Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Jeudi dernier, dans un rapport conjoint, la SEC (Securities & Exchange Commission) et la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), ont publié leur verdict sur l’enchaînement des événements qui ont conduit au « krach éclair » (flash crash) du 6 mai dont furent victimes les marchés boursiers américains au comptant et à terme (1).
Le rapport préalable et l’audition du 11 mai devant le sous-comité du Congrès américain pour les services financiers, avaient émis une multitude d’hypothèses, allant de l’erreur humaine à l’attentat terroriste, alors qu’ici, une cause unique a été retenue : un ordre de vente portant sur un grand nombre de contrats sur un marché à terme, dont les ramifications expliqueraient l’ampleur que devait prendre la crise : une baisse des cours de près de 10 %, dont 5 % sur un espace de quatre minutes seulement, suivie d’un rebond. Les marchés s’en étaient tirés à bon compte en n’essuyant, en clôture qu’une perte d’environ 3 %.
Mettre en évidence un facteur unique participe bien entendu d’un effort de la part de ces deux régulateurs de rassurer les intervenants sur ces marchés que la cause a été déterminée sans équivoque et que des mesures seront prises visant à prévenir le retour du même type d’accident. La rentabilité de ces marchés en dépend car ils subissent depuis le 6 mai une désaffection qui va en s’accélérant, un grand nombre d’intervenants étant convaincus, non seulement que le risque que le même genre de krach éclair se reproduise n’est pas écarté, mais aussi, et de manière plus générale, que ces marchés sont désormais corrompus par la manipulation et que le krach éclair a joué de ce point de vue un rôle de révélateur. Le feu est en la demeure puisqu’on compte qu’entre le deuxième et le troisième trimestre de cette année, le volume des transactions sur les bourses américaines a baissé de 25 %.
Ceci dit, l’explication du krach éclair en termes de cause unique fait long feu dans la mesure où cette cause unique ne fait sens que dans un contexte où un grand nombre des autres facteurs qui avaient immédiatement été mentionnés comme d’éventuels coupables doivent également être mobilisés dans l’explication.
La version officielle est la suivante : dans un contexte de marché baissier (l’inquiétude relative à un défaut éventuel de la Grèce sur sa dette publique étant grande) une firme dont le nom n’est pas mentionné mais en laquelle chacun reconnaît Waddell & Reed Financial Inc. un fonds de type Sicav, cherchant à se couvrir contre cette baisse, a lancé un ordre de vente de 75.000 contrats sur le marché à terme du E-Mini, l’un des marchés du CME (Chicago Mercantile Exchange), reproduisant le panier de titres composant l’indice boursier S&P 500 (intégrant les résultats de 75 % du marché boursier américain). Il s’agissait d’un ordre énorme à l’échelle de ce marché et qui n’était associé à aucune instruction relative au prix exigé. Les ventes des premiers paquets de contrats ont rapidement épuisé les ordres d’achat présents sur l’autre versant du marché à des niveaux proches du cours initial. Les ventes portant sur de nouveaux paquets de contrats n’ont pu se satisfaire qu’en trouvant en face des ordres d’achat de plus en plus rares et à des niveaux de prix de plus en plus bas.
Le premier diagramme, extrait du rapport, montre la divergence qui naît à partir de 10:00 h entre ordres de ventes (en hausse constante) et ordres d’achat (dont le nombre baisse) qui, épuisés par les ordres de ventes plus nombreux et n’étant pas renouvelés (sur un marché pessimiste), tombent à près de zéro à 14:45 h avant de rebondir.
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