022.

Sa liste de coauteurs ne laissera pas indifférents ceux qui suivent l’actualité climatique.

Aperçu : Une gestion prudente des risques exige la prise en compte de scénarios allant du moins bon au pire. Or, dans le cas du changement climatique, ces futurs potentiels sont mal connus. Le changement climatique anthropique pourrait-il entraîner l’effondrement de la société mondiale, voire l’extinction de l’humanité ? À l’heure actuelle, il s’agit d’un sujet dangereusement sous-exploré. Pourtant, il existe de nombreuses raisons de penser que le changement climatique pourrait entraîner une catastrophe mondiale. L’analyse des mécanismes à l’origine de ces conséquences extrêmes pourrait contribuer à galvaniser l’action, à améliorer la résilience et à informer les politiques, y compris les réponses d’urgence. Nous exposons les connaissances actuelles sur la probabilité d’un changement climatique extrême, expliquons pourquoi il est vital de comprendre les cas les plus défavorables, exposons les raisons de s’inquiéter des résultats catastrophiques, définissons les termes clés et proposons un programme de recherche. Le programme proposé couvre quatre questions principales : 1) Quel est le potentiel du changement climatique à provoquer des événements d’extinction massive ? 2) Quels sont les mécanismes qui pourraient entraîner une mortalité et une morbidité massives chez l’homme ? 3) Quelles sont les vulnérabilités des sociétés humaines aux cascades de risques déclenchées par le climat, comme les conflits, l’instabilité politique et les risques financiers systémiques ? 4) Comment ces multiples éléments de preuve – ainsi que d’autres dangers mondiaux – peuvent-ils être utilement synthétisés dans une « évaluation intégrée des catastrophes » ? Il est temps pour la communauté scientifique de relever le défi d’une meilleure compréhension du changement climatique catastrophique.

Co-authors
Luke Kemp
Joanna Depledge
Kristie L. Ebi
Goodwin Gibbins
Timothy A. Kohler
Johan Rockström
Marten Scheffer
Hans Joachim Schellnhuber
Will Steffen
Timothy M. Lenton

Commentaire

Il semble impératif de prendre conscience de la situation d’urgence écologique absolue, de la reconnaître publiquement et surtout de gouverner la société en conséquence. Cela nécessite d’inclure les risques existentiels parmi les scénarios pris en compte. Nous le martelons depuis notre carte blanche collective du 6 septembre 2018 et la pétition de 40.000 signatures qui a suivi, remise à la Chambre de la Belgique. Les scénarios « catastrophes » ne sont pas des « excentricités douteuses » auxquelles les décideurs et scientifiques sérieux ne devraient pas attacher d’importance mais, au contraire, le point de départ, la pierre de touche, à partir duquel on peut seulement paramétrer ses efforts politiques et scientifiques. Dans l’histoire de la Terre, il y a déjà eu des changements d’ampleur « catastrophique », et il peut encore s’en produire, au détriment de certaines espèces, dont la nôtre. Et il ne peut y avoir de politique que lorsque l’existence de la communauté humaine est préservée.

L’éventuelle faible probabilité (sous-estimée peut-être à tort) de certains de ces scénarios (probabilité qui augmente à mesure que dure l’inertie, étant donnée l’existence des effets de seuil), n’est jamais une excuse pour ne pas les traiter. A partir du moment où ces scénarios impliquent la perte d’un grand nombre de vies et d’autres éléments d’importance existentielle, même pour une probabilité infime, ils doivent être pris en compte. Quand le risque sur l’espèce humaine toute entière ne peut être écarté, on fait face à la catégorie la plus élevée des risques existentiels.

Cet article invite donc à se demander si une partie de la communauté scientifique, avec sa culture de prudence et de modération adoptée par crainte de perdre sa crédibilité, n’a pas produit une pensée, un langage, des travaux et une priorisation de la recherche qui nous ont rendu collectivement aveugles sur la réalité effective des risques existentiels.

