Billet invité
HAVRE FISCAL – Traduction de l’anglais tax haven. Paradis des damnés de « l’enfer » fiscal pour qui le principe même d’une imposition proportionnée au volume des revenus et des rentes a des relents de tenailles de forge rougies au feu et manipulées par des tourmenteurs communistes, barbichus et cornus. Les particuliers en quête d’un régime d’imposition accommodant, c’est-à-dire non « confiscatoire » [1], ne sont pas les seuls à s’y retrouver. Les entreprises bancaires (BNP, Deutsche Bank [2]), énergétiques (Total, BP) et technologiques de pointe (Google, Apple), les mêmes qui, paraît-il, font grimper le PIB et la fierté de leurs pays d’origine, viennent oublier dans ces champs élyséens et lotophagiques le devoir de reconnaissance à l’égard des communautés qui ont permis leur émergence. Sachant que les bénéfices sont imposés à 33,33 % en France, un fleuron du CAC 40 s’arrangera pour transporter les siens, via un pont de holdings, dans un havre où ils ne seront plus imposés qu’à 2 % (millefeuille hollandais). Les démons infernaux eux-mêmes sont trop contents de disposer à leurs portes de paradis qui, bien mieux que le Secret défense, leur permettent de masquer à leur parlement la circulation des commissions et rétro-commissions liées aux contrats militaires [3] ou énergétiques. C’est encore grâce à ces paradis qu’ils peuvent soutenir sans ciller que Lucifer ne verse aucune rançon aux terroristes preneurs d’otages.