Je poursuis la publication des chapitres de Principes des systèmes intelligents. Chapitre court et quelque peu énigmatique mais qui vise à ouvrir la question : « À l’aide de quel objet mathématique modéliser la mémoire stockée dans un cerveau ? » (la « matrice » dont il est question dans la dernière phrase, est un type de tableau utilisé en algèbre).
8. L’organisation de la mémoire
Revenons un moment sur cette conception qui a considéré ce qui n’est – jusqu’à preuve du contraire – que de simples enchaînements de mots, comme des « idées ». Que sont en réalité les « idées » dans cette optique où « les dis- cours expriment des idées », sinon le sens, envisagé comme quelque chose qui pourrait être distingué des mots, à savoir la signification à l’état pur ? Et pourquoi les enchaînements associatifs pourraient-ils suggérer l’idée du sens à l’état pur, sinon parce que ces enchaînements ne sont précisément pas quelconques mais sont structurés de manière spécifique – avec pour conséquence qu’ils constituent à proprement parler des « unités élémentaires de signification ». On pourrait alors distinguer dans la mémoire d’un système intelligent, deux types d’unités distinctes : des signifiants isolés que nous avons appelés jusqu’ici éléments de discours, et les couples ordonnés d’éléments de discours que constituent les enchaînements associatifs observés – où l’on peut distinguer un « antécédent » et un « conséquent » – et qu’on pourrait appeler éléments de signification.