« Pourquoi se concentrer sur un réchauffement inférieur et des analyses de risque simples ? L’une des raisons est le point de référence des objectifs internationaux : l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement bien en dessous de 2 °C, avec une aspiration à 1,5 °C. Une autre raison est la culture de la science climatique qui consiste à « pécher par excès de prudence » (7), à ne pas être alarmiste, ce qui peut être aggravé par les processus de consensus du GIEC (8). Les évaluations complexes des risques, bien que plus réalistes, sont également plus difficiles à réaliser.
Cette prudence est compréhensible, mais elle n’est pas adaptée aux risques et aux dommages potentiels posés par le changement climatique. Nous savons que l’augmentation de la température a des « queues épaisses » : des résultats extrêmes à faible probabilité et à fort impact (9). Les dommages causés par le changement climatique seront probablement non linéaires et entraîneront une queue encore plus épaisse (10). Les enjeux sont trop importants pour s’abstenir d’examiner des scénarios à fort impact et à faible probabilité. »

Préférant se situer, par ethos scientifique, en deçà du risque probable, alors que l’éthique intellectuelle préconisait de se situer au-delà du risque probable, au niveau du risque maximal. La modération est au coeur de l’ethos scientifique, mais l’éthique des risques existentiels exige une forme d’exagération vertueuse, comme méthode de gouvernement. Le scientifique doit rester modéré, mais l’intellectuel qui sommeille en lui doit sans aucun doute hurler l’urgence, sans attendre d’en avoir toutes les preuves. Et surtout, le politique doit gouverner en ayant le scénario du pire à l’esprit, en permanence.

C’était le message, malheureusement mal compris, du philosophe Hans Jonas dans son ouvrage majeur, « Le Principe Responsabilité », de considérer que la femme ou l’homme d’Etat devait gouverner selon une « heuristique de la peur », en considérant les plus grands risques existentiels. Avec pour maxime « d’agir de telle façon que nos actions soient compatibles avec la permanence d’une vie authentique sur la Terre ». Le philosophe Jean-Pierre Dupuy a complété cette réflexion par le « catastrophisme éclairé », nous invitant à considérer que « le pire est certain », à un iota près, ce qui justement permet d’agir collectivement pour l’éviter.

Ce Principe Responsabilité, contrairement aux critiques, n’a jamais été un principe irréaliste et paralysant, mais au contraire, un principe raisonnable et d’action. On peut même penser qu’il est le fondement de la relation de responsabilité qui existe entre un parent et un enfant, et entre un politicien et les citoyens.

On comprend que s’il avait été mis effectivement en œuvre, jamais l’humanité n’aurait libéré dans la biosphère autant de substances polluantes, en ce compris les gaz à effet de serre, à partir du moment où l’impact catastrophique potentiel fut jugé plausible. C’était il y a environ 50 ans déjà selon certaines archives déclassifiées de la présidence américaine de Jimmy Carter, notamment, où les mots « the Possibility of Catastrophic Climate Change » figurent.

C’est en partie ce qui autorise le philosophe Stephen Gardiner de parler d’une « perfect moral storm », et de corruption morale, lorsqu’on ne tire pas les conséquences de ce que l’on sait, car on ne veut pas le croire, en s’abritant derrière la « complexité du problème » :

« En conclusion, la présence du problème de la corruption morale révèle un autre sens dans lequel le changement climatique peut être une tempête morale parfaite. C’est que sa complexité peut s’avérer parfaitement commode pour nous, la génération actuelle, et en fait pour chaque génération qui nous succède. D’une part, elle fournit à chaque génération la justification qui lui permet de donner l’impression de prendre le problème au sérieux – en négociant des accords mondiaux timides et sans substance, par exemple, puis en les présentant comme de grandes réalisations – alors qu’en réalité, elle ne fait qu’exploiter sa position temporelle. Par ailleurs, tout cela peut se produire sans que la génération qui exploite n’ait à reconnaître que c’est elle qui le fait. En évitant un comportement trop ouvertement égoïste, une génération antérieure peut profiter de l’avenir en évitant de devoir l’admettre – que ce soit aux autres ou, ce qui est peut-être plus important, à elle-même. »

La critique adressée aux scientifiques du climat s’étend donc à l’entièreté des forces qui œuvrent pour défendre l’habitabilité de notre biosphère pour tous les êtres vivants. La modération et le refus d’évoquer publiquement les scénarios du pire dans le chef des activistes, des associations, des syndicats, des entreprises, des pouvoirs publics, des partis et des mandataires politiques est contraire au respect du Principe Responsabilité. A force de ne pas vouloir évoquer le pire, de ne pas vouloir « faire peur », il est impossible pour la population de comprendre l’enjeu existentiel, et on ne peut pas s’étonner ensuite que l’inertie demeure.

