En avril 1998, la banque américaine Citicorp et l’assureur Travelers Group, fusionnèrent. Entre autres stipulations, le Glass-Steagall Act interdisait aux établissements financiers d’être à la fois banque commerciale et assureur. Il fallait donc que le nouveau groupe se défasse de certaines de ses activités. Ce ne fut toutefois pas nécessaire : Robert Rubin, en provenance de Goldman Sachs où il avait été co-président, était à l’époque Secrétaire au Trésor, il prépara très activement l’abrogation du Glass-Steagall Act avant de démissionner de son poste ministériel en juillet 1999. En novembre de la même année, l’abrogation devait être entérinée par le vote du Gramm-Leach-Bliley Act.
Et Robert Rubin, quel serait son avenir ? Vous vous inquiétez inutilement : il était désormais numéro deux de la nouvelle entité, Citigroup, avant d’en être brièvement le président en 2007.
Si l’on repense involontairement à cette histoire ces jours-ci, c’est parce que Mme Sheila Bair, qui fut autrefois présidente de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), organisme américain garant des banques commerciales, et qui avait été une actrice de premier plan bien entendu durant l’année 2008, vient de publier un livre (Bull By the Horns) dont la thèse principale (3/4 du volume, selon ceux qui l’ont lu) est que M. Timothy Geithner, actuel Secrétaire au Trésor, a constamment saboté les opérations de sauvetage durant cette année fatidique, en raison de ses interventions intempestives en faveur des créanciers et des dirigeants de… Citigroup !
Connaîtrait-on donc d’ores et déjà le nom du prochain patron de Citigroup ? Quoi qu’il en soit, si vous voulez en savoir plus, chers lecteurs du Blog de Paul Jorion, et si vous comprenez l’anglais, écoutez ce qu’en dit Mme Sheila Bair. Je sais qu’il est difficile de vous étonner en ces matières, mais vous ne risquez pas d’être déçus.