Le retour à l’étalon-or impliquait pour la Grande-Bretagne du début des années 1920 de restaurer le taux de change de la livre avec le dollar à son niveau d’avant-guerre. Ceci n’était possible qu’à condition que le coût de la vie baisse dans la proportion nécessaire pour rétablir l’équation. Le coût de la vie à son tour ne pourrait baisser sans que ne baissent les salaires en tant que coûts de production des marchandises et des services.
Or note Keynes, le niveau des salaires, tout comme d’ailleurs celui des profits ou des loyers par exemple, ne répond pas sans réagir aux pressions économiques dont il est l’objet : il résiste à la baisse – et il s’agit là bien entendu de l’effet collectif de la résistance des travailleurs eux-mêmes. Le niveau des salaires est « visqueux », pour reprendre le terme qu’emploie Keynes : « sticky ».
En fait, rappelle Keynes, les salaires ne baissent jamais parce que les salariés y consentent, ils baissent parce que la déflation cause du chômage et que le chômage modifie le rapport de force entre employeurs et employés, ces derniers consentant alors à une baisse des salaires, mais contraints et forcés.