N’y a-t-il pas une forme de faillite morale, pour certains, à refuser de parler ouvertement, publiquement, de manière concrète, de la possibilité de ces scénarios catastrophiques ?

L’article fait cette analogie historique :

« Connaître les pires cas peut inciter à l’action, comme l’idée de « l’hiver nucléaire » en 1983 a galvanisé l’inquiétude du public et les efforts de désarmement nucléaire. L’exploration des risques graves et des scénarios de températures plus élevées pourrait cimenter un réengagement en faveur de la barrière de sécurité de 1,5 °C à 2 °C comme l’option « la moins rébarbative » ».

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27 réponses à “Dire la vérité aux gens sur les risques existentiels qui pèsent sur l’humanité, par Cédric Chevalier”

  1. Avatar de Quelartpierre
    Quelartpierre

    Chères toutes, chers tous,
    Quand la vérité dérange, nous inventons une « alter » vérité et semons le doute.
    Le débat est foutu.
    Il (le débat) persiste au milieu de chaque chapelle, et il trouve le moyen de se diviser encore plus et de ne plus produire un PPDC (Plus Petit Dénominateur Commun) ou un si petit que ce n’ai même plus risible.
    Effondrement de la pensée qui rejoint tous les effondrement en cours.
    La lucidité empêche t-elle l’action ?
    A chacune et chacun d’y répondre individuellement et / ou collectivement.
    Passez à l’ombre, avec toute ma tendresse.
    PS; mes 70tonnes de calcaire en hérisson m’offre une température de 21.5 degré au rez de chaussée, une forme de puit canadien.
    Une solution individuelle qui me donne un peu de confort perso sans nuire à la collectivité.
    En revanche le surcout total de la maison reste un choix que chacun doit réfléchir, moins de vacances, moins de resto, etc … vie plus frugale et plus en accord avec ses principes.

  2. Avatar de Régis Pasquet
    Régis Pasquet

    Avant la publication de le seconde contribution de Cédric Chevalier j’avais écrit cette ébauche de commentaires. Je suis d’accord avec lui mais ne me sens pas la force de produire un texte plus structuré.

    Qui a un problème avec la réalité ?

    Aujourd’hui, nous sommes le mardi 2 août 2022. Il fait chaud, très chaud en France, et depuis plusieurs semaines, tout est sec, tout est très sec ; nous manquons d’eau et des dizaines de milliers d’hectares de forêts ont déjà brûlé ou vont brûler.
    Mais c’est l’été que voulez-vous et la télévision s’emploie à nous convaincre que tout cela est normal. Que c’est un mauvais moment à passer. Les classes moyennes retrouvent les petits bonheurs simples des étés précédents à commencer par les centaines de kilomètres de bouchons sur les autoroutes. Bagnoles partout, essence sans doute pas encore assez chère. Les apéritifs et les bonnes affaires, les bonnes idées complètent la liste des menus plaisirs.
    Toujours les mêmes vacances sans imagination. Passer du temps au soleil demeure ce que l’on peut envisager de mieux.
    En attendant il convient de faire le gros dos en espérant le miracle des jours meilleurs, c’est à dire celui du retour à la fraîcheur sans rien faire de préférence puisque rien ne saurait durer éternellement.
    Le manque d’eau un peu partout est manifeste mais nous n’avons pas encore perçu à quel point cela sera dramatique, pire létal pour nombre d’entre nous. La plupart des préfectures se préparent à livrer des milliers de litres d’eau dans les régions en difficulté pour sauver des vies menacées. Rien de moins. Un gouvernement en costard au comble de l’imagination se contente de répondre par des aides financières. Les capitalistes ne connaissent que cela. Quand le monde brûle ils arrosent avec du fric. Comme si cela ne l’alimentait pas. Le gouvernement de la France et du Medef, cette start-up qui a essayé de lancer une nouvelle mode de gouvernance ne répare pas, n’éduque pas, n’exige rien et certainement pas de mettre fin au gaspillage, il n’encourage pas les comportements vertueux. Il se borne à réciter le mantra capitaliste : s’adapter et laisser le marché trouver des solutions. Laisser les gens se débrouiller en espérant qu’ils ne s’aviseront pas de gueuler puisqu’on leur remplit la bouche.
    Mais c’est l’été que voulez-vous et les publicités sur les écrans diffusent toujours les mêmes modèles de mondialisation consommatrice au teint hâlé, donc heureuse. Et toujours l’éveil des mêmes désirs de posséder chaque jour davantage.
    Les forêts brûlent et les pompiers à quelques exceptions près échappent à la folie dévastatrice des flammes ; ils parviennent aussi à préserver des habitations et nul fort heureusement n’est encore mort dans sa maison. Ne nous vient-il pas soudain à l’idée que l’on se préoccupe plus du matériel que des différentes formes de vie ?
    C’est l’été que voulez-vous avec son cortège de pyromanes jouissant devant les murs de feux de vingt ou trente mètres qui fascinent encore les braves gens dont l’imagination, formatée par divers blockbusters, films et actualités télévisées peinent à trouver du sens.
    Avons-nous compris – sommes-nous capables de comprendre ? que dès la rentrée il faudra mettre en œuvre de gigantesques plans de plantations d’arbres et d’arbustes de toutes essences. Pour remplacer ceux que le feu aura calcinés, pour faire revenir l’eau dans les zones que les déserts menacent. Nous ne serons plus en été et si comme disaient les vieux :  » A la Saint Catherine ( 25 novembre ), tout bois prend racine  » alors nous nous rassemblerons dans les 36 000 communes de France pour prendre en main la préservation de notre environnement et la sauvegarde de notre espèce. Faute de quoi nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer en rêvant aux vacances d’autrefois qui ne reviendront plus.
    Oui, qui a un problème avec la réalité ?

    1. Avatar de François M
      François M

      « Avons-nous compris – sommes-nous capables de comprendre ? que dès la rentrée il faudra mettre en œuvre de gigantesques plans de plantations d’arbres et d’arbustes de toutes essences. Pour remplacer ceux que le feu aura calcinés, pour faire revenir l’eau dans les zones que les déserts menacent. »

      Le problème est encore plus grand : les arbres, les forêts qui n’ont pas brûlé vont mourir, épuisés par cette sécheresse et parce qu’ils ne peuvent pas préparer l’année prochaine, notamment en fabriquant leurs bourgeons (ça se fait en août). De nombreux arbres ne se réveilleront pas au printemps prochain… Il faudra donc remplacer également ceux-là.

      Un jeune arbre a besoin de soin, a besoin d’eau, d’un volume moindre mais plus souvent qu’un arbre adulte. Dans la forêt, c’est l’ancêtre qui vit à côté de lui qui la lui fournit, lorsqu’il y a pénurie. Là, même les ancêtres seront morts, ou mal en point. Qui va abreuver les jeunes plants que l’on aura mis en terre « à la Sainte-Catherine » ?

  3. Avatar de Hervey

    Brève.
    – Pensez-vous qu’un remake des Bourgeois de Calais puissent émouvoir les Phillipa des maitres du jeu ?
    – … Peut-être … mais pas tout de suite.

  4. Avatar de Lagarde Georges
    Lagarde Georges

    Même si on ne sait ni où ni à quelle date les pires catastrophes vont se produire, il semble qu’on ne connait pas d’effet naturel qui pourrait arrêter l’évolution en cours avant qu’il ne soit trop tard.

    Plutôt que de détourner notre attention de cette triste réalité en proposant aux dirigeants (et donc à ceux qui les choisissent) de fixer des buts du genre « limiter l’élévation de la température moyenne à 1,5 ou 2 degrés », ce qui ne semble d’ailleurs presque rien à des non-spécialistes, les scientifiques feraient mieux de dire qu’ils ne sont même pas certains qu’il reste quelques petites régions de la planète vivables une fois qu’un nouvel équilibre des températures sera atteint.

    À mon avis le rôle des scientifiques compétents en ce qui concerne le climat et les effets de ses évolutions n’est pas de choisir les solutions mais de dire et de répéter inlassablement ce qu’ils savent et – c’est au moins aussi important – ce qu’ils ne savent pas. La quasi-totalité des électeurs et des élus ne croient que ce qu’ils voient et n’ont donc jusqu’ici pas réellement pris au sérieux les prévisions scientifiques. Il y a peut-être une petite chance de faire quelque chose de réellement utile avant que la situation se dégrade au point qu’on en arrive à ça : https://www.google.fr/search?sxsrf=ALiCzsbnl6UWPfclYcgfa1KFzDHuhSopzQ:1659468706783&source=univ&tbm=isch&q=images+exode+1940&hl=fr-fr

  5. Avatar de Philippe Soubeyrand

    !!! !!! !!! !!! !!! !!! !!! !!! !!! !!! !!! !!! !!!

    « Comprendre les risques extrêmes est important pour une prise de décision solide, de la préparation à l’examen des réponses d’urgence. Cela nécessite d’explorer non seulement des scénarios de températures plus élevées, mais également la possibilité que les impacts du changement climatique contribuent au risque systémique et à d’autres cascades. »

    Ben sacré non de Dieu !!! Et c’est ça que l’on qualifie de science sérieuse ???

    Il leur en a fallu du temps pour comprendre tout ça.

    Donc si je vous suis bien. C’est seulement en août 2022 que vous prenez enfin conscience que sans la systémique, vous n’arriverez strictement à rien.

    Dire que c’est moi que l’on maintient au placard depuis septembre 2012 sans le moindre budget alors que je tire la sonnette d’alarme depuis janvier 2008 suite aux résultats de calcul de mon tout premier prototype de prédiction par osculation du signal.

    Je vais vous dire une dernière chose importante les amis… L’un de vous a écrit récemment sur le Blog de Paul que j’étais un penseur maudit – il se reconnaîtra, il a dit aussi d’autres choses qui m’ont fait sourire et je l’en remercie -. Une autre personne que j’estime beaucoup, décédée hélas il y a quelques années, m’avait dit quant à elle que j’étais un inventeur poisseux. Mon professeur de physique au lycée, décédé lui aussi, m’avait surnommé monsieur méthode car j’utilisais toujours des biais improbables pour arriver à mes fins. Mon professeur de mathématiques à l’ENSMM avait fait de moi un passionné des calculs matriciels ; mon invention en est remplie. Eh ! bien tous avaient parfaitement raison à mon sujet.

    Mais c’est même aujourd’hui, encore pire que cela au regard de ce que je viens de lire ici.

    Paul mis à part, ils étaient les seuls à entrevoir vraisemblablement quelque chose à mon sujet. Moi, je ne voyais strictement rien, je ne faisais que foncer tête baissée, réalisant tout ce que l’on me demandait de faire à l’époque.

    Je ne compte même plus les scientifiques qui m’ont snobé tout au long de ma vie professionnelle, ni ceux qui n’ont jamais répondu à mes courriels – ils se reconnaîtront -.

    Alors voilà. Certains qualifierait tout ça de monumental gâchis, selon les termes issus de notre langage courant. Moi je qualifie tout ça d’énorme connerie !!!

    Dites de ma part à tous ces chercheurs auteurs de ce type d’article pour le moins totalement inutile en ce mardi 2 août 2022, que l’heure n’est plus aux tergiversations. Il est déjà trop tard.

    !!! IL FAUT TOUT STOPPER AFIN DE TENTER DE SAUVER CE QUI PEUT L’ÊTRE !!! IL FAUT AUGMENTER LES CHANCES DE SURVIE DE CETTE TOUTE PETITE PART DE L’HUMANITÉ QUI PEUT ENCORE ÊTRE SAUVÉE !!!

    Et il faut faire vite, car le prochain épisode El Nino aura des répercutions bien pires que celui de 2015-2016(-2017). Vous êtes prévenus, et ceci comme toujours si j’ose dire.

    Tout le reste sur Terre s’éteindra à court-moyen terme… Et j’en suis le premier attristé…

    Bonne nuit à tous,

    Philippe

    ps : des scénarios, il en existe déjà plein, or là, on nage en plein Don’t look Up pour de vrai…

    1. Avatar de CloClo
      CloClo

      Désolé, mais j’ai pas pu me retenir. C’est aussi pour te donner un peu sourire, on s’en fout que tu sois poisseux, ma bonne étoile compense, je survivrai, tu survivras, on survivra, nous survivrons, vous survivrez, ils survivront et si non ben pas grave, on aura fait au mieux, on a forcément fait au mieux non ? ! 😀

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Certes les évènements des 2-3 premières décennies de Mme Régina Zylberberg née en 1929 et ayant vécu jusqu’à 92 ans (en 2022) sont une incitation à y croire.
        C’est l’autre pôle comparé à Grothendieck (Vivre et survivre, à peu près ces années là).

    2. Avatar de Sous-fausse-identité
      Sous-fausse-identité

      @Philippe Soubeyrand Pourquoi vous énerver comme ça ? Il y a certainement bien davantage de gens que vous ne pensez qui sentent, à défaut de savoir, que c’est foutu. Ils ne s’énervent pas, ils sont en vacances. Faites donc comme eux 🙂

    3. Avatar de Garorock
      Garorock

       » mon tout premier prototype de prédiction par osculation du signal.  »
      Késako?
      Une sorte de thermomètre?

    4. Avatar de Hadrien
      Hadrien

      A Ph. Soubeyrand, bonjour:
      Vous êtes optimiste ! Tout stopper ne suffit absolument pas. Il faut tout décroître !
      Nous sommes devant l’alternative:
      – les guerres – le fascisme brun;
      – l’enfant unique et le rationnement – le fascisme vert.
      La VIème extinction est déjà derrière nous, la démocratie suivra bientôt.

  6. Avatar de amateur
    amateur

    Dire la  » vérité  » n’ a jamais fait bouger l’ Humanité . L ‘ humanité n’aime que les  » informations  » , surtout celles qui lui disent que tout va s ‘arranger et que tout va continuer comme avant . Sinon pourquoi faire des enfants , être productifs , consommer et jouer au loto ?

  7. Avatar de Nader
    Nader

    Une petite lueur d’espoir car il faut en voir sinon on tombe dans l’inaction ….
    Emission intéressante qui parle des bullshits jobs.
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-ete-comme-jamais/l-ete-comme-jamais-du-mercredi-03-aout-2022-3828550

    Résumé
    Certains jeunes diplômés après de grandes études décident de changer de cap et de se tourner vers des métiers de l’artisanat ou qui répondent à leurs aspirations environnementales. Et vous, avez-vous changé de boulot et de vie pour des raisons éthiques ?

    En savoir plus
    Avez-vous envie de bifurquer et de penser la vie autrement ? En quête de sens, certains jeunes salariés ou certains jeunes fraichement diplômés décident de se tourner vers des métiers concrets, manuels qui font sens pour eux et qui sont essentiels pour la société. Le tournant écologique et climatique que traverse la société anime aussi ces mutations professionnelles et ces nouveaux modes de vie.

  8. Avatar de Antonin Arlandis
    Antonin Arlandis

    Bonjour. Je viens de lire cette étude moi aussi. Les auteur.e.s sont arrivé.e.s aux mêmes conclusions que Paul mais avec quelques années de retard. C’est néanmoins une bonne chose que ce type d’étude soit publié. Je partage à 100 % la logique. Il n’y a que ça qui peut nous sauver !

  9. Avatar de gaston
    gaston

    Un moment Pearl Harbor ?

    Une pandémie, des canicules à répétition, une sécheresse persistante là, des inondations dévastatrices ailleurs, la raréfaction des récoltes, une guerre en Ukraine…

    Tout ça pris individuellement n’a pas fait de moment Pearl Harbor.
    Tout ça pris ensemble, non plus…

    Alors faudra-t-il des évènements beaucoup plus dramatiques encore pour qu’il survienne dans les prochains mois ou les prochaines années ? Avec des millions de victimes « sacrifiées » peut-être, et probablement trop tard.

    Parmi tous les scénarios envisageables et plausible, j’en propose 2 :

    – Le risque d’un conflit nucléaire (même localisé) en Ukraine,
    https://korii.slate.fr/tech/ukraine-russie-utiliserait-centrale-nucleaire-zaporijjia-bouclier-atomique-himars-dnipro-tirs-artillerie

    – Ou ce qui s’est produit en 1859 (donc hier à l’échelle du temps) qui n’a fait que très peu de dégâts dans une société essentiellement rurale et sans électricité, mais qui aujourd’hui dans notre civilisation complexe serait dévastateur,
    https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/2025-une-temp%C3%AAte-solaire-grille-la-plan%C3%A8te/ar-AA10cEz7?ocid=msedgntp&cvid=9489dc2e3ec14a55a13ecfe5a19a5e7f

  10. Avatar de Otromeros
    Otromeros

    Bien plus près..
    https://www.lalibre.be/international/europe/2022/08/03/secheresse-la-penurie-deau-desormais-officielle-aux-pays-bas-DDM6SGR6XBGJBPQPXM74UMHYVI/

    … » Le pays est protégé de l’eau(de la mer..) par un célèbre système de barrages, de digues et de canaux mais avec environ un tiers de sa superficie située sous le niveau de la mer, il reste particulièrement vulnérable au changement climatique.
    …(…)…
    La priorité serait désormais donnée à la sécurité du système de digues des Pays-Bas, puis à l’approvisionnement en eau potable et en énergie, selon le gouvernement.
    La sécheresse « devenait de plus en plus visible dans la nature », a ajouté M. Harbers.
    « C’est pourquoi je demande à tous les Néerlandais de bien réfléchir avant de se demander s’ils doivent laver leur voiture ou remplir complètement leur piscine gonflable », a-t-il appelé.
    « 

  11. Avatar de Benjamin
    Benjamin

    Bonsoir à toutes et tous,

    Si je l’approuve en partie, je trouve que cet article pousse un peu trop loin sa critique concernant la faible évaluation/exploitation des scénarios « du pire ».

    Et mon sentiment tient dans cette partie du texte :
    « Or, dans le cas du changement climatique, ces futurs potentiels sont mal connus. Le changement climatique anthropique pourrait-il entraîner l’effondrement de la société mondiale, voire l’extinction de l’humanité ? »

    Compte tenu de la complexité sous-jacente à la question posée ci-dessus, j’ai dans l’intuition que même encore aujourd’hui avec les super-ordinateurs dont nous disposons, les scientifiques ne sont pas capables de répondre à l’interrogation (via la « force brute » de calculs et d’algorithmes) avec un degré de certitude supérieur à 99% – ne laissant que peut de place au doute quant à la matérialité (ou non) du péril.

    C’est un peu comme essayer de « décrypter » l’avenir à partir d’une multitude de paramètres (dont certains dépendent d’autres). Sauf erreur de ma part, la question « Le changement climatique anthropique pourrait-il entraîner l’effondrement de la société mondiale, voire l’extinction de l’humanité ? », c’est typiquement un problème NP !
    Or, le jour où nous serons répondre avec certitude à cette question alors soit l’assertion « P = NP » aura été démontrée (Paul, vous avez touché récemment un million de dollars ?!… 😉 ) soit nous aurons vérifier de nos propres yeux que le changement climatique anthropique était bel et bien (ou non) fatal pour l’humanité (sachant que dans un cas, il n’y aura peut-être plus personne pour dire « je le savais… je vous l’avez dit »).

    Compte tenu de ces éléments, pouvons-nous accorder le même poids dans nos décisions sociétales actuelle à des scénarios qui – pour certains – relèvent de la certitude (i.e. mathématiquement vérifiables) et – pour d’autres – de l’hypothétique (i.e plausible/imaginables mais non mathématiquement vérifiables à date) ?

    Personnellement, je comprends que bon nombre de scientifiques aient jugé plus raisonnable de travailler su des hypothèses de facilement vérifiables que sur des hypothèses plus complexes et moins facilement démontrables.

    Et en fait, le problème n’est pas là !
    Le vrai sujet, c’est ce que nos « élites » (politiques, économiques et financières) font – ou pas – ne serait-ce que des hypothèses déjà vérifiées : RIEN !

    Je ne suis pas certain que face à ce « RIEN », exhiber des scénarios « du pire » face avancer le problème : le Titanic sombre déjà… mais l’essentiel est que les premières classes n’aient pas les pieds trempés !

    1. Avatar de Hadrien
      Hadrien

      JM Jancovici explique qu’il ne s’adresse jamais aux politiques DEMOCRATES car effectivement ils ne feront jamais RIEN tant qu’une partie importante de l’électorat ne l’exigera pas. Or que veut l’électorat ? DU POUVOIR D’ACHAT ! Qu’est-ce que le pouvoir d’achat ? : la destruction du biotope.
      Le seul régime capable de réagir réellement à long terme : la dictature chinoise qui toutefois hésite entre le fascisme vert (l’enfant unique, la plantation d’arbres, la confiscation des réchauds à charbon) et le fascisme brun (l’armée, le productivisme, la croissance).

      1. Avatar de Benjamin
        Benjamin

        @ Hadrien,

        Le seul système qui puisse nous sauver, c’est celui qui tournera le dos au capitalisme !

        On peut mettre tous les régimes du monde en place – des plus démocrates aux plus facisant (verts ou bruns) : tant que le capitalisme restera la boussole qui guide le voyage de l’humanité, l’issue restera la même !

        Ca mettra juste plus ou moins de temps… mais l’effondrement sera bel et bien là (cf. les précédents dans l’histoire de l’humanité avec de grandes civilisations qui se sont effondrées fautes d’être capables de remettre en cause leur boussole sociétale).

        Ceci étant dit, je ne suis pas certains que nous sommes collectivement prêts à franchir le cap et changer l’orientation des choses (malgré tous les écrits existant nous invitant à y penser plus que sérieusement).

      2. Avatar de timiota
        timiota

        On peut voir le verre à moitié plein :
        La saturation sur les médias du thème « réchauffement climatique » et des injonctions associées me semble déjà en passe d’être atteinte.
        Les injonctions (moins de conso de ceci de cela) sont néanmoins formulées, j’en conviens, en mode mineur.
        Et le mode « injonction », on sait qu’il n’a pas bien marché, sinon, les américains n’auraient pas tant d’obèses
        malgré les millions d’injonctions à prendre soin de son corps, de son alimentation, de son apparence, etc.

        Quand le pékin moyen pourra dire « j’ai fait mieux que mon assurance-vie pour mes enfants, j’ai stoppé les délires de Total »,
        on sera passé à un autre mode que l’injonction. Cela se résume-t-il à « connaitre le plus faible point de l’adversaire » ?
        Développer un savoir qui circonscrive ces monstres du capitalisme en premier, puis en « deuxième cercle » les GAFAM, et ainsi de suite,
        ne serait-ce pas une stratégie qui puisse parler tant aux déçus du marxismes qu’aux activistes type Ruffin ?
        Arraisonner le capitalisme par ondes/cercles successifs, modulo l’apprentissage à chaque cercle de moyens de faire fonctionner la société,
        et en pariant que la logique du « cercle suivant » est à mèche lente, et non thermidorienne, c’est-à-dire que chaque étape apporte une forme
        palpable de mieux-être (social).

        1. Avatar de Hadrien
          Hadrien

          @ Timiota: vous gagneriez à vous « désabsconiser » 😉
          « Ce l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » (Boileau).

          1. Avatar de timiota
            timiota

            Oui, c’est à développer.
            Le fait que le « bien de l’environnement » est déjà présent dans les médias sous forme d’injonction récurrente me semble difficile à nier.
            Mais je ne suis pas persuadé que ce soit une bonne nouvelle.
            Plutôt le début d’une nouvelle « digestion de la contestation » par le capitalisme.
            Le mode de présence d’une rhétorique sans action correspondante, comme l’appeler ? en gros de la « mauvaise foi » ?

            1. Avatar de Hadrien
              Hadrien

              On ne comprend rien à la pensée de P Jorion (et ce fut mon cas) si on ne se rend pas compte que le capitalisme représente la face agréablement et populairement haïssable du consumérisme et de la croissance qui eux sont très populaires. Dit autrement, manifester pour plus de pouvoir d’achat, c’est manifester pour plus de capitalisme. C’est le message qui nous est assené par la pub. Attaquer le capitalisme en cachant que se faisant , on attaque le consumérisme relève effectivement de la mauvaise foi.

              1. Avatar de timiota
                timiota

                Et vice-versa ?

                1. Avatar de Hadrien
                  Hadrien

                  Vous devenez elliptique !
                  Attaquer le consumérisme en cachant que se faisant , on attaque le capitalisme relèverait de la mauvaise foi ?
                  Sur ce blog ! 😉